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I- ||. PROPHÉTIE Dl. L’EMMANUEL

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(lions le plus souvent a ce mot. Cette double idée de séparation et de pureté se retrouve également dans la sainteté qu’Isaïe attribue à.lalivé. Elle comprend ce que nous appelons la sainteté morale, c’est-à-dire, la pureté parfaite, l’inaccessibilité au mal, l’horreur pour le péché. En présence de cette sainteté, Isaïe se déclare perdu, parce qu’il est un homme aux lèvres souillées, qu’il habite au milieu d’un peuple aux lèvres souillées, vi : l’impur ne peut subsister en face de l’Être très saint et très pur, l’homme ne peut voir Dieu sans mourir. Cf. Ex., xxxiii, 20. Mais la sainteté de Dieu, c’est aussi son absolue perfection qui le sépare et le met infiniment au-dessus de toute créature ; elle embrasse toutes les supériorités. Proclamer que.lahvéest saint, c’est reconnaître sa majesté suprême, son absolue transcendance, son universel domaine, sa toute-puissance, sa sagesse et sa miséricorde. Inculquer cette double notion de la sainteté et en déduire les conclusions pratiques qu’elle comporte, c’est tout le ministère d’Isaie.

Parmi tous les peuples, Dieu s’est librement et spécialement attaché Israël sur lequel sa Providence avait desdesseinsparticuliers. Is., 1, 2-4 ; ii, 5-G ; v, l-7 ; xix, 25 ; xxix, 22-21 ; xxxi, 5-6, etc. Dieu a donné à son peuple une loi, un enseignement, dont il exige la pratique, ri, 3 ; v, 21 ; xxx, 9. Israël doit servir Jahvé avec une piété sincère et profonde ; la fidélité routinière et orgueilleuse aux pratiques extérieures du culte est en abomination devant Jahvé. Ce ne sont pas les sacrifices qui l’honorent, mais l’accomplissement des lois .morales, i, 10-20. Ailleurs, xix, 21, Isaïe déclare que les sacrifices sont agréables à Jahvé. Isaïe ne connaît qu’un seul sanctuaire légitime, celui du temple de Jérusalem. Sion est la montagne de la maison de Jahvé. C’est de là que Jahvé manifeste ses volontés et exécute ses desseins. C’est là que les peuples viendront lui présenter leurs hommages ; c’est là quc se trouve la fournaise de sa colère, ii, 1- : î ; xvin. 1-7 ; xxxi. 9. Le temple de Jérusalem est le seul héritier légitime du tabernacle, les autels multiples sont condamnés, iv, 5 ; xvii, 8 ; xxxiii, 2 i si|.

Israël coupable, pécheur, incrédule, sera durement chat ié et expiera douloureusement. Cependant les desseins providentiels s’accompliront. Israël ne sera pas anéanti, mais purifie par le châtiment. Un reste survivra à l’épreuve, et deviendra le noyau d’un peuple nouveau. Isaïe est par excellence le prophète du Reste. i, 24-28 ; iv, 2-6 ; vi, 8-13 ; vii, 3 ; x, 20 ; xxvi ; xxxvii, 31.

La vie d’oulre-tombe.

On reconnaît généralement

l’importance du chapitre xiv d’Isaie, OÙ sont décrites la chute du roi de Habylone et sa descente au séjour des morts, pour l’étude des conceptions de la vie d’outre-tombe chez les anciens hébreux. Il ne faut cependant pas perdre de vue que nous sommes en présence d’un chanl poétique, non d’un exposé doctrinal, cl il y aurait sans doute quelque inconvénient à prendre a la lettre les h perboles du prophète et ses personnifications. Le Bchéôl esi une fosse creusée dans les profondeurs de la terre, distincte du sépulcre. Le roi de Habylone, sans sépulture, et les rois des nations, chacun dans sa demeure, se rejoignent cependant au BChéul, sorte de réceptacle commun, séjour peu enviable, où disparait toute majesté, OÙ règne le Silence, OÙ habitent les vers, où les hommes survivent dans un étal de grande faiblesse, comme

des ombres qui sommeillent mais qu’un grand événement peut cependant réveiller. On dirait que ces

ombres peuvent alors communiquer entre elles, a moins que ces détails ne dussent être mis au compte des prosopopées poétiques. <>n ne voii nulle différence

dans le loi’réserve a ces ombres. Il n’est pas dit que le roi de Babylone descende dans des régions plus profondes du Si béôl ; rien n’indique que la condition y soit

en rapport avec la moralité de la vie. Le châtiment spécial du roi de Babylone, qui a ruiné sa terre et tué son peuple, consiste plutôt dans le fait qu’il est jeté loin de son sépulcre, comme un vil rameau, tandis que les rois des nations reposent avec honneur, chacun dans son tombeau. Telles nous paraissent être les données du chapitre xiv d’Isaie sur le schéôl. On les retrouvera à peu près identiques chez Ezéchiel, lorsqu’il chante la descente de Pharaon aux enfers, xxxii 17-31.

Les prophéties messianiques.

1. Avènement d’uR

royaume nouveau : Isaïe est par-dessus tout le prophète messianique. Avec le reste sauvé, noyau d’un grand peuple, Jahvé conclura une alliance nouvelle dont les bienfaits s’étendront aussi aux nations. Il établira son royaume universel de paix, de sainteté, de justice. Isaïe décrit fréquemment les splendeurs de l’ère nouvelle. Il faut distinguer, dans ces descriptions messianiques, la substance des accidents, et parmi ceux-ci, l’on peut ranger la forme dans laquelle est représentée cette époque de bonheur, le temps qui lui est parfois assigne, ii, 2-4 ; iv, 2-6 ; viii, 23-ix, 6 ; xi-xii ; xvin, 7 ; xix, 16-25 ; xxiii, 15-18 ; xxiv-xxvii ; xxviii. 23-29 ; xxix, 17-24 ; xxx, 19-33 ; xxxii, 1-8 ; 15-20 ; xxxiii, 17-24 ; xxxv.

2. Le chef du royaume nouveau.

Isaïe ne se contente pas d’annoncer l’avènement d’un royaume nouveau, il en présente aussi le chef dans le rejeton de David, le roi Messie, le fils de la Vierge. Ces prédictions d’un caractère plus précis, par le fait même aussi plus importantes, et qui nous retiendrons plus longtemps sont contenues dans les chapitres vi à xii. Dans la première section du livre, ces chapitres vi à xii forment un groupe spécial, d’un genre plus narratif et plus personnel que les morceaux qui le précèdent. Ce petit recueil, qui a peut-être été publié d’abord séparément, et auquel le récit de la vocation au chapitre vi formerait une introduction appropriée, contient des discours se rapportant au début et à la fin du ministère d’Isaïe. Il nous montre le rôle politique joué par le grand prophète sous les règnes d’Achaz et d’Ézéchias, et nous fournit presque tous les renseignements biographiques que nous possédons sur la famille d’Isaïe. Mais d’autres particularités encore recommandent ces chapitres à notre attention. Au chapitre vii, verset 14, est annoncée la naissance d’un enfant qui sera appelé Emmanuel, et ce nom prophétique revient encore deux fois au chapitre viii, 8 et 10. Le chapitre ix, 5-6, chante la naissance d’un enfant qui porte des noms merveilleux et sur les épaules duquel repose l’empire..Enfin, le chapitre xi nous montre le rejeton sorti de la tige de Jessé, dans son rôle de juge parfait et de roi pacifique. Le retour périodique de cette allusion à un enfant mystérieux donne également à ces chapitres un cachet spécial qui les a fait nommer le livre de l’Emmanuel. Nous étudierons le caractère messianique de ces trois passages Voir ail. Emmanuel, t. iv, col. 2430-2140.

</) Contexte général des deux premiers j>assages. — Les deux premiers textes appartiennent au même contexte historique, celui des chapitres vii-ix, 6. Le chapitre vu nous transporte au début de la guerre syro éphraïmite, alors que l’armée d’Aram est campée en I’phraïm. que Rasinet Phacéc vont marcher contre Jérusalem pour détrôner Achazellui substituer le fils de Tabeel. A celle nom elle, le cœur du roi et le cœur de son peuple (remirent comme les arbres de la forêt fre missent sous le souille du vent. Achaz s’étant rendu à l’extrémité du canal de la piscine supérieure, sur le chemin du champ du foulon, sans doute pour surveiller les travaux de défense ou pour voir comment la ville pourrait s’approvisionner d’eau en cas de siège, Isaïe reçut l’ordre de Dieu de l’y rejoindre avec Sear