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JEAN DE JÉRUSALEM — JEAN DE LA CROIX (SAINT)

rus

Et ceci n’est pas une simple hypothèse. Deux manuscrits de Milan, [’Ambrosianus 1, ꝟ. 131 v°, et l’Ambrosianus 303, ꝟ. 230, contiennent la pièce suivante : Synodicum edilum Constantinopoli a Joanne be.atæ mémorise patriarcha Hierosolymitano. Inc. Mé-/p’. ii, Èv Eepylou toû eùaEpo’j ; TtaTptàpxou Kci>varavTivou7t6Xeo>ç 6 -â-a : ’Pa » (ir, ç. Les premiers mots de Vincipit se rapportant au patriarche Sergius (999-1019), le patriarche Jean, auteur de l’opuscule, est nécessairement postérieur à 1019 ; et comme après cette date aucun patriarche de ce nom n’occupa le siège de Jérusalem avant le successeur de Siméon, il s’en suit que le Jean de l’opuscule milanais doit être identifié avec le premier patriarche in partibus qui ait suivi l’occupation de la ville sainte par les croisés. Simple patriarche titulaire, Jean ne pouvait qu’être mal disposé pour les latins, et il dut ne manquer aucune occasion d’exhaler sa mauvaise humeur. C’est donc à lui, et à nul autre des nombreux patriarches hiérosolymitains du nom de Jean, que doivent appartenir les opuscules théologiques qui nous sont parvenus sous le nom de Jean, patriarche de Jérusalem. Ce sont : 1° Xarratio de Latinorum iniwralionibus : c’est l’opuscule contenu dans les deux manuscrits milanais cités ci-dessus, et dans le Parisinus I29ô, ꝟ. 20, où le nom de l’auteur n’est pas indiqué ; il y est surtout question de la suppression du nom du pape dans les diptyques ; 2° Sermoncs duo de azymis, publiés depuis longtemps par le patriarche Dosithée de Jérusalem, T6 ; i.oç àyà-^ç, Iassi, 1698, p. 504-527 ; quelques manuscrits, comme nous l’avons fait observer, attribuent cet ouvrage à Eustrate de Nicée ; 3° Disceptalio de azymis, quam in urbe Hierosolymitana cum philosopho quodam Halo liabuil, publiée également par Dosithée, ibid., p. 527538. On la trouve dans un grand nombre de manuscrits, par exemple, le Vindob. theol. 166 (N’essel), ꝟ. 144-147, le Palatinus 356 (aujourd’hui à Heidelberg), ꝟ. 88, et le Palalinus-Vaiicanus 361, ꝟ. 86. C’est sans nul doute d’après ce derniermanuscrit, où manque l’introduction au dialogue, que l’opuscule a été cité par Allatius, loannes Henricus Holtingcrus fraudis et imposturec manifeste convictus, Rome, 1661, p. 526. Le Canonicianus 21 contient, avec le traité sur les azymes de Siméon, prédécesseur de Jean, les trois opuscules de ce dernier sur le même sujet, ꝟ. 104-136 ; mais le troisième y est réduit à la dernière page ; il commence, en effet, à la p. 537, ligne 1, de l’édition de Dosithée. Dans l’introduction mise en tête du dialogue, l’auteur rappelle qu’il a écrit beaucoup d’autres traités contre les latins : ilaque post alias et alias aduersus illos (Latinos) orationes, quas supra digessimus, non nuilti pruterierc dieu. II a en vue, en parlant de la sorte, d’abord les deux traités sur les az mes qui précèdent immédiatement celui-ci dans les manuscrits complets, et peut-être aussi, 4° un traité sur la Procession du Saint-Esprit, cité par Allatius, ibid., sans indication de manuscrit, mais avec cet incipit qui permettra de le reconnaître à l’occasion : réyovsv èv’Ecpéacp xocrà t$)i Ô7taTlav $Xa6lou ©eoSooiou t6 rploxal8éxaTOV. C’est encore à ce Jean qu’appartient très probablement, 5° le très court opuscule du l’tirisinus 947, ꝟ. 109 v°, ainsi libellé : Joannis, Hierosolymiiani patriarches, adversus illos, qui aiP""" calidam in mysteriorum celebratione neganl rssr adhibendam. Une discussion de cette nature n’a pu se produire

qu’après l’occupation lai irie.

I.. Petit.

