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JEROME (SAINT). BIOGRAPHIE


pauvre corps en demeura tout affaibli et languissant

jusque vers la fin de eette année. Mais, chose étonnante, son activité n’en fut ni arrêtée ni sensiblement ralentie : il nous reste de ce temps, outre le Commentaire sur suint Matthieu, beaucoup (le lettres consacrées â dis questions de doctrine et spécialement â des difficultés scripturaires.

3. Lu polémique urée Rufin et lu deuxième campagne antiorigéniste. - - Avec Jean de Jérusalem, la paix, une l’ois conclue, ne fut plus troublée. Il n’en alla pas de même à l’égard de Ru lin. De retour à Rome, ce dernier s’avisa, sollicité par un homme du monde nommé Mæaiie.de traduire en latin le lis : ’, àp/cov d’Olïgène. Il déclarait, il est vrai, avoir supprimé, dans sa traduction, tous les passages manifestement contraires à notre foi. les jugeant d’ailleurs i interpolés par des mains étrangères i. Mais, dans sa préface, le traducteur eut la malencontreuse idée de se recommander du nom de Jérôme, dont il faisait du reste un grand éloge. Deux Romains. Fainmachius et Océanus. jugèrent cette publication dangereuse et s’empressèrent d’en informer leur ami de Bethléem, l’engageant à donner une traduction complète et plus fidèle qui montrât le livre dans son vrai jour. De fait, Jérôme ne se contenta pas d’écrire à Rufin, pour se plaindre doucement du procédé et protester contre des éloges compromettants. Epist., lxxxi, col. 735, mais il lit et adressa à ses deux informateurs la traduction demandée. Il y joignait, une assez longue justification de sa conduite à l’égard d’Origène. « Je l’ai loué, disait-il, comme exégète. non comme dogmatiste, comme philosophe, non comme apôtre, pour^SoTT génie et son érudition, non pour sa foi. Qu’ils lisent mon commentaire de VEcclésiaste et mes trois volumes sur l’Êpilre aux Éphésiens, ceux qui désirent connaître mon sentiment surOrigène, et ils verront que j’ai toujours été hostile à ses doctrines. Puis il ajoutait modestement : < Si l’on ne veut lias admettre que je n’aie j amais été on géjijste, qu’on croie du moins que j’ai cessé de l’être, i Quant à l’interprétation du riepl àp/ûv, il avouait qu’elle lui avait coûté beaucoup de peine, « d’autant que, pour faire œuvre de traducteur et non de demolisseur.il n’avait rien changé au texte grec. » D’ailleurs, le but de son travail n’était pas d’obtenir que le lecteur s’attachât au contenu du livre, mais bien de le prémunir contre le danger d’une traduction antérieure. Epist., lxxxiv. col. 743.

Dans tout cela Ru lin. on le sent, est continuellement visé : pourtant son nom ne paraît nulle part, Jérôme, malgré tout, tâchait de ménager sa personne. Mais quelles que fussent les dispositions personnelles de Jérôme et de Rufin, il se trouva des hommes, plus zélés que prudents, pour rallumer entre eux la vieille querelle, et diverses circonstances y contribuèrent. Le monde cultivé de Rome s’était, â leur sujet, divisé en deux partis, qui ne suivirent pas les chefs dans leur rapprochement. D’un côté donc, Pammachius et Océanus, qui avaient été chargés de transmettre a Ru fin la lettre (i.xxxi) mentionnée ci-dessus, la gardèrent par devers eux, parce qu’ils la jugeaient trop conciliante et trop confiante. D’autre part, un ami de Ru tin. Aprohianus, lui envoya â Aquilée une copie de la traduction de Jérôme, ainsi que des explications qui raccompagnaient, dans le dessein de provoquer une réplique. Vers le même temps, c’est-à-dire tout a la fin de 399 ou au commencement de 100, Théophile d’Alexandrie, prenant assez soudainement une attitude très hostile aux origénistes, lança l’anathcine contre eux et leurs doctrines. Bientôt, a sa demande. le pape Anastase. dans un synode romain, lis condamnait comme hérétiques, et il invitait en outre Rufin a venir rendre compte de sa foi. C’est dans ces conjonctures que celui-ci, se sentant gravement atteint par la

