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JEAN IV
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Il a pris noire nature sans doute, mais sans ses misères ; en particulier il n’a pas connu cette dualité de volontés l’une portée vers le bien, l’autre tendant au mal, qui est le lot de tous les fils d’Adam. Dès lors on peut dire en toute convenance qu’il n’y a en son humanité sainte qu’une seule volonté : decenïer dicimus et veracilcr confitemur unam voluntatem in sancta ipsius dispensationis humanitate et non duas contrarias mentis et carnis prœdicamus secundum quod quidam hæretici velut in puro homine delirare noscuntiir. » Ainsi, au dire de Jean, devait s’expliquer l’affirmation d’Honorius relative à une seule volonté du Sauveur. Jean IV se hâtait d’ajouter que, si l’on considérait non plus l’humanité du Christ, mais l’ensemble de sa personne.il fallait, avec les Pères orthodoxes, parler de deux natures, de deux volontés, de deux opérations. Pour terminer, Jean IV priait le basileus de faire cesser la propagande que Pyrrhus commençait à entreprendre contre le tome de Léon et le concile de Chalcédoine.

Nous nous sommes suffisamment expliqué, t. vu. col. 107, sur l’exégèse appliquée par Jean IV à la fameuse lettre d’Honorius ; faisons seulement remarquer que cette synodique du pape Jean est la première pièce d’un dossier, qui ira sans cesse en grossissant.

Il ne reste que très peu d’autres documents authentiques se rapportant au pontificat de Jean IV. Les diverses bulles relatives à un certain nombre de monastères francs, et qui portent son nom, ont toutes chances d’être inauthentiques.

Liber PontificaUs, t. i, p. 110 et 330 ; Jaffé, Regesta, 1. 1, p. 227-228 ; le texte de l’Apologie d’Honorius, dans P. L., t. lxxx, col. 001-608.

Langen, t. ii, p. 516-520 ; Gregorovius, t. ii, p. 134 ; Baxmann, t. i, p. 171-172 ; Hodgkin, t. vi, p. 18 et 172 ;

1 lartmann, t. n a, p. 213-219.

E. Amann.

6. JEAN V, pape, consacré le 24 juillet 685, mort le

2 août 686. Comme diacre, Jean avait fait partie de la légation romaine qui représentait Agathon au IIP concile de Constantinople en 680. Peut-être son origine syrienne (il était d’après le Liber Pontificalis de la province d’Antiochc) l’avait-elle fait désigner pour cette mission délicate. - — Élu par l’unanimité du clergé et du peuple aussitôt après la mort de Benoît II (8 mai C85), Jean attendit moins longtemps que ses prédécesseurs la confirmation impériale qui seule permettait à l’élu d’être consacré. 1 ne ordonnance, diualis jussio, de Constantin Pogonat, reçue à Rome sous Benoît II, réglait que dorénavant suffirait la ratification de l’exarque résidant à Ravenne. Après un demi-siècle de luttes religieuses, la |>aix était mainte nant rétablie entre Rome et Constantinople. Du pontificat très effacé de Jean V nous ne savons que fort peu de choses. Jean fil régler en synode romain la question pendante entre le Saint-Siège et les archevêques de Cagliari en Sardaigne. Le titulaire de ce siège avait bien sur l’île une certaine juridiction mais n’était pas autorisé à ordonner les évêques d< son ressort : ce droit était réservé au pape. Citonat, évéque de Cagliari, outrepassant ses pouvoirs avait ordonné lui-même l’évéque Novellus de Porto-Torres. Celui-ci, devant le synode, dut reconnaître qu’il tenait sa juridiction du pape, et c’est seulement a cette condition qu’il fut réintégré.

i.ilnr Pontificalis, t. i, p. 366-362 ; Jaffé, Regesta, t. i. p. 212 ; Langen, t. a, p. r>sn-.", .xi ; Gregorovius, t. ii, p. 172173 : Hartmann, t. n / ». p. 70-72.

Ii. Amann.

