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testé, que le nouvel auguste oe pourra prêter au pape qu’un secours bien restreint et c’est finalement Jean X en personne qui organise et mène la lutte contre les Sarrasins. Contre eux il réussit à liguer les féodaux île l’Italie centrale et méridionale, et les derniers chefs byzantins. Chassés d’abord de la Sabine où ils s’étaient infiltrés depuis vingt ans. les mécréants sont forcés dans leur repaire du Garigliano : le pape lui-même paya de sa personne : à plusieurs reprises on le vit charger les rangs ennemis. Ceci devait se passer en août 916 (’.') Cf. Jatte, p. 450, et n. 3556.

Dans cette campagne s’était particulièrement distingué aux côtés du pape le marquis Albéric de Spolète, l’un des plus puissants seigneurs de l’Italie centrale. Son influence grandit encore, quand, au retour de l’expédition du Garigliano, il eut épousé Marozie, une des filles île la première Théodora. Du fait de ce mariage, la situation de.Marozie fut encore affermie dans la ville. Jean X qui essayait de gouverner par lui-même ne tarda pas à en prendre ombrage. Il crut pouvoir se débarrasser de cette tutelle gênante en faisant appel à Hugues de Provence, qui, après quelques années de luttes, avait réussi à se faire donner en 926 la couronne des Lombards, et rêvait de s’ouvrir l’accès de Rome et de la couronne impériale. Mise au courant de ces menées, Marozie. qui venait d’épouser en secondes noces Guy. marquis de Toscane, n’hésita pas à déposer le pape, et à le jeter en prison ; il y serait mort peu de temps après, de peur, dit un clironiqueur, étouffé sous un oreiller, selon Liutprand. C’est alors que s’installe pour quelques années à Rome, le régime que l’on a appelé la « pornocratie », celui que, dans son latin barbare, le chroniqueur Benoît de Saint-André résume en ces mots : Subjugalus est Romam potestative in manu feminæ, sicut in propheta legimus : feminini dominabunt Jérusalem.

Les embarras politiques n’avaient point empêché Jean X de gouverner d’une main encore ferme l’Église universelle. Toute fragmentaire qu’elle nous soit conservée, sa correspondance le montre impliqué dans toutes les grandes affaires de l’époque. C’est un légat de Jean X qui préside en Souabe le concile de Hohenaltheim (septembre 916), lequel donne au royaume chancelant de Germanie l’appui de l’Église, et affermit, pour quelque temps au moins, le pouvoir du roi Conrad I er. C’est Jean lui-même qui presse l’archevêque de Reims, Hervé, de convoquer un synode qui devra réparer les ruines accumulées dans la France du Xord par cinquante années de guerre, et affermir les .Normands, récemment convertis, dans la foi et la pratique chrétienne. Jafïé, n. 3553. C’est le pape qui, de son autorité souveraine règle, le différend soulevé autour de la succession du siège de Xarbonne. Jafïé, n. 3554. Dans l’Illyricum occidental, Jean essaie, malgré les infiltrations byzantines, de maintenir l’autorité directe du patriarcat romain. La lettre à l’évéque de Salone’st une protestation contre la liturgie en langue slave, et les procédés d’évangélisation jadis importés par Méthode, protestation qui est renouvelée dans une lettre au roi des Croates. Jaffé, n. 3571 -35715.

A Constantinople le pape fut sollicité de rétablir la paix ecclésiastique compromise par les procédés violents dont avait usé en 907 l’empereur Léon VI. A cette date, le basileus mécontent de la protestation élevée par le patriarche Nicolas le Mystique contre son quatrième mariage avait déposé celui-ci et l’avait remplacé par Euthymius. Le nouveau patriarche, d’accord, semble-t-il. avec les aporrisiaires du pape Sergius avait accepté le quatrième mariage du souverain, bien qu’interdit par les règles traditionnelles de l’Église grecque. Le clergé byzantin se divisa ; les uns restèrent fidèles au patriarche déposé, les autres se

