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JEAN DAMASCÈNE SAINT). DOCTIUM

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justice. Il a voulu que la nature vaincue triomphât elle-même de son ennemi. Ce plan supposé, l’incarnation du Fils de Dieu, sa passion et sa mort devenaient nécessaires. Le démon et la mort, en s’attaquant à un innocent ont perdu leurs droits sur les coupables. /)< fide orlhod., I. 111. 1. 18, 27, col. 964, 1072. 1096-1097.

Le rôle du Christ Rédempteur a été double : Jésus a été à la fois victime et modèle. Victime, et en même temps prêtre de son propre sacrifice, il a offert sur la croix le sacrifice expiatoire qui a payé noire délie : Nous avons éle vraiment délivrés à partir du moment où le Fils de Dieu. Dieu lui-même, a souffert dans la chair qu’il avait prise et a payé notre dette, versant pour nous une rançon adéquate et admirable, c’est-à dire son propre sang, (pu a apaisé le l’ère, i be imag., i. 21, col. 1253 b. Le sacrifice de la croix a été. en effet, un vrai sacrifice, offert au Père céleste et non au démon. De fuie orth., t. III, 27, col. 109C c. Cf. Homil. in sabbat sanct., 25, 36, t. xevi, col. 024 c, 040 d. Les bienfaits de ce sacrifice se sont répandus à la fois sur les vivants et sur les morts. Après la mort sur la croix, en effet, l’âme déifiée du Sauveur est descendue au séjour des morts, et à ceux qui, sous la terre, étaient assis à l’ombre de la mort, a prêché la rémission et la délivrance. Sur le mode et le résultat de cette prédication aux enfers, notre docteur reste dans le vague. Il se contente de dire que, de même que sur la terre, l’annonce de l’Évangile a été pour les croyants la cause du salut éternel, et pour les incrédules, la preuve de leur infidélité, de même la prédication aux enfers a produit des résultats analogues pour ceux qui y étaient détenus. Les âmes fidèles enchaînées dès l’origine dans ce séjour ténébreux furent délivrées. De fide orth.. 1. III. 29, col. 1101 ; De imag., i, 21, col. 1253 b. Les bienfaits de la mort rédemptrice pour les vivants sont éuumérés, Z)e fide orth., t. IV, 4 et 11, col. 1108-1109, 1128-112’. ».

Jean n’oublie pas de signaler le rôle parénétique et pédagogique de la vie sainte du Christ. Jésus s’olïre à nous comme l’idéal de toute vertu et de toute sainteté. Il ne fallait rien moins qu’un tel modèle pour nous tirer de notre torpeur et nous engager dans les combats contre le péché et le démon. De fuie orth., 1. III. 1. 1. IV. 4, 13, col. 984, 1108, 1109, 1137 c ; Homil. in fleum areL, 1, 2, t. xevi, col. 570-580.

13° Mariologie. — A l’époque où paraît saint Jean Damascène, la doctrine mariologique des Byzantins a atteint son plein développement. Les siècles suivants ne feront guère qu’ajouter quelques précisions à l’enseignement déjà universellement reçu. De cet enseignement notre docteur est l’écho fidèle ; mais il faut dire, a sa louange, qu’il se montre beaucoup plus discret et plus réservé dans l’emploi des sources apocryphes, que plusieurs de ses prédécesseurs et que la plupart de ses successeurs. Il consacre à la généalogie et à la vie de.Marie tout un chapitre du De fide orth., I. IV, 11. Il revient sur le même sujet dans la première homélie sur la Dormition, 5-7, t. xevi, col. 708-709. Il connaît sans doute les apocryphes et les utilise sans aucun scrupule, mais, avec un sens assez juste de la critique, il a soin d’écarter tout ce qui paraît par trop invraisemblable. C’est ainsi que s’il admet la légende de la présentation de Marie enfant au temple, il ne fait pas introduire la Vierge dans le Saint des Saints. En pariant de la Dormition, il raconte à sa manière les derniers moments et la sépulture de Marie, et présente ce qu’il dit comme de pieuses conjectures. Homil. II in honnit., 9, col. 730 a.

Pour tout ce qui touche au dogme, son enseignement est irréproefa ible. Nous avons déjà parlé plus haut, col. 733, de la maternité divine, qui se présente comme un corollaire de l’union hypostatique. La virginité

DICT. DE THÉOL. OATHOL

perpétuelle est af Puînée. De fide orth.. I. IV, 14, col. 1161. Inutile de répéter ici ce que nous avons déjà dit de la doctrine de Jean sur la conception immaculée et la sainteté perpétuelle de la Mère de Dieu. Voir article : Immaculée Conception dans l’Église grecque, t. vu. col. 920-921. Ajoutons seulement ces deux passades ; i. La Vierge est déclarée l’adversaire de la fornication originelle. Homil. in Nativ., 8, t. xevi, col. 073 b.