7. JEAN VI, pape, consacré le 30 octobre 701, mort le 10 janvier 705. Son pontifical se place au mon : eut où l’action des Lombards se (ail senti] de plus en plus vivement sur les dernières possessions byzantines en Italie. L’évéque de Rome apparat ! de pins en plus

comme la seule puissance capable de défendre les derniers restes de l’empire romain en Occident. Nous sommes à l’aurore du pouvoir temporel des papes. Le Liber Pontificalis mentionne en ce sens deux interventions de Jean VI, la première lors de la marche sur Rome du patrice Théophylacte. mystérieuse histoire et sur laquelle nous n’avons pas d’autres renseignements, la seconde lors de l’attaque de Gisulphe, duc lombard de Bénévent, contre le domaine romain. Dans les deux cas Jean VI apparaît comme un pacificateur, La seule affaire ecclésiastique d’importance qui se rapporte au pontificat de Jean VI, c’est le procès, qui se déroula à Rome, de l’archevêque d’York, Wilfrid. C’est une longue et pénible histoire que celle des démêlés de ce saint homme, le plus courageux représentant des idées romaines en Angleterre, avec le roi de Northumbrie et avec l’archevêque de Cantorbéry, saint Théodore. Plusieurs fois condamné par les évéque-. anglo-saxons, rétabli une première fois par le pape Agathon en 679. Wilfrid revint à Rome en 703 implorer de nouveau la protection du pape. Sa cause fut examinée en soixante-dix séances. Finalement les juges romains lui rendirent justice, et Jean VI écrivit aux rois de Northumbrie et de Mercie pour leur demander d’examiner de nouveau te procès et de rendre justice à Wilfrid. Jaflé, n. 2142.

Liber Pontificalis, t. i, p. 383-384 ; Jaffé, Regesta, t. i, p. 245-246 ; les actes du synode relatif à Willrid, dans Mansi, Concil., t. xii, col. 158 sq.

Langen, t. ii, p. 533 ; Gregorovius, t. ii, p. 188-191 ; Baxmann, 1. 1, p. 191-192 ; Hodgkin, t. vi, p. 363.

Sur l’affaire de Wilfrid, Eiefele, Histoire des Conciles, trad. Leclercq, t. m a, p. 591 sq. ; Dom Cabrol, L’Angleterre chrétienne, Paris, 1909, p. 109-133.

E. Amann

8. JEAN VII, pape, consacré le 1 er mars 705, mort le 18 octobre 707, succéda à Jean VI, après une courte vacance. Son père, un certain Platon, avait exercé des fonctions importantes dans l’administration byzantine : lui-même avait été recteur d’un patrimoine pontifical sur la voie Appienne. L’élévation de Jean VII coïncida avec la restauration sur le trône de Constantinople de Justinien II Rhinotmète, qui avait été renversé en 695. A peine rétabli, le basileus reprit à l’égard de Rome la politique que lui avait si mal réussi à l’époque du pape Sergius (G87-701). De ce dernier il n’avait pu obtenir qu’il donnât son approbation globale aux décisions du concile Quini-Scxte de 692. L’affaire <le la reconnaissance du concile, qui s’était assoupie sous les règnes des empereurs Léonce et Tibère III, se réveilla avec le retour de Justinien II. Ce dernier expédia à Rome deux métropolites porteurs d’une lettre impériale, où l’on enjoignait au pape de réunir d’urgence le concile de l’Église apostolique, à qui l’on communiquerait les actes du concile Qulni Sextc, qui confirmerait tous les canons juives acceptables et supprimerait ceux qui sembleraient inadmissibles. Jean VI I craignit sans doute que l’exercice de ce contrôle ne fût mal pris par le basileus ; il déclina cette responsabilité et retourna les canons à Justinien sans les avoir amendés. Les approuva-t-il ? Le Liber Pontiflcalis semble l’insinuer ; toutefois il dut y avoir dans la réponse de Jean quelques ambiguïté, comme le fait

remarquer Mgr Duchesne, puisque Justinien crut devoir reprendre l’affaire avec le pape Constantin (708-715).

En Italie les rapports du pape avec les Lombards s étaient améliorés. Le roi Aripert restitua à l’église romaine des patrimoines ecclésiastiques sis dans les Alpes Cottiennesj mais il ne s’agit point de la donation d’une province entière, comme te pense Baronius.

Lf&er Pontificalis, t. i, p. 385-387 ; Jaflé, Regesta, t. i,

i>. 240-217 ; ta donation d’Arlperl dans in Chronique de