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JEAN DE DEVENTER OU DAVENTRIA — JEAN DE GALLES


de la province d’Over-Issel, dans les Pays-Bas. appartenait à l’ordre des frères mineurs et fut provincial de Cologne Prédicateur de renom et théologien distingué,

il combattit l’erreur naissante du protestantisme et publia dans ce but : Exegesis absolutissima juxta ac breoissima evangeliese veritatis errorumque ac mendacioruni qiue sunt cum in confessione Lulherana, sacr ; v cœsanw majeslati in Comiliis Augustanis exhibita, lum in ejusdem apologia, in-S°. Cologne, 1533, 1535, 1537. Cet ouvrage renferme aussi une Apologia contra Lulhenun : on lui en attribue une autre contra anabaptistas. On a encore de lui : Christianæ veritatis telum seu fidei catapulta in plcrosque pseudoprophetas ac populi seductores, 2 in-8°, Cologne, 1533.

Foppens, Dibliotheca Belgica, Bruxelles, 1739, p. 624 ; Jouîmes a S. Antonio, Bibliotheca universalis franciscana, Madrid, 1733, t. ii, p. 147 ; Richard et Giraud, Dizionario univ. délie scienze ecclesiastiche, t. iv, p. 108 ; Hurter, Nomenclutor, 3e édit., t. ii, col. 1258. n. 3.

P. Edouard d’Alençon.

42. JEAN DE FRIBOURG, de son nom de famille Rumsik, dominicain, appelé aussi par les chroniqueurs Jean le Teutonique, connu dans la littérature du temps sous le titre qu’il se donnait lui-même de lector ou lector exiguus, naquit à Fribourg-en-Brisgau, au début de la seconde moitié du xine siècle. C’est en bonne partie dans cette ville, où il était lecteur du couvent des prêcheurs, qu’il exerça son activité apostolique (lettre du provincial d’Allemagne en 1294). Il semble cependant, à en juger par le Catalogus morluorum publié par Poinsignon, que son zèle s’étendit bien au delà, jusqu’en Italie : Johannes de Friburgo, tuba evangelica, non solum in Germania, sed et in Italia. Il mourut à Fribourg, le 10 mars 1314.

Jean est de la première génération de moralistes qui, poussant à fond l’œuvre entreprise par Raymond de Penafort dans sa Summa, firent de la casuistique et de la pastorale une science, où le détail et la multiplicité des décrets et des conseils pratiques dispersés à travers les pénitentiels et les recueils canoniques, étaient ordonnés et rattachés aux principes de la morale spéculative. On remarque en particulier l’usage abondant et significatif que Jean fait de la II 1 pars de la Somme de saint Thomas ; il est par là l’un des premiers témoins et agents, entre 1280 et 1298, de la diffusion dans les écoles de cette partie de l’œuvre du docteur angélique. Le succès considérable des ouvrages de Jean, même après les Sommes nombreuses et plus complètes du xiv siècle, manifeste quelles furent l’opportunité et la perfection de son œuvre. Voici la liste de ces ouvrages, telle que l’a dressée Schulte ; on trouvera chez cet historien l’indication des éditions, ou. pour les œuvres restées inédites, des manuscrits. D’abord, deux compléments à la Somme de Raymond : Regislrum ou Tabula super textu et apparalu seu glossa Raymundi, et Additiones ad Summam Raymundi. Puis un recueil p rsonnel de Quæsliones casuales, composé après 1280, dont Echard a publié le prologue, et qui préparait la Summa conjessorum, la grande œuvre de Jean, composée entre 1280 et 1298 ; on y joint habituellement une Tabula super Summam, et des Statuta ex sexto libro decrelalium addila, rédigés pour mettre au point la Somme après la publication du Liber sexlus de Boniface VIII en 1298. Enfin deux ouvrages de vulgarisation, le Manuale colleclum de Summa con/essorum, et le Confessionale, de caractère plus pratique, où l’on trouve de curieux renseignements sur l’administration de la pénitence à cette époque. Témoignent du succès de la Summa, la traduction faite en Allemagne par Berthold Huenlen, 0. I’.. qui eut de 1472 a 1 198 onze éditions, et l’extrait publié en français sous le titre de Règle des marchands, Provins, 1496. Quant à i’Apparatus seu Glossa de la Somme de Raymond, classique

au xur’siècle, que certains voulurent attribuer à Jean de Fribourg, il est sans conteste de Guillaume de Rennes.

