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JEAN DAMASCÈNE SAINT. ÉCRITS


la fin de sa vie, le saint docteur fit une revision générale de tous ses écrits pour en retoucher le fond et la forme. Vita, 36, col. 484 b. l.a tradition manuscrite confirme pleinement cette affirmation.

Exposés dogmatiques.

1. L’œuvre la plus importante

de saint Jean Damascène, son vrai chefd’œuvre, est un exposé du dogme catholique précédé d’une double introduction philosophique et historique. Le saint docteur lui a donné lui-même le titre général de Source de la connaissance, Hr^r, vvcôoeo ; ô.vvaaÇsoôo. Dialectica. c. n. t. xciv, col. 533 a. C’est un -des derniers ouvrages de Jean, écrit sur l’ordre de son ancien confrère de Saint-Sabas, Cosmas, devenu évêque de Malouma, donc, après l’année 742. Comme il le déclare lui-même dans la lettre-dédicace, l’auteur ne veut être qu’un écho, P. G., ibid., col. 525 a mais c’est un écho singulièrement puissant, qui concentre et unifie les voix multiples des siècles antérieurs. L’ouvrage est divisé en trois parties. La première est intitulée : KsçiLa’.a çiXoaoçixà ou Dialectique, t. xc.iv, col. 525-676 ; la seconde : ITepi oupsoetov èv a’Jvrcfi.ia ô6ev r, p ; av : o xed -ôôev ysyôvaaw, ou Livre des hérésies, ibid., col. 677-780 ; la troisième, de beaucoup la plus longue et la plus importante : "ExSoai ; (ouEx6£- ;, . :)àP.p, .[ir, : TTJç opO-.S6 ; oj -ia-reco ;. Exposition de la foi orthodoxe. Ibid., col. 789-1228.

Les chapitres philosophiques, titre beaucoup plus exact que celui de Dialectique, devenu pourtant plus usuel, constituent une sorte d’introduction philosophique à l’exposé du dogme. C’est une série de définitions philosophiques, empruntées aux anciens philosophes, spécialement à Aristote et à Porphyre, et aussi aux Pères de l’Église, car, quoi qu’on en ait dit, saint Jean Damascène ne jure pas que par Aristote, et il raille les hérétiques qui veulent faire de ce philosophe" le treizième apôtre. Contra Jacobilas, 10, t. xciv, col. 1-141 a. Même en philosophie, ses maîtres sont avant tout les Pères de l’Eglise. Il le montre bien quand il s’agit de définir la nature et la personne. On a de cette partie une double rédaction dans les mss : l’une plus longue, où abondent les répétitions ; l’autre beaucoup plus courte, qui doit être la dernière. L’édition de Lequien donne l’une et l’autre.

Le livre des hérésies sert d’introduction historique à Y Exposé de la foi orthodoxe. C’est une brève recension de 103 hérésies. Pour les 80 premières, l’auteur reproduit mot à mot le Panarion de saint Épiphane. Le reste est emprunté à divers auteurs : Théodoret, le prêtre Timothée de Constantinople, Léonce de Byzance, saint Sophrone. Il n’y a de vraiment original que ce qui regarde l’islamisme, l’iconoclasme et la secte mystique des aposkhites. apparentée aux massaliens.

L’exposé de la foi orthodoxe fut divisé par l’auteur en cent chapitres. Les manuscrits ne fournissent pas d’autre division. On a pris cependant l’habitude, en Occident, de le partager en quatre livres, sans doute pour l’adapter aux quatre livres des Sentences de Pierre Lombard. Cette division en quatre livres est celle des éditions imprimées. Si elle se justifie assez pour les trois premiers livres, elle est tout à fait arbitraire au passage du troisième au quatrième livre. Le livre I correspond à peu près à nos traités De Deo uno et trino. Le livre II traite spécialement de la création en général, des anges, des démons, de la nature visible, du paradis, de l’homme et de ses facultés, de la Providence. Ce second livre relève en grande partie de la philosophie et des sciences naturelles de l’époque. (.est le moins théologique des quatre. On y trouve des choses assez curieuses sur l’astronomie et la physique dis anciens. On y apprend, par exemple, que deux animaux seulement ne peuvent pas remuer les oreilles : l’homme et le singe. Le livre III est entièrement

consacré au mystère de l’incarnation et à ses suites. Le livre IV continue la christologie dans ses premiers chapitres, et traite ensuite de questions assez disparates : foi, baptême, culte de la croix, coutume de prier en se tournant vers l’Orient, eucharistie, mariologie, culte des saints et des images, canon des Écritures, terminologie scripturaire sur la personne de l’Homme-Dieu, réfutation du manichéisme, loi de Dieu et loi du péché, sabbat, virginité, circoncision, antéchrist et résurrection. Ce manque absolu de suite dans le IVe livre et ces retours sur des questions déjà traitées dans les livres précédents s’expliquent, selon nous, par la revision que le Damascène fit de son ouvrage sur la fin du sa vie. Ce sont de vrais suppléments ajoutés après coup. Il manque, du reste, dans tout l’ouvrage cette division rigoureuse que nous sommes habitués à trouver dans nos traités scolastiques. Les répétitions, les retours sur les mêmes questions ne manquent pas. Quant au plan général, on peut dire qu’il reproduit la suite du symbole de Nicée-Constantinople. La Foi orthodoxe n’est pas autre chose qu’une explication développée de ce symbole. Il y manque cependant un chapitre sur l’Église, à laquelle il n’est fait qu’une courte allusion, au chapitre.sur la foi, col. 1128 a. Quant aux sources auxquelles puise notre docteur, ce sont uniquement des sources grecques. De la théologie occidentale il ne connaît que la lettre du pape saint Léon à Flavien. Pour le traité de Dieu, il emprunte beaucoup au pseudo-Denys l’Aréopagite, qu’il prend avec tous ses contemporains pour le vrai disciple de saint Paul. Pour la théologie trinitaire, son auteur préféré est saint Grégoire de Nazianze. Pour la christologie, il s’inspire principalement de ses prédécesseurs immédiats : Léonce de Byzance, Maxime le Confesseur, Anastase le Sinaïte. Dans tout l’ouvrage il utilise également les autres grands docteurs de l’Orient : Athanase, Basile, Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome, Némésius d’Emèse (spécialement sur la création et l’homme), Sévérien de Gabala, Cyrille d’Alexandrie, Cyrille de Jérusalem (spécialement sur l’eucharistie), etc. De tous les Pères, le plus fréquemment cité un peu partout est bien saint Grégoire de Nazianze, pour lequel le Damascène a eu une prédilection spéciale. Disons enfin que l’auteur se cite lui-même, et qu’il a mis dans la Foi orthodoxe le meilleur de ses autres écrits.

2. De la première partie de la Source de la connaissance, il faut rapprocher le petit traité philosophique intitulé : El-rayoûyf, Soy|i.âTO>v aTotyeicôoV ( < ;, Instilutio elemenlaris ad dogmata, t. xcv, col. 99-112, qui en constitue comme la première édition, et qui, si nous entendons bien la suscription des mss : àr.b çowje ; ’Icoâwou toô vauaw/ ; voû : rpèç’iMâvvvjv ê7riaX07E0V AaoSixeiaç, fut dictée par le saint docteur et recueillie par un de ses élèves Jean, devenu dans la suite évêque de Laodicée du Liban, dans la province ecclésiastique de Damas, Ce petit traité est bien inférieur aux Chapitres philosophiques. La définition de l’hypostase, en particulier, est bien incomplète. Ce doit être une œuvre de jeunesse. Il semble que l’auteur n’avait pas encore lu Léonce de Byzance.

3. Le Libellus de recta senteniia, A’.peXXoç rrepl 6p60û cppowju.aTo ::, t. xciv, col. 1421-1432, est une profession de foi détaillée que Jean composa pour un évêque du nom d’Élie, qui la récita au métropolite de Damas, Pierre. Quel était cet évêque Élie ? Vraisemblablement in maronite monothélite converti ; car il promet spécialement de ne pas communiquer avec les maronites. Nous avons trouvé dans un ms. de la Bibliothèque vaticane qu’Élie fut évêque de Iabroud, un des sièges suffragants de la métropole de Damas. Il n’est pas du tout sûr, comme l’affirme Lequien dans sa préface, COl. 1 121, que cet (’crit ait été composé après le débul