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I EAN DAMASCÈNE S INI. ÉCRITS

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de l’iconoclasme ; car il n’j a pas dans le texte : Je rejette toutes hérésies, depuis celle de Simon le Magicien jusqu’à eell qui s’est rleréc’le nos jours contre la sainte Eglise de Dieu, tuais bien : jusqu’à celles qui se sont élevées de nos jours, uf/pi twv vûv xivr ( 0eia<ûw, col. 1482 b ; ce qui s’entend facilement du monothélisme et du paulicianisme, qui avaient alors en Syrie de nombreux partisans.

1. Le De sancta Trinitaie, nepl ttj ; iflaq TpiâSo ;, t. xcv, col. s-î8, titre incomplet, est un résumé de théologie par demandes et réponses sur Dieu, la Trinité et L’Incarnation. S’il est permis de douter que la rédaction soit de Jean, la doctrine est bien de lui ; et l’on peut retrouver l’équivalent et les termes mêmes dans ses œuvres authentiques.

5. Nous n’hésitons pas non plus à la suite de Lequien a ranger parmi les œuvres authentiques cette Expositio et declaratio ftdei, ibid., col. 117-138, conservée seulement dans une assez mauvaise traduction arabe, que nous avons dit Cire la profession de foi même récitée par saint Jean Damascène, le jour de son ordination sacerdotale. Elle débute par une belle prière à Dieu, où le nouveau prêtre fait éclater sa reconnaissance pour les bienfaits divins. C’est déjà, en petit, YExpesc de la /oi orthodoxe, et dans le même plan, avec une finale sur les six conciles œcuméniques, leurs canons et les canons de saint Basile.

On trouve d’autres exposés dogmatiques, ressemblant à des professions de foi, dans certaines homélies de Jean. Voir spécialement celui qui se lit dans Y homélie sur le samedi saint, t. xevi, col. 604-622.

Ecrits polémiques.

Jean a écrit contre toutes

les hérésies existantes de son temps, nestorianisme, monophysisme, monothélisme, manichéisme ou paulicianisme, iconoclasme. Il a même esquissé une méthode de discussion avec les Sarrasins infidèles, et nous a laissé un fragment de traité contre des superstitions populaires. Bien qu’il s’inspire de ses devanciers, il est bien plus original dans ses traités polémiques, que dans la Source de la connaissance. Ses trois discours pour la défense des images fondent la théologie byzantine sur le culte des images et des reliques. Son grand dialogue contre les n anichéeris, maltiré les répétitions qui s’y rencontrent, est un vrai chef-d’œuvre.

    • 1. Contre les nestoriens. Jean a écrit deux traités.

1e premier, p blié par I equien, porte le titre suivant : Karà aîpÉceo) ; twv NeiTopiavàiv. t. xcv, col. 187-224.’.'est un modèle de discussion serrée et lucide, adaptée au point du vue de l’adversaire ci le battant sur son propre terrain. Par l’Écriture et le symbole de Nicée, Jean démontre aux nestoriens la divinité de Jésus-Christ et l’unité de sa personne.

Le second que Lequien n’avait pu letrouver, cf P. G, t. xcv, col. 117, a été ] ublié par F. Diekamp, dans la Theol. Quartalschrift, 1901, t. iwmii. p. 555595 ; l’a thenticité de ce texte es in onteslable, Il est d’ordre spéculatif.

2. Contre les jacobites nous possédons également deux traités. Le premier, intitulé : Ylepl « juvOîto’j çù-jEoù ; xotTà dcxeçv./cov. De natura composila contra acephalos, t. xcv, col. 111-126, peut être considéré comme une première ébauche du second, beaucoup plus long,

