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.IKAN DAMASCÎ’.NE (SAINT). DOCTRINE

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tendre de la manducation sensible et délectable, source de corruption. Ibid.

Les privilèges que nous avons signales : incorruptibilité, impassabilité, immortalité peuvent être dits préternaturels, dans la pensée même de notre docteur, qui affirme positivement la chose pour l’immortalité corporelle : Contra manichseos, 71, col. 15C9 c.

Une doctrine si nettement caractérisée sur l’état de justice originelle devait entraîner un enseignement non moins précis sur le péché originel et ses suites. Jean, quoi qu’en ait écrit certains auteurs, affirme clairement l’existence d’un péché inhérent à la nature humaine par suite de la transgression d’Adam. Il distingue même ce péché comme tel, qu’il désigne par les mots de i ; i.a ; Tia, xxxipa. LaTxxpiaiç. des peines ou châtiments, suites tic ce péché. Un passage capital est celui-ci : i JésUj-Çhrist a délivré la nature du péché du premier père, de la mort et de la corruption… De même qu’en vertu de notre naissance d’Adam nous lui avons été assimilés, héritant de lui la malédiction et la corruption ; de même, en naissant de.Jésus-Christ, nous lui sommes assimilés, et nous héritons de lui l’incorruptibilité, la bénédiction, et sa gloire, rjÀeuGépcooe "rijv ç’jrjiv ~r 4 : àuapxîaç -.’Fi Ttpon xTopoç.-roù 0avâtou xal ttjç cpOopàç… ys’w.OévTsç èx toû’ASàu., â>u.oia)<)/-, uev 2Ù7M, xÀr 1 povou.y ; aavTsç tJjv xaxâpav xal tt ; v 960pàv. 1 De’fuie orth., t. IV, 13, col. 1137 b c. Jean dit encore que Jésus-Christ a payé pour nous la dette qui nous grevait, afin de nous délivrer de la condamnation, ïva tô y.a0’Tj[i.wv ûrcèp 7]|i.ûv àiroTtaaç 6<pr)j.<x, ÈXeoQepwaT ) 7)p.îç ttjç xaTaxpîaetoç. De duabus volant., 44, t. xcv, col. 185 a b ; cf. ibid., 28, col. 164. Et que d’autres textes semblables on pourrait citer : car contrairement à un préjugé trop répandu et accrédité par l’etau, la mention du péché originel et de ses suites est très fréquente dans les écrits de notre docteur, comme elle l’est dans les écrits des autres Pères grecs, ses prédécesseurs.

En particulier, Jean affirme que la volonté libre est le sujet premier du péché originel, Tzp(t>zonaQr i ç, Iv t)|jÙv fj SéXïjoiç, De fuie orth., t. III, 14, col, 1041 d : que ce péché nous a lait perdre la grâce de Dieu et les privilèges d’incorruptibilité, d’impassibilité et d’immortalité qui l’accompagnaient. Ibid., I. II. 28, I. III, 1, col. 961, 981 ; In sabb. sanctum, 7-12, 27, t. xcvi. col. 609-612, 628 ; ainsi que le to xa6’ô|i.oÎGjaiv, attaquant ainsi l’intégrité de la nature. De fuie orlli.. t. III, I I, col. 1045 a. Si le tô xa-r’etxôva en lui-même est resté, Dist. elem., t. xcv, col. 97, il a été aussi faussé en quelque manière par Yaversio a Deo et la conversio ad creaturas, dont Jean parle expressément et qui constituent sans doute pour lui sinon l’essence totale, du moins, le côté principal du péché de nature, en tant qu’inhérent à la nature même. De fide orth., t. II, 30, col. 977 C d. La nature humaine a été rendue réellement malade, et bien qu’ayant conservé le libre arbitre, elle ne pouvait d’elle-même se relever. In ficum arefactum, 1, t. xc.vi, col. 576-577.

10° Providence et prédestination. Le problème du mal.

