Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/303

Cette page n’a pas encore été corrigée

JEAN SAINT), DOCTRINE DES ÉPITRES JOHANNIQT ES

r.ss

publics dans Jahrbucli jùr Prot. Théologie, 1881-1882 ; Brooke, The Johannine Epislles, Edimbourg, 1912, p. i-x.

A ces ressemblances qui apparaissent plus frappantes à mesure qu’on se familiarise davantage avee les écrits johanniques, les critiques qui n’admettent pas l’unité d’auteur opposent certaines différences de vocabulaire, de style, mais surtout d’idées qui leur paraissent inexplicables, si l’évangile et l’épître doivent être attribués à un auteur unique. Il est certain qu’il y a des nuances importantes, dans la christologie et l’eschatologie surtout, entre l’enseignement de la / a Joannis et la doctrine du quatrième évangile, et ces différences seiont signalées dans l’analyse théologique de l’épître. Elles sont assez difficiles à expliquer quand on suppose, avec Lightfoot et plusieurs autres critiques, que l’épître est absolument contemporaine de l’évangile, et a été écrite pour lui servir en quelque sorte de lettre d’introduction et de préface. Mais si l’épître a été rédigée un certain temps avant l’évangile, comme le pensent un certain nombre d’exégètes (Holtzrnann en particulier, et Stanton, loc. cit., p. 83-103), on ne s’étonnera pas que la doctrine y soit exprimée d’une façon moins précise et moins parfaite. Si l’épître au contraire est postérieure à l’évangile — ce qui est l’opinion la plus commune, et, étant donnés les caractères littéraires et doctrinaux, aussi bien que la nature des fausses doctrines qui y sont combattues, la plus vraisemblable — ces différences s’expliquent suffisamment par le but particulier de l’épître, qui tendait sans doute à vulgariser l’enseignement doctrinal et surtout moral de l’évangile, en l’adaptant à l’état d’esprit du commun des fidèles.

2. La II* et la III* Joannis. — La communauté d’auteur pour les deux petites épîtres est admise, on l’a vu plus haut, par la presque unanimité des critiques ; aussi n’y a-t-il pas lieu d’en donner les preuves intrinsèques. Cf. Brooke, op. cit., p. i.xxiii. Sont-elles du même auteur que la I* Joannis ? Malgré leur brièveté, on y peut relever bon nombre d’expressions, et même des phrases entières qui rappellent la première épître. Pour le fond, la 77" Joannis n’est guère qu’un résumé de la première. Les ressemblances sont telles qu’il faudrait supposer, de la part de leur auteur, s’il est différent de celui de la première, une imitation délibérée de la I* Joannis ; et cette hypothèse ne peut être appuyée sur aucun argument positif. D’ailleurs le caractère même des deux épîtres et leur brièveté tonl qu’on ne peut guère tirer argument contre l’identité d’auteur avec la première, de ce que certaines idées ou certaines expressions caractéristiques de cette dernière ne figunnl pas dans les deux petites lettres. Cependant les hésitations de l’ancienne tradition au sujet de l’authenticité de ces deux épil l’es, en même

temps que l’absence de preuves intrinsèques décisives, expliquent la réserve sur laquelle se t iennent un grand nombre de critiques. Par ailleurs, le litre de « presbytie . que se donne l’auteur, fournirait un appui lasse/ faible d’ailleurs) à l’opinion qui attribue les deux lettres au presbytre Jean, de l’apias, si l’exis

tence d’un personnage de ce nom, distinct de l’apôtre saint Jean, était établie.

4° Intégrité : le verset des trois témoins célestes. l’ne controverse est engagée depuis trois siècles sur l’authenticité d’un verset de la I* Joannis : Très suni qui testlmonium dont in ccelo, Pater, Verbum et Spiri lus SanctUS, et M 1res unum Sixiit, V, 7. texte d’une grande importance doctrinale, puisqu’il donne une formule 1res précise du dogme trinitaire.