rallièrent autour d’Euthymlus. Ce schisme persévéra après la réintégration de Nicolas en 912. outre qu’il exerça des représailles à l’endroit des euthymiens, Nicolas ht sentir à Kome son mécontentement de l’attitude adoptée par les apocrisiaires du pape Sergius. Une longue lettre adressée vraisemblablement au pape Anastase III exprima en termes très véhéments l’irritation du patriarche. P. G., t. exi, col. 195 sq. ; le nom du pape fut rayé des dyptiques : en d’autres termes la communion fut rompue, une fois de plus, entre Rome et Constantinople. Toutefois en 920 les efforts, d’ailleurs fort intéressés, du régent Romanos Lekapenos, et du patriarche Nicolas, aboutirent d’abord à une réduction du schisme oriental. Le synode d’union réconcilia amis et adversaires de Nicolas et proclama l’interdiction définitive des quatrièmes noces, tout en déclarant légitime postfaclum le mariage litigieux du défunt empereur. Aussitôt après, Nicolas essaya de renouer les relations avec Rome ; ayant exposé au pape Jean X le succès de ses entreprises pacifiques à Constantinople, il demandait que fussent oubliées îles deux côtés les offenses passées, et que fussent reprises les relations d’amitié entre les deux grands sièges. Dans ces conditions le nom du pape serait rétabli dans, les dyptiques selon l’ancienne coutume. Un haut fonctionnaire impérial, accompagné d’un prêtre byzantin, se rendrait à Rome pour négocier les détails. Le patriarche comptait bien que le pape enverrait de son côté à Constantinople un apocrisiaire, qui y fût persowi grala, et dont il attendait l’acceptation pure et simple, des mesures prises par le synode d’union. Lettre 53, P. G., ibid., col. 248-252. Jean X se fit assez longtemps prier ; à la fin de 923 pourtant il envoya à Constantinople deux légats, qui devaient se rendre ensuite en (Bulgarie, pour y restaurer la souveraineté de Rome, toujours menacée. Ils rétablirent entre Rome et Constantinople les liens de communion ; Nicolas prétendit plus tard qu’ils avaient positivement condamné la tétragamie. Lettre 28, ibid., col. 180. Nicolas veut sans doute dire que l’on trouva une formule d’accord, car il est bien peu probable, que les légats aient condamné sans aucune restriction, une pratique admise par le droit occidental,

Sources. — Liber Ponlijicalis, t. ii, p. 240-241 ; Jafïé, Renrsla, t. i, p. 443-453 ; Watterich, Pontificum romanorum vitæ, t. i, p. 33, 38, G61-669 ; le concile de Hohenaltheim dans Mansi, Concilia, t. xviii, col. 325 et dans Monumenla Germanise, Leges, 1837, t. n a, p. 556-560 ; le concile de Reims, dans Mansi, t. xviii, col. 192-201 (faussement rapporté au pontificat de Jean IX) ; le synode d’union, dans Mansi, t. xviii, col. 331-342 ; deux lettres de Nicolas le Mystique qui permettent d’étudier l’attitude de Rome dans l’afïaire des quatrièmes noces, ont été publiées d’abord par Baronius, Annales, ad aimum 312 et :  ! 1(>, puis sous une forme différente dans l’édition des lettres de Nicolas, par Mai’, Spicilegium Romanum, t. x b, reproduite dans P. G., t. c.xi, voir lettres :  ; 2, 53, 54, 56, 77, 28. Ces lettres permettent d’écrire une histoire assez complète de celle question.

Travaux. — Hefele, Histoire des Conciles, trad. Leclercq, t. iv b, p. 734-751, 1361 ;  !.. Duchesne, Les premiers temps de VÊtai pontifical, p. 166 ; Langen, I. iii, p. 319-327 ; Ilergenrôther, Photius, t. iii, p. 674-694 ; Gregorovius, t. iii, p. 2.">2-272 ; Hartmann, t. m 6, p. 187 sq., 208-216 ; Baxinann, Politik der Pàpste, t. a, p. 314-328 ; Liverani, Giovanni <ln Tossignano, Opère, Maccrata, 1859, t. n. Voir ici encore la bibliographie donnée à l’art. I’ormose.

E. Amann.

12. JEAN XI, pape, consacré en mars 931, mort en janvier 936. A la moi I de Jean X, Marozie désormais toute-puissante, avait donné successivement le trône pontifical à Léon V] (928-929) puis à Etienne VII (929-931), qui ne firent que passer. Celui-ci mort, elle n’hésita pas a taire asseoir sur la chaire de saint Pierre, Jean XI, son propre lils. Ce dernier point est hors de conteste ; il semble non moins certain que