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JEAN DAMASCÈNE (SAINT). DOCTRINE


15° La grâce. Nécessité des bonnes œuvres. — Nous avons déjà fait allusion plus haut. col. 728 à la doctrine de Jean sur la grâce actuelle, et la manière dont son action se concilie avec la liberté humaine. Résumons ici brièvement tout son enseignement sur cette importante question, car les théologiens latins ont une tendance à soupçonner les Grecs de pélagianisme. Le Damascène ne mérite aucunement d’être enveloppé dans cette suspicion.

Il affirme d’abord en termes généraux la nécessité absolue de la grâce pour opérer le bien et parvenir au salut. Le salut ne vient pas des hommes, et la vertu par laquelle on y parvient, ne tire pas son origine des forces humaines, llomil. in fîciun areL, 3, t. xevi, col. 581 c. Sans Dieu, nous ne pouvons faire ni avoir aucun bien. De imag., iii, 31, t.xciv. col. 13 10 c. Sans son secours, nous ne pouvons pas connaître la vérité surnaturelle. àXcoTa "’àp èmu, eXela xal tovco ylveaOai

— éç-jxsv â-XMTrx, xal — cô -âvTcov xal U.S7X rtàvTa, Ty) to’j S^o’/to ; Qso’j jfipm. Dialect., 1, col. 532 a. Cf. De fide orlh., 1. IV. 17, col. 1176 c. La grâce divine nous est. en particulier, nécessaire pour triompher de la concupiscence charnelle. « Dieu donne à la loi de notre esprit, force contre la loi qui est dans nos membres. Cette force, nous l’obtenons par la prière ; mais c’est le Saint-Esprit lui-même qui nous apprend à prier. Sans la patience et la prière — qui sont en nous œuvres de la grâce — il est impossible d’accomplir les commandements du Seigneur, àS’Jvaxov et (i.Y) 8Y ùtto ; j.ov7) ? xal 7tpoceux% "à ; èvroXà ; toù Kuplou x.xTspvâoacreai. De fide orlh., t. IV, 22, col. 1200-1201. En un autre endroit, notre docteur répète la même doctrine, en disant que les deux grands moyens de salut que nous avons à notre disposition sont de nous faire violence par amour et de prier avec humilité, en fuyant les occasions du péché. Contra manichseos, 86, col. 1584.

Le plus souvent il insiste sur la nécessité de la grâce concomitante pour opérer l’œuvre salutaire. Celle-ci résulte à la fois de notre libre choix et coopération, et du concours divin. Même avant la chute, Adam avait besoin de la grâce divine pour progresser dans le bien. De fide orlh., t. II, 12, col. 921 a. A plus forte raison en est-il ainsi pour nous. Se proposer le bien ou le mal dépend de notre libre arbitre ; mais àîceux qui avec une conscience bonne — (Jean ne dit pas, mais sous-entend ici qu’à la bonne conscience elle-même la grâce divine n’est pas étrangère) — choisissent le bien, le concours de Dieu est nécessaire pour réaliser le bien choisi. Ibid., t. II, 29, col. 968 a. Cf. Laudal. S. Joan. Chrysoslomi, 4, 5, t. xevi, col. 765 d, 768 a b ; De imag., iii, 33, col. 1352 b. « Être bon dépend à la fois de Dieu et de nous. Le rôle de Dieu est de nous donner à la fois l’être et le bien-être. Notre rôle, à nous, est de garder les biens que Dieu nous donne. Cela, nous le faisons ou nous ne le faisons pas : t6 [ièv yàp elvai, oôx È<p’ï)u.ïv, àXX’èx Osoû jjlôvou tô 3î i-y.Qbie ! v2’.. zv. Oso r j xal zi vjuôjv. Contra manichæos, 70, col. 1569 a b.

Notre docteur enseigne aussi très clairement la nécessité de la grâce prévenante, mais cette grâce prévenante et sollicitante.il dépend « le notre libre choix de l’accepter ou de la refuser. Dieu nous olïre, nous donne même le to s-j sl-m, le bien surnaturel, mais ce ~6 e-j zlrx : dépend pourtant de nous : nous pouvons le perdre ou le refuser, tô tkv slvai oôx £f’4ju.îv Xoc^e r - eu eïvoa èo’r-j.. ; è^t’.v. Ibid., 72, col. L572 a. La formule la plus complète de la doctrine sur la actuelle est celle-ci : » Il faut savoir que la vertu fut donnée par Dieu dans la nature, et qu’il est lui-même le principe et la cause de toul bien. Sans son secours et sa coopération, il nous est impossible de vouloir OU de faire le bien. Mais il dépend de nous ou de n dans la vertu et de suivre Dieu qui nous y sollicite ;

