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    1. JEAN DAMASCÈNE SAINT)##


JEAN DAMASCÈNE SAINT). DOCTRINE

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col. SOS. La liberté, vit aÙTS^oûatov, consiste, comme l’indique le mot grec, à être le maître de ses actions, xûpio^ -pdcçscùv. à en avoir le choix et l’initiative, à en être le principe, — o’.sîtxi Se toôto’j tt ; v aïpsaiv ô voûç ô Jju.sTspoç- xai outô ? èaTiv àpxô TtpâÇetoç, 2(>27, col. 960. La liberté est inséparable de la raison, et l’acte psychologique de la délibération serait un nonsens, si nous n’étions pas libres. 25, col. 057 c.

Sur l’origine de l’aine humaine, Jean n’a pas d’affirmation claire. Il dit bien, dans sa définition de l’âme. que celle-ci a reçu son existence et sa nature du Créateur, tô slva’. xai çôasi oûtmç etvai sïXr, <psv. Mais on peut se demander s’il s’agit, dans ce passage, de l’âme du premier homme ou de chaque âme humaine en particulier. Le parfait sÏXyjçsv fait songer à la première création. Plus loin, c. 28, col. 061 c, il affirme que notre naissance est l’effet de la puissance créatrice i] ysvsoi’^ûv tt ; ç Sy]jzio’jpyixî ; ç aÙTOÔ Suvâ[iecoç èari. Mais cette expression est assez vague. Nous avons dit plus haut que dans la Disputatio cum Saraceno, on découvre une tendance traducianiste. Mais ce dialogue est-il vraiment l’œuvre de Damascène ?

Sur l’état primitif de l’homme avant la chute, Jean a une doctrine très satisfaisante ; mais qu’il est assez difficile de démêler. Il va sans dire qu’il ignore les distinctions précises de nos théologiens entre l’état de nature pure, l’état de nature intègre, l’état de justice originelle. Ce qu’il a toujours en vue, c’est la nature humaine historique, celle que Dieu créa au commencement. Cela n’empêche pas qu’on ne trouve chez lui les éléments d’une triple distinction : il a vu en Adam innocent : 1. la nature dans son intégrité, tô zbiv. : 2. l’élément proprement surnaturel, c’est-à-dire la participation à la grâce divine, la Oscocriç ; 3. ce que nous appelons le préternaturel, le tô eu eîvai, conditionné par la persévérance dans l’amitié divine.

Notre docteur enseigne tout d’abord que « Dieu façonna de ses propres mains, oly.siaiç x z P ai < l’homme, composé de la nature visible et de la nature invisible, à sa propre image et à sa ressemblance ; il fit le corps du limon de la terre, et lui inspira par son propre souille une âme raisonnable et spirituelle, ce que nous appelons image divine. En effet, l’expression : à son image, tô xaT’sixôva, indique l’intelligence et la liberté, tô voepèv xxl aûreÇoùaiov ; et l’expression : à sa ressemblance, tô xaS’ôji.otoiTiv, la ressemblance de la vertu, autant qu’il est possible. » De fide orth., t. II, col. 020 b.

Le tô L%-’zlv.’j- /y. et le tô xa8’ô ; j.oioj-xtv jouent un grand rôle dans la théologie damascénienne, comme d’ailleurs dans toute la théologie grecque. Les deux expressions ne sont pas du tout synonymes. La première désigne principalement l’intelligence et la volonté libre. C’est avant tout par ces facultés supérieures que l’homme est à l’image de Dieu, bien qu’il le soit encore sous d’autres rapports. Cf. De duabus volunl., 30, t. xcv, col. 168 b.) Le tô xa6’ôu, o£coai.v s’entend de l’ordre moral, de la pratique et de la vertu. Le premier homme était orné de toutes les tendances vertueuses, 7rio7) i, ""- ?, xaTTjY>aïo[xévov, èvàpsToùç tsXsoov ; il était innocent et droit, #xxxov, SÙ07,. De fide ort/i., 1. 11, 12, col 021 a ; I. IV. 1. col. 1108 a. Les deux éléments réunis constituaient l’intégrité première de la nature. Ils étaient tous les deux naturels, selon la nature. Le Damascène répète constamment que la vertu, ou les vertus, sont naturelles à l’homme, et que Dieu imprima à la nature innocente ces tendances vers le bien moral. De fide orth., t. II, 30, col. 972 ; t. III, 14, col. 1045 a. Cela n’empêche pas que, pour pratiquer la vertu et y progresser, pour vouloir le bien et le faire, le concours et le secours de Dieu étaient nécessaires. Mais ce concours, était normalement et comme naturellement offert à l’homme. Il dépendait de lui,

et il dépend encore de nous — d’user de ce concours -nous pouvons dire : « de cette grâce actuelle » —, et de répondre aux sollicitations de Dieu nous invitant à la vertu. Op. cit., t. II, 30, col. 072-073.