49. JEAN DE LA CROIX (Saint), carme

déchaussé, un des plus célèbres théologiens mystiques (1542-l. r » ! U) I. Vie. II. Œuvres. III. Doctrine.

I. Vie.

Troisième fils de Gonzalès de ^ épêfl e1 de ( atherine Alvarez, Jean naquit en 1542, à Fontlbéros, dans la Vicillc-Caslille, et mourut à t’beda, en

Andalousie, le 14 décembre 1591. Clément X le béatifia en 1675, et Benoît XIII le canonisa en 1726. Il revêtit l’habit dans l’ordre du Carmel le 24 février 1563 et prit alors le nom de Jean de Saint-Mathias, qu’il porta jusqu’au jour de sa profession dans la nouvelle observance, le 28 novembre 1568. Outre son éminente sainteté, deux œuvres l’ont rendu célèbre : ses écrits mystiques et la restauration de la règle primitive du Carmel, entreprise de concert avec sainte Thérèse de Jésus. Il n’y a pas lieu de détailler ici les admirables vertus de Jean de la Croix. Elles parurent avec un caractère d’héroïcité inouïe dans les souffrances que lui valut de Imites parts sa courageuse initiative. Nous ne signalerons de sa vie que ce qui intéresse sa qualité de théologien mystique. Jean de Yépès fit ses premières études à Médina de] Cainpo. Le cycle de sa’formation sacerdotale s’étend de 1556 à 1568. Il fut élève au collège de la Compagnie de Jésus à Médina del Campo jusqu’en 1562. L’année suivante il reçut le saint habit ; en 1564, après sa profession, on l’envoya au collège Saint-André, des Carmes, à Salamanquc, où il fréquenta la célèbre université jusqu’à la fin de l’année académique 1567. Nous manquons de renseignements positifs pour fixer plus exactement la chronologie et l’ordre de ses études ; les données fournies par les biographes anciens ne se concilient pas aisément avec celles que nous recueillons dans un historien récent, Jean Dominguez Berruela, Sla Teresa de Jésus y Sun Juan de la Cruz, Madrid, 1915. Un fait est acquis et a été vérifié sur place : le saint est immatriculé sur les registres de l’université de Sak « nanque. (in y lit : Juan de Sailo Mathia, del monasterio de Nuestro Senor San Andrès, natural de Hontiveros (op. cit., p. 43). Tous les contemporains s’accordent pour reconnaître au jeune religieux les plus éminentes qualités d’esprit. Le manuscrit 13 488 de la Bibliothèque nationale de Madrid nous apprend que ses supérieurs, cous talanl ses progrès et sa grande capacité, lui confièrent la charge de préfet des étudiants : et dans des Constitutions que le Père Rubeo écrivit pour le collège Saint-André, Jean est nommé maître des étudiants, avec la charge « d’enseigner une leçon et de présider aux thèses ». Wcnceslas del S. Særamento, O. C. D., Fisionomia de un Doctor, 2 vol. Salamanquc, 1913, t. i, (). (17. Il était très versé dans la théologie morale, et très perspicace en casuistique. C’est lui qui introduisit dans l’ordre la coutume des conférences des cas de conscience. Au couvent de Bæza, il obligeait chaque confesseur à résoudre un cas de conscience pur semaine, et cela en présence de tous les religieux choristes. Lorsque se trouvait dans le couvent quelque religieux ancien professeur ou réputé savant, le saint présidait lui-même, expliquait le cas, le résolvait, et Invitait ses auditeurs, surtout les plus instruits, à lui faire des objections ; il y répondait avec précision et clarté : tous reconnaissaient qu’à Alcala comme à Salamanquc, sa façon de présider méritait l’admiralion. Par ordre du commissaire apostolique, il organisa le premier collège de la Réforme, à Alcala ; les religieux fréquentaient l’université. On a peu de données sur les lectures de Jean et les sources de sa science, un historien contemporain affirme que pour la composition de ses ouvrages, il n’utilisait que la sainte Ecriture ; en outre, il n’avait habituellement sous la main qu’un l’ios sanctorum et le livre de saint Augustin. Contra hareses ; ses écrits ne contiendraient donc que des réminiscences de saint Thomas, suint Augustin, suint Bernard, saint Grégoire, le pseudo-Denis, ristole. A propos des éludes quc le saint lit a Salamanquc le 1’. José de Jésus-Marie nous dit qu’aux matières de scolaslique « il joignait l’étude particulière des auteurs mystiques, notamment de saint Denis et de saint Grégoire. » Ilis-