— Ce que nous avons dit plus haut de la prescience divine et de ses rapports avec la liberté humaine est en étroite relation avec la question de la providence et de la prédestination. Notre docteur s’est occupé d’une manière spéciale des difficiles problèmes qui s’y rattachent, dans sa polémique avec les manichéens. Sa doctrine diffère sensiblement des conceptions de la théologie occidentale. Elle est consolante, et met en

vif relief la bonté de Dieu. Nous la CTOVOnS inattaquable du point de vue de l’orthodoxie, et nous n’oserions comme certains, la traiter de superficielle. 1, a Providence est définie : Le soin que Dieu prend très. El encore ; La Providence est le dessein de Dieu mlvanl lequel fous les êtres reçoivent une direc tion convenable. Si donc le dessein de Dieu, OsoCi PoûX^aiç est la Providence, il s’ensuit nécessairement que tout ce qui arrive par la Providence est selon la droite raison, se réalise de la façon la plus belle et la plus noble, et il ne peut en exister une meilleure… Dieu est à la fois le Créateur et le provident : sa puissance créatrice, conservatrice et providente est sa bonne volonté même, r àyaÔT) aùxoù 6é>, ’/ ; atç è<m. De fide orth., II, 29, col. 964. D’après cette définition, rentrent dans le plan providentiel toutes les démarches positives de Dieu à l’égard de ses créatures pour leur faire du bien, tout ce qu’il veut positivement pour elles. C’est pour cela que Jean ajoute que nos déterminations libres, xà è<p’i)j.ïv, ne dépendent pas de la providence mais de notre libre arbitre. Ibid.. col. 964 c ; car ce n’est pas Dieu qui en a proprement l’initiative mais nous-mêmes. Il les prévoit, sans doute, mais il ne les prédétermine pas par une volonté positive. Dieu adapte son plan providentiel à l’égard de l’homme, à la conduite que celui-ci tient ; d’où l’adage : « La providence de Dieu à l’égard de l’homme a pour guide sa prescience : npovoz~.-M ô 0eôç xaxà aÙTOÛTrp6yv(oai.vTcôv à~ âvxcov. » Contra manichseos, 78, col. 1576 d. Tous les hommes ont le pouvoir de choisir le bien. C’est une grâce offerte à fous, car Dieu veut d’une volonté sincère et désire d’un grand désir le salut de tous ; il est tout bon, sans envie et olîre le bien à qui veut le recevoir. -Mais l’homme est libre : c’est à lui d’accepter ou de refuser l’offre divine. La grâce de pouvoir choisir le bien n’est ni nécessitante ni efficace par elle-même. L’homme peut l’accepter, il peut aussi la refuser ; car la liberté consiste essentiellement dans le pouvoir de choisir, d’avoir l’initiative de sa détermination. A celui qui accepte l’offre divine Dieu accorde aussitôt son concours, sa grâce, pour qu’il puisse réaliser le bien choisi. La bonne œuvre est ainsi à la fois de Dieu et de nous ; de nous, parce que nous l’avons choisie ; de Dieu, parce qu’il nous aide à la réaliser : de Dieu encore, parce qu’il nous a aidés à la choisir, en nous suggérant la bonne volonté, à laquelle nous avons consenti. A celui qui repousse l’offre divine, Dieu dans son immense miséricorde ne cesse de faire du bien, tant que dure l’épreuve d’ici-bas : « Durant la vie présente il existe une économie, un gouvernement et une providence ineffable, qui sollicite les pécheurs à la conversion et à la pénitence. » Contra manich., 75, col. 1573 a. De cette providence ineffable à l’égard des pécheurs fait parlie ce que notre docteur appelle le délaissement économique et de correction, èYxaxâXei’-lnç olxovouax/ ; xal TTaiSeuTixY), qui vise l’amendement, le salut et la gloire de celui qui en est l’objet, et d’où résulte aussi le bien du prochain et la gloire de Dieu. De fide orth., 29, col. 968 a b, 969 a. Telle est. en raccourci, la con duite de Dieu provident à l’égard de l’homme libre.

Jean démontre l’existence de la providence par deux arguments principaux : par la bonté de Dieu et sa sagesse, Ibid., col.’964 ; par l’immortalité de l’âme, qui entraîne la vie future, la rétribution des actions bonnes et mauvaises, un juge et par conséquent aussi un provident. Dial., 68, col. 672-673.

Nous ne devons pas juger ni critiquer Dieu dans l’exercice de sa providence ; car il ne nous a pas révélé tout son plan, mais seulement ce qu’il nous était utile de connaître, Tout comme son essence, sa volonté et sa providence sont incompréhensibles, Dieu fait tout et permet tout ce qui arrive pour notre bien, si nous savons en profiter. De fide orth., t. II, 29, col. 964 c, 968 b ; Contra manich.. 74, 77, col. 1572-1573, 1576.

lai dehors de la providence positive de Dieu et de sa volonté approbative, qui regarde tout ce qui est bon et juste, il y a une autre sorte de providence qu’on peut appeler négative ou permissive, par laquelle Dieu n’empêche pas positivement, mais permet, tout