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JEAN DAMASCÈNE (SAINT). D0CTR1M.


ment dans su pensée ; tel un architecte qui, avant de bâtir une maison, en arrête le dessin dans son esprit Sa pensée est doue créatrice des choses, niais en tant qu’elle est unie à sa volonté, De fuie orth., t. I, 9, col. 837 b : De imag. I. 10, col. 1240-1241.

Comment concilier cette prescience infaillible et cette causalité universelle avec la liberté des créatures ? Jean répond par une formule qu’il répète souvent, et cpii a voisine la concept ion moliniste de la science moyenne : « Dieu prévoit, mais ne prédétermine pas nos actes libres, i -àvTa -poY’.vcôaxei ô 0e6< ;, où roivTa àz irpooplÇer irpoyiv&axei fàp ~y. ècp’rjtjùv.où rcpoopiÇei, Se aura. De fuie orth., 1. 11. 30, col. 969 sq. Nous ne sommes pas cause du pouvoir que Dieu a de prévoir nos actes libres : niais le fait qu’il prévoit ce que nous devons faire vient de nous : car si nous ne devions pas le faire, il ne le prévoirait pas. La prescience de Dieu est vraie et infaillible, mais ce n’est pas elle qui est la cause de la production de l’acte futur ; c’est parce que nous devons faire ceci, et cela qu’il le prévoit. Il prévoit, en effet, beaucoup de choses qui ne lui plaisent pas, et ce n’est pas lui qui en est la cause », tj ixèv 7rpo-Yvcocttixt ; S^vaToù 9eoû oôx è ; 7]|i.â>v ïyzx. tt ( v a’iTtavTÔ

Se TTpoyvcûvai â |ilXXou.ev r.oizïv, et ; 7)u.wv ôti piXXo |iev -oieîv t68e t, rôSe 7rpoY(.va>axei. Contra manichœos, 79, col. 1577 b. D’après notre docteur, Dieu sans doute est cause de tout le bien, de tout l’être qui est dans les créatures : mais quand il s’agit des actes libres, c’est la créature libre qui a l’initiative de la qualité de son acte bon ou mauvais. < Dieu est l’auteur des vases d’honneur et des vases d’ignominie, mais ce n’est pas lui qui lait l’un honorable, l’autre méprisable, cela dépend du choix de chacun. De fuie orth., 1. IV. col. 1192 b. Jean, du reste, n’a pas la prétention d’expliquer l’inexplicable, et il sait que, tout comme l’essence de Dieu, chacun de ses attributs est incompréhensible. Centra manirh.. 77, col. 1570 c.

Dieu est tout-puissant. Il peut tout ce qu’il veut, mais il ne veut pas tout ce qu’il peut. H a le pouvoir, en effet, « le détruire le monde, mais il ne le veut pas. De fideortlt., 14, col. 860 861.

6° La Trinité. La doctrine I rinilaire du Damascène résume bien, dans son ensemble, la théologie grecque des siècles antérieurs, mais on remarquera que pour certaines formules, la préférence est accordée aux l’ères cappadociens, et spécialement à Grégoire

de Nazianze. Quant a la théologie des l’ères latins, notre docteur l’ignore complètement, l’as une allusion, par exemple, a la théorie augustinienne des processions divines. A certains endroits. Jean la frise presque, mais il n’en a pas la clef. S’il parle du verbe intérieur, il ne songe pas a voir dans le Saint Esprit la processio amoris. C’esl ce qui explique sans doute son agnosticisme absolu sur la seconde procession.

La Trinité est un mystère incompréhensible. Plus on le scrute, moins on le connaît ; plus mi veut l’examiner curieusement, plus il se dérobe. ! >< hasr., épil., col. 780 ". ou peut, sans doute, recourir à des comparaisons, mais aucune n’est adéquate, iSiivafov èv n&ow 6(ioiov eûpeîv -apàSetYl-ia inï ~r, < ; ŒoXoyfaç. />< ftde orth., I. III. 26, col. 1096 b. Ce mystère réfute a la lois le polythéisme des païens et le dogme unitaire des Juifs. Ibiil.. I. I. 7. col. 805 c ; car si Dieu est un, il n’est pas solitaire, i La solitude juive de la société ; elle est chose morose. T0 (iOvaStX.ôv &X01VC&V7] tov xal dtu.elX’.x.Tov ». Dr duabus volant., : î. t. xcv. col. 132 a. Il y a déjà là comme une ébauche de la belle théoriede Richard de Saint Victor sur la pluralité des personnes en Dieu..Mais Jean ne pousse pas

celle idée. Il développe un autre essai de démonstrai ion rationelle de la Trinité emprunté aux l’ères grecs :

Dieu ne peut pas être dépouvu de parole ; il doit avoir son Verbe : et le Verbe de Dieu doit avoir son souille.

son esprit. Ce qui. dans la créature, est inconsistant et passager, est en Dieu subsistant et coéternel à son principe. De fide orth., t. I, 6-7, col. 801-805.

