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ISAIE, LE SERVITEUR DE JAYIIÉ

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très bien le cardinal Meignan, et il restera toujours après eux des renseignements à glaner.

Nous n’avons pas à rechercher ici les origines de la doctrine du Messie soutirant chez Isaïe. Lui fut-elle révélée toute faite dans une vision prophétique ? Est-elle le couronnement d’une préparation historique providentielle ? La révélation se rattache-t-elle à certains faits passés ou contemporains du prophète, à certaines conceptions philosophico-religieuses ? Les souffrances de Jérémie ont-elles servi au voyant dans l’élaboration de son idéal de l’homme des douleurs, comme le sout tuait Renan ? Il ne serait pas inconcevable, dit à son son tour M. Van Hoonacker, Revue biblique. 1909, p. 503, à propos de Joïakhin, que la révélation du Messie souffrant, destinée au peuple captif à Babylone, se fût rattachée, comme point de repère, à un exemple fourni par l’histoire des grandes épreuves traversées par la nation, surtout si les circonstances olïraient cet exemple dans la personne d’un roi, rejeton de la dynastie de David. On a émis l’idée que l’origine de la conception d’un Messie soutirant pourrait bien se trouver dans les documents babyloniens. La source première en serait le célèbre poème du « Juste soutirant » que nous a conserve un texte de la bibliothèque d’Assurbanipal et que l’on trouvera dans P. Dhorme, Choix de textes religieux assyro-babyloniens, Paris, 1907, p. 372 sq. La lamentation qui, dans sa forme actuelle, remonterait à l’époque d’Hammurabi, met en scène l’homme abandonné des dieux et des hommes, en proie à toutes les adversités, et qui cependant a conscience de son innocence. Les plaintes du malheureux sont entremêlées de réflexions sur l’inconstance du sort et la versatilité des humains. Mais, nonobstant certaines ressemblances de détail, attribuables au sentiment de la douleur qui est partout le même, il y a de profondes différences entre le serviteur soutirant d’Isaïe et le prétendu Juste souffrant de la littérature cunéiforme : celui-ci ne souffre pas avec résignation ; surtout, il ne soulïre pas pour expier les crimes des autres, trait essentiel dans le portrait du serviteur de Jahvé.

Conclusion générale. — Isaïe éclipse tous les prophètes qui l’ont précédé. Amos avait prédit le redressement des tentes de David ; Osée avait annoncé qu’à la fin des jours, les enfants d’Israël se convertiraient à Jahvé, leur Dieu ; Michée avait célébré les triomphes du Dominateur sorti de Bethléem ; Isaïe reprend, perfectionne et rassemble tous ces traits. Les prophètes qui le suivent s’inspirent de lui. Le Nouveau Testament a utilisé Isaïe en plus de 85 passages. L’Église lui a emprunté les plus belles pages de sa liturgie. On comprend que l’Ecclésiastique parle de lui avec une sorte d’exaltation, que les Pères le considèrent comme le plus grand des prophètes, presque comme un apôtre et un évangéliste, que les modernes, enfin, envisagent son livre commele manuel du messianisme.

I. Travaux d’ordre générai.. — 1° Parmi les anciens, les commentaires d’Origène, d’Eusèbe, de saint Cyrille l’Alexandrie, de saint Éphrem, de saint Jérôme.

2° Parmi les modernes : 1. Catholiques : Calmet, Commentaire littéral sur tous les Hures de l’Ancien et du Nouveau Testament. I.e Prophète Isaïe, Paris, 1714 ; Houbigant, Biblia hebraica cum notis crilicis et versione latina, t. iv. Prophetæ l>osteriores, Paris, 1753 ; Schegg, Der Prophel Jesaja ùber-’elzt und erklurt, Munich, 1850 ; Le Hir, Les trois grands prophètes, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Paris, 1877 ; Trochon, Isaïe, introduction critique et commentaires, Paris, 1878 ; Knabenbauer, Commentarius in Isaïam prophetam, Paris, 1887 ; Condamin, Le livre a" Isaïe, traduction critique avec notes et commentaires, Paris, 1005 ; Schloegl, Die heiligen Schriften des alten Bundes, t. iv, Jesaja, 1915 ; Tobac, Les prophètes d’Israël, t. ii, Malines, 1921 ; Peters, Zu der Gotteserscheinung in Is. Kap. 16 dans Théologie und Glaube.i. m. 191 1, p. 188. Federlin, A propos d’Isaïe, X, 20-31, dans.Revue biblique, 1906, p. 266-273 ; Touzard, Isaïe, XI -’- ; » et les sept dons’lu Saint-Esprit, dans Revue biblique, 1899, p. 249-266 ;

Lagrange, L’apocalypse d’Isaïe XXIV-XXVII, à propos des derniers commentaires, dans Bévue biblique, 1894, p. 200231 ; Touzard, De la conservation du texte hébreu ; Etude sur Isaïe, XXXVI-XZXIX, dans Bévue biblique, 1897, p. 188191 ; Gigot, 771c autorship o/ Isaias XL-LX VI, dans The New-York Bevicw, aoùtnovembre, 1905 ; Pope, The integrily of the book of Isaias, dans The Irish theological Quarterly, 1. 1, 1907, p. 447-457.

