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JEAN DE SALISBURY


çais, par Dom Soulechat sur l’ordre de Charles V ; mais cette traduction n’est pas celle qui a été imprimée par Mézerai, BOUS le titre : Winiles de la Cour par Jean de Soresberg, Paris. 4016 (rare).

2° Le Metalogicus est une critique acerbe îles faux philosophes de son temps, que Jean de Salisbury appelle Cornificiens. Il attaque à la fois les réalistes et les nominalistes, fait preuve d’une grande indépendance d’esprit. Il loue les hommes célèbres de son siècle comme Abekml. Bernard de Chartres. Guillaume de Conches, etc. insiste sur l’importance de la grammaire, de la logique, de la rhétorique, des beaux-arts, sur les règles à suivre pour les étudier (Livre premier).

Revenant sur l’étude de la logique, il s’attache à développe ! la philosophie d’Aristote ; il en fait l’éloge tout en reconnaissant qu’elle renferme quelques erreurs (livres II, III et IV). Le chapitre final est une élégie en prose sur le malheur des temps, déplorant de voir les Français et les Anglais armés les uns contre les autres, se lamentant sur la mort d’Adrien IV, redoutant un schisme.

Ce traité se trouve à la suite du précédent, dans les éditions de 1513, de 103’. », 1664. Il a de plus été publié séparément à Paris en 1610 et à Leyde en 1630. Cf. P. L., ibid., col. 823-945.

3° L’Entheticus, de dogmale philosophoram est un poème de 1800 vers, contre les faux philosophes de l’époque. Jean de Salisbury l’écrivit probablement quelque temps avant d’achever le Policralicus auquel il devait servir d’introduction… il y traite en abrégé bon nombre des sujets caractéristiques du Policralicus. Actuellement un poème analogue mais plus court occupe la place de VEntheticus en tête du traité. C. Petersen : Johannis Saris beriensis Enlhcticus… nunc primum edilus et commentariis instructus. Hambourg, 1843, in-8°, Deux autres œuvres : le De membris conspiranlibus, fable en vers représentant les membres révoltés contre l’estomac ; et le De septem septenis, moyens pour s’élever des choses humaines aux divines, ont paru suspectes aux critiques qui ne croient pas pouvoir les attribuer à Jean de Salisbury.

4° Jean de Salisbury a fait aussi œuvre d’hagiographe en écrivant les vies de saint Anselme et de saint Thomas de Cantorbéry, comme nous l’avons signalé en résumant sa vie.

5° La collection de ses lettres peut être considérée comme formant un de ses principaux ouvrages : elle est intéressante pour l’histoire du xiie siècle en raison du nombre des lettres, de leur étendue, des sujets variés dont elles traitent. Il nous en reste 339 : malheureusement il nous manque un classement méthodique. Celles adressées au pape Adrien IV, sont écrites au nom de l’archevêque Théobald dont Jean était le chapelain et le secrétaire : elles sont relatives à des différends survenus entre les églises, entre des ecclésiastiques et des séculiers, entre des monastères et des évêques. Un bon nombre se rapportent au schisme soulevé p : ir Victor contre le pape Alexandre III ; d’autres sont adressées à ce dernier. Celles que Jean écrivit pendant ses années d’exil, témoignent de son zèle a défendre les droits de l’Église. Les lettres 150 159, 166, r, s > attestent le dévouement de Jean pour son ami Thomas Becket, mais nous fournissent la preuve qu’il n’approuvait pas toujours le zèle ardent de l’archevêque. Plusieurs sont écrites à Pierre de Celle aux générosités duquel Jean de Salisbury rend un sincère hommage.

J, kfaasoncaa publié 302 réunies avec le » Lettres d’Etienne

île Tournai et >I<- Gerbert, in-i, Paris, 1611. L’édition est défectueuse, elle a été reproduite telle tjiK-iudans la Btbliotheca maxima l’alrum de Lyon et dans celN de Cologne. C. Lupus, a publié 35 épîtres nouvelles jointe- ; i ♦iOautrcs di ja connues dans l’édition des Épttrea de Thomas I

de Cantorbéry, 2 vol. in~l°, Bruxelles, 1082. — Les Anecdota de Dom Martène, t. I, p. 602 en ont mis au jour deux

