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JEAN CHRYSOSTOME (SAINT), LE PRÉDICATEUR ET LE MORALISTE

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l I. N CLIMAQl E SA] NT

loc. cit., p. 65, et Climaque nous parle de son côté du même personnage comme d’un saint vieillard. P. G., loc. cil., col. 1112 />.

Est-il possible de trouver ailleurs quelque synchronisme moins flottant ? Peut-être. On sait que Jean est communément désigné dans les manuscrits de’Êpar le non ; de Jean le Scholastique. Or nous trouvons dans Jean Moschus, Pratum spiriluale, c. en, P. G., t. LXXXVH, col. 2960, la mention d’un Jean le Scholastique abbé, qui doit être le nôtre. La scène, rappelée par Moschus et si étrangement défigurée dans la traduction latine par le superbe contre-sens du début, nous est décrite tout au long par Sophrone lui-même dans le récit du miracle dont il fut l’objet à Alexandrie. P. G., loc. cit., col. 3665-3676. Ce’ui que Moschus appelle Jean le Scholastique se nomme chez Sophrone Jean le Rhéteur, ibid., col. 3673 a. Mais on sait que chez les écrivains de cette époque, les mots de rhéteur et de scholastique sont synonymes et signifient avocat. Il s’agit donc bien, de part et d’autre, du même personnage. Or la maladie de Sophrone dont fut témoin Jean le Scholastique, eut lieu durant l’année 607-608 à Alexandrie, comme il résulte des études concordantes de S. Vailhé, Sophrone le Sophiste et Sophrone le Patriarche, dans Revue de l’Orient chrétien, 1903, t. vii, p. 360-385, t. viii, p.32-69, 356-387, et de H. Usener, Der heiligt Tychon, Leipzig, 1907, p. 98. Jean le Rhéteur avait revu, au dire de Sophrone, le titre de pré/el (ënapxoç), distinction purement honorifique, dont un autre scholastique plus ancien, le fameux Evagre, avait également été investi. Mais il y a mieux encore. Au témoignage du même Sophrone, Jean le Rhéteur, qui se trouvait aux côtés du narrateur en 607-608, avait été le disciple préféré d’Euloge, qui l’avait amené avec lui d’Antioche à Alexandrie lors de son élévation au patriarcat de cette ville (ôMi-607). Il était engagé alârs dans les liens du mariage, mais sa femme Rhodope, en dépit d’un pèlerinage aux saints Cyr et Jean, avait été emportée par une maladie Infectieuse. I. G., loc. cit., col. 3640. Et comme Sophrone nous dit que les deux époux avaient mené à Alexandrie le vie commune durant assez longtemps, Jean déjà prtjlre (abbas) en (107-608, au rapport de Moschus, n’avait pu embrasser l’état monastique

vant 590 ou 600. Il devait avoir, lors de son arrivée à

Alexandrie en 580, une trentaine d’années, ce qui reporterait sa naissance aux alentours de 550.

Ces déductions ne concordent pas tout à fait, j’en conviens, avec le synaxalre ni avec la vie abrégée, ces d< u. documents dérivant d’ailleurs en toute é Menée I un de l’autre. Mais quelle est la valeur de ces documents ? L’auteur principal, Daniel de Raithu, ne nous dit-il pas ignorer totalement la vie antérieure de son héros et son paj s d’origine.’l te plus. ri< n dans son récit ne vient Justifier le titre de scholastique, que les manuscrits sont unanimes a décerner à l’auteur de

l’Échelle, Il n’y a aucune allusion non plus, dans cette même vie. à un séjour du Climaque dans les monaségyptiens. Or, celui-ci nous assure y avoir vécu au moins ti-ux ans, probablement à Scété, dont il pi. fère le s moines a ceux de Tabenne, nouvelle preu e qu’il a dû voyager dans tous les monastères égyptiens. P. G., loc. cit., col. 764 sq., 1106. Au reste, il émaiUe ses instructions d’une foule de traits empruntés aux nu une s d’Egypte, i mus notre hypothèse, au contraire, ces fréquentes allusions au monachisme égyptien s’expliquent aisément, de même que le titre de scholastique, retenu cl’a il leur par Daniel de Raithu, au moins dans

le titre de sa prétendue vie. si les pieux chroniqueurs

du Sinaï sont si sobres de détails sur les premières années du Climaque, c’est peut-être parce qu’ils n’en savaient rien, peut-être aussi qu’ils ne voulaient pas rappeler le mariage de leur héros. Quoi qu’il en soit, les

témoignages concordants de Jean Moschus et de Sophrone nous permettent d’affirmer que l’abbé Jean le Scholastique de 607-608 est le même que le disciple du patriarche Euloge, qu’il était venu d’Antioche, comme la plupart des écrivains décorés du titre de scholastique, qu’il avait embrassé la vie monastique vers 590-600, et qu’il y a les plus grandes probaiMlités pour ne pas dire certitude, que ce Jean le Scholastique et Jean Climaque sont un seul et même personnage.