2. Non catholiques.

Hitzig, Der Prophel Jesaja ùbersetzt und ausgelegt, lleidelberg, 1833 ; Luzzatto, Il Projeta Isaia volgarizzato ecommentalo, Padoue, 1855-1856 ; Brcdenkamp, Der Prophet Jesaja erlautert, Erlangen, 1886-1887 ; Dclitzsch, Biblischer Commentar iiber das A. T. : Jesaia, Leipzig, 1889 ; Giesebrecht, Beitràge zur Jesaia Kritil ;, Gôttingen, 1890 ; Dillmann, Der Prophel Jesaia, Leipzig, 1890 ; Driver. Isaiah, his li/e and times, Londres, 1893 ; Cheyne, Introduction to the Book oj Isaiah, Londres, 1895 ; Smith, Isaiah (The Expositor’s Bible), Londres, 1888-1894 ; Rawlinson, Isaiah (The Pulpil Commentary), Londres, 1897 ; Kittel, Jesaia (Kurzgefasstes exeget. Handbueh zum A. T.), Leipzig, 1898 ; Marti, Das Buch Jesaia (Kurzcr Hand-Commentar zum A. T.), Tubingue, 1900 ; Skinner, 7/ie Book of the Prophet Isaiali, Cambridge, 1900-1902 ; Duhm, Das Buch Jesaia (Handcommentar zum A. T.), Gôttingen, 1914 ; Von Orelli, Der Prophel Jesaja, Munich, 1904 ; Maclaren, The Book of Isaiah, ch. 1-4 S, Londres, 1905 ; Wilke, Jesaja und Assur, Leipzig, 1905 ; Leimbach, Das Buch des Prophcten Isaias, Fulda, 1907 ; llalévy, Recherches bibliques. Le livre d’Isaïc, dans, Revue sémitique, 1909-1914 ; Gray and Peake, A critical and exegetical commentary on the book oj Isaiah, Londres, 1912 ; Hitchcock, The higher criticism of Isaiah, Londres, 1910 ; Bruston, La conclusion du premier discours du prophète Isaïe, dans Revue de théologie et des questions religieuses, t. xix, p. 418-422 ; Caspari, Ec/if/ieiï, Hauptbegriff und Gedankengang der messianischen Weissagung Jes., 1-6, Gûtersloh, 1908 ; Kennet, The prophecy in Isaiah, IX, 1-7, dans The journal oj theological studies, 1906, t. vii, p. 321342 ; Boutflower, Isaiah XXI in light of Assyrian history, dans The journal of theological studies, 1913, t. xiv, p. 501515 ; t. xv, p. 1-13 ; Meinhold, Jesaia und seine Zeit, 1898 ; Die Jesajærzàhlungen, Jes., 36-39, 1898 ; Der heilige Best, Bonn, 1903 ; Kônig, The Exile’s Book of consolation, 1899 ; Liebmann, Der Texl zu Jes. 24-27, dans Zeitschrift fur die allesl. Wissenschaft, 1902-1905 ; Ottley, The book of Isaiah, according to the Septuagint (Cod. Alex.) Iranslated and ediled, Londres, 1904 ; Cramer, Der geschichtliche Hinlergrund der Kapitel 56-66 im Bûche Jesaja, Dorpat, 1905 ; Kuchler, Die Slellung des Propheten Jesaja zur Politik seiner Zeit, Tabingue, 1906 ; Zillessen, Tritojesaja und Deulero jesaja. Eine literarische Unlersuchung zu Jes. 56-66, dans Zeitschrift fur die iiltest. Wissenchaft, 1906, t. xxvi, p. 231-276.

IL Études spéciales sur l’Emmanuel. — 1° Catholiques. — Lagrange, La Vierge et l’Emmanuel, dans Bévue biblique, 1892, p. 481-497 ; Haghebært, La Vierge mère au chapitre VII d’Isaïe, Ibid., 1893, p. 381-383 ; Huighe, La Vierge mère, dans La science catholique, 1895, 15 février ; Durand, La Vierge et V Emmanuel, dans l’Université catholique, 1899, juin ; Van Hoonacker, La prophétie relative à la’naissance d’Immanuel, dans Bévue biblique, 1904, p. 213-227 ; Lémann, La Vierge et l’Emmanuel, Paris, 1904 ; De Moor, Le chapitre VII d’Isaie contenant la description prophétique de la naissance d’Immanuel ou de Dieu avec nous, dans La science catholique, 1904, décembre ; Denis, Isaie VII-VIII, 10. Essai d’explication, dans La science catholique, 1906, avril ; Ten Bokum, De Emmanuel bij Isaias, VII 14-16, dans Nederlandsche Katholicke Slemmem, 1907, p. 166176 ; Beauquier, Le signe de V Emmanuel, dans Bévue augustinienne, 1908, t. xi, p. 529-561 ; Perret, La prophétie d’Emmanuel. Isaïe VII, 13 sq., dans Bévue pratique à* apologétique, 1910, 15 octobre, p. 81 -99 ; Boylan, The sign in Isaias l //, 14, dans The Irish theological Quarterly, 1912, 1. ii, p. 203215 ; Calès, Le sens de « Almah » en hébreu d’après les données sémitiques et bibliques, dans Recherches de science religieuse, 1910, p. 161-168 ; Calés, Les trois discours prophétiques sur l’Emmanuel (Isaïe, >// ; VIII, 1-10 ; VIII, 11-I.X, 6)., Ibid.. 1922, p. 169-177.

Non catholiques.

Burncy, OUI Testament notes, I,

771e « sign » of Immanuel, dans The journal of theological studies, 1909, t. x, p. 580-584 ; Gray, The virgin birtli in relation to the interprétation 0/ Isaiah VII, ii, dans The Expositor, 1911, p. 289-308.

III. Etudes SPÉCIALES SUE LE si Rvm 1 1 DE JAHVÉ. — P Catholiques. — Feldniann, Der Knecht ( Iles