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JEAN SAINT), SOTÉRIOLOGIE

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que par l’union au Christ. C’est au fond, la même doctrine que saint Paul exprime par l’image du corps humain, dont le Christ est le chef, dont les fidèles sont les membres. Mais saint Jean dépasse et complète ici la pensée de saint Paul. La vie chrétienne n’est plus seulement la vie dans le Christ Jésus, une participation à la vie du Christ ressuscité, c’est l’union à Dieu qu’on atteint directement dans son Fils, en raison de l’unité indissoluble du Père et du Fils, et non pas seulement par son Fils, selon la formule habituelle de saint Paul. Cf. Eph., ii, 18. La vie dans le Christ, tel est le centre de la mystique de saint Paul qui n’entrevoyait l’union parfaite avec Dieu : « Dieu tout en tous » que dans la gloire céleste. Dieu en nous dès la vie présente, tel est plutôt le terme de la mystique johannique, résumée dans cette promesse du Christ : « Celui qui m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons à lui et nous établirons en lui notre demeure », xiv, 23, et mieux encore dans la brève formule de la prière sacerdotale où Jésus prie son Père pour ses disciples : « Qu’ils soient un, comme nous sommes un ; moi en eux, et toi en moi, pour qu’ils soient consommés en un. » xvii, 23. Cf. Lebreton, op. cit., p. 481 et 483.

Pour compléter cette comparaison de la mystique paulinienne et de la mystique johannique, il faut noter que les deux doctrines attribuent un rôle a peu près semblable à l’Esprit Saint dans la vie chrétienne : dans l’une et dans l’autre, l’union mystique au Christ, la communication de la vie divine est présentée comme s’opérantparl’actiondel’Esprit.Mais saint Jeanfaitde l’Esprit Saint le principe de la régénération, de la nouvelle naissance par laquelle on arrive à la vie surnaturelle, ni, 5-6 ; et la mission de l’Esprit, après le départ du Christ, sera de continuer son œuvre de salut, c’est-à-dire d’illumination et de sanctification, en donnant aux fidèles ce que lui-même reçoit du Christ. Cf. la première épître de saint Jean, où l’Esprit Saint est présenté comme un don de Dieu, don qui est la garantie de la présence de Dieu en nous. I Joa., iii, 24 et iv, 13.

3. Effets de l’union au CIvisl.

On ne trouve pas dans le quatrième évangile une description méthodique des effets et des manifestations de la vie surnaturelle des chrétiens et de leur union mystique avec le Christ et avec Dieu. — a) En ce qui concerne la vie individuelle des fidèles, on peut relever seulement certains traits caractéristiques. L’union mystique se traduit d’abord par une union morale très intime entre le Christ et les croyants, union analogue à celle qui existe entre des amis, qui n’ont pas de secrets les uns pour les autres, xv, 15. Elle entraîne, de la part <l<-s fidèles, l’observation spontanée. Inspirée par l’amour, des commandements du Christ, xiv, 21, 23 ; xv, 10, 14. Elle identifie les disciples du Christ au Christ lui-même, au point <le leur assurer une puissance semblable à la sienne, leur permettant de faire des œuvres semblables à celles qu’il a faites, et même de plus grandes, xiv, