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JEAN DAMASCÈNE (SAINT). DOCTRIM

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parce que par lui nous entrons en communion avec Jésus-Christ tout ont iciet avec nos frères, avec lesquels nous formons un seul corps du Christ, col. il 19-1153.

17 Eschatologie. — On trouve dans les écrits de S. Jean Damascène les affirmations essentielles de la doctrine catholique sur les fins dernières : mais, sauf pour l’Antéchrist et la résurrection des corps, dont il est parlé assez longuement dans la Foi orthodoxe. I. IV. 20 et 27, col. 1215-1228, ce sont de simples indications sans développement.

La mort est pour chacun de nous ce que sera la consommation finale pour l’ensemble de l’humanité. Jean lui donne le nom, gros de conséquences, de consommation partielle, ouvréXeux (lepiXT). De fuie orlh., I. II. 2. col. 801 a. Plus de repentir après la mort ; plus de changement dans le bien ou dans le mal. L’âme humaine reste éternellement dans l’état où elle se trouve, au moment où elle quitte son corps. Contra maniehœos. 37, col. 1544 c. Cf. Ibid., 75, col. 1573 6 ; De fide orlh.. t. II, 4, col. 877 c ; Homil. I in Dormit, 12, t. xcvi. col. 717 b c.

Cette doctrine sur la mort suppose un jugement particulier fixant pour toujours le sort de chacun. Elle entraîne aussi une rétribution immédiate au moins partielle. Bien qu’à la suite des saints Livres et des anciens Pères, Jean parle le plus souvent de la rétribution qui suivra la résurrection des corps et le jugement général, il fait aussi de claires allusions à la rétribution qui a lieu aussitôt après la mort. Dans le Panégyrique de sainte Barbe, 18, t. xevi, col. 805 cd, il est dit que la sainte martyre s’en alla aussitôt dans les célestes demeures et l’éternel repos, tandis que son père criminel descendit dans les retraites obscures de l’enfer pour recevoir le châtiment mérité. De même, aussitôt après sa dormition, l’âme de la sainte Vierge prend possession du royaume des cieux, où se trouvent les anges, les patriarches, les prophètes, les justes. Homil. I, in Dormit., 11, col. 717. L’âme du juste, après avoir quitté son corps, est inondée de la lumière de la sainte Trinité avec les saints anges, et cela pour les siècles infinis. irapIcrraTai tû çcotI t9)ç àyta ; TpiâSoç, iiz-i. tôv Osicov àYyéLwv, zlq, alôWa ; ÂTCspâvcouç. xaTaXa(iic6u£V0ç. De octo spirit. nequitise, t. xcv, col. 93 d. La mort ne doit pas effrayer ni contrister le chrétien, car elle le délivre du poids de cette vie mortelle, et l’envoie promptement vers Dieu pour une vie meilleure. In episl. ad Corinlh. II, I, ibid., col. 732 a b.

L’éternité des peines et des récompenses est clairement enseignée. De fide orth., t. II, 1, 4, col. 804 b c, 877 fcc.iv, 27, col. 1228 ; In sabb. sanction, 35, t.xcvi, col. 640. Sur la nature du feu de l’enfer Jean a exprimé une double opinion. Dans le Dialogue contre les manichéens, 30, 75, col. 1541 c d, 1573 c, il dit clairement que ce feu — ainsi que le ver qui ne meurt point — est purement métaphorique, et doit s’entendre de l’incendie allumé par le désir inassouvi. Les démons et Us damnés désirent le mal et ne désirent que le mal. Ne pouvant rassasier cette faim maudite. ils sont brûlés par leur désir comme par un feu inextinguible, y./ iîT£/ovT£ ; TÔiv -r7, çè-18u[jiîaç, TTUpoçâiy.r ;  ;, -fz : — 0vj.'>/ : xaTaçXiyovTai. — T£ —, ’âp êatl x6/ wnç, ^ : >’. toû rco00uuévou n-.iyr^t.ç-.Ibid.. col. 1573 c.

