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JEAN BECCOS


d’Anjou, roi de Naples, contre Constant inople. Comme elle ne put avoir de suite à cause de la mort du roi de France, l’empereur profita de l’élection d’un nouveau pape, Grégoire X, pour nouer avec lui d’utiles relations, lui promettant l’union des Églises en échange de son intervention auprès de Charles d’Anjou. Beccos, qui à cette époque n’était pas encore catholique, ayant fait opposition au projet d’union, fut jeté en prison dans la tour d’Anéma. Il consacra ses loisirs forcés à la lecture des Pères, de Xicéphore Blemmyde en particulier, et il ne tarda pas a se convaincre de l’orthodoxie des latins. Id., t. V, c. xvi. Une fois converti, il apporta toute son ardeur et de rares connaissances tliéologiqucs au triomphe de la noble cause qu’il avait embrassée. Conclue par les ambassadeurs impériaux, le juillet 1274, au concile de Lyon, l’union fut solennellement proclamée à Constantinople, le 16 janvier 1275, en présence de l’empereur, mais en l’absence du patriarche Joseph, qui dut en conséquence donner sa démission. Il fut remplacé par Jean Beccos, qui cumulait depuis quelque temps les deux fonctions de chartophylax et de skeuophylax. L’élection eut lieu le 16 mai 1275, et l’intronisation, le dimanche suivant, 2 juin. Id., t. V, c. xxin et xxiv. Sincèrement catholique, Beccos adressa au pape Jean XXI, dès le mois d’avril 1277, une profession très explicite de foi catholique, publiée en traduction latine par Allatius. De Ecclesiæ occidentalis cdque orientalis perpétua consensione. Cologne, 1618, p. 746-752, P. G., t. exii, col. 943, et dans le texte grec original, par A. Theiner et F. Miklosich, Monumenla spectanlia ad unionem Ecclesiarum grœcx et romanæ, Vienne, 1872, p. 21-28. On a également de lui une autre lettre au pape Nicolas III publiée par Pitra, Analecta novissima, Paris, 1885, p. 611-613. A la mort de Michel Paléologue, survenue le Il décembre 1282, Beccos se trouva’tout de suite en opposition avec les tendances nettement séparatistes du nouvel empereur Andronic Paléologue, et le 26 décembre 1282, renonçant à sa dignité, il se retira d’abord au monastère de la Panachrantos, puis à Brousse, en Bithynie, qui lui fut assignée comme lieu d’exil. Après le patriarcat éphémère de Joseph, qui mourut dès le début de mars 1283, on vit monter sur le siège patriarcal, le Il avril suivant, Grégoire de Chypre, ancien collaborateur de Beccos, devenu par ambition son mortel ennemi. Sans attendre même sa nomination, il avait écrit contre Beccos un Sermo antirrhelicvs, que l’exilé de Brousse s’empressa de réfuter dans un écrit vigoureux, auquel les éditeurs ont malencontreusement donné un titre faux, celui d’Oralio secunda in tomum Cyprii et nouas ejusdem heereses. Nous en reparlerons plus loin. Au témoignage d’un compagnon de Beccos, Georges Métochites, ce traité, rédigé sous forme de lettre encyclique, fut rendu public avant le synode d’Adramytium, qui doit se placer durant l’hiver 1283-1284. A. Mai et J. Cozza-Luzi, Nova Patrum bibliotheca, Rome, 1871, t. viii, 2e partie, p. 121. Elle souleva à tel point l’opinion publique que l’on décida, pour calmer les esprits, de réunir un concile où le patriarche exilé pourrait s’expliquer. Cette assemblée se tint en effet, quatre ans avant la chute de Grégoire de Chypre, c’est-à-dire en 1285. Nova Patrum bibliotheca. Rome, 1905, t. x, 1° partie, p. 324. Il avait fallu, observe (icorges Métochites, plus de six mois, presque un an de tergiversations, avant de réunir l’assemblée. Op. cit., t. viii, p. 165 et 227. Comme il fut impossible de s’entendre sur certains textes trop favorables a la thèse catholique soutenue par Beccos, les opposants chargèrent le patriarche intrus de rédiger un tomos ou tout serait mis an point. Cette pièce a été publiée, fort mal d’ailleurs et sans les signatures, par A. Banduri, Imperium orientale, Venise, 1729, p. 652-668, et reproduite par P. G., i. cxi.u,

