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plique à Ézéchias ce gui est dit de l’enfant du verset 5. LeTargum de Jonathan lui-même, tout en interprétant ce verset 5 d’une façon singulière, reconnaît qu’il y est question du Messie : « Il sera appelé par l’Admirable en ses conseils, par Le Dieu fort qui subsiste éternellement : Messie sous qui nous jouirons d’une grande paix.

Les versets viii.23-ix. 1. sont appliqués fort à propos par saint Matthieu, iv, 13-16, à l’évangélisation des contrées du nord de la Galilée par la prédication de Jésus. Les tribus de Zabulan et de Nephtali qui occupai ! ni la partie septentrionale de la Palestine étaient plus exposées que les autres aux incursions des nations étrangères : elles furent probablement ravagées les premières par Téglath-Phalasar en 734 ; elles seront aussi les premières à être illuminées par la lumière messianique. C-’est d’après ce passage d’Isaïe que le Talmud dit que le Messie sera manifesté en Galilée. C’est tardivement que les commentateurs juifs ont abandonné l’interprétation messianique d’Isaïe viii, 23-ix.C.

Pour l’exégèse du verset 5 renfermant les noms du Messie, et auquel semble faire allusion saint Luc, i, 3133, il faut d’abord écarter la leçon du Codex Valicanus des LXX : Kal xaXeÏToa t6 Ôvop.a aÙTOùMeyâX-rççBou-X ? , ç SyyeXoç, âÇto yàp elprjvyjv è^l toùç ap^ovxaç xal ôy.eixv aù-y, et vocatur nomen ejus magni consilii angélus. Adducam enim pacem super principes, et sanitatem ei. Cette leçon obscure provient d’une lecture fautive du texte hébreu, comme le montre Knabenbauer. D’ailleurs, les versions d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion donnent le même sens que le texte hébreu massorél ique, et le Codex Alexandrinus des LXX a senti lui-même le besoin d’une conciliation avec le texte hébreu, car il ajoute après les motsMeY<4Xr, çBov)XrjçaYYe-Xoç, les épithètes suivantes : Qy.uy.’x.atbc, aûu.601>Xoç, laX’Jpoç, ê^ouaiaoTr ( ç, 6cp^a>v etpy)vY ; ç, 7tax7)p toû (i£X-Xovtoç alûvoç, admirabilis, consiliarius, fortis, potens, princeps pacis, paler fuluri stevuti.

Il faut remarquer ensuite que les attributs du Messie sont au nombre de quatre, chacun étant exprimé par deux mots qui doivent être lus ensemble, contrairement à la ponctuation de la Vulgale clémentine et à l’opinion de saint Jérôme : Non enim ut plerique putant bina jungenda sunt nomina, ut legamus, admirabilis consiliarius, et rursum Deus fortis, sed admirabilis legendum est separalim… et consiliarius seorsum… et Deus separatim… In Is., ix, 1-f>, P. L., t. xxiv, col. 127. L’appellation Dieu-fort revient un peu plus loin, Is., x, 21, et se rencontre ailleurs, Deut., x, 17 ; 1er., xxxii, 18 ; Neh., ix, 32. Au chapitre xxviii, 29, Isaïe dit de Jahvé des armées : il a des conseils merveilleux, ce qui nous invite à lire ensemble : admirabilis consiliarius dans ix, 5. Il faut rejeter aussi l’opinion du juif Luzzatto, qui ne voit dans toutes ces appellations qu’un seul nom du Messie : Mirabilia staluil Drus /nrlis, [Hiter œlernus, princeps pacis. Ce nom dirait beaucoup de choses de Dieu, niais rien de l’enfant dont on attend cependant la description.

Cet noms du Messie ne sont pas à comparer aux exclamations pieuses par lesquelles les parents, à l’occasion de la naissance d’un enfant, expriment leur joie, leur toi, leur reconnaissance : ce sont des noms prophétiques annonçant les attributs du Messie.

