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JÉRÔME (SAINT) IHOGHAIMMK


contre le célibat, le culte des saints et des reliques venaient de lui être signalées par les prêtres Riparius et Didier. De même date est une dissertation sur les paroles de saint Paul. I Cor..xv, S. ainsi lues et envisagées pal le commentateur : Onmes quidem dormiemùs (vel non dormiemùs), std non onmes immutabimur, dissertation écrite à la demande des moines Minervius et Alexandre. A côté de tant et de si utiles occupations, on est peiné de devoir en mentionner une autre, qui se rapporte probablement, elle aussi, à l’année 406 : je veux parler de la traduction du pamphlet de Théophile d’Alexandrie contre saint Jean Chrysostome. De bonne foi, sans doute, Jérôme commit l’erreur à jamais regrettable d’être un instrument trop docile entre les mains de Théophile, qui poursuivait depuis longtemps Jean de Constantinople. et pour qui l’intérêt de la religion se confondait souvent avec celui de ses sympathies ou de ses antipathies. Épiphane, le saint évêque de Chypre, l’ardent pourfendeur de toutes les hérésies, s’était trompé de la même façon. Son exemple explique et excuse en partie la conduite de Jérôme.

Le Commentaire sur Daniel, qui vit le jour vers 407, fut pour son auteur l’occasion d’un danger aussi grave qu’inattendu. Il avait écrit, à propos de la statue montrée en songe à N’abuchodonosor, que le quatrième empire ne pouvait être que celui des Romains, et crue la situation actuelle vérifiait l’image des pieds de la statue, partie de fer et partie d’argile. « En effet, à l’origine, rien de plus fort et de plus résistant que l’empire romain ; mais, à la fin, rien de plus faible, puisque, soit dans nos luttes civiles, soit dans nos guerres contre les peuples étrangers, nous avons besoin du secours d’autres nations barbares. » Des gens malintentionnés l’accusèrent d’avoir visé malicieusement Stilicon, alors tout-puissant auprès du jeune empereur Honorius. L’accusation commençait à faire du bruit et à inquiéter ses amis ; mais le chef vandale, périt de mort violente, et tout rentra dans le calme. Le Commentaire sur Isaïe, œuvre de longue haleine, comprenant « dix-huit livres », dont un seul, le cinquième, relatif aux dix visions ou onera des chap. xmxxiii, avait été écrit dès 397, semble avoir été repris en 408. Il ne put être achevé qu’en 409 ou 410, soit à cause d’autres occupations, soit parce que l’aufcur manquait de copistes, tandis que sa santé, dont il se plaint souvent, allait déclinant de jour en jour.

Jérôme apprit alors à la fois la mort de Pammachius, celle de Marcella, la prise et le sac de Rome par les hordes d’Alaric. Ces nouvelles le consternèrent au point d’amener un arrêt complet dans son activité littéraire. Ce n’est qu’après une année et peut-être plus qu’il put se remettre à Ezéchiel, dont il avait projeté et déjà commencé un commentaire. Encore fut-il bientôt obligé de laisser là les livres et l’étude pour la pratique de la charité et de l’hospitalité : Bethléem s’était trouvée subitement comme cernée, presque submergée déjà par les flots de l’invasion barbare. Toutes les régions avoisinantes : l’Egypte, la Syrie, la Phénicie, le nord de la Palestine, étaient mises à feu et à sang ; chaque jour amenait à l’hospice des monastères de nouvelles légions de fugitifs qu’il fallait loger et nourrir, quand on le pouvait, et à tout le moins réconforter et consoler. Tout autre soin dut provisoirement céder le pas à celui-là. La tourmente passée, l’infatigable vieillard s’empressa de continuer et d’achever l’œuvre si malheureusement interrompue ; en même temps, sur les instances de la jeune Principia, il rédigea et lui envoya un éloge funèbre de Marcella, Epitt., cxxvii, P. L., t. xxii, col. 1082 ; enfin il eut le courage d’entreprendre, en 115, sur Jérimie le même travail d’exégèse qu’il avait accompli pour tant d’autres. Il espérait compléter ainsi le cycle des Prophètes, grands et

petits ; mais l’âge, avec ses infirmités, et les circonstances extérieures mlui permirent pas de dépasser le trente-deuxième chapitre.