Echard. s’appuyant sur un renseignement fourni par Léandre Alberti, propose d’attribuer à Jean un Commentaire sur les Sentences ; qi n’a pu contrôler encore cette affirmation. Mais très probablement est authentique le petit traité intitulé De/ensorium Annæ, où l’auteur, /rater Joanncs ordinis predicatorum lector exiguus, défend le veuvage de sainte Anne contre ia légende, courant" alors des trois maris : épisode de la longue controverse qui devait, longtemps encore, occuper les dévots de sainte Anne. Ce traité inédit se trouve dans le ms. British Mus., 6 E III, fol. 248250.

Cave, Scriptores ecclesiastici, Appendix, 1705, p. G ; Quétif-Ecliard, Scriptores ordinis preedicatorum, 1719, t. i, p. 523526 ; Oudin, Scriptores Ecclesiee, 1722, t. iii, p. 732-736 ; Fabricius, Bibliotheca médise et infimes latinitatis, 1734, t. ii, p. 612-613 ; Touron, Histoire des hommes illustres de l’ordre de S. Dominique, 1743, 1. 1, p. 95-127 ; I Iain, Répertoriant, 1827, t. ii, n. 7365-7378 ; Histoire littéraire de la France, 1835, t. xviii, p. 403-405 ; von Schulte, Die Gescliichte der Quellen u. I.iteratur des canonisclwn Rechts uon Paptt Gregor IX bis zum Concilvon Trient, 1877, t. ii, p. 419423 ; Hauréau, dans Histoire littéraire de la France (1881), t. xxviii, p. 262-272 ; Poinsignon, Dos Dominikaner oder Predigerklostcr zu Freiburg-i-Br., dans Frciburger Diozesan-Archiv, 1883, t. xvi ; Kirchenlexicon, 1889, t. vi, p. 1675 ; Finke, Ungedrûckte Dominikanerbriefe des XIII Johrhundertes, 1891, n. 158 ; Finke ; Die Freiburger Dominikaner und der Miinsterbau, 1901, p. 35-39 ; Michæl, Geschichte des deutschen Volkes, 1903, t. iii, p. 238-243.

M. D. Chenu.

43. JEAN DE GALLES, appelé aussi Jean Waleys, franciscain (f vers 1300). Il entra chez les frères mineurs au couvent de Worcester. Après avoir pris ses grades à Oxford, où il enseigna, il vint à Paris se faire recevoir docteur, vers 1260. On l’y trouve dans les années qui suivirent 1280, avec le titre de Regens in Theologia. Retourna-t-il en Angleterre, comme pourrait le faire supposer une lettre de l’archevêque Peckam, d’octobre 1282, le déléguant pour ramener à l’obéissance ses compatriotes révoltés ? Il était certainement à Paris en 1283, car il fut un des cinq docteurs qui examinèrent les écrits de Pierre-Jean Olive. C’est tout ce que l’on possède comme chronologie à son sujet ; on veut qu’il soit mort, au couvent de Paris, dans les environs de 1300. Avant de rendre l’âme, il était resté de longues heures sans parole ; quand il reprit ses sens ce fut pour dire : « Mon jugement est rendu ; je m’en vais dans ma patrie. » Barthélémy de Pise rapporte qu’on l’avait qualifié Arbor vitæ et que l’on grava un arbre de vie sur la pierre de son tombeau. Trithème lui donne encore le surnom de Trismégiste, ce qui nous apprend qu’elle avait été la réputation de ce professeur. Écrivain d’une extraordinaire fécondité, Jean de Galles laissa de nombreux ouvrages, qui ont exercé la sagacité des bibliographes, et le grand nombre des manuscrits témoigne de l’eslime dont il jouit pendant longtemps. La meilleure étude sur lui nous paraît être celle de M. Hauréau, dans [’Histoire littéraire de la France ; nous la suivons dans l’indication de ses ouvrages. 1° Summa collectionum ou Collationum, siue Communiloquium ad omne genus hominum. C’est un recueil d’extraits, où l’on trouve des leçons et des exemples pour tous les hommes et toutes les conditions de la vie humaine, souvent Imprimé, seul ou avec d’autres ouvrages : sans date ni lieu, Cologne ? sans lieu, 1 172 ; Augsbourg, 1475 ; Ulm, 1 181, 1493 ; Strasbourg, 1189, 1550 ; Venise, 1496 ; Lyon, 1511 ; Paris, 1516, 1556. L’édition de Venise, 1496, sous le titre de Summa Joannis Valensis de regimine vitæ, seu Margarita doclorum ad omne propositum, renferme le Communiloquium avec les quatre ou>