L’Église catholique enseigne qu’il y a en Dieu une seule essence, substance ou nature, ouata, çûaiç, et trois personnes distinctes. La personne, en Dieu, est « le mode sans commencement de chaque subsistence éternelle, IteI tt, ç àyiaç rpiâSoç ôrroaTaaiç èaTiv ô avapypç, TpÔTîoç tt, c ; éxâaTOu àïSloo Û7râp^sax ;. » Dialect., 66, col. 669 a. Ces modes de subsistence sont constilués par des relations réciproques fondées sur l’ori gine, et c’est cette relation d’origine qui fait la distinction des personnes entre elles : xccrà tô aÏTiov xal tô oÙtioctôv xai tô TÉXeiov Tr, ç’j-oaTàaecjde ;. yjtoi -rôv Trjç Û71àpEe<0 !  ; Tpàrcov, tyjv Siacpopàv êwooGi/ev. De fuie orth., 1. I..S. col. 828 d : tô àYsvvYjTov. xai tô yevvTjTÔv xal èxTcope’jTÔv oùx ouata ? étal STjXcoTixâ, àXXà TÎjç Tcpôç àXXY)Xa a^sæcoç xal toû TTJçûxâpçecoç xpôrcou. lbid., 9, col. 8 ! 17 c. Les trois personnes, en effet, sont réellement distinctes entre elles, bien qu’elles soient inséparables, l’une de l’autre, qu’elles se tiennent l’une l’autre, qu’elles s’envahissent l’une l’autre et existent l’une dans l’autre. Cette compénétration mutuelle fondée sur l’unité d’essence, Ttepi/côp-rçaiç, se fait sans mélange ni confusion. Ibid., 8, col. 828-829 ; M. col. 860 b. Remarquons que le Dama^ène, à propos de la distinction, emploie une terminologie qui pourrait prêter à confusion. Il oppose la distinction ou division réelle, S’.atpeaiç : rpayu.aT(.x/j. à la division par la pensée, tô St.T)p7)u.évov è^ivota. Cette division par la pensée correspond, dans le fait, à la distinction réelle mineure de nos scolastiques, tandis que la Staipeaiç 7tpaY(xaTiXTf] est noire distinction réelle majeure en tant qu’elle vise deux êtres, deux substances complètes axant une existence indépendante. Le mol Siaipeatç veut dire séparation et non sim/ile distinction, même si la distinction est réelle. C’est une distinction fondée sur la séparation réelle.

Lien que réellement distincte des deux autres, chacune des trois personnes divines s’identifie, en fait, avec toute l’essence divine, en qui elle subsiste d’une manière parfaite ; car l’essence divine es’toute simple, et ne saurait être composée d’hypostases ; mais elle se trouve tout entière dans les trois hypostases, ou, pour parler plus exactement, elle est les trois, Ta èv oTç y) Osôtyjç, y), t6 ye àxptpéaTepov, â 7) 0e6nr)ç, ibid., 8, col. 829 b, et chacun des trois est Dieu parlait. De recta sententia, 1, col. 1121. Remarquons, en passant, que, pour parler des personnes, Jean emploie parfois le neutre. Ta Tpîa. bien qu’il distingue clairement entre àXXoç et aXXo. Il n’a pas cru devoir corriger certaines formules palristiques.

Les noms concrets des personnes sont le l’ère, le Fils et l’Espril saint. A chacun de ces noms s’ajoutent d’autres noms tirés de l’Écriture sainte et expliqués par les anciens l’ères. Jean rapporte et explique brièvement ces divers noms. De fuir orth., s. 13, col. 809824, 856-860. Les noms qui désignent les relations, ou modes d’existence, ou propriétés b> postal iques, 1816tï)t& ; ÛTroaTaTtxaC, sont : l’innascibilité et la paternité, 7) àvevvrjala, t) roxTp6-n)< ;, propriétés du l’ère : la filiation, ’t u16t7)ç, propriété du Fils, la procession, ï) èx7r6peuaiç, propriété du Saint-Esprit. Le l’ère est dit àvsvvyjTOi ;, le Fils yevvTiTÔç. le Saint Esprit &X7C0peUT6v. Ibitl., 8, COl. 817, 820. Les noms des deux processions sont  : la génération. Y) yéWTJOK ;, et la procession, r t sxTrôpeuaiç. Nous savons qu’il y a une différence entre la Yswrçate, et râxTCÔpsuaiç ; mais nous ignorons totalement le mode de celle différence. » Ibid., col. 821. La procession du Saint-Ksprit est perlois appelée -p’^oXy, : d’où le nom de -po^oXeoç donné

au Père. Ibid., col..son 6. et De sacris jejuniis, 28,

I. JCCV, col. 60 b. Cf. Dr fuie orth.. 12. col. 849 b.