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JÉRÉMIK. HISTOIRE l>l LIVRE


mie, xxxvi est daté lui aussi de la quatrième année de Joakini. v. 1 ; l’abondance et la précision des détails, remarquables dans tout le chapitre, ne permettent pas de mettre en doute l’exactitude historique de cette donnée chronologique ; aucun critique d’ailleurs, ou peu s’en faut, ne songe à la contester. Pas d’objection sérieuse non plus contre l’indication de xlv, 1, qui place encore dans cette même année la promesse de vie sauve faite à Barucb : les plaintes du secrétaire de Jérémie aussi bien que la réponse de Iahvé trouvent une explication suffisante dans l’appréhension des dangers que la lecture publique des prophéties faisait entrevoir à Baruch, et des châtiments qui allaient frapper le peuple et lui-même.

Les versets 7-17 duc. xii qui annoncent le châtiment d’Israël appartiennent encore au règne de Joakim, mais aux dernières années ; de l’avis de la plupart des commentateurs modernes ils auraient été prononcés à l’occasion de la révolte du roi de Juda contre Nabuchodonosor. Cf. IV Reg., xxiv, 2. Vers le même temps et plus tard encore, alors que l’invasion chaldéenne menaçait déjà, il faut placer le récit du c. xxxv concernant les Réchabites ; l’indication quelque peu vague duꝟ. 1 « aux jours de Joakim » se trouve précisée par leꝟ. Il « lorsque Nabuchodonosor, roi de Babylone, est monté contre ce pays, nous avons dit : « Entrons dans Jérusalem, pour échapper à l’armée des Chaldéens et à l’armée d’Aram ; » et nous sommes venus habiter Jérusalem, t

A l’époque de Joakim enfin, mais sans qu’il soit possible de préciser davantage, remontent les prophéties de xvi-xvii, 18 ; leur groupement, malgré la variété des sujets, tient peut-être au fait qu’elles furent adressées aux contemporains de ce roi impie ; le reproche de xvi-12 : Et vous, vous avez fait pis que vos pères, et voici que chacun de vous suit l’opiniâtreté de son cœur » n’était alors que trop justifié.

Du temps de Joakin, qui ne régna que trois mois, serait le petit poème xiii, 15-27, si comme il est probable leꝟ. 18 fait allusion à ce roi, auquel il associe sa mère, comme d’ailleurs en d’autres circonstances, xxii, 26 ; xxix, 2.

A partir du c. xxi, assez nombreux sont les passages, récits ou oracles, en proportions à peu près égales, que l’on peut dater du règne de Sédécias, 597-587.

Du début de ce règne, peu de temps « après que Nabuchodonosor, roi de Babylone, eût emmené en exil, de Jérusalem à Babylone, Jéchonias, fils de Joakim. .. » xxiv, 1, est la vision symbolique des deux paniers de figues, xxiv, par laquelle le prophète signifie aux habitants, lassés dans la ville par le vainqueur, que ce sont les exflés de Juda et non pas eux qui formeront le nouveau peuple de Dieu. La finale duꝟ. 8 ne se rapporte pas nécessairement à ceux qui cherchèrent un refuge en Egypte après la ruine de Jérusalem, mais peut-être à des compagnons de captivité de Joachaz, emmenés en G08, ou encore à ceux qui ( dès 597, s’exilèrent volontairement sur les bords du Nil pour échapper à la catastrophe qu’ils redoutaient.

Le groupe bien caractérisé des c. xxvii à xxix, appartient lui aussi aux premières années de ce même règne : d’une part, en effet, il est bien évident qu’il faut remplacer le nom de Joakim, xxvii, 1, par celui de Sédécias, lesꝟ. 3, 12, 20, et la date donnée xxviii, 1, le prouvent abondamment ; d’autre part, la question de savoir combien de temps durerait l’exil devait alors préoccuper les esprits à Jérusalem et plus encore en Babylonie ; pour les mettre en garde contre les vaines espérances d’un retour prochain, annoncé par les faux prophètes, Jérémic, l’interprète autorisé des révélations divines, déclare avec autant de certitude que d’énergie qu’il faut envisager une longue captivité ; les

DICT. DI. THÉOL. CATIIOL.

premières années qui suivent la déportation de 597 répondent tout à fait à la situation.