lui plus de la nature ainsi constituée, tô sîva’., Adam participait à la vie même de Dieu par la grâce. Le Damascène enseigne très clairement l’élévation de l’homme à l’état surnaturel ; Adam était déifié par son union à Dieu, déifié non par la transformation en l’essence de Dieu, mais par la participation de sa splendeur et de son illumination, Tfj irpôç 0sôv vsûasi OsoJ[zsvov Gsoup-svov 8s (J-sto^tj tyjç ôsiaç ÈXXàn. e>£C)Ç, xai oùx sic tv)v 0sixv [A301aToc ; ji.Evov oùaîav. Op. cit., 1. 11, 12, col. 924 a. Il était orné de la grâce de Dieu, comme d’un vêtement tt ê m 0soô 7r£pi{3spX7)u.svoç X*P W - Ibid..

I. II, 11. col. 916 c ; t. II, 30, col. 076 ; et avait reçu la participation de son Esprit. Ibid., t. IV, 13, col. 1137 b. *

Certains privilèges, accompagnaient le don de la grâce surnaturelle et en dépendaient comme les effets dépendent de la cause. Dieu, en effet, ne se contenta pas de donner à Adam l’être ; il lui accorda aussi le bien-être, tô sïvat. Soôç, xai tô eu eïvai xapt.aaji.svoc. Op. cit., t. III, 1, col. 081 a. Cf. In sabbatum sanctum,

II, t. xevi, col. 612 ; In Dormit., ii, 8, ibid., col. 733 c. Outre le pouvoir royal sur la terre et ce qu’elle renfermait, PaaiXsùç tûv lui yr, ç, De fide orth., t. II, 12, col. 921, ces privilèges consistaient dans l’incorruptibilité, àcpGapaia.l’impassibilité àrcâôsia, et l’immortalité corporelle àOavacriaL’incorruptibilité exemptait Adam des nécessités corporelles, comme manger, boire, dormir ; de la souffrance et de la maladie ; de tout ce qu’entraîne la circulation vitale dans l’état actuel, peùcriç, tou.t). In sabb. sanc., 21, t. xevi, col. 628 b ; De fide orth., t. II, 12, col. 017 c d. Il le soustrayait même à l’œuvre de la génération charnelle. Ce n’est qu’en prévision de la chute, et pour qu’Adam, devenu mortel, pût se survivre en sa postérité, que Dieu forma la femme. Si Adam n’avait pas péché, Dieu aurait trouvé un moyen de multiplier l’espèce humaine autre que la génération charnelle. De fide orth., t. II, 30, col. 976 ; t. IV, 24, col. 1208 d b. Cette doctrine, qui nous surprend quelque peu, a été enseignée par plusieurs Pères grecs, comme Origène, Athanase, Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome. L’àTOcôsia s’entend de l’exemption de la concupiscence, de toute passion troublante, de toute inquiétude et de tout souci. L’homme, au paradis terrestre, ne devait être occupé qu’à louer Dieu et à jouir de sa contemplation. Op.cit., t. II, 11, col. 913-916. Enfin, l’homme ne devait pas mourir. Ibid., t. II, 12, 30, col. 021, 077.

A propos du paradis terrestre, Jean allégoi ise passablement. Il reconnaît bien un paradis sensible, ô roxpâ-Ssiaoç aïa07)TOç, vrai palais royal réservé à l’homme seul, à l’exclusion des animaux, placé du côté de l’Orient, planant au-dessus de toute la terre, -ivqç rrjç Y ?, ? ôij^XÔTepoç xsiu.evoç. De fide orth., t. II, 11. col. 012-913 ; mais en même temps, il parle d’un paradis spirituel, séjour de l’âme. Cette maison de l’âme n’était autre que Dieu lui-même, 03Ôv è’xwvoîxov TÔvèvoixov, xai aÙTÔv iyow sûxXsèç TCspiSôXaiov. Ibid., col. 916. Quant à l’arbre de la vie, Jean en signale trois explications ; une, littérale, qu’il n’accepte pas (le fruil de cet arbre préservait de la mort) ; deux allégoriques, qui lui plaisent : le fruit de l’arbre de la vie n’était autre chose que la douceur de la contemplation divine ; ou bien, on peut l’entendre de la connaissance de Dieu acquise parla considération des créatures. Ibid., col. 016-017. L’arbre de la science du bien et du mal est aussi une allégorie, soit qu’il faille y voir la parfaite connaissance de sa propre nature, chose réservée aux parfaits, et qui n’étail pas bonne pour dam encore jeune et inexpérimenté, soit qu’il faille l’en-