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JEAN XXI — JEAN XXII ET I/ORMU. FRANCISCAIN

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plexes. La croisade que prépare le Saint-Siège aura-toile pour objectif les saints Lieux, ou au contraire Constantinople ? Si le pape veut en eroire Charles d’Anjou, c’est Constantinople qu’il faut viser. Sans doute.au récent concile de Lyon les envoyés de Michel Paléologue ont rétabli officiellement l’union des deux Églises, grecque et latine. Mais la façon dont le pape Jean XXI agit avec le clergé grec n’est guère faite pour ramener la paix. Potthast, n. 21 186. Il y a grandes chances que les subsides levés dans toute la chrétienté pour la future croisade, soient destinés à seconder les ambitieux projets de Charles d’Anjou. En tout cas l’on parle de plus en plus de croisade ; et c’est pour favoriser ce grand dessein que le pape essaie de prévenir des conflits entre les souverains. Voir lettre à Philippe le Hardi, lors de son différend avec-Alphonse roi de Castille. Potthast. n. 21 165, 21 229. En fait d’actes strictement ecclésiastiques, signalons la lettre de Jean XXI à Etienne Tempier. évêque de Paris, pour lui recommander de faire une enquête diligente sur les nouvelles erreur : ’qui se répandent dans l’université de Paris : il s’agit de ce que l’on a appelé l’averroïsme latin, et spécialement de la doctrine des deux vérités. Potthast. n. 21213. De non moins grande portée est l’acte par lequel le pape continua la décision prise par Adrien V relativement au i glement du conclave promulgué par Grégoire X au concile de Lyon. On trouva que cette constitution contenait beaucoup de choses intolérables, quelques points obscurs, qu’elle contribuerait plutôt à allonger qu’à abréger les interrègnes. Adrien V avait conclu à en suspendre provisoirement l’application. Jean XXI ratifia ce décret, 30 septembre 1270. Potthast, n. 21 151. Il est donc responsable de la longueur des vacances, qui vont se multiplier et s’étendre indéfiniment durant les dernières années du xm° siècle. Il est vrai que Jean XXI songeait à faire un nouveau règlement sur les élections pontificales ; mais il mourut d’un accident stupide après 8 mois de règne. Le plafond d’une chambre qu’il faisait arranger dans son palais de Viterbe s’écroula sur lui ; il mourut quelques jours plus tard. Il semble n’avoir pas laissé beaucoup de regrets.

1£. Cadier, Le registre de Jean XXI, à la suite du 3° fasc. des Registres de Grégoire X, Paris, 1893 ; Potthast, Hegesta poniificum romanorum, t. ii, p. 1710-1718 ; L. Duchesne, Liber pontificalis, t. ii, p. 1Ô7 : l’.ayiialdi, Annales ecclesiastici, ad ann. 1276, n. 29, ad an. 1277, n. 1-20. — Sur l’identité de Pierre d’I^pagne et de Jean XXI, .1. T. Kôhler, VoOslàndige Xaciiricht voni Papst Johann XXI, welcher anler dent Namen Petrus Hispanus als ein belelirter Arzl, bekunnt tsf, Gœttùlgue, 1760 ; Histoire littéraire de la France, t. « X, p. 322-334 ; G. Petella, Suff identitadi Pielro Ispano, medieo in Sienae poi papa cal filosofo ilanlesco, dans Bulletino Senese di storia patria, 1899, t. vi ; H. Stapper, Papsi Jtihannes XXI. Munster-en-W., 1898. Sur la politique générale, L. Bréhier, L’Église et P Orient nu moyenûge, T ?axis, 1907, p. u : j :  ; sq.

L. Amans.

22. JEAN XX II, pape du 7 août 1316 au 1 décem bre 1334. — Jacques Duèze naquit’, vers 12 15. a Cahors. Après avoir reçu un premier enseignement dans sa ville natale, il étudia a Paris, a Orléans, peut-être aussi a Toulouse et a Muni pellier. La science du droit qu’il acquit en fréquentant les universités lui valut les titres d’évoqué de l’réjus ( I février 1300), de chancelier de Charles II. roi de Sicile, on 1308, d’évêque d’Avignon (18 mars 1310), de cardinal des litres de Saint-Vital (23 ou 21 décembre 1312), et de Porto (avril 1313). Un pape, a Lyon, le 7 août 1316, il prit le nom de Jean XXII. Quoique âgé d’environ 72 ans, il vécut encore longtemps <t mourut le I décembre 1334, a Avignon. Jurisconsulte do mérite, il eut, durant tout son pontificat, cette destinée de