autres. — Baluze avait préparé une édition qu’il ne put terminer : Fabricius dans sa BiblioUieca latina média et infimes eetatis, en a conservé le plan. Voir aussi Levillain, Correspondance historique. Brial, Historiens de France, t. xvi, p. 489-625 a publié 106 de ces lettres avec notes. Les œuvres énumérées précédemment ont été réunies, par J. A. Giles, Joannis Sarisberiensis opéra omnia, ."> vol., Oxford, ISIS, les tomes i et n contiennent les Lettres, les tomes m et iv le Policralicus, le tome v le Metalogicus et divers opuscules ; édition reproduite dans P. L., t. r.xr.ix.

6. Aux œuvres précédentes, il convient d’ajouter l’Historia ponti/icalis, une continuation de Sigebert de Gembloux — elle va de 1148 à 1152 — Ce fragment a été édité par Arndt dans les Monumenla Germanix historica, Scriptores, t. xx, p. 515 à 545, d’après un manuscrit de Berne. L’œuvre est dédiée à un certain Pierre d’où le titre Anongmus ad Petrum sous lequel on la trouve souvent désignée, par exemple dans B. Kugler qui en avait publié quelques morceaux : Studien zur Gescliichte des zweiten Kreuzzuges, 13-20. Une heureuse conjecture de Giesebrecht a identifié l’anonyme avec Jean de Salisbury, Sitzungsbcrichle der philos-philol and liist. Classe der K. Baijr. Akademie der Wissenschaft, Munich, 1873, p. 123. Le Pierre, ami de l’auteur, serait dans ce cas, Pierre de Celle. La conjecture a été adoptée par Pauli : Zeitschrifl zum K ire heure dit, 1881, t. xvi, p. 261. D’autres cependant hésitent encore : Voir Vacandard, Vie de saint Bernard, t. ii, p. 346 sq.

III. Bemarques sur quelques assertions relevées DANS LES ŒUVRES DE JEAN DE SALISBURY.

Pour ne pas interrompre l’énumération des œuvres, nous avons différé ces remarques ; ceux qui ont amèrement critiqué cet auteur semblent ne s’être pas rendu compte du point de vue où se plaçait Jean de Salisbury. Ainsi, en matière de politique, son exposé dans le Policralicus n’a guère de relation avec les formes de gouvernement qui existaient de son temps : ses exemples sont empruntés soit à l’Ancien Testament soit à l’ancien empire romain, c’est seulement en passant qu’il fait allusion aux coutumes de ses contemporains. Par-dessus les questions d’ordre temporel, il s’élève à ce qu’il considère comme les principes éternels du droit civil : son point de départ est la notion d’équité, qui constitue le parfait ajustement des choses. Ici-bas, deux interprètes en jugent, la loi et le prince ; mais sous ce nom de prince, il ne faut pas comprendre le tyran. Voir B. Lane Poole, Illustrations o/ the history of médiéval thought, Londres, 1884, p. 2Il sq.

Deux griefs principaux ont été faits à Jean de Salisbury. Il a préconisé le tyrannicide ; il a enseigné le pouvoir direct de l’Église sur le temporel des rois.

1° Le tyrannicide. - Les écrits de Jean de Salisbury, notamment le Policralicus, renferment bien 1rs expressions que l’on vient de relever. On lit en particulier cette phrase : tgrannum occidere, non modo licitum est, sed eequum et fustum. Voici comment l’explique dans une note Gosselin, Pouvoir du pape au moyen âge, ]>. 7lo : i L’évêque de Chartres, a la vérité, dit qu’il est permis de tuer un tyran public, c’est-à-dire, celui qui usurpe manifestement la puissance suprême ; mais il suppose clairement qu’on ne peut le tuer qu’au nom de la puissance publique… accipere (gladium) iulclligitur, (/ni eum propria lemerilale usurpât, non qui utendi en n Domino accipit potestaiem l’tique qui a Deo potestaiem accipit, legibns servit, et fustilia et juris famulus est. Oui vero coin usurpai jura deprimit et voluntatl su.e leqes submittit. lu eum ergo armantur jura qui leges exarmat, et pvblioa POTl il m eum

qui euacuare nititur publicam manum. Policralicus, l. III, c. xv. Cette explication lève toutes les diffl-