— En plusieurs autres endroits cependant, le feu infernal nous est présenté comme une réalité extrinsèque au damné. Dans V Homil. in sabb. sanctum, 35, t. xevi, col. 040, ce feu est déclaré ténébreux, <rLOTE’.v6v, et dévorant sa victime sans la consumer. Dans le De fide orth., I. IV, 27, t. xciv.col. 1228, notre docteur enseigne que le feu éternel auquel seront livrés, après le dernier jugement, les démons, l’Antéchrist, les impies et les pécheurs, n’est pas matériel à la manière de celui que i

nous voyons ici-bas, et que sa vraie nature est connue de Dieu seul, oïr/ ùXixôv otov tô 7ttxp’fjfjùv, àXX’oTov îv stSsir, ô 6îô ;. A y regarder de près, l’opposition entre ces deux opinions est plus apparente que réelle. Jean paraît déjà enseigner la doctrine qui prévaudra dans la théologie byzantine postérieure : Le feu est métaphorique pour li s démons ( t les âmes damnées avant le jugement général. Il y aura un feu réel pour les uns et pour les autres, après ce jugement.

Le bonheur du ciel est mesuré au désir de chacun. Contra manich., 75, col. 1573 b c ; cf. col. 1541 b c. Il consiste essentiellement à voir Dieu dans la mesure du possible, à être avec le Christ et à jouir de sa beauté face à face. De fide orth., 1. 11, 3, col. 872 b ; IV, 13, 27, col. 1153 c, 1228. Homil. in sabb. sanctum, 35, t. xevi, col. 040.

Sur le purgatoire comme état intermédiaire et transitoire entre le ciel et l’enfer, nous n’avons trouvé aucun texte explicite dans les écrits de Jean ; mais, sans utiliser le discours plus que douteux « rzzpï tûv èv kLczzl xexoLU.ï)(iévwv », nous pouvons affirmer tout au moins que le Damascène a connu et approuvé l’usage de prier pour les morts. Il a composé lui-même des tropaires idiomèles dans lesquels il demande pour les défunts le repos éternel ; tô u.£Ta<jT(£vTi ttjv àvânotuaiv raxpà Xpiaroù ociTr J <jôu.£Qa — àvaTiaûwv aûxov èv Tfl à.yi]più ii, axapt.6TY)Ti, t. xevi, col. 1308-1309. Il met au nombre des hérétiques vérius, qui rejetait la prière pour les morts. De hærcs., 75, col. 724 b. : TCpiTTÔTEpov Se 80yji.aT(Ç£i (jlvj Setv TrpoacpépEW ùrèp tûv xexoiu.1)jjievwv. Il témoigne de l’usage de l’Église orientale « d’offrir le sacrifice de la messe pour tous les saints défunts, le samedi de chaque semaine, parce que c’est le samedi avant Pâques que le Christ descendant aux enfers, lia le fort et lui arracha son butin. » De sacris jejuniis, 4, col. 09 c. Il déclare que cet usage est d’origine apostolique. Cette prière pour les morts ne peut être inutile, et doit avoir un effet semblable à celui de la descente de Jésus aux enfers, c’est-à-dire délivrer les âmes des saints défunts, tûv Trpoxsxoijj.7)fzévcov àyttov. L’idée du purgatoire se déduit tout naturellement de ce passage.

On est un peu étonné que Jean parle si longuement de l’Antéchrist dans la Foi orthodoxe, et nous donne même son signalement précis. Ce ne sera pas le diable incarné, mais un homme né de la fornication, qui sera élevé en secret et subitement établira son royaume. Au début, il singera la sainteté, mais bientôt il lèvera le masque, et persécutera l’Église de Dieu. Enoch et Élie, qui ne sont pas morts, viendront évangéliser les Juifs pour les tourner vers le Christ. L’Antéchrist les met lia à mort. Mais bientôt apparaîtra le Seigneur, qui, du souille de sa bouche, tuera l’homme d’iniquité, col. 1210-1217.

La résurrection est définie : secunda cjus quod cecidil ereclio, SsuTépcc toù —s— tc>x6toç aTaaiç. Ce qui est tombé, ce n’est pas l’âme, c’est le corps. La résurrection s’entend donc du rétablissement de l’union du même corps qui s’est dissous en poussière à la même âme, de la reconstitution du vivant tombé sous les coups de la mort, Seurépa toù SiocXuÔevtoç xal îteaôvtoç Çôou ai<XG.c, . Jean prouve la possibilité de la résurrection des corps par la toute-puissance de Dieu, sa nécessité par la providence et la justice de Dieu, son infaillible réalisation à la fin du monde par la sainte Écriture et spécialement par le c. xv de la I re épltre aux Corinthiens. Elle sera suivie du jugement général et de la rétribution Anale. Col. 1220-1228.

18° Hérésiologie et histoire du dogme. — On trouve dans les écrits de saint Jean Damascène de précieux

renseignements sur l’histoire du dogme et des hérésies.

Nous signalerons Ici brièvement ceux qui nous paraissent le plus dignes d’intérêt.