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JEAN XV — JEAN XIX


apostolique et amenaient les évêques a contester les droits de celui-ci. Le concile de Saint-Basle en 901 est une des premières et des plus graves manifestations du gallicanisme ecclésiastique. Mais Jean XV ne laissa pas prescrire les droits du Saint-Siège. Il manda à Rome les évêques qui à Saint-Basle avaient établi Gerbert sur le siège de Reims. Jafïé, n. 3845. L’abbé romain Léon, nommé légat du pape en France et en Germanie, parvint après de nombreuses difficultés à réunir le synode de Mouzon, dans les Ardennes, 2 juin 095 qui contraignit Gerbert à reculer. Jafïé, n. 3855. Sur toute cette affaire voir l’article Sylvestre II.

Lifter Ponlificalis, t. ii, p. 260 ; Jalïè, Regesta, 1. 1, p. 486489 ; Watterich, Pont. rom. vite, 1. 1, p. 06-67, 687 ; les documents relatifs à l’affaire île Gerbert dans Mansi, Concilia, t. xi., col. 103-168 ; 173-178 ; 193-200 : et dans Monumenta OtTmania-historica, Scriptorcs, t. iii, p. 658-693 ; L.Duchesne, les premiers temps de l’État pontifical, p. 191 ; Hefele, Histoire des Conciles, trad. Leclercq, t. iv b, p. 867-869 ; Langen, t. iii, p. 369-380 ; Gregorovius, t. iii, p. 389-393 ; Baxmann. t. ii, p. 132-146 ; Hartmann, t. iv a, p. 97-101 ; Eïanck, Kirchengesch. Deutschlands, t. iii, p. 255-270.

E. Amann.

17. JEAN XVI, antipape, installé en avril-mai 997, renversé en mars 998. — Bien que considéré comme antipape, Jean Philagathus, un grec de Calabre, devenu évêque de Plaisance, est compté néanmoins dans la série des papes Jean. C’était une créature de l’ancien dictateur Crescentius, lequel avait été mis à la raison par Otton III en 996, mais qui profita du retour de celui-ci en Allemagne pour jeter bas le pape impérial. Grégoire V, à l’automne de 996. Réfugié dans l’Italie du Nord, celui-ci, après avoir multiplié contre son concurrent d’inefficaces anathèmes, s’adressa à l’empereur. Otton arrive en Italie au début de 998. A la nouvelle de son arrivée, Jean s’enfuit, Crescentius s’enferma dans le château Saint-Ange dont l’empereur dut faire le siège en règle. Fait prisonnier, Crescentius fut décapité sur les créneaux de la citadelle ; Jean, rattrapé dans la campagne romaine fut mutilé, aveuglé et dut subir dans Rome la suprême injure de la cavalcade ridicule ; ensuite il fut enfermé dans un monastère romain, qui lui servit de prison. Après ces événements on perd sa trace ; peut-être est-il mort seulement en 1013.

Liber Ponlificalis, t. ii, p. 261-262 ; Jafïé, Regesta, t. I, p. 485-486 ; Watterich, Pont. rom. vitæ, t. i, p. 68, 689-690 ; L. Duchesne, Les premiers temps de l’État pontifical, p. 192193 ; Langen, t. iii, p. 385-386 ; Gregorovius, t. iii, p. 404419.

E. Amann.

1 8. J E AN XV I l, .pape, du 16 mai au 6 novembre 1003. — La mort du jeune empereur Otton III (24 janvier 1002) avait mis fin, une fois de plus, à l’influence germanique à Rome. Le pouvoir y fut pris par Crescentius III, un fils du héros de 998, qui se fit nommer patrice des Romains. Il fallut bien que Sylvestre II, l’homme des Allemands, s’arrangeât avec lui ; et à la mort de celui-ci, ce fut le patrice qui donna pour successeur au pape défunt, Jean Sicco, qui fut Jean XVII. Ce pontife ne fit que passer sur la chaire de Saint-Pierre. Après six mois à peine de règne, il mourait et était remplacé par Jean Phasanus, qui fut Jean XVIII,

Liber Ponlificalis, t. ii, p. 265 J H. Poupardin, Note sur la chronologie de Jean XVII, dans Mélanges d’archéologie et d’histoire de l’École Française de Rome, t. xxi, p. 387-390.

