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JEAN PHILOPON — JEAN QU1DORT

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de conclure que, puisqu’il y a eu Dieu trois personnes, il y a aussi trois natures divines : îttoj rpeïç, epùoeiç X£yeiv r^ï : z-l -.-'r-. i-ta : TpidtSoç. Léonce, Dr sect., act. v (i : ]>. <t., t. Lxxxvia, col. 1233. De là le nom de trithéites qui fut donné aux disciples de l’hilopon. Ce n'était pas à dire d’ailleurs qu’ils admissent réellement trois dieux et Timothée remarque bien que, tout en confessant trois substances (où-tau ou natures eiç) égales, ils refusaient énergiquement de parler de trois divinités. De recept. hæretic, P. (i.. t. i.xxxvi, a, col. 60.

Il serait intéressant de savoir si Jean Philopon a été l’inventeur de celle théorie, ou si d’autres l’avaient précédé dans la voie du trithéisme. Léonce deByzance, De sect., act. v, 6 ; P. G., t. lxxxvi a, col. 1233, semble bien affirmer que Jean a le premier introduit le trithéisme dans l'Église. Barhebrœus, dans Asséniani, Bibliutli. orient., t. ii, p. 328, attribue par contre l’origine de la doctrine à un philosophe assez obscur du vie siècle, Jean Askunages. Le question est encore sans solution. Il suffira ici de remarquer que l’autorité de Barhebraus est assez faible. Cf. J. Tixeront, Histoire des dogmes, t. iii, p. 195 sq.

La doctrine de Philopon rencontra tout de suite un certain nombre de défenseurs, parmi lesquels Photius nous fait connaître Conon, Eugène et Thémistius. Ceux-ci réfutaient les théories de Jean sur la résurrection, mais ils le suivaient dans ses opinions sur la Trinité. Photius avait lii, Cod. 24, P. G., t. ciii, col C0, les Acta disputationis inter Cononem et Eugenium tritheitas et Paulum ae Stephanum, d’où il résultait que Conon ef Eugène avaient refusé d’anathématiser Philopon, et s'étaient efforcés de prouver qu’il était d’accord avec Sévère et Théodose.

Par contre, nous saxons que les t hernies de l’hilopon furent vivement contredites, peu de temps après leur apparition. Nicéphore Calliste, H. E., XVIII, xlviii, P. G., t. cm. vu. col. 428, Signale parmi -es adversaires les plus redoutables le moine Léonce et Georges de Pisidie. qui écrivit contre lui en vers iambiques. Un autre moine Nicias, au témoignage de Photius, Cod. 50, /'. (, .. I. (in. col. 85, réfuta les chapitres contre les aci phales. ers 5X0. licornes évêque de Tagrit écrivit également contre Jean. Assémani, Biblioth. orient.. t. i, ]>. 165. Anastase d’Antioche († 599) composa lui aussi un livre (perdu) contre Philopon. Cf. Pitra, Juris ecclesiastici grseci historia et documenta, t. n. p. 238 sq. Sans doute pourrait-on encore indiquer d’autres ennemis littéraires de notre auteur. Sa doctrine d’ailleurs, si absolument opposée au christianisme, ne pouvail avoir aucune chance de succès. Elle ne tarda pas a devenir pour les hérésiologues, un simple objet de curiosité.

J. A. Fabricius-Harles, Bibliotheca græca, Hambourg, 1807, t. x, p. 639-669 ; F. Trechsel, dans les Theologische Sludien mut Kritiken, 1835, t. viii, p. 95-118 ;.). M. Schfinlelder, Die Kirchengeschichte des Johannes von Ephesus, Munich. 1 ! st>2, p. 286-297 ; Steinschneider, Johannes Philoponus bel iicn Araben, dans Mémoires de l’Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, 1869, t. xiii, p. 152-176 ; 22n221 ; 250-252 ; AStôckl, ait. Johannes Philoponos, dans Klrchenlexicon, t. i, col. 1748-1755 ; K. Krumbacher, Geichichte <i<r byzanlinischen Literatur, 2 1 édlt., Munich, îs'.iT. ». : > :  !, 581-582, 621, 624 ; P. Meyer, art. Johannes Philoponos dans la Realencyclopàdie /nr protestantische rhéologie und Kircfte, t. IX, p. 310-311 ; P. Duhem, Le système du monde. Histoire des doctrines cosmologiques de Platon , , Copernic, Paris, 1913, t. r, p. 313-321 ; 351-356 ; 361-371 ; 381-385 sq. ; 191 l.t.n.p. 108-1 12 ; 169-471 ; 194-501 el pa-s ; m aller, Bio-bibliographie, 2 édlt., t. n.col. 2l70 sq. ; T. W. Davlds, art. Joannes Philoponus, dan-. Dlclionary of Christian biography t. m. p. 125-427 ; Wolf, art, Johannes Philiponus, dans Pauly-Wissowa, Reah neyelopàdie derelassisch n Altertumswissenschaft, t. i. col. ! 711l 1795.