ou de nous éloigner de la vertu, ce qui est se constituer dans le mal, et de suivre le diable, qui nous y provoque sans nous faire violence. » De fide ortli., t. II, 30, col. 972-973. Cf. De duabus volunt., 19, t. xcv, col. 149 b. Cette formule est parfaite, et écarte tout pélagianisme. Seule l’existence d’une grâce efficace indépendamment du consentement libre de l’homme est ignorée. Notre part, du reste, dans l’œuvre bonne, n’empêche pas qu’elle ne doive être rapportée tout entière à Dieu, èx -îjç 0eo5 poyjôôtaç xal àvTiXruf’swÇ YivsTca, xal où/l èx t^ç zy.rç o-ttouStjç. De oclo spirilibus nequiliæ t. xcv, col. 84 a.

Jean proclame la nécessité des bonnes œuvres pour le salut. Une fois justifiés et régénérés par le baptême, nous devons nous préserver des œuvres mauvaises. La foi sans les bonnes œuvres est une foi morte ; de même, les œuvres sans la loi sont mortes. La foi véritable se reconnaît aux œuvres. De fide orth., t. IV, 9, col. 1121 c. Cf. Homil.’in ficum aref., 6, t. xevi, col. 585-588. Au demeurant, c’est à la foi qu’il faut -accorder la primauté. Laudalio Joannis Chrysost., 5, t. xevi, col. 768 b. Cf. Comment, in epist. ad Philipp., ïv, 8, t. xcv, col. 880.

Rien de bien saillant dans les écrits de notre docteur sur la grâce sanctifiante ou habituelle. Il répète les expressions scripturales et patriotiques sur notre adoption divine. Nous recevons par le baptême les prémices du Saint-Esprit, et la régénération est pour nous le principe d’une vie nouvelle. De fide orlh., t. IV, 9, col. 1121 c. Par le même baptême nous devenons fils de Dieu par adoption et grâce. Ibid., t. IV, 8, col. 1117 a. Nous sommes des dieux par participation, Dieu nous a faits participants de sa nature. De imag., m, 30, 32, col. 1349 c, 1352 a. C’est spécialement par la réception de l’eucharistie que nous devenons participants de la nature divine. Jean va jusqu’à dire que nous sommes supérieurs aux anges, à cause de cette participation, qui ne leur est pas accordée, où j.ztst£OV ôcyysXot., oùSè èysvovto Qsixq xowwvol cpûaecd :  ;, à>.X’svspyslaç xal x&pt.toç, àvOpwTcoi. Se uxTé^ou’îi, xal xowwvol Ostaç tpôasoç ytvovrat, ô^ot. fi.EraÀa’ipâvoucri tô o-wjxa toO XpiaToO t6 àyiov, xal ravouai tô aï’ia. Ibid., 26, col. 1348. Ce passage, et ce qui suit ne laisse pas d’être obscur, et suggère nettement l’idée d’une infériorité des anges sous le rapport de la participation à la vie divine. L’adoption divine entraîne avec elle l’habitation de la Trinité dans l’âme et le droit à l’héritage céleste. Ibid., 26, 33, col. 1248, 1252. De fide orlh., t. IV, 15, col. 1164.

16° Les sacrements. — La doctrine de saint Jean Damascène sur les sacrements est fort incomplète, et ne représente que partiellement la tradition grecque antérieure. En dehors du baptême et de l’ « ucharistie, dont il s’occupe ex professo dans le De fide orlhodoxa, on ne trouve que des allusions à la confirmation, qui est à peine distinguée du baptême, De fide orlh., t. IV, 9, col. 1125 b ; De imag., i, col. 1264 b. a la pénitence, Libcllus de recta sent., col. 1421 a. et à l’ordre. Silence complet sur le mariage et l’extrêmeonction.

Pour ce qui regarde le traité des sacrements en général, il y a également peu de choses à glaner dans les écrits de noire docteur. En parlant du baptêmeetde l’eucharistie, il ébauche une définition du sacrement, signe sensible dune ^ràce invisible, col 1121 a, 1141-1144. Il distingue clairement, à propos du

baptême, ce que nous appelons la matière et la tonne, rcpoæoTi èxetvep 68axi r, Sià p7)(xaToç ï-’: I. rjTiç, ay’ov ajTo dnroçafvouaa. In epist. ml Ephesios, v, . :.">. t. kcv, col. 849’I. Cf. De fide orlh., 1. IV. 10, col. L120. On remarquera que les paroles sacrementelles do baptême sont " par le irnni’il i-iL’Lr, - 1. :. Le rôle des

dispositions subjectives dans l’efficacité des sacre-