Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/307

Cette page n’a pas encore été corrigée

I ] : A N l" r SAIN I

JEAN II

596

1>. 31’)- : 122 ; II. Grisar, Histoire de Rome et des papes au moyen une, trad. Ledos, t. 1 (>, p. 36-37 ; A. Baxmann, Die Politik <ler Pàpste von Gregor I bis auf Gregor VII, Klbcrfeld, 18C>7. t. i. p. 20 ; Th. Hodgkfn, lialg ami her invaders, t. iii, Oxford, ist.">. p. 510-513 ; I.. M. Hartmann, Geschichte Italiens im Mittèlalter, 1. 1, Leipzig, 18’.17, p. 222-228.

E. Amann.

    1. JEAN II##


3. JEAN II. pape, consacré le 31 décembre mort le 8 mai 535. - Son élection n’alla pas sans quelques difficultés. Boniface II, son prédécesseur avait déjà connu les embarras d’une compétition. Il avait cru prévenir les troubles qui pourraient suivre sa mort en se désignant à l’avance un successeur en la personne de son diacre, l’ambitieux Vigile ; mais une violente opposition, appuyée par le roi Athalaric, l’avait contraint de retirer son décret. Il n’est pas impossible que Vigile, a la mort de Bonilace, se soit agité pour arriver au pontificat. En tout Cas il y eut une vacance assez longue pour l’époque (deux mois et demi). Athalaric dut intervenir, et laire revivre le sénat us-consulte porté sous Boniface II, contre les menées simoniaques. Cassiodore, Varia, t. IX, n. 15 et 10. P. L., t. lxix, col. 778-781. Finalement le prêtre Mercurius, du titre de Saint-Clément, lut reconnu de tous et consacré le 31 décembre 532. On peut conjecturer que c’est après son élévation qu’il ajouta à son nom, de saveur peut-être trop païenne, le nom de Jean.

Jean II fut mêlé par la toute-puissante volonté de Justinien aux controverses christologiques qui, un instant assoupies, allaient reprendre de plus belle en Orient. Les moines Scythes recommençaient la controverse théopaschite, voir Hobmisdas, t. vii, col. 171 sq.. et accusaient les moines acémètes de Constantinople, chalcédoniens un peu trop décidés, de tomber dans le nestorianisme et de rejeter non seulement la formule uniis de Trinitate passus est, mais l’expression même de theotocos, tessère <le l’orthodoxie. Deux délégués des acémètes, Cyrus et Eulogius se transportèrent à Home pour défendre le point de vue de leurs frères. Voir t. i, eol. 307. De son côté Justinien, qui venait d’inaugurer dans la conférence tenue à Constantinople en 533, sa politique d’avances au monophysisme, envoyait à Rome deux des évêques orthodoxes, membres de la conférence Hypatius d’Éphèse, et Démétrius de Philippes pour solliciter le pape en sens inverse. Une lettre fort respectueuse pour l’autorité pontificale demandait a.h au de répondre aux questions soulevées par la controverse entre Scythes et acémètes et de revenir en définitive, sur les décisions prises par le pape Ilormisdas une dizaine d’années plus tôt.

Les envoyés du basileus réussirent à convaincre Jean II de l’existence d’un renouveau nestorien, et l’impression du pape lui confirmée sans doute par certaines outrances des acémètes. Toujours est-il que le 21 mars 534, le pape adressa au basileus une lettre

approuvant la profession de foi contenue dans la demande impériale, et annonçant a Justinien que C rus et ses sectateurs avaient été excommuniés. A leur endroit pourtant on devrait user de mansuétude, s’ils revenaient a résipiscence. Le même jour le pape Oyail au sénat romain, une lettre parallèle a la

précédente. Le préambule en est fort curieux, car il

témoigne que le sénat de l’époque s’a ! I ribuait un droit

de regard sur les choses de la discipline et même du

dogme, et cpie le pape trouvait l’orl naturel, sinon de

lui soumettre, au moins de lui communiquer les déci dogmatiques prises par lui d’accord avec son clergé. Cette Ici Ire Indiquait les réponses a faire aux trois questions dogmatiques posées par le basileus et

ajoutait a chaque réponse les preuves scripturaires el i iques convenables.