Entre ces événements et le début du siège de Jérusalem, 588, malgré le manquai d’indication chronologique, on peut placer avec assez de vraisemblance le violent réquisitoire contre les faux prophètes, wiii, 9-40 et les oracles contre Joachaz, Joakim et Jéchonias, xxi, 1 1-xxin, 8 ; rien en effet, du moins dans leur forme actuelle, n’y porte la trace des tragiques événements, précurseurs immédiats de la catastrophe.

Avec xxi, 1-10, commence la série des passages relatifs au siège et à la ruine de Jérusalem. C’est le premier message de Sédécias (un deuxième xxxvii, 3-10) avec la réponse du prophète au sujet de l’attaque de la’ville par Nabuchodonosor. Les événements racontés au c-. xxxiv : annonce de la prise de la ville et de la captivité de Sédécias, affranchissement momentané des esclaves israélites, trouvent place aux premiers temps du siège. Durant son interruption, due à l’arrivée des secours égyptiens, se placent les événements, objet du récit du c. xxxvii : deuxième message du roi au prophète, emprisonnement de celui-ci qui annonce de nouveau à Sédécias, le consultant en secret, qu’il sera livré aux mains du roi de Babylone. Ensuite et jusqu’à la fin du siège, se déroulent les différents épisodes racontés aux deux chapitres suivants xxxviii et xxxix, et entre temps a lieu l’acte symbolique de l’achat d’un champ par Jérémie et la prière qui y est rattachée, xxxii ; la dixième année de Sédécias en marque la date, xxxii, 1. Vers le même temps, alors que Jérémie était encore enfermé dans la cour des gardes, se place la prophétie du c. xxxiii qui reprend en les accentuant et les précisant les promesses du chapitre précédent.

Les oracles de xxx et xxxi sont contemporains sans doute des événements qui suivirent la ruine de Jérusalem et qui sont racontés aux c. xl-xliv. « La situation du royaume ruiné après 587, semble répondre mieux au tableau présenté par la prophétie ; mais faute de détails sur les événements de cette époque, comme aussi sur l’œuvre prophétique et littéraire de Jérémie, il serait téméraire de vouloir fixer une date précise. » Condamin, op. cit., p. 239. Il en va de même pour les passages qui n’ont pu être attribués à telle ou telle époque, faute d’indications suffisantes ; leur authenticité n’en est pas pour autant contestable.

VI. RÉDACTION OU HISTOIRE DU LIVRE DE JÉRÉMIE.

— Les constatations et les discussions relatives à l’état du texte, à l’authenticité et à la chronologie des prophéties de Jérémie laissent prévoir une histoire assez mouvementée de la rédaction de son livre. Heureusement le prophète nous donne lui-même à ce sujet une indication des plus précieuses en nous racontant au c. xxxvi les circonstances de la première rédaction de ses oracles. La quatrième année du règne de Joakim, il reçut l’ordre de consigner par écrit sur un rouleau toutes les paroles que lui avait dites Iahvé contre Israël, contre Juda et contre toutes les nations depuis les jours de Josias. La menace </< l’mt le mal que Iahvé avait dessein de faire à son peuple, inspirerait peut-être à celui-ci une crainte salutaire qui le détournerait de sa mauvaise voie et lui obtiendrait ainsi le pardon de son iniquité, xxxvi, 1-3. Ayant fait venir Baruch, Jérémie lui dicta donc toutes les paroles que iahvé lui avait dites jusqu’alors et lui ordonna d’en faire lecture au peuple rassemblé dans la maison de Iahvé, le jour du jeûne, ce qui fut fait la cinquième année de Joakim au neuvième mois. Un des auditeurs de Baruch, Miellée, fils de Gamarias, informa les ministres, réunis dans la maison du roi, de ce qui se passait, et, à leur tour, ceux-ci, désireux d’entendre aussi cette lecture, mandèrent Baruch et lui ordonnèrent de lire ; a nouveau le recueil des prophéties. Effrayés de ce qu’ils entendi vm. — 28