Le Mesie’i sur son épaule lu souveraineté, La même image revient xxii, 22, pour décrire la charge d’Éliacini, préfel du palais. Caspari, Echthelt, Hauptbegrifl uiui t, dankengang der messianischen Weissagung .1rs. rx, i 6, p. 13, i.n ersloh, 191 8, en conclut que le

Messie n’est pas représente revêtu de la puissance suprèiie mail soumis a I >icu connue le préfet du palais est soumis au roi : il sérail vizir et non sultan. La plupart des commentateurs] voient cependant

les insignes de la puisssance royale. Il est un merveilleux conseiller, une merveille comme conseiller. Cette qualité est attribuée à Jahvé dans Is., xxviii, 29. D’après Caspari, le Messie aurait pour fonction de faire reconnaît re cette vérité : Dieu est merveilleux en conseil. Il devrait aussi proclamer ce dogme : Dieu est un héros. Jahvé est souvent appelé El gibbôr, Dieu-fort, mais ici cet attribut est transféré au Messie : dans cet enfant réside la plénitude des forces divines. Cet attribut s’cM vérifié dans le Messie Dieu-homme, d’une façon profonde et complète que ne pouvaient soupçonner les juifs. Le Messie est appelé Père à jamais pour signifier l’éternelle protection dont il entourera son peuple (Corlùy). La Yulgate traduit : Pater fuluri sœculi. Est-ce pour signifier que le Messie ouvre une ère nouvelle à l’humanité et qu’il dispose du siècle à venir ? La traduction de Abarbanel, Hitzig, Duhm : Père du butin, est étrange et improbable. Enfin, le Messie est appelé par Isaïe : Prince de la paix ou prince pacifique : Il rendra la paix à Israël et au monde et régnera à jamais sur le trône de David dans le droit et dans la justice. Isaïe décrira cette paix messianique au chapitre xi, et Miellée appelle le Messie lui-même du nom de Paix, V, à. La liturgie a inséré le verset 5 du chapitre ix d’isaie dans la troisième messe de Noël. Il est cité d’après l’ancienne version latine où, sous l’influence des LXX, on lit aussi le nom d’ange du grand conseil.

d) La prophétie du rejeton de Jessé, Isaïe, xi. — Cette prophétie fait partie d’un oracle contre Assur, x, 5-xi. où l’on reconnaît l’unité de composition, en même temps que la gradation dans le développement de la pensée. Tout au plus a-t-on émis quelques doutes touchant l’authenticité des versets 11 à lf> du chapitre xi. Cet oracle appartient au temps d’Ézéchias et des invasions assyriennes. Les allusions historiques qu’il contient permettent d’en placer la composition entre 717 et 701. Assur ne comprend pas son rôle d’instrument de Jahvé. Envoyé comme exécuteur des jugements divins, le roi d’Assyrie s’enorgueillit de sa puissance et abuse de ses conquêtes, x, 5-15. C’est pourquoi il sera brise à son tour et son joug cessera de peser sur le peuple de Jahvé, 16-27. Après une marche conquérante qui l’amène aux portes de Jérusalem, il est frappe, abattu par la main de Jahvé, telle une forêt dont les arbres géants tombent sous le fer, 28-34. Alors, connue un rejeton sur une humble tige, le Messie issu de la souche de Jessé, naîtra et grandira. L’esprit de Jah posera sur lui, Esprit de sagesse et d’intelligence, de conseil et de force, de connaissance et de crainte de Dieu. Animé de cet esprit, le Messie pratiquera la justice et jugera avec équité. Au lieu de la guerre sans trêve et sans merci, ce sera la paix universelle, xi, 1 10. Alors, les Israélites dispersés au loin seront rament s dans leur patrie. Les rivalités cesseront entre Éphraïm et Juda et ils marcheront ensemble a la conquête des peuples voisins, 11-16.

Tout le chapitre est donc consacré a la personne et a l’empire du Messie. Cette description se rattache étroitement aux pensées énoncées ix, 1-6, les développant et les complétant. Là, ce sont les noms du Messie, ici. VEspril divin dont il est rempli ; là, il est nommé princeps pacis, ici est décrit son règne pacifique ; là, ou dit de lui : mulliplicabitur ejus imperium, ici sont donnes les détails : la vocation des gentils, leur entrée dans le roj aunie de Dieu, la fin du schisme et la victoire sur tous les ennemis. Le caractère messianique du morceau est universellement admis. Un descendant de David, rem pli de l’Esprit de Jahvé, faisant régner sur la terre la justice et la paix, c’est la quintessence du messianisme’C’est le Messie qui est désigné xi, 1 par le rameau qui sortira de la tige de Jessé, et par le rejeton qui poussera <Uses racines. La Vulgate traduit : /-’/ cijredictur virya de radiée Jrsse et pas de radiée ejus ascendel, et saint Je-