Gustave Bardy.

81. JEAN POlNTLANE(Pungensasinum) de Paris, maître en théologie et l’un des premiers professeurs dominicains sortis du couvent de SaintJacques. Contemporain d’Albert le Grand, il signa avec lui le décret de 1248 par lequel Odon de Frascati, légat pontifical, condamnait le Talmud. H mourut ers L269.

Ou lui attribue un commentaire sur les Sentences de Pierre Lombard et. en effet, le 1'. Déni Ile. Arçhiv jiir Litteratur und Kirchengeschichte des M.- A., 1886, t. II, p. 246, n. La découvert dans un ms. de la Bibliothèque universitaire de Barcelone la preuve de l’existence de cet ouvrage. Lu frère D. de Villanova affirme que le L r et IIe livre des Sentences de Jean l’ointlâne lui ont été légués par un confrère. Comme on n’a pas Vincipit de cette œuvre, elle est restée introuvable. On lui prête également le De principio individuationis. La bibliothèque d’Arras possède un ms., n. 691. qui contient des Sermons de notre théologien.

P. M. SCHAFF, O. P.

82. JEAN QU IDORT de Paris, appelé quelquefois le Sourd, est l’une des personnalités les plus marquantes de la tin du xur siècle et mériterait une étude approfondie. Ce travail reste a faire. Le D r Grabniann dans des publications fragmentaires a fait quelques travaux d’approche intéressants sur ce théologien ; le travail d’ensemble manque encore. Nous savons assez peu de choses sur la vie de Jean Quidort. Les renseignements fournis par la Commendatio jratris Johannis Parisiensis quando habuit vesperas suas, Paris, Bibl. nal., Cod. lot. 14 889, rapprochés de quelques autres indications éparses donnent comme grandes lignes de sa vie ceci : Il naquit à Paris ; commença ses études universitaires a la faculté des arts dont il devint maître et l’une des célébrités avant d’entrer dans l’ordre des prêcheurs. Si l’on admet la date de 1278 proposée par b.lirle pour la composition du Correctorium corruptorii, Jean aurai i été dominicain un peu avant cette date. En 1304 il est licencié et meurt en 1306.

Les œuvres de Jean Quidort sont nombreuses et d’importance : 1° La plus connue est un traité qui a pour titre : De potestate regia et papali. Grâce aux travaux de Pinke, Ans den Tagen Bonifaz Xlll, Munster, 1902, p. 170-177. de R. Scholz, Die Publizistik zur Zeit Philipps des Schôncn und Bonifaz' VIII, Stuttgart, 1903, p. 233-286, de C. Cipolla. Il trallalo nr. MONARCBIA di Dante Aleghierie l’opusculo T)E POTJ58TA.1 i ET PAPM.i di Giovanni di Parigi,

dans Memorie delta R, Academin di Torino. ser. II, t. nui, 1892, p. 325-119, nous connaissons assez bien la doctrine de notre auteur sur ce point. Il se tient a égale distance du radicalisme des légistes de Philippe le Bel aussi bien que de la doctrine outrée de certains de leurs adversaires. L’ouvrage témo

d’une lecture très étendue, assimilée par un esprit

clair et singulièrement vigoureux. Il se trouve imprimé dans Schradius, Syntagma traclatuum de imperiali jurisdictione, etc. Strasbourg. 1609, t. u. p. 113 154, ri dans Goldast, Monarchia s. II. Imperii seu de jurisdictione imperiali regia et pontificali, Hanovre et Francfort, 1611-161 l. t. n. p. 108 sq.

2 n Par son traité De transsubstantione panis et vini in sacramento altaris, Jean de Paris a pris place dans l’histoire des doctrines théologiques. (J. Eucharis ni m xiii 1 i XV SIÈI i i. I. v. col. L’ii'.i sq. Nous

n’avons pas à revenir. Qu’il nous suilise de faire remarquer, que pour juger équitablement la position

tout » hypothétique de noire théologien, A sérail indispensable (le prendre connaissance d’une réponse anonyme que son ira. lé' suscita et qui se trouve a Munit h. Bibl. nat., c- <I. lat. n. 16801 (fol. l r 50 r).

Determinalio de confessionibus fralrum, en ms. :