écrit au nom de Pierre, métropolite de Damas è

l’évêque Jacobite de Dara. T. xav, col. 1 1 3$1-$2502. Lequien n’a pu retrouver tout le texte de ce second é, ily as ippléé, COl. I 137-1 1 10, par une traduction latine de la version arabe. Dans l’un comme dans l’autre, saint Jean Damascène met à nu l’entêtement et la dél aiSOn de ces JaCObiteS, appelés aussi acéphales, qui tout en condamnant l’eut vehianisme, et en maintenant l’union saris confusion de la divinité et de l’humanité dans le Christ, se refusent absolument,

par une vaine crainte du nestorianisme, à compter les natures après l’union, et à dire deux natures. Leur formule est : xlx çûai ; aùvŒxoç. La tactique de Jean, pour les mettre en contradiction avec eux-mêmes, est de les ramener à la terminologie trinitaire, reçue de tous. On sait que les jacobites ne donnaient pas au mot oûai ; le même sens, suivant qu’il s’agissait de la Trinité ou de la christologie. Au fond, entre eux et les catholiques, il y avait le malentendu créé autour de la définition de Chalcédoine, que les hérétiques se refusaient à reconnaître. Pour les confondre, Jean recourt à la fois à la dialectique et aux témoig’patris tiques.

3. Il faut rattacher à la controverse contre les jacobites la Lettre à l’archimandrite Jordanès sur le Trisagion, -epi toû Tpwaytou ûizvvj, t. xcv, col. 2162. On sait que Pierre le Foulon avait ajouté au Trisagion les mots : Qui crucifixus es pro nobis. C’était rapporter le triple Sanctus au seul Fils de Dieu incarné, tandis que les catholiques l’entendaient généralement des trois personnes de la Trinité. Comme Pierre le Foulon était un antichaleédonien décidé, on lui prêta même couramment l’erreur du théopaschitisme. Las groupes monophysites ayant adopté son addition, le Trisagion devint dès lors un brandon de discorde entre catholiques et monophysites. Certains catholiques, voyant qu’il s’agissait, au fond, d’une question de mot et d’usage, finirent par concéder qu’on pût acclamer le Fils de Dieu incarné, mort pour nous sur la croix, par un triple sanctus ; mais pour éviter toute interprétation hérétique, Calendion, patriarche catholique d’Antioche, avait ajouté à l’addition du Foulon les mots : Xptorè (3aaiLe’j. Saint Jean Damascène a l’air d’ignorer ce fait, et il maintient fermement contre son contemporain Anastase, abbé du couvent Saint-Euthyme, l’interprétation traditionnelle du Trisagion. Il fait appel pour cela tant a l’explication littérale de la vision d’Isaïe, qu’au témoignage des Pères, et à l’origine du Trisagion liturgique sous Proclus. Le récit qui se réfère à cette origine est, du reste, fort sujet à caution. Voir ce sujet la quatrième dissertation de Lequien. t. xc.iv, col. 331-350.

1. Les monothélites sont réfutés en même temps que les jacobites monophysites dans le traité qui a pour titre : Llspi twv èv XpioTtji 8ùo 0eXr ; ii, àTcov xocl èvepyeuôv xai à-t-ôv çj-iLcôv tSicopia-cov, De duabus in Christo voluntatibus et operalionibus, deque naturalibus reliquis proprictatibus, ubi obiter de duabus naturis et una hypostasi, t. xcv, col. 127-186. L’auteur emprunte beaucoup au grand adversaire du monothélisme, saint Maxime. Il fait constamment appel aux notions philosophiques.

5. Contre les manichéens, il nous reste de Jean deux dialogues, le premier, très court, est sans doute une première ébauche du second, qui est beaucoup plus développé et qu’il ne faut pas hésiter à considérer comme l’un des meilleurs écrits du saint docteur. Ce premier dialogue : AiàÀe ; i ; ’Iwivvou ôpOcSô ; o’J ~pà ; Mavix<xïov, Joannis orthodoxidisputatio cum m tnichœo, a été publie pour la première fois par Mai, Bibliotheca nova Palrum, t. iv b, p. 101. Migne l’a reproduit dans le t. XCVI, COl. 1. 31".)- 1330. Il ne contient rien qui ne se retrouve dans le second : Karà Mocvpaicov StiÀoyoç, Dialogua contra mantehasos, t. xav, col. 1505-1584. Jean s’j élève aux considérations les plus hautes de la métaphj sique et de la théologie, et touche en particulier a la question de la prescience divine et de la prédestination. A sou époque, le manichéisme venait de ressusciter sous le nom de paulicianisme. Au témoignage de l’Iiéopliane. le métropolite Pierre de Damas, ami de notre saint, eut la langue coupée par ordre du calile Walid II. pour avoir écrit contre les Arabes musulmans et les manichéens.