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JÉRÉMIE. AUTHENTICITÉ

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même pour la proximité" de la restauration, ou bien il s’agit des exilés de l’ancien royaume d’Israël, xxxi, 21-22, ou bien c’est sur la certitude encore du retour qu’insiste le prophète. Ainsi donc, et en tenant compte que sur beaucoup de points ces c. xxx-xxxi paraissent b.’en porter la marque des œuvres de Jérémie, leur authenticité peut être maintenue (Driver, Gautier, Rothstein, Condamin). Celle du passage messianique xxxi, 31-34 est admise par la majorité des critiques, Cornill, Giesebrecht, Peake, Ed. Kœnig, Keil, Steuernagel… Cf. Condamin. op. cit., p. 23 !

g) xxxii. 16-4 1. A part les versets 24-26 et 36-44 dont bon nombre de critiques maintiennent avec raison l’authenticité, le reste du passage pourrait bien elle secondaire : la prière de Jérémie à lalivé, 17-23 parce qu’elle ne répond guère à la circonstance et qu’elle est en grande partie composée de citations ; la réponse de lahvé. 28-35, pour les mêmes raisons.

h) xxxiii, 14-26. — L’absence de ces versets dans les Septante soulève immédiatement la question de leur authenticité. Comment en effet un passage de cette importance aurait-il pu être laissé de côté par.le traducteur grec ? D’autre part les v. 1 1-15 semblent bien une répétition de xxix, 10 ou mieux de xxiii, 5-6 ; 25-26 rappellent xxxi, 36-37, et les promesses de perpétuité des prêtres lévitiques sont difficilement conciliâmes avec ce que le prophète en dit par ailleurs. Pour ces raisons, la majorité des critiques et parmi eux des catholiques tels que Jahn, Movers, Scholz, abandonnant l’authenticité, voit dans ces prophéties une imitation d’époque récente de véritables oracles de Jérémie.

Cette conclusion cependant ne s’impose pas. L’absence du passage dans le grec n’entraîne pas nécessairement son absence dans le texte primitif. Des cas semblables ne manquent pas ; les répétitions, surtout celle du début 11-15, auront peut-être amené le traducteur grec à considérer l’ensemble du passage comme une redite inutile, et par conséquent à le supprimer. De ces répétitions elles-mêmes on ne saurait non plus conclure à l’Interpolation, à cause de leur fréquence même dans le livre. Enfin de la prétendue incompatibilité avec les vues et promesses ordinaires du prophète, que reste-t-il, si l’on remarque que Jérémie, tout comme les autres prophètes, ne pouvait exclure de la restauration future les institutions de l’économie ancienne’.' Ce qu’ils attendaient, lui et les autres, c’était non leur complète et brusque disparition, mais leur perfectionnement. Cf. Condamin, op. cit., p. 248 ; Lagrange, Pascal et les Prophéties messianiques, dans Revue biblique, 1906, p. 543-544 ; Van Hoonacker, Le sacerdoce lévitlque, p. 124.

i) xxxix, l-10. — A l’exception du.."> généralement maintenu à cause de sa concordance avec des récits parallèles et du lien qu’il établit entre la tin de wwiu et xxxix, 11, tout le reste du passage serait a rejeter : 1° parce qu’il n’est que la reproduction abrégée de Jer., lii, 4-16 ou de IV Reg., xxv, 1-12 ; 2° parce que la suite naturelle du récit s’établit par le rapprochement des versets xxxviii, 28, XXXIX, 3 et 11 : 3° parce que 4-10 manquent dans le grec, omission qui, sans être elle-même une preuve suffisante d’interpolation,

ac(’lit ne cependant la vraisemblance de la nnn-authen

licite.

