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    1. JEAN DAMASCÈNE (SAINT)##


JEAN DAMASCÈNE (SAINT). DOCTRINE

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composée, utx ç’J^u ctùvOsto ;. Le résultat de cotte composition est un tertium quiil, qui n’est consubstantiel à aucune îles natures composantes. C’est de cette manière que certains hérétiques ont conçu l’union de l’humanité et de la divinité dans le Christ. Jean explique cette sorte d’union par la brève formule : si sripcov Srepov. Dial., 66, col. 669 ab ; De fide orth., 1. 111, 3, col. 998-999.

5. L’énergie et le vouloir.

L’hérésie monothélite amena les théologiens catholiques à analyser l’activité de l’âme humaine du Christ. Saint Maxime s’illustra dans cette étude, mais compliqua peut-être à l’excès la terminologie. Saint Jean Damascène reproduit les distinctions île son prédécesseur, et il a, lui aussi, une terminologie surabondante, qui réclame toute l’attention du lecteur.

Le mot èvépyeia désigne à la fois la puissance d’agir et l’agir lui-même, la faculté naturelle et son acte : èvépysiâ èonv r, ipuaix-}] èxâorqç oùala ; Sûvapiç ts xal vlvrn’.z. De fide orth., 1. II. 23, col. 949. Toute nature a son èvépyeia ou ses èvépyeiai, puissances naturelles et opérations correspondantes, car l’èvépyeia a sa source dans la nature et non dans l’hypostase. Une nature sans èvépyeia serait un pur non-être, yjç yo>ziz uôvov tô [ir, Ôv. Ibid. La première èvépyeia de tout vivant est la vie même. De fide orth.. t. III, 15, col. 1048 b. Il faut distinguer entre èvépyeia, tô èvepyeïv, tô tî xal ~â>ç èvepyeïv, tô èvepyr ( TÔv r èvépy « )|xa, tô èvepyyjTixôv, ô èvepycov.’Evépyeia, c’est le pouvoir d’agir : tô èvepyeïv, l’acte par lequel on use de ce pouvoir : tô tî èvepyeïv, c’est faire tel ou tel acte ; tô -û>z èvepyeïv, c’est agir bien ou mal ; tô èvepYTjTOV ou tô èvépyi)[ia, c’est le résultat de l’acte ; tô èvepy7)Tix6v, c’est la nature d’où procède l’énergie ; ô èvepyûv, c’est l’hypostase qui possède la nature, et met l’énergie en mouvement. De duabus volunl., 35, t. xcv. col. 172 bc. combiné avec De fide orth., t. III, 15, col. 1048 a. Si les termes : tj èvépyeia, tô èvepyeïv, tô èvepyrrrôv, tô èvepy7)Tix6v, se rapportent a la nature, il faut rapporter à l’hypostase non seulement ô èvepyûv, mais aussi le tô -.’<. xal ttcôç èvepyeïv.

La volonté ou le vouloir est une espèce d’énergie. Comme telle, elle appartient donc à la nature. La terminologie se complique ici, à cause de l’abondance des termes synonymes et de la multiplicité de sens d’un même terme. D’abord, une distinction capitale : le tô BéXeiv, le vouloir, et le tô tî -Lai -ôj ; 6e).etv, les déterminations du vouloir. Le premier se rapporte à la nature, et se multiplie suivant le nombre des natures. Le second est du ressort de la personne.

Termes qui se rapportent à la nature : tô OéXeiv, r, 8éX -r.n : z. t6 8éXl]Ua f>UOtx6v, ou simplement : tô 6éXr ( v. 7.. r, ŒX^TiXT] S’jvau.’. :. tô ŒXTruxôv.

Termes hypostatiques ou personnels : tô t( 6é>.eiv (= r, ’y.j’i.ry.z, qui regarde la fin, tô téXoç, appelée pour cela tô |îouXt]t6v) ; tô rcôç 6é>eiv (= (300Xy) ou

jO’.z, qui regarde les moyens vers lafin, TÔ (îouXeutov).

Apris la pouXeuoiç ou délibération, vient le jugement, xploiç. Si le jugement est approbatif, il prend proprement le nom de yv<&(M] (= 6è>.r, ay. yvwjxix6v = BeXTjTOv). Après la yvuu.7], vient le choix final, la -y rj}.z.zn’.z < OéXijua icpoatpenxdv, employé quelquefois comme synonyme de 8éX7)[xa yvcou, ix6v). Après la irpoatpeoiçvient l’élan vers l’action, 5pu, 7] repôç r : pa^iv. Tous les actes énumérés sont le fait de l’hypostase, ô BéXuv. De fuie orth., t. II, 22, t. III, 14, col. 944-948, 1033-1036 ; De duabus volunl., 21-25, t. xcv, col. 1531."><>. Nous verrons plus loin quel usage notre docteur fait de cette terminologie par rapport à l’Homme-Dieu.