guerroyer contre les hérétiques et d’être mêlé à des controverses théologiques fort orageuses. Je rappellerai seulement pour mémoire l’affaire de Jean de Pouilly (voir ce non 1.), terminée par la bulle Vas eleetionis, qui fut publiée le 21 juillet 1321, 1a condamnation do soixante propositions extraites du commentaire de Pierre-Jean Olieu sur L’Apocalypse, 8 février 1320, la sentence de 1329 concernant les écrits du mystique allemand, maître Eckart, voir t. iv, col. 20572081. Je m’attacherai seulement à étudier les conflits avec les spirituels, l’ordre franciscain et Louis de Bavière qui appartiennent principalement au domaine théologique

I. Jean XXII et les Spirituels.

Depuis saint François d’Assise, un débat irritant divisait l’ordre franciscain en deux camps ennemis. Les conventuels et les spirituels bataillaient entre eux au sujet de l’interprétation de la règle primitive et particulièrement de l’observation de la pauvreté. Les uns, plus conscients des réalités, admettaient la légitimité des réserves de blé, de vin et d’huile dans les greniers et les chais. Les autres étaient partisans de la pauvreté totale, voire de la mendicité effective.

Les spirituels tombèrent dans des erreurs inquiétantes. Ils s’enthousiasmèrent pour les spéculations apocalyptiques de PierreJean Olieu et d’Ubertino dà Casale, issues elles-mêmes des rêveries dangereuses de Joachim de Flore. A entendre ces visionnaires, l’ère de l’Église était finie et s’ouvrait 1ère du Saint-Esprit. L’Église était « la Babylone, la grande prostituée, qui perd l’humanité et l’empoisonne », livrée aux plaisirs de la chair, à l’orgueil, à l’avarice. Le pape, c’était l’Antéchrist. A lui et à l’Église doit succéder le monachisme, destiné à régénérer l’humanité et à la ramener au culte des vertus chrétiennes : humilité, chasteté et, avant tout, pauvreté absolue. Le prophète de l’ère nouvelle était saint François, dont les chrétiens auraient l’obligation d’imiter la vie dénuée de toute ressource, puisque cette vie ne constituait qu’une imitation de celle du Christ. Ainsi, le débat entre conventuels et spirituels, purement disciplinaire à l’origine, dégénéra en une joute théologique.

Jean XXII crut prudent de régler tout d’abord la question disciplinaire. Par la constitution Qiiorumdam exigit, 7 octobre 1317, il rappela aux spirituels le devoir de l’obéissance vis-à-vis des supérieurs. Cf. K. Eubel, Bullarium Frùnciscanum, t. v, p. 128, n. 289. Il interdit l’usage des frocs étroits, courts et rapiécés, et proclama la légitimité des provisions alimentaires. Pour prévenir les malentendus, il déclarait les bulles Exiit qui séminal et Exivi de parœlixo, expédiées par Xicolas III et Clément Y. qui contenaient la doctrine du Saint-Siège sur la pauvreté, solides, lumineuses, profondes et salutaires..

Beaucoup parmi les spirituels pensèrent que les ordres jadis émanés du Saint-Siège étaient inspirés. Estimant que leur règle représentait la pensée même du Sauveur, ils ne se reconnurent pas le droit d’obéir. Treize théologiens consultés par Jean XXII, émirent l’avis unanime « pie les principes, sur lesquels ces pauvres égarés s’appux aient, avaient un caractère hérétique. La bulle Sancla Romana, 30 décembre 1317, promulgua la dissolution des Fraticelles, des Frères de la vie pauvre, des Bizoches et des Béguins, qui refusaient l’obéissance a leurs chefs hiérarchiques. Cf. Eubel, Bullarium, i. v. p. Fil. u 297. La constitution Gloriosam Ecclesiam, 23 janvier 1318, condamna leurs doctrines ; Ibid., i., p. 137, n. ; ii » 2. Les réfractaires lurent traqués par l’Inquisition qui les livra au bras séculier, c’est adiré au bûcher.

IL Jean XXII u l’ordre des Franciscains.

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