/) xi. m et xi. ix, 34-29. Malgré les attaques de quelques critiques rejetant eh bloc tous les oracles

contre les nations, l’authenticité de ces derniers ne

saurait être sérieusement contestée que pour XLvm cl xi.ix, 34-39. D’mie longueur démesurée, sans proportion avec celle des autres oracles, dépendant dT.nïe.

w wi surtoul pour les. 5, 29-38, écrit d’un style diffus, l’oracle contre Moab ne saurait être l’œuvre de

ne- ; a l’exception de quelques versets, il est

d’époque tardive. Mais pourquoi vouloir ramener 1 1

prophétie contre Moab aux proportions plus modestes ! des au tics’.M. es.Moabites ne furent-ils pas en lutte très fréquente avec Israël, toujours prêts à faire cause commune avec ses’ennemis et à l’insulter dans son malheur ? Soph., ii, 8-11 ; Ezech., xxv, 9-11 : n’est-il pas dès lors bien naturel que Jérémie ait consacré a ce peuple une prophétie plus longue ? Si Isaïe, d’autre part, a pu reproduire tout au long un ancien chant sur Moab comme nombre de critiques l’admettent pour Is., xv-xvi. i pourquoi Jérémie ne pouvait-il pas prendre quelques parties de ce chant, les modifier, les adapter, les insérer dans son propre poème ? » Condamin, op. cit., p. 317.

Quant à 1’oravle au sujet d’Élam. xi.ix, 31-29, dont l’éloignement et l’absence de relations avec Juda à l’époque du prophète s’opposeraient à l’authenticité, on n’a pas prouvé qu’il n’est pas de Jérémie. Les Élamites en effet, voisins deBabylone, pouvaient fort bien à un titre ou à un autre intéresser le royaume de Juda. k) l-li. — « Cette prophétie est très généralement considérée comme inauthentique. FJle reflète les expériences, les sentiments d’un Juif, vivant dans l’exil, longtemps après la destruction de Jérusalem, la déportation de ses habitants et la ruine du temple. Gautier, Introduction à l’Ancien Testament, 1906, t. i, p. 498. L’étendue et l’importance de l’oracle contre Habylone. l’attitude générale de la critiquée son endroit exigent la discussion du problème de son authenticité. Celui-ci, en elïet, ne saurait être résolu par le simple mépris du préjugé rationaliste : « Ces chapitres contiennent des prophéties contre Babylone d’une parfaite exactitude : c’est la seule raison pour laquelle ils sont rejetés. On y voit des vaiieinia post erentum, parce qu’on affirme l’impossibilité du miracle et de la prophétie… « Ermoni. art Jérémie dans Yigouroux, Dictionnaire de la Bible, t. iii, col. 1274. D’autres raisons sont invoquées contre l’attribution de ces chapitres à Jérémie. Quelle en est la valeur’?

S’il faut rattacher li, 59-61. dont l’exactitude historique n’est pas à contester, à l’oracle proprement dit, il s’ensuit que celui-ci aurait été prononcé la quatrième année du règne de Sédécias, 593. Or, cette même année. Jérémie. s’indignant contre les faux prophètes, qui annonçaient la fin prochaine de l’exil, xxviii, 1-9 ; xxxix, X, 9, 15. demande aux captifs de la première déportation de s’installer danslcur nouvelle résidence : « Ratissez des maisons et habitez-les, plantez des jardins et mangez-en les fruits. » Jer., xxix, 5. Bien plus il lis invite à rechercher le bien de la ville où ils ont été emmenés et à prier lahvé pour elle, car son bien sera aussi le leur, xxix, 7. De telles recommandations

sont-elles compatibles avec l’ordre de fuir hors des murs de la ville de Babel, l, 8 ; i.i, G ; avec l’appel à ses ennemis de se ranger en bataille autour d’elle, de se venger sur elle, de l’exterminer, l, 1 1-15 ? Les faux prophètes, séducteurs « lu peuple, ne tenaient, pas un autre langage. Jérémie après en avoir proclamé le mensonge va i il le reprendre à son propre compte ?

C’est assez peu vraisemblable, d’autant plus que tOUl

le passage suppose une époque postérieure à la ruine de Jérusalem et à la destruction du temple, ci que le ton passionné qui l’anime s’accommode bien des sentiments de haine et de vengeance provoqués par la vue d’une telle catastrophe. Enfin, la mansuétude du vainqueur a l’égard du prophète ne se comprendrait plus guère si celui-ci avait prononcé de semblables paroles

contre Babylone. L’oracle n’est donc pas de la quatrième .innée d Sédécias.

Est ce à dire cependant que Jérémie. à un autre moment de sa carrière, n’aura pu composer celle prophétie ? Les raisons, qui fimi écarter la quatrième anné i de Sédécias, ne valent plus, semble-t-11, pour les temps qui suivirent la chute de Jérusalem par exemple. Mais