6. Le nombre. Le nombre joue un rôle capital dans la controverse avec les jacobites et les monothélites. Ceux-ci ne veulent compter ni les natures, ni les volon tés, ni les opérations de l’Hommc-Dieu, parce qu’ils attribuent au nombre un rôle essentiellement diviseur, séparateur. Pour ces logomaques, le nombre, c’est Nestorius en personne. Jean Damascène s’efforce de les amener à la raison, de les familiariser avec ce

croquemitaine ► ; le mot est de lui. Il fait remarquer que le nombre n’est pas plus diviseur qu’unificateur, qu’il indique même plutôt l’union que la division ; car la division s’entend du partage de la monade en deux moitiés, tandis que la dyade s’obtient par l’addition de la monade. Considéré en lui-même, le nombre ni ne divise ni ne conjoint, mais il est susceptible d’indiquer l’union ou la division. Quand il sépare ou distingue, la division ou la distinction ne vient pas de lui, mais d’autre chose. Un être peut être un sous un rapport et multiple sous un autre. Les hérétiques se contredisent du reste eux-mêmes ; car ils comptent les hypostases divines, et les propriétés de l’humanité et de la divinité dans le Christ. Contra jacobitas, 50-51, col. 1457-1459, passage capital.

2° Démonstration chrétienne. Sources de la Révélation.

— On ne trouve dans les œuvres de saint Jean Damascène aucune esquisse suivie du traité de la démonstration chrétienne mais seulement deux ou trois passages qui peuvent s’y rapporter. Dans le De fide orth., t. IV, 4, col. 1108-1109, il parle des bienfaits de la rédemption, de la merveilleuse propagation de la religion chrétienne et de la transformation morale de l’humanité opérée par elle. Le dialogue entre un chrétien et un Sarrasin, dans l’état où il nous est parvenu, constitue un essai assez maigre d’apologétique à l’égard des musulmans. Mais dans le petit dialogue rapporté par Théodore Aboucara, t. xciv, col. 1596-1597, la démonstration par le miracle est nettement abordée.

Les sources de la Révélation sont les livres divinement inspirés et la tradition non écrite, TOxpdcSocrtç aypocqsoç. Toute l’Écriture, aussi bien celle de l’Ancien que du Nouveau Testament, est inspirée de Dieu. C’est par le Saint-Esprit que la loi et les prophètes, les évangélistes et les apôtres ont parlé. Jean fait un éloge plein de poésie de l’Écriture et de son utilité De fide orth., t. IV, 17, col. 1176-1177. Sa liste des Livres saints, pour l’Ancien Testament, est incomplète, et ne reproduit que le canon palestinien, tel que le donne saint Épiphane, De ponder. et mensuris, qui parmi les deutérocanoniques, ne nomme que la Sagesse de Salomon et la Sagesse de Jésus, fils de Sirach, « livres excellents, mais qui ne sont pas comptés, et n’étaient pas placés dans l’arche. » Ibid., col. 1180 c. Cette reproduction du texte d’Épiphane, sans aucune addition ni réflexion, nous laisse incertains sur la doctrine personnelle de Jean relativement aux deutérocanoniques. Ce qui est sûr, c’est que le saint docteur cite Baruch sous le nom de Jérémie jusqu’à cinq fois dans le De fide.orthodoxa, col. 852, 1000, 1113, 1172, 1184 ; qu’il ne distingue pas entre les parties protocanoniques et les parties deutérocanoniques de Daniel, ibid., col. 837, 884 ; qu’il cite souvent la Sagesse, non toute fois explicitement comme Écriture sainte, ibid., col. 532, 789, 856, 962, 127.’., et t. xvci, col. 637 ; et que dans les textes des Parallèles sucrés, la Sagesse et l’Ecclésiastique reviennent fréquemment. Il y a aussi une allusion à 1 1 Mach., ix, 10, dans le De fide orth., t. I, il, col..S.’17 a. Notre auteur paraît ignorer que le concile in Trullo, dont il cite cependant un canon dans le troisième discours sur les images, col. 1 117 d, avait accepté la collection canonique africaine où l’on trouve la liste des Livres saints promulguée plus tard par le concile de Trente. Quant au canon du Nouveau Testament, Jean est d’accord avec le canon catholique, sauf qu’il y ajoute les canons des Apôtres « transmis par Clément

Sur l’existence de traditions non écrites, Jean a