lettre â l’aniniachius. rédigea sa réponse. l’Ile comprend deux livres. Le premier tend avant tout â repousser la note d’hérésie : Tailleur s’y applique à montrer qu’il n’a sur la Trinité, l’Incarnation, la résurrection, le second avènement et le Jugement dernier, d’autre croyance que celle de l’Église catholique. Dans le second, il passe â l’offensive contre Jérôme, dont il incrimine la doctrine, notamment les commentaires des épîtres de saint Paul. Telles sont les trop célèbres Invectives de Rufin. lui les écrivant, dans les derniers mois de l’an 100, celui-ci ne les destinait ni â Jérôme ni à une publicité illimitée, mais seulement à Apronianus et â quelques autres amis, qu’avaient émus les accusations portées contre lui. 1)e fait, durant un temps assez long, trois ans â peu près, elles ne sortirent pas de ce petit cercle. Cependant Rufm répondait aussi au pape Anastase, en alléguant, pour se dispenser du voyage à Rome, des raisons de santé et de famille. Ici encore il s’emploie de son mieux à se défendre du reproche d’hétérodoxie et proteste qu’il n’a. qu’il n’aura jamais d’autre foi que celle de l’Église romaine.

Quant à Jérôme, il était, senible-t-il, entraîné dans le courant belliqueux qu’avait créé la nouvelleattitudc de Théophile d’Alexandrie. Celui-ci, après s’être assuré l’appui de l’évêque de Rome, poursuivait de plus en plus non seulement les erreurs d’Origène, mais tous ses admirateurs, parmi lesquels les moines du désert de Xitrie, et il apportait dans cette lutte toute la fougue de son tempérament. En le suivant avec une confiance trop.aveugle, le solitaire de Bethléem sera poussé à des démarches qu’on ne peut s’empêcher de regretter. Non content d’obliger Théophile en traduisant en latin ses lettres pascales ou synodales, ainsi que d’autres documents antiorigénistes, où la personne même d’Origène était copieusement injuriée, Jérôme approuvait des mesures cie forme trop brutale contre les moines plus ou moins récalcitrants ; il en viendra â s’associer, de bonne foi sans doute, à une funeste et haineuse campagne contre Jean Chrysostome.

A la fin d i l’année 401 et au printemps de 402, les documents nous le montrent occupé â son Apologie contre Rufin. Le texte des Invectives ne lui était point parvenu ; mais Pammachius et Marcella lui en avaient fait connaître les accusations principales. C’est d’après ces données sommaires, éclairées et en partie confirmées par la lettre du même auteur au pape Anastase, qu’il composa les deux premiers livresde son Apologie. Il y discute un â un tous les griefs articulés contre lui, et s’attache spécialement a bien définir la manière dont il a toujours traité soit Origène lui-même, soit les écrivains qui lui sont favorables : le martyr Pamphile, Didyme, Eusèbe de Césarée. Il n’admet d’ailleurs pas l’authenticité de l’Apologie d’Origène attribuée à saint Pamphile. Peu après, axant reçu de Rufm même une copie des Invectives, avec une lettre qui accentuait les réproches antérieurs, il compléta sa réponse par un troisième livre, ou de solides arguments n’auraient rien perdu de leur force a être un peu moins assaisonnés d’aigres personnalités. Il venait pourtant de recevoir du saint évêque d’Aquilée, Chromatius,

qu’il estimait et aimait beaucoup, une lettre le suppliant de mettre fin a cette malheureuse polémique. Mais parce que Rufin lui axait adressé des menaces et que son Silence eut pu paraître un aveu île culpabilité, il ni’(l’Ut pas pouvoir déférer a ce pressant conseil.

I. Discussions avec saint Augustin. Les relations de Jérôme avec saiid Augustin et les incidents dont elles furent marquées méritent d’être signalés. Mais

pour cela il est indispensable de reprendre les choses

d’un peu plus haut. Jérôme, dans son Commentaire de

l’Êpilre une (, ulules, axait cru pouvoir expliquer « le