col. 233 sq. Au lieu d’amener l’union, elle ne fit qu’aggraver les dissensions. De la forteresse de Saint-Grégoire, sur le golfe de Nicomédie, où il avait été enfermé après le synode de 1285, Beccos lança contre le tomos une série d’opuscules qui finirent par retourner contre Grégoire de Chypre l’opinion publique, au point qu’il dut, en juin 1289, renoncer à son siège usurpé ; il y lut remplacé, le 14 octobre de la même année, par Athannse. Quant à Beccos, s’il ne sortit pas de prison, il vit du moins s’adoucir quelque peu les rigueurs de sa détention, à la suite d’une entrevue avec l’empereur et le nouveau patriarche, au printemps de 1290, alors qu’Andronic et sa cour se rendaient à Nymphée, près de Smyrne, pour y faire un séjour de deux ans. Rentré dans sa capitale, le 28 juin 1292, l’empereur renouvela auprès de Beccos et de ses codétenus ses tentatives d’accommodement, mais en vain : Beccos resta inflexible, et il mourut dans sa prison, deux ans après le grand logothète Théodore Muzalon, remarque Georges Métochites, op. cit., t. x, p. 330. Et comme Muzalon expira en mars 1294, au témoignage de Pæhymère, t. II, c. xxxi, c’est vers la fin de mars 1296 qu’il faut placer la mort du glorieux confesseur de l’unité romaine, contrairement aux assertions de ceux qui le font mourir en 1288, comme U. Chevalier, en 1293, comme Dràseke et Ehrhard, en 1298, comme Poussines et Hurter.

Des nombreux ouvrages de Beccos, quelques-uns sont encore inédits ; parmi ceux qui ont vu le jour il en est que l’on peut aisément dater. Ce sont : 1° La Profession de foi, au pape Jean XXI, du mois d’avril 1277, dont il a été question ci-dessus ; 2° une Sententi’i synodalis, du 3 mai 1280, à propos d’une rature opérée dans un traité de saint Grégoire de Nysse par le référendaire du patriarcat, Escammatismenos ; elle est d’une importance capitale, car elle nous montre par un délit dûment constaté l’orthodoxie grecque à l’œuvre dans l’interpolation systématique des textes patristiques. Elle a été publiée par Allatius d’après une copie de Jean Aubert dans son grand ouvrage De Ecclesiæ occidentalis atque orientalis perpétua consensionc, Cologne, 1648, p. 893-901, puis dans sa Grœcia orthodoxa, Rome, 1652, t. i, p. 366-374, et d’après lui, par P. G., t. cxli, col. 281-290, et par H. Lammer, Scriptorum Grœciæ orlhodoxæ bibliotheca selecla, Fribourg, 1864, t. i, p. 411-422 ; 3° Epistola encyclica contre le Sermo antirrheticus de Grégoire de Chypre, composée en 1283 et faussement intitulée Oratio secunda in tomum Cyprii, dans Allatius, Grœcia orthodoxa, Rome 1659, t. ii, p. 250-286, et dans Migne, loc. cit., p. 896-924 ; 4° De l’injustice de sa déposition, écrit probablement en 1284, Allatius, op. cit., t. ii, p. 11-36, P. G., col. 940-970 ; 5° Oratio apologetica et anlirrhelica, Allatius, p. 36-83, P. G., col. 969-1010 ; 6° Apologia, ou démonstration que l’union des Églises ne détruit pas les usages ni la discipline des Orientaux, Allatius, p. 84-94, P. G., col. 1009-1020, Laminer, op. cit., p. 426-428 ; 7° Mémoire sur ses propres ouvrages et leur parfaite cohérence entre eux, Allatius, op. cit., t. ii, p. 1-10, P. G., col. 1019-1028 ; 8° Testament spirituel, Allatius, op. cit., 1. 1, p. 375-378 ; De consensione, p. 763-766 ; Poussines, Notes sur Pachymère, Venise, 1729, p. 63-65, P. G., col. 1027-1032.

Les autres ouvrages de Beccos ont une portée plus générale et constituent un véritable monument de la controverse gréco-latine ; les éditions en sont malheureusement insuffisantes. Dépourvues de tout appareil Critique, elles ont en outre le tort de ne donner presque aucune référence, chose indispensable pourtant en pareil (as. Certains textes de lieccos (l’authenticilé indiscutable n’ont pas jusqu’ici été retrouvés. L’œuvre est donc à reprendre par la base. En voici les parties : 9° De l’union et de lu paix entre 1rs Églises de l’ancienne