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JEAN DE SÉGOVIE — JEAN DE THESSALON IQUE (SAINT)


diques observées. — 8° De magna auctoritate episcoporum in concilio generali conservé dans un ms. de Bâle Bibl. de l’Université, B. V, 15 ; composé dans les loisirs de la retraite, ce traité reprend d’une manière irénique une des questions qui fut le plus violemment agitée au concile. On sait que la démocratie ecclésiastique s’y agita beaucoup pour se faire reconnaître des droits égaux à ceux des évêques. Jean, qui, au concile, avait soutenu quelque peu les revendications des clercs inférieurs se prononce nettement ici en faveur des évêques. — 9° Historia geslorum generalis synodi Basileensis, c’est l’œuvre capitale de Jean de Ségovie, publiée dans les Monumenla conciliorum generalium sa-culi xr, par Birk, t. n et iii, 1873-1896 ; le livre XIXe n’est pas encore publié, voir Bibl. nat., lat., 1494, copie authentique du ms original conservé à Bâle. C’est à cette voliuiiineu.se histoire que Ségovie se consacra à partir de 1450 ; il n’eut d’ailleurs pas le temps de la terminer, son histoire s’arrête en 1444. Pour l’écrire, l’auteur disposait de son journal personnel qu’il tint régulièrement pendant le concile, des procès verbaux officiels, enfin de la copie d’une masse considérable de documents qu’il a insérés au courant de sa narration. Tout en se piquant d’une entière impartialité, Ségovie, ne laisse pas de démontrer une thèse, c’est à savoir que le concile a mené la lutte pour le triomphe de l’idée républicaine dans l’Église contre l’absolutisme papal par tous les moyens de droit. L’historien de la théologie aurait grand intérêt à lire de ce point de vue les introductions de plusieurs des livres, qui sont de véritables études dogmatiques. — 10° De mitlendo gladio spiritus in Samtccnos. Dans sa retraite d’Ayton, Ségovie ne se préoccupait pas seulement des théories conciliaires ; l’avance de plus en plus inquiétante des Turcs effrayait tous les esprits ; plus que jamais il était question de croisade. En bon intellectuel, le théologien de Salanianquc proposa lui aussi son projet ; mais la croisade dont il rêvait était toute pacifique. Au lieu de combattre l’Islam par les armes, que n’entreprenait-on de le convertir’? Dans sa solitude sa voi sienne, .Jean avait fait venir un musulman d’Espagne ; ensemble ils avaient traduit le Coran en latin et en espagnol. Fort de celle connaissance approfondie de l’Islam, Jean, dans l’ouvrage dont nous donnons ci-dessus le titre, entreprit de réfuter, à l’usage des mahométans de bonne foi, la religion du Prophète. Antonio. Bibliotheca hispana uelus, t. ii, ]). 229, 233, a encore vu le ms. de l’ouvrage dont il donne une très copieuse analyse ; celle-ci permet de juger du point de vue auquel s’est placé notre théologien. Sicile se retrouve jamais, son u n re pourra fournir une intéressante contribution à l’histoire de l’apologétique chrétienne. — 11° Il y aurait intérêt aussi a rassembler la correspondance de Ségovie, dont il subsiste un certain nombre de lettres dans plusieurs mss., par exemple Vatic. lai. 2923 ; Urbin. lui. (02, etc.

C. Ondin, Commentarius de scrlptorlbus ecclestasticis, Leipzig, 1722, t. iii, col. 2432-2 i : i : s ; l’abricius Bibliotheca laiiiw mediee et inflnue aetatis, édlt. de Hambourg, 1735, t. ii, p. 111-117 ; N. Antonio, Bibliotheca hispana velus, 2e édit., Madrid, 1788, t. ii, p. 225 ; A. Zimmenmiiui. Juan de Segovia, dissertation inaugurale, Breslau, 1882,.rès sommaire ; Malin-, Concilium Bastleense, Studien und Quel’fen, Bale, 1896, t. i, p. 2()-.vj donne mu- étude littéraire assez, complète de l’œuvre de Ségovie ; n. Béer, (’rkundliche Beitruiji’zu Johannes de Segovta’s Geschtchte, dans le » Sitzungsberichte der Kais. Akademte der Wissenschafi zu Wien, 1896, i. i w.w. Noël Valois, Le pape et le concile, Paris, 1906, voir table alphabétique, t. ii, p. îr.i ; AJbanès, Gallia christtana novissima, t. iv, 1909, col. 208.

