JÉRÉMIE M TRANOS — JÉRÔME (SAINT). BIOGRAPHIE
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de Monembasie, arriva à Smolensk. sa première étape
en territoire russe, et le 11 juillet il était a Moscou. Bien accueilli par le tsar Fédor Ivanovitch et par la tsarine Irène, il reçut au bout de quelques jours la visite de Boris Godounof. le tout -puissant ministre de Fédor. qui venait lui proposer de la part du souverain de s’établir à Moscou avec le titre de i patriarche de Moscou et de toute la Russie. ! Jérémie aurait accepté sur le champ sans l’opposition de Hiérothée deMmembasie et de quelques membres de sa suite. Cet empressement s’explique tout naturellement, si l’on veut bien se rappeler, comme nous l’avons dit plus haut, qu’à ce moment Jérémie n’était plus qu’un simple ex-patriaiche. l’a peu plus tard, nouvelle instance du tsar demandant cette fois le titre de patiiarche pour Job, le métropolitain île Moscou. Après d’assez longues tergiversations, on procéda, le jeudi 23 janvier 1589, à un simulacre d’élection, et. le dimanche 26, le métropolite Job fut solennellement intronisé patriarche en présence de Jérémie, de toute la cour.de tout le clergé indigène et d’une foule immense de moujiks rayonnant de joie. Comblé de présents, Jérémie prolongea son séjour à Moscou jusqu’à le fin de l’été. Au mois de novembre 1589, il se trouvait encore à Tarnopol, où il présidait un synode local dont il promulgua les décisions dans un curieux sigillion conservé aujourd’hui sous le n.505 des mss. grecs de la bibliothèque publique de Pétrograd et publié par A. Papadopoulos-Kérameus, dans II ; j.î : oLo- : -iov de 1905, des Établissements nationaux philanthropiques de Constantinople, p. 459-463. A Zamosc, il avait appris, par une lettre du voïvode de Moldavie, son rétablissement sur le trône patriarcal, et dans les premiers mois de 1590 il était enfin de retour sur les bords du Bosphore. Sui le voyage de Jérémie en Russie et ses diverses étapes, voir J. Malichevskij, dans les Travaux de l’Académie théologique de Kiev, 1885, t. ri, p. 656-674.
Restait à faire sanctionner par ses collègues de l’Orient les graves mesures prises à Moscou. Ce n’était pas chose facile. Sur la demande de Fédor, Jérémie avait accordé à Job le troisième rang parmi les patriarches et déterminé que Moscou prendrait place immédiatement après Alexandrie. Or, un syaode tenu au mois de mai 1590 à Constantinople et composé de t ?ois patiiarches. de quatre-vingt-quinze évêques et des principaux fonctionnaires du patriarcat, accorda seulement à Job le cinquième rang, après Jérusalem. Cet acte important, dont l’original est conservé à Moscou au ministère des Affaires étrangères, n. 5 des documents grecs, a été publié pour la première fois dans son intégrité par Y. Regel, Analecta byzantino-russica, Saint-Pétersbourg, 1891, p. 85-91. Le texte publié d’après Th. Ballianos, ’Ioropla t ?, ç ^cùaaucTJç k/ ; /J : r r n :.xz. Athènes, 1851, dans C. Delicanès, "EYYpocça -j.-.y.-j.v/y : I. t. iii, Constantinople, 1905, p. 24-26, n’est qu’une caiicature de l’original. Denys, métropolite de Larissa, fut chargé, en 1592, de porter cet instrument au tsar. Celui-ci entra aussitôt dans une violente colère, et il insista en termes impérieux pour que l’on fixât le rang de Moscou après Alexandrie et avant Antioche. Un nouveau synode, convoqué à cet effet, se réunit le 12 février 1593 ; il comprenait trois patriarches (le quatrième avait remis sa voix à celui d’Alexandrie) et quarante évêques. Tous furent d’accord pour maintenir la première décision et attribuer au nouveau patriarche « des régions du nord » le cinquième rang. Ce point réglé, on profita de la présence dans la capitale de tant de prélats [jour promulguer huit canons, dont le dernier portait condamnation du nouveau calendrier. L’original de cet intéressant document se trouve a la bibliothèque synodale de MOSCOU, n. l’JS des mss grecs. Il a été publié, mais sans les signatures, par le patriarche Dosithée, Tojxoç à-v-r, ;.