Quant à l’œuvre elle-même, composée à la demande de Jean, abbé de Raithu (voir à ce nom), son auteur lui donna le nom d’Échelle, en souvenir de la vision de Jacob, et il la divisa en trente échelons ou degrés, pour rappeler les trente ans de vie cachée de Notrc-Scigneur Jésus-Christ. P. G., t. lxxxviii, col. 1161. Considérée dans son ensemble, elle comprend comme deux parties distinctes, d’abord la lutte contre les vices, c’est ; l’objet des vingt-trois premiers chapitres ; puis l’acquisition des vertus, c’est le sujet des derniers chapitres. Le Liber ad pustorem, que l’on regarde aujourd’hui comme un traité à part, au inoins dans les éditions courantes, faisait à l’origine partie intégrante de l’ouvrage, comme le contexte l’indique. Le style offre, comme dans tant d’autres livres de cette époque, un singulier mélange de tournures recherchées et de locutions populaires : c’est déjà la lutte séculaire entre le parler savant et le dialecte de la foule, et si l’on veut bien se rappeler que c’est là une caractéristique de l’école d’Antioche, on auramoins de difficulté à accepter ce qui a été dit ci-dessus des premières années de Jean. La composition est d’ailleurs très inégale. Ici ce sont des définitions abstraites, des descriptions accumulées de façon à dépeindre sous les plus vives couleurs tel vice ou telle vertu ; là, des digressions fort prolixes, remplies d’ailleurs d’intéressantes anecdotes. Si l’auteurdoit beaucoup à es devanciers en ascétisme, il les nomme fort peu. Une fois il cite Cassien, col. 718 ; une autre fois, Evagre, mais pour le condamner, col. 866 ; ’une t autre fois, col. 950, le théologien Grégoire, c’est-à-dire Grégoire le Grand, l’ami et le correspondant d’Euloge d’Alexandrie, le premier maître spirituel de Climaque, si noire hypothèse est exacte. Qu’il s’agiss bien, dans le passage cité, de Grégoire le Grand, et non de Grégoire de Nazianze, on n’en saurait douter. L ? doctrine rappelée par Climaque se trouve clairement exposée dans le premier. 1’. L. t. lxxvi, col 621, tandis qu’on la chercherait en vain dans le second. Voir sur ce point spécial (). Z’kler, Dos Lehrstùck von den siehen Hauptsunden. Munich, 1893, p. 47 sq l.a Régula pasloralis du grand pape axait été traduite en grec par as tase II d’Antioche (599-6 2) et il n’est point téméraire de penser que la lecture de cet ouvrage ait suggéré à Climaque la première idée de son Liber ad pastorem. Les autres autorités dont il se réclame sont des moines contemporains qu’il a personnellement connus ou dont il a entendu parler par des témoins de leur vie. l’eu de psychologie, beaucoup d’empirisi I le caractère de cette mystique, si

ée des Orientaux, que les manuscrits de V Échelle ne se comptent pas. Peu de livres ont été plus lus que celui-là. comme le montrent non seulement le nombre

manuscrits qui le contiennent, mais encore les innombrables scholies dont il a été l’objet, et les t lac lue I ions t- 1 1 toute langue qui en ont été faites.

Il n’y a pas encored’édition critique. L’édition princeps, due a Matthieu Etaderus, Taris, 1633, et reproduite par P. G., t. Lxxxvxii, col. 596-1209, est absolument Insuffisante, il.n est de m. nodecelle toute récente du moin^-ermite Sophrontos, KHitaÇ roxi 6<r(ou -* Ioovvovj

zi’jr où £ivaiov opou ; -u npeàïov ffir.P.uh -.ix

. c ionstantinople, 18N, p.iv, l pi., 190 »..i f.LepW-