A la première question : le Christ peut-il être dit l’un de la Trinité ? le pape répondait affirmativement : oui,

le Christ est l’un de la Trinité, c’est à-dire une personne ou hypostase (Jean II traduisait u-6cjTatn ; par subsistentia ) d’entre les trois personnes de la Trinité. Ceci était prouvé par les textes de Gen., ni, 22, I Cor., viii, 6. le début du symbole de Nicée, et diverses citations d’Augustin, de Grégoire de Nazianze, de Grégoire de Nysse, de Proclus, patriarche de Constantinople après le concile d’Éphèse.

La deuxième question était ainsi posée : Le Christ-Dieu a-t-il souffert dans sa chair, la divinité demeurant impassible ? On devait répondre : Oui, le Christ-Dieu a souffert dans la chair. La légitimité de cette façon de parler était prouvée par les textes suivant : Deut., xviu. 66, commenté par Joa., xiv, 6 ; Zach., xii, 10 ; Act., ni, 15 ; I Cor., n. S, commenté par I’s. xxiii. S ; Act., xx, 28 ; par des citations de Cyprien, Grégoire de Nazianze, Augustin ; par le douzième anathématisme de Cyrille et deux textes du pape Léon dont un tiré du tome à Flavien.

La troisième question était relative à l’épithète de theotocos à appliquer à la vierge Marie. Jean II y répondait : « La glorieuse Marie, sainte et toujours vierge doit être proclamée par les catholiques, en toute propriété et vérité, la mère <le Dieu, la mère du Dieu-Verbe qui s’est incarné en elle : proprie et veraciter Dei aenitricem malremque Dei Yerbi e.r ea incarnati. En effet, c’est en toute propriété et vérité que Dieu (le Verbe) en ces derniers temps s’est incarné et a daigné naître de la Vierge-Mère sainte et glorieuse. Et dès lors, puisque, en toute propriété et vérité, le Fils de Dieu s’est incarné en elle, c’est en toute propriété et vérité que nous la proclamons mère du Dieu qui par elle fut conçu et mis au inonde : proprie et veracitcr malrem Dei ex ea incarnati et nati esse confitemur. » Et pour tenir la balance égale entre les deux hérésies adverses le pape ajoutait : « Nous disons en toute propriété de termes pour que l’on ne croie pas que le Seigneur Jésus a reçu comme un titre d’honneur ou une grâce, son nom de Dieu, comme le pensa l’imbécile Nestorius ; nous disons en toute vérité, pour que l’on ne pense point qu’il est un simple fantôme, phantasma, ou qu’il n’a pas pris de la Vierge une chair véritable, comme l’affirme l’impie Eutychès. » Ceci était appuyé par une citation de saint Augustin, par la profession de foi imposée à Léporius, par une citation enfin du livre de Gélase contre Nestorius et Eutychès.

En définitive Jean II abondait, peut-être un peu vite, dans le sens de l’impérial théologien et du cercle qui s’agitait autour de lui. Nous avons dit. à propos de l’attitude d’Hormisdas dans la controverse théopaschite. comment les formules unus de Trinitate incarnai us, unus de Trinitate passas, cruci fixas pouvaient se justifier au nom de la communication des idiomes, tout aussi bien que l’expression beaucoup plus ancienne de theotocos. Si l’on se rappelle, pourtant, les origines historiques des deux premières phrases, la complaisance avec laquelle les répétaient tous les monophysites, francs ou larvés, on regrettera peut cire que Jean II n’ait pas persévéré dans la ligne de conduite de son grand prédécesseur. A vrai dire le nestorianisme ne constituait pas un danger plus pressant en 53 I que dix ans plus lot, et c’était bien plutôt le monophysisme qui allait relever la tête et remettre en question les décisions de Chalcédoine. A apporter de continuelles retouches à l’œuvre du concile de 451, ne jouait on pas un jeu bien dangereux’.' l’n avenir tout proche se chargerait de donner la réponse.

L’Occident ne laissa pas de poser à Jean I I des questions pratiques non moins épineuses. Trois pièces de sa correspondance sont relatives a l’affaire de l’évêque de

liiez, Conluniéliosus. l’our les crimes avérés dont il sciait rendu coupable, le pape dut le déposer, et