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J ÉR0M1 (SAINT). ŒUVRES POLÉMIQl I 914

t. xxvi, col. 802 sq. D’après Zockler, Hieronymus, p. 173, ils ne seraient probablement qu’une version d’un commentaire d’Origène. Quoi qu’il en soit, Dom Morin B retrouvé dans diverses bibliothèques des Traites ou Homélies sur quelques-uns de ces psaumes et sur beaucoup d’autres : et il ne semble pas douteux qu’il ait ainsi mis la main notamment sur ce que le saint’docteur appelle ses Commentarioli in psalmos, rédigés apparemment après 392, c’est-à-dire après la publication du catalogue. C’est au zèle scientifique du même chercheur que nous devons la découverte de plusieurs Homélies sur des passages des Évangiles de Matthieu, de Marc, de Luc, de Jean et sur des sujets divers. Dom Morin. Études, textes, découvertes, t. i, 1013, p. 17-20 : Amelli, Analecta Hieronymiana et patristica, dans Miscellanea Geronimiana, p. 158. Ici, Amelli, après avoir rappelé les heureuses trouvailles de son confrère Dom Morin, signale dans le Breviarium un article qui avait échappé à l’attention de celui-ci, un commentaire authentique du psaume l. 3. Il y a trois ouvrages de Jérôme qui constituent autant de guides ou de petits répertoires fort utiles aux exégètes. Ce sont les Quæstiones hebraicæ in Genesim, le Liber de situ et nominibus locorum hebraicorum et le Liber de nominibus hebraicis.

a) Ce dernier, inséré P. L., t. xxiii, col. 771-858, emprunte son titre à un ouvrage analogue de Philon, que Jérôme avait d’abord pensé traduire en latin, mais qui, examiné de près, lui parut si confus qu’il dut conclure à un remplacement plutôt qu’à une traduction. C’est un lexique explicatif des noms propres qui se rencontrent dans les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ces noms sont disposés suivant l’ordre de l’alphabet, mais la série alphabétique recommence avec chacun des livres de la Bible. On devine qu’aujourd’hui, devant les progrès de la science philologique, beaucoup de détails sont ou surannés ou d’une insignifiance qui confine à la puérilité. Pour porter sur le tout un jugement équitable, il faut, comme l’a bien compris Zockler, Hieronymus, p. 169, se placer au point de vue de l’auteur : ce n’est pas une œuvre de philologie qu’il a prétendu nous donner ; il a visé à édifier son lecteur par des interprétations mystiques encore plus qu’à fournir une explication vraiment étymologique et historique des termes du texte original. La plus récente édition de ce recueil est celle de Paul de Lagarde, dans ses Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, 2e édit.. 1887, p. 25-116.

b) Le Liber de situ et nominibus locorum hebraicorum, P. L., t. xxiii, 859-930, qu’on cite aussi sous les titres de De distantia locorum et De locis hebraicis, est un livre essentiellement scientifique. Il rend en latin le llepl -rcùv totuxôv ôvou-octov twv sv Tꝟ. 6sîa YP*9fj d’Eusèbe, mais en y faisant de nombreuses rectifications et additions, qui témoignent de notions topographiques fort exactes et de recherches minutieuses. La connaissance qu’avait Eusèbe de la Palestine de son temps donnait un grand prix a son Onomasticon. Jérôme a su y ajouter encore, et tel qu’il est sorti de ses mains, le recueil possède une haute valeur géographique et archéologique ; mais quant aux étymologies, on pourra souvent les négliger comme absolument fantaisistes. Cette œuvre avait été insérée à la suite de la précédente dans les Onomastica sacra de P. de Lagarde ; E. Klostermann l’a publiée à nouveau dans son édition de l’œuvre similaire d’Eusèbe, qui fait partie du Corpus de Berlin.