G. La lutte contre les pélagiens. — L’erreur pélagienne, qui, née en Afrique, cherchait à se répandre en Palestine, devait occuper et troubler les quelques années qui lui restai, nt ; c’est contre elle que le vieux lutteur allait diriger ses derniers coups. Pelage avait séjourné quelque temps à Jérusalem, et il avait réussi à entrer en relations d’amitié avec les moines de Bethléem. Ce fut pour Jérôme une raison de traiter d’abord sa personne avec ménagement. Quant à l’erreur même, il en avait pressenti et deviné les approches dès 413, lorsque, dans le prologue au VIe livre du Commentaire sur Ezéchiel, il signalait la réapparition de l’hydre hérétique. En 414, il mettait la vierge Démétriade, en garde contre cette « doctrine impie et scélérate ». Epist., c.xxx, col. 1120. Dans le piologue de son premier livre sur Jércmie, en 415, il revient sur le même sujet ; et, sans nommer Pelage, il le traite de calomniateur ignorant et lui, reproche de marcher sottement sur les traces de Ru fin et de Jovinien. Au cours de la même année 415, en réponse à la consultation d’un certain Ctésiphon, il traite la matière ex professo ; et, embrassant d’un seul coup les principales négations des novateurs, il établit contre eux, avec la nécessité de la grâce, la propagation du péché originel et de ses suites funestes. Epist., cxxxui, col. 1147. Revenu ensuite momentanément à sa tâche préférée, le commentateur se plaint en plusieurs endroits d’une hérésie qui tend à ne lui plus laisser un instant de loisir pour vaquer à ses chères études scripturaires. Il en fit alors paraître une solide réfutation, en forme de dialogue entre un hérétique et un orthodoxe.

Cependant Pelage n’en poursuivait pas moins ses menées. Cité d’abord devant un synode de Jérusalem, puis à Diospolis, l’ancienne Lydda, devant un concile de quatorze évêques palestiniens, il échappa à toute condamnation, grâce à un système d’équivoques et d’habile dissimulation, grâce aussi à la protection à peine déguisée de Jean, évêque de Jérusalem. Ses partisans triomphaient. Bientôt, une nuit de l’an 416, ils se portèrent en masse à Bethléem, le foyer manifeste de la résistance à leur propagande, ils maltraitèrent les religieux et les religieuses, tuèrent un diacre et mirent le feu aux monastères. Ce n’est qu’en se réfugiant dans une tour que Jérôme échappa à leur furie Le bruit courut, appuyé sur de nombreux indices, que Jean de Jérusalem avait été au courant de leur projet. En tout cas, informé de ce qui s’était passé, le pape Innocent écrivit à Jérôme, pour le consoler, et à [’évêque, pour lui reprocher de n’avoir point pris les mesures que comportait la situation. Epist., cxxxvi et cxxxvii, col. 1163 et 1164. On était en 417. Nous rencontrons encore après cette date plusieurs lettres de Jérôme, où, malgré des infirmités croissantes, il se préoccupe des moyens de résister au pélagianisme, se réjouit de le voir refoulé de l’Orient et félicite Augustin de son ardeur à le combattre. Epist., cxii-cxxiii, col. 1179 sq.

A la fin de 418 ou au commencement de 119. il eut à subir une des plus grandes épreuves de sa vie, la mort d’Eustochium, qui avait remplacé sa mère Paula a la tête du monastère des religieuses bet hléémites. Après ce cou]), ajouté a tant d’autres et à l’épuisement résultant d’une vie toute deprivations et de fatigues, le saint vieillard ne fit plus que languir. I)ans une lettre de 419 a Alypiuset Augustin, une des dernières que nous ayons de lui, et une des dernières qu’il

ait (’entes ou dictées, il s’excuse sur sa faiblesse et sa tristesse, de ne plus répondre aux ennemis de la foi. i-lpist., c.xi. iii, col. I 181. l’ai dit : une des dernières et non pas : lu dernière. Désormais, en effel. nous en’possé-