Au point de vue théologique, ce verset devrait être considéré comme faisant partie du texte ecclésiastique officiel du Nouveau Testament, et jouir de

l’authenticité attribuée par le concile de Trente à la Vulgate latine, s’il était certain qu’il existait dans la Vulgate de saint Jérôme. Mais ce point est controversé. Il est vrai qu’une réponse de la Congrégation du Saint-Office, du 13 janvier 1897, a déclaré qu’on ne peut pas lulo nier, ni même révoquer en doute l’authenticité de ce verset. Mais, dans cette décision disciplinaire, il ne s’agit que de l’authenticité juridique, non de l’authenticité proprement littéraire, et le problème de critique textuelle soulevé au sujet de ce verset n’a pas, semble-t-il, été tranché par le Saint -Office. puisque la liberté a été laissée à divers savants catholiques, postérieurement à cette réponse, de discuter à nouveau la question au point de vue critique. Le texte du décret du Saint-Office dans Cavallera, Thésaurus, n. 119.

On est à peu près unanime aujourd’hui à reconnaître que le verset des trois témoins célestes ne figurait pas dans le texte original de la /" Joannis. Il est bien établi en effet qu’il manque dans toutes les versions orientales du Nouveau Testament ; qu’il ne ligure dans aucun ms. grec, si ce n’est dans quatre mss de très basse époque ; qu’on n’en trouve aucune trace dans l’Église grecque avant le concile de Latran ( 1215). les l’ères grecs, même ceux qui ont commenté la première épître de saint Jean, n’y ayant fait aucune allusion ; qu’il ne se trouvait ni dans l’ancienne version latine ni dans le texte primitif de la Vulgate de saint Jérôme ; que la première citation certaine s’en trouve chez l’hérétique espagnol l’riscillien (380), les allusions qu’on a cru reconnaître chez Tertullien et saint Cyprien étant au moins douteuses et se référant sans doute au v. S (les trois témoins terrestres) interprété mystiquement, à la façon dont le commente saint Augustin, qui ne cite pas le v. 7 : que c’est d’Espagne qu’il s’est répandu dans le monde latin (nombreuses citations surtout chez les écrivains ecclésiastiques d’Espagne et d’Afrique, et diffusion de plus en plus large dans les manuscrits de la Vulgate). L’interpolation de ce verset dans le texte ecclésiastique de la /" Joannis s’explique probablement par l’introduction dans le texte même de ce qui n’avait été d’abord qu’une glose marginale, formulant une interprétation mystique du v. s. analogue à celle qu’on trouve chez saint Augustin et plusieurs autres écrivains ecclésiastiques. On a attribué (Kunstle) à l’riscillien la composition de ce verset, mais cette opinion reste discutée, et on. ne peut alléguer en sa faveur de raisons décisives.

Les conclusions énoncées ci-dessus sont celles de J. Lebreton, op. cit., note K, p. 599-606. Dans le même sens : I.. Janssens, Summa theologica, Fribourg-en-B., 1900, p. 13">166 ; Mangenot, Le Ccmma Joanneum dans la Revue des sciences ecclésiastiques, mars 1907 ; Kunstle, Das Comma Joanneum auf seine Ilerlainfi untersucht, Fribourg-en-B.,

1905 ; ces trois éludes m>h ! postérieures à la réponse du

Saint-Office. Parmi les travaux plus anciens défavorables à l’authenticité, il faut citer surtout le travail capital de Paulin Mail iii, Introduction à lu critique textuelle du N.’J-, partie pratique, Paris, 1885-1886, autographie, t. iv, et plusieurs articles dans la Science cainolique, 1888-1889 ; Samuel Berger, Histoire de la Vulgate, Paris, 1893, On trouvera l’exposé des arguments en faveur de l’authenticité dans I.e Hir, Études bibliques, Paris, 1869, I. a, p. 1-89 ; Pranzeifn, iv i en trino, Home, 1881, p. 41-80 ; et Cornely, Introductio specialts in stngulos -’.’/'. libres, Paris, 1886, p. 668-682.

II. Doctrine m s épîtres johanniqi es.

L’enscignemeiil contenu dans ces épîtres est un enseignement moral plutôt que dogmatique. Cependant l’auteur met en garde les destinataires de ses lettres centre des erreurs doctrinales, une fausse gnose, dont il signale d’ailleurs les conséquences morales fâcheuses plus qu’il n’en discute les principes dogmatiques. On ne trouve donc pas dans les épîtres johanniques une