c) Dans ses Quwstioncs hebraicæ in Genesim, V. L., t. xxiii, 985-1062, réimprimées par P. de Lagarde, à Leipzig, en 1868, l’auteur a d’abord le mérite d’une utile et hardie initiative. Lui-même appelle ce livre ofius novum et tum Grœds quam Latinis usque ad id locorum inaudilum. Ce qui en fait la nouveauté et la

hardiesse, ce n’est pas seulement le but et le plan. qui comportent l’explication des passages les plus difficiles et les plus importants de la Genèse, c’est aussi et plus encore la manière de procéder en utilisant toutes les sources suivant leur autorité respective. Le commentateur se détend, dans la Préface, de mépriser la version des Septante ou de l’accuser d’erreur ; cependant il donne généralement le pas au texte original sur l’ancienne version latine, faite, comme on sait, d’après les Septante. Contre les violentes critiques que lui attirait cette méthode, il se prévaut de l’exemple du Sauveur et des apôtres, qui ont souvent cité l’Écriture d’après l’hébreu, qui produisent même des témoignages scripturaires introuvables dans la version alexandrine et véri fiables seulement dans la source hébraïque. Le commentaire est plein d’observations intéressantes et de vues profondes, appuyées en partie sur le texte primitif et en partie sur les diverses traductions grecques. Aujourd’hui encore, il fournit pour la critique et l’exégèse bibliques d’excellentes indications. En dépit de quelques erreurs de détail, d’applications allégoriques forcées, d’étymologies désormais insoutenables, il reste un des meilleurs traités de Jérôme. L’auteur avait annoncé l’intention d’étendre ce travail à tous les livres de l’Ancien Testament. Il est bien regrettable, que les circonstances et notamment la multitude de ses autres travaux ne lui aient pas permis d’exécuter son dessein. Cf. M. Rahmer, Die hebraïschen Traditionem in den Werken des Hieronymus, durcheine Vergleichung mit den jùdischen Quellen kritisch beleuchlet, Teil I, Quæstiones in Genesim, Breslau, 1861.

2° Œuvres polémiques. — Exégète et critique, Jérôme a été aussi un polémiste, autant par penchant naturel, que par nécessité. L’étude incessante, approfondi-, de la Bible faisait ses délices ; il ne connaissait point d’occupation plus utile ou plus attrayante. Mais chaque fois que l’intérêt de ce qu’il croyait la vérité, chaque fois surtout que la cause de l’orthodoxie et de l’Église parut le demander, il devint combattant ; et dans ces luttes intellectuelles il porta, avec tout le zèle d’un croyant convaincu, toute la vigueur et la fougue de son tempérament, toute la verve de son génie volontiers mordant et sarcastique. Il fut souvent, dans ses discussions, fort et persuasif ; il fut maintes fois éloquent ; il faut reconnaître que souvent aussi il passa les justes bornes dans l’expression et la défense de sa pensée, de même que dans l’improbation des opinions et des personnes de ses adversaires. Dans notre Esquisse biographique, nous avons mentionné ses principales polémiques. Il nous suffira ici de les énumérer dans leur ordre à peu près chronologique et de les caractériser brièvement.

1. La première est celle que, dès 379, selon Vallarsi et Cavallera ou quelques années plus tard, selon d’autres historiens, il entreprit contre les luci/ériens, P. L., t. xxiii, col. 155-182. Ces malencontreux zélateurs se réclamaient de l’exemple et des principes rigoristes de Lucifer de Cagliari. Celui-ci, par horreur de l’hérésie, avait refusé de reconnaître à Antioche l’évêque Mélèce, sincèrement revenu du semi-arianisme à la foi traditionnelle ; il avait perpétué le schisme qui désolait la cité, en ordonnant Paulin, l’ami de Jérôme. Lui et ses adhérents déclaraient irrévocablement déchus de leurs fonctions tous les évêques signataires de l’insuffisante formule de Bimini, et ils réitéraient le baptême donné par les hérétiques. L’opuscule de Jérôme est écrit en forme de dialogue, et il nous est présenté comme le compte-rendu fidèle d’une discussion publique qui avait eu lieu entre un schismatique et un catholique. Fiction littéraire ou expression de la réalité, nous recueillons ici de la bouche des deux interlocuteurs des fragments 1res appréciables des Actes