E. Amann.

71. JEAN DE THESSALON IQUE (Saint),

archevêque de Thessalonique, mort au début du vu’sii cle i. le. 1 1. Œuvres et doctrine.

I. Vie.

Plusieurs archevêques de Thessalonique ont porté le nom de Jean. On en a compté jusqu’à huit, depuis les origines jusqu’en 1440. Cf. L. Petit, Les évêques de Thessalonique, dans les Échos d’Orient, t. iv et v, et : Le Synodicon de Thessalonique, ibid., dans le n. de mai 1918, p. 236-254. Celui qui a laissé un nom dans l’histoire de la théologie est le premier de la série. Il a gouverné la métropole macédonienne entre les années 610 et 649. A cette dernière date, Thessalonique avait comme titulaire le monothélite Paul, que le pape saint Martin I er condamna après le concile du I.alran. Voir dans Hardouin Concil., t. ni. col. 662-676, les deux lettres de ce pape relatives à cette affaire. H n’y a pas longtemps que cette chronologie a été établie. Comme l.equien, dans son Oriens christianus, ne connaît pas d’évêque de Thessalonique ayant porté le nom de Jean avant celui qui assista au Vl f concile général (680-681). on a généralement confondu, et certains confondent encore avec ce dernier, le Jean dont nous allons parler. Le bollandiste Corneille de Bye, qui a publié le premier quinze discours de notre Jean sur les miracles opérés par le saint patron de Thessalonique, Démétrius, n’a pas peu contribué à accréditer l’erreur. Acta sunctorum, octobre, t. iv, p. 104-160. C’est en étudiant de près ces discours, que J. Laurent a démontré d’une manière péremptoire que leur auteur a vécu à la fin du VIe siècle et au début du vir. Voir son argumentation dans la Byzantinische Zeitschri/t, 1895. t. iv, p. 420-431, dans l’article intitulé : Sur la date des églises Saint-Démétrius et Sainte-Sophie à Thessalonique. Nous avons nous-mème corroboré cette démonstration par de nouvelles preuves, dans notre article sur La vie et les œuvres <le Jean de Thessalonique, Echos d’Orient, 1922. p. 294-295. Inutile « le les répéter ici. Qu’il suffise de dire que, d’après les discours en question, notre Jean assista au siège de Thessalonique par les Avares, en septembre ô97, et que la plupart de ses auditeurs avaient été témoins oculaires des miracles opérés par saint Démélrius sous le règne des empereurs Maurice (582-602), et Phocas (602-610). De sa vie nous ne connaissons que le peu qu’il en dit lui-même dans les discours sur saint Démélrius et ce qu’y ajoute l’auteur anonyme du second livre des Actes de saint Démélrius, également publié par le P. de Bye. Acfa sanctorum, loc. cit. D’après cet anonyme. Jean avait laissé parmi ses contemporains une réputation de sainteté. Lui-même l’appelle i notre père saint », et le place, avec saint Démétrius, parmi les protecteurs de Thessalonique, qu’il défendit si bien de son vivant, durant les deux sièges qu’eut à soutenir la ville contre les Slaves, aux environs de 617-619. Lors du dernier siège, qui fut terrible, on vit Jean mettre tout en œuvre pour organiser la résistance. Il resta lui-même sur les remparts avec les assiégés pour soutenir leur courage, et par-dessus tout excita leur confiance en Dieu et au saint martyr Démétrius, Il composa, à cette occasion, une belle prière à Jésus-Christ, dont l’anonyme nous a conservé le texte. Cf. P. G., t. < : xvi. col. 1341. Par l’eNorde d’un discours sur la Dormition de la sainte Vierge, dont nous reparlerons tout à l’heure, nous apprenons qu’il introduisit dans le diocèse de Thessalonique la fête de la Dormition. Bien que son nom ne paraisse pas dans le synaxaire de l’Église de Constantinople, il n’est pas douteux qu’il n’ait été honoré connue saint dans sa ville épiseopale. Il reçoit ce litre non seulement dans les suscriptions de plusieurs manuscrits, niais encore dans les actes du VIT concile nrlilllé nique. I lardouin, op. cit., t. tv, col. 292.

il. Œuvres i i doctrine. Jean [ut avant tout un prédicateur populaire, préoccupé d’édifier ses

auditeurs par l’explication littérale des saintes Kcri-