— 2. Elle est saluée comme la beauté et l’ornement île la nature humaine. Ibid.. 7. col. 072 b ; la gloire de toute la création. Homil. I in Dormit.. 2, t. m.m. col. 701 c. Notre docteur abandonne complètement la vieille exégèse origéniste, qui entendait d’une sorte de doute sur la divinité de Jésus, le glaive qui transperça le cœur de la Vierge-Mère, au moment de la Passion. Ce glaive n’est pour lui que le symbole de la compassion douloureuse de la mère voyant son Fils, qu’elle savait être Dieu, traité comme un scélérat. De fide orth., t. IV, 14, col. 1161 c d.

Marie est morte pour ressembler à Jésus, qui, lui aussi, a voulu payer cette dette paternelle. Homil. I in Dormit., 10, col. 713 d ; Homil. II in Dormit., 3, col. 728 c. Son trépas a été exempt de douleur, car en elle l’aiguillon de la mort, le péché, était mortifié. Homil. II in Dormit., ibid. Comme celui de Jésus, son corps a ignoré la dissolution, àSiâXuTov tô aw[j.a -Ecpû) ax-ai, Homil. I, in Dormit., 10, col. 716 b, et a été réuni à son âme, le troisième jour, pour la vie incorruptible et éternelle. Ce privilège lui était dû et comme mère de la Vie et comme nouvelle Eve. Homil. II in Dormit., 2-3, 8, 14, 17, col. 725-728, 733 c, 741 a, 745 b ; Homil. III in Dormit., 3, col. 757 b c. C’est à Jérusalem, sur le mont Sion, où elle avait sa maison, que Marie est morte. Homil. II in Dormit., 4, col. 729.

Au ciel, où elle siège à côté de son Fils, au-dessus des chérubins et des séraphins, Marie partage la royauté de Jésus sur toute créature. Jean la salue comme la maîtresse de toutes les créatures, ôvtwç xopîa "Lal -âvTœv XTiafxdiTWv SeaTTÔÇouaa, tûv à7tâvTO)v Séarcoiva. De fide orth., t. IV, 14, col. 1161 a ; De imag., i, 21, col. 1252 d. Cf. Homil. II in Dormit., 12, col. 720 a ; Y) (3aai>iç, Y) xupta, yj Séa-oiva. Il proclame aussi sa médiation universelle et sa maternité de grâce. A l’exemple des autres orateurs byzantins, il lui attribue tous les bienfaits de la rédemption, en ce sens au moins que c’est par elle, grâce à sa -libre coopération au plan divin, que nous avons eu le Rédempteur. Voir en particulier Homil. II in Dormit., 8, col. 733 c d. Elle est l’espérance des chrétiens, notre protectrice, notre réconciliatrice auprès de son Fils, le gage assuré du salut. In Nalivit., 11-12, col. 680. Qui doute qu’elle soit pour nous la source de la bénédiction et de tous les biens ?

11° Culte des saints, des reliques et des images. — Jean parle avec éloquence du culte qui est rendu aux saints dans l’Église catholique. Le culte qui s’adresse à une créature est motivé par une relation, un rapport de cette créature avec Dieu ; oùSevl Set Trpocïxuvï’ïv wç Qec5 z |XT] jjôvco ~w tpûaei 0sÇ>, T.a.ai 8s ôçeiXrjv à-ovî|i.eiv âcà tov Kûp’.ov. De imag., iii, 10, col. 1356 c. Ce principe général s’applique a la fois au culte des saints et de leurs reliques, et au culte des in ; en général. Nous vénérons les saints, a cause de Dieu, parce qu’ils sont ses servi I cuis, ses enfants et ses héritiers, des dieux par participation, les amis du Christ, les temples ivants du Saint-Esprit. Cet honneur rejaillit sur Dieu lui-même, qui se considère comme honoré dan, ses Qdèles serviteurs, et nous comble de ses bienfaits. Les saints sont, en effet, les patrons du genre humain, npoordcTOU toû yévouç tt’/'/t, :. Il Luit bien se garder de les mettre au

. nombre dei ts. Us sont toujours vivants, el leurs

corps mêmes, leurs re Iques méi itent aussi notre culte.

VIII.

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