p. 541-457, par Hhalli et Potli, ^JV7ayu.a tôjv OsUov xxi. lepwv xav6viv, t. v, Athènes, 1855, p. 149-155 ; par C. Sathas, op. cft., p. 82-92, et par C. Delicanès, op. cit., p. 10-20. Le morceau est suivi dans Sathas de quatre lettres de Mélétius Pigas relatives au même objet. Jérémie, on le voit, avait promis au tsar plus qu’il n’avait pu tenir : preuve nouvelle de la faiblesse de sou caractère. Il était malaisé, il est vrai, de résister en face aux caprices du lils d’Ivan le Terrible. Un autre synode, tenu au mois de mai 1593 et dans lequel furent édictés douze canons sur divers points de discipline, fait plus honneur que le précédent au patriarche Jérémie. Ces canons ont été publiés d’après un codex de Trébizonde par A. Papadopoulos-Kerameus, dans ses’EXXrjvixà’AvéxSoxa, Constantinople, 1885, p. 73-75 ; mais j’en ai retrouvé le texte dans plusieurs autres mss., entre autres dans le Parisinus 1323. ꝟ. 384 et dans le n. 22 Q du monastère de Lavra au mont Athos, ꝟ. 131-133.
L. Petit.
I. JÉRÔME (Saint).— I. Biographie. II.Œuvres. (col. 909). III. Doctrines (col. 927)
Esquisse biographique. — 1o Jusqu’au second séjour à Rome. — Saint Jérôme (Eusebius Hieronymus ) naquit vers l’an 344. En effet, à la mort de Julien l’Apostat, en 363, il pouvait encore se dire un enfant, In Habacuc, lib. II, c. iii, ꝟ. 14, P. L., t. xxv, col. 1329 ; et, d’autre part, écrivant, à saint Augustin, né en 354, il l’appelle « son père par la dignité, mais son fils par l’âge », asiate fili, dignitate parens, ce qui ne se comprendrait guère sans une différence d’âge d’une dizaine d’années au moins. Epist., cv, P. L., t. xxii, col. 837. Le P. Cavallera opine néanmeins pour 347. Cf. Saint Jérôme et son œuvre, 2 vol., 1 ouvain, 1922,
Jérôme vit le jour à Stridon, petite ville « aux confins de la Dalmatie et de la Pannonie ». Vir. ill., c. 135, P. L., t. xxiii, col. 715. Cette ville ayant complètement disparu quelques années plus tard, lors de l’invasion gothique, il est très difficile d’identifier son emplacement avec quelque certitude. Une conjecture habilement présentée par Mgr Francesco Bulic veut retrouver Stridon dans la petite localité bosniaque de Grahovo, non loin de Spalato. Pour généralisée qu’elle soit, cette opinion ne semble pas cependant reposer sur des bases suffisamment solides. Grahovo, en particulier, est trop éloignée d’Aquilée, avec laquelle Jérôme eut beaucoup plus de relations qu’avec Salone, la moderne Spalato. Sur cette question voir F. Bulic, Bullettino di archeologiae sloria dalmala, 1899, t. xxii, et comparer Corp. inscript, latin., t. iii, n. 9860 ; cf. aussi Du’chesne, Histoire ancienne de l’Église, t. ii, 4e édit., p. 476.
La famille de Jérôme, riche et chrétienne, était très attachée à la foi orthodoxe. Nous en savons peu de chose, sinon qu’il eut une sœur, qui lui fut cause ou occasion de graves désagréments, et un frère. Paulinien, qu’il entraîna à sa suite dans le sacerdoce et la vie monastique. Son père se nommait Eusèbe et lui transmit son nom : car Hiéronyme ou Hiérôme n’était proprement qu’un surnom. A ces deux premières désignations d’anciens manuscrits en ajoutent une troisième : Sophronius, dont la raison nous est inconnue.
Le jeune dalmate commença ses études a Stridon et alla ensuite, âgé de 18 ans environ, les continuer à Rome, en compagnie de Bonose, un ami d’enfance. Il eut pour maître, entre plusieurs autres, le célèbre
Donat. Il suivil assidûment 1rs cours des grammairiens, des rhéteurs et des philosophes, qui étaient a sa portée, s’adonnant en outre a la lecture des auteurs,
tant grecs que latins, tant poètes qui’moralistes, penseurs ou historiens. Dès lois aussi, épris de livres, n