E. Amann.

19. JEAN XVIII, pape, remplace le précédent après une vacance de quelques semaines ; consacré le 25 décembre L003, ilmeurt en juin 1009.— Relégué par Crescentius au soin exclusif des affaires ecclésiastiques, Jean fut. semble-t-il, un pape consciencieux. En

Allemagne, a la sollicitation de Henri II, il établit l’évêché de Bamberg, malgré les difficultés suscitées par l’archevêque de VYurzbourg. La fondation de ce siège était vivement désirée par le roi de Germanie, qui voulait en faire un point d’appui pour les missions dans le domaine’lave. Jaffé, n. 3054. Le renouvellement des droits et privilèges du siège de Mersebourg se rattache à la même politique. En France, Jean entra en conflit passager avec le roi Robert le Pieux, l’archevêque de Sens et l’évêque d’Orléans, à propos des privilèges revendiqués par l’abbaye de FleurysurLoire. Mécontent de la façon dont on avait parlé devant son légat des privilèges accordés jadis à ce monastère par le Saint-Siège, le pape somma les deux prélats de venir se disculper à Rome et menaça le roi de jeter l’interdit sur son domaine, s’il ne contraignait pas les évêques à donner cette marque de repentir. Jafïé, n. 3958-3961. Nous ne savons si Robert obéit à cette sommation. — Sur la foi d’une épitaphe que Baronius donnait comme étant celle de Jean XVIII, Annales, ad an. 1009, certains auteurs ont pensé que Jean avait dû intervenir en Orient, pour rétablir l’unité, rompue une fois de plus.

Nam Graios superans, eois partibus unam Schismata pellendo reddidit ecclesiam.

Mais cette épitaphe n’est certainement pas de Jean XVIII ; elle serait celle de Marin I". De Rossi, Inscriptiones christiana’urbis Romæ, t. n a, p. 215. D’ailleurs Jean XVIII fut enterré, non à Saint-Pierre, d’où provient l’inscription de Baronius, mais à Saint-Paul où son épitaphe est encore conservée. D’après une chronique Jean s’était retiré dans cette abbaye : in sancto Paulo monachus discessil. Nous n’avons pas d’autres précisions sur cette retraite.

Liber Pontificatis, t. ii, p. 266 ; Jafïé, Regesta, 1. 1, p. 501503 ; Watterich, Pont. rom. vitæ, 1. 1, p. 69, 89 (texte de l’épitaphe de Baronius), 699 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. iv 6, p. 303-311 ; L. Duchesne, Les premiers temps de l’État pontifical, p. 196 ; Ch. Pfister, Études sur le règne de Robert le Pieux, Paris, 1885, p. 314-316 ; Langen, t. iii, p. 401-403 ; Gregorovius, t. iv, p. 8-9.

E. Amann.

20. JEAN XIX, pape, de mai-juin 1024 à janvier 1033. — Romain, le futur Jean XIX, était le frère du pape Benoît VIII, de la famille de Tusculum. En même temps qu’elle avait affermi Benoît VIII sur le trône pontifical, la protection de l’empereur Henri II avait donné à Romain tout pouvoir dans la Ville qu’il gouvernait avec le titre de senalor omnium Romanorum. A la mort deBenoît, mai ou juin 1024, Romain eut l’idée d’unir le pouvoir religieux au pouvoir civil qu’il possédait déjà. Ses largesses eurent raison des électeurs ; le même jour, disent les chroniques, il fut à la fois préfet et pape ; il n’était que laïque, on lui conféra séance tenante tous les ordres : ex laico ordinaius sedil ; largitione pecuniæ repente ex laicali ordine neophylus constilutus præsul. Il prit le nom de Jean XIX. On peut juger de la force qu’une telle promotion pouvait conférer au pape pour continuer fa réforme de l’Église, timidement commencée par les efforts d’Henri II et de Benoit VIII. Les vieux abus reprirent de plus belle, et la simonie, qui n’avait jamais complètement disparu, redevint pour le Saint-Siège une source régulière de revenus. Le chroniqueur français, Raoul Glaber, raconte avec quelque détail la tentative faite, des la première année de Jean XIX par l’empereur de Constantinople, Basile II. Vainqueur des Bulgares et des I ait, celui-ci avait porte à son apogée la puissance byzantine, et il voulait que le patriarche de la ville impériale participât lui aussi à la gloire du basileus. Reprenant une vieille idée, il entreprit de faire reconnaître par le pape de la vieille Home, le