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.1 r.. IX — JEAN X


Les documents nous manquent aussi pour caractériser la ligne de conduite qu’il adopta dans les dernières luttes orientales autour de la question de Photius. Depuis 886 ce dernier avait été relégué dans un couvent par le nouveau basileus Léon VI. Les anciens partisans d’Ignace, étaient rentrés à Constantinople ; niais beaucoup d’entre eux se refusaient à rentrer en communion avec les évêques ordonnés par Photius. Il s'était ainsi formé dans la capitale, et peut-être dans l’Empire, un p : rti (pour ne pas dire une secte) d’intransigeants, qui perpétuait les divisions dans l'Église grecque. A diverses reprises il avait essayé de faire reconnaître par Rome la légitimité de son altitude. Mais à Rome les papes changeaient si vite, ils étaient pris alternativement dans des factions si hostiles les unes aux autres, que foule politique continue et cohérente y était devenue impossible, et la chancellerie pontificale elle-même ne savait plus trop quelles directives suivre. De la confusion qui régnait alors à Home relativement à l’affaire photienne et à ses suites, on trouve un curieux témoignage dans la pièce qui a pour titre Breviarium synodi < ; <7<h><t. déjà citée à propos de Jean VIII, col. 608 et qui n’est pas autre chose qu’un pamphlet du parti ignacien. Entre autres documents émanés de la chancellerie romaine, ce pamphlet signale une lettre de Jean IX adressée au métropolite Stylien, et aux autres chefs du parti intransigeant. Jaffé, n. X>22. Après avoir remercié, Stylien de sa fidélité constante à l'Église romaine. Jean déclare qu’il veut que soient observées dorénavant, les décisions prises par tous ses prédécesseurs dans l’affaire photienne. « C’est pourquoi, dit-il, nous recevons et confirmons dans l’ordre (à-o§£y6p. : 0a xal xpocToCu.ev : é.lz.) Ignace, Photius, Etienne et Antoine (les deux successeurs de Photius) comme l’ont fait les saints papes Nicolas, Jean et Etienne I ( V) et toute l'Église romaine jusqu'à présent. Aux survivants de ceux qui ont été ordonnés par eux. et dans ce même ordre, nous tendons la main, et nous vous exhortons a faire de même : nous leur accordons la bénédiction de la paix et de la communion, ; » condition, bien entendu qu’ils gardent nos ordonnances. Quant à votre autographe (il s’agit sans doute d’un document envoyé jadis par Stylien a la chancellerie romaine), après bien des recherches nous n’avons pu le retrouver. - L’auteur du Breviarium, après avoir

cite ce texte, se donne beaucoup de peine pour établir que Jean IX fait ici une différence entre la reconnaissance par le sièyc romain d' Ignace d’une part etd’autre part de ses successeurs que ne voulaient point admettre les survivants du parti ignacien. Pour en avoir imposé aux divers historiens de l’affaire photienne, y compris Hergenrôther, l’argumentation n’en est pas plus convaincante. Il est trop clair que Jean IX ne veut nullement favoriser le parti intransigeant, qu’il n’autorise personne à mettre en doute la validité (ou la licéité) d’ordinations laites par des patriarches qui fuient les uns après les autres (pour des raisons diverses sans doute), reconnus par le Saint-Siège. Ignace, Photius, Etienne et Antoine ont été regardés respectivement (-à ;  ; '.) comme patriarches, par les papes Nicolas, .ban et Etienne V (VI) ; il n’y a pas lieu de revenir

sur la validité de leurs actes. Le sens des paroles de Jean IX ne prèle à aucune équivoque ; il n’y a même pas de difficultés pour ce qui concerne le pape 1 Jieiinc ; car s’il est difficile de dire qu’il ail jamais reconnu PhotlUS, il semble bien qu’il soit linaleinent entré en

relation avec le patriarche Etienne. Reste la mention

du patriarche Antoine, qui consacre en S'. ».' !, a pu être reconnu par FormOSC (891 896) dont le nom aurait disparu par accident dans notre pièce.

Pacificateur à Rome et à Constantlnople, Jean i

essaya de l'être encore en Moravie. Ce pays venait

d'être cruellement ravagé par le guerre civile et la guerre étrangère A la demande de Moimir, fils de Swatopluk. Jean IX y envoya l’archevêque Jean et deux évêques Benoit et I >aniel, pour relever les ruines. Cette démarche, qui établissait une fois de plus l’autorité directe du Saint-Siège dans les pays slaves, ne fut pas du gOÛl des évêques bavarois continuateurs de la politique de Wiching. Il s’est conservé un long mémoire adressé par eux au pape, pour proteste ! contre cette action de la papauté en Moravie. Mansi, Concilia, t. xvii, col. 253 sq. Nous ne savons (pu lie réponse y lit Jean IX D’ailleurs l’invasion hongroise (906-908) allait se charger d’anéantir aussi bien l'œuvre de Méthode que celle des évêques allemands.

Sources. — Liber Pontiflcalis, t. ii, p. 2.V2 ; Jaflé, Bcgesia, t. i, p. 1112-113 ; Watterich, Pontiflcum romanorum oltee, t. i, p. 31, 84, 656-658 ; pour les sources relatives à Formose voir t. i, col. 599 ; les textes des deux conciles île Jean I dans Mansi, Concilia, t. xviii, col. 209 sq ; le Breviarium synodi octauee, ibid., t. xi, col. 149-457.

Travaux.- Hefele, Histoire des Conciles, trad. Leclercq, t. iv b, p. 714-719 ; L. Duchesne, Les premiers temps de VBial pontifical, Paris, 1898, p. 159 sq. ; L. Duchesne, Églises séparées, ]>. 221 ;.1. Hergenrôther, J’hutius, t. ii, p. 630-631, 702-713 ; Langen, Geschichte (1er rômischen Kirche, t. iii, p..'iu7- : iii : Gregorovïus, Geschichte der si<uit Rom im Mittelalter, t. iii, p. 22.V2 : 12 ; Hartmann, Geschichte Italiens, t. m b, p. 126-133 ; I. apôtre. Jean VIII, p. 171-202 Voir aussi la bibliographie donnée à l’art. FoRMOSB.

E. Amann.

11. JEAN X, pape, consacré en mars-avril 9] I. renversé en juin 928, a iù mourir peu après.- Clerc de l'Église de Bologne, Jean, s’il faut en croire Liulprand, aurait d’abord été élu évêque de cette ville ; mais, avant sa consécration, il se serait fait attribuer le siège de Ravenne, par la toute-puissante influence de Théodora, femme du sénateur romain Théophylacte. Peu de temps après, les manœuvres de cette femme, dont Liutprand déclare que Jean était l’amant, auraient installe l'évêque de Ravenne sur le trône pontifical. Antapudosis, l. II, n. l"sq../ L., t. cxxxvi.col. 827 sq. Mais il s’en faut qu’il faille prendre au pied de la lettre tous les ragots scandaleux dont Liutprand a farci son Antapodosis. D’autres témoignages nous présentent la première Théodora comme une personne de vie exemplaire : voir ces témoignages dans Duchesne, Liber Pontiflcalis, t. ii, p. 240, et dans Hefele, t.iv b, p. 736. Baronius est donc allé un peu vite en acceptant, sans autre critique, les allégations portées contre Jean par le panégyriste d’Otton I". Il reste contre Jeaq qu’avant de s’asseoir sur la chaire de saint Pierre, il avait été évêque de Havenne, sans doute entre 905 et ! » l l ; mais la vieille règle canonique qui interdisait la translation d’un siège épiscopai à un autre, fût-ce celui de Home, venait de subir, coup sur coup, plusieurs atteintes. Formose et Marin avant d'être papes avaient déjà été évêques, l’un de Porto, l’autre de ('.ère. Il est certain par ailleurs que l’influence à Rome de la femme de Théophylacte était des plus considérables ; qu’elle en ail usé pour faire monter sur le siège pontifical l’homme décidé cpie l’ut Jean X. il ne faut pas le regretter. 11 convient donc de ne pas rat i lier sans plus ample examen l'épithète de pseudo-pontifex attachée par Baronius a la mémoire de Jean X.

Ce fut un pape énergique, l’un des derniers qui Comptent dans ce I liste v siècle, et qui par plus d’un trait rappelle Jean VIII. Comme ce dernier il tente de libérer l’Italie de l’emprise des Sarrasins, qui, de plus (ai plus, se resserrait autour de Home. Pour y réussir il compte d’abord sur le secours de Bérenger de Frioul, seul maître de l’Italie, depuis qu’il avait vaincu définitivement Louis de Provence ( ! >()")).

Bérenger est couronné empereur par Jean en

novembre-décembre '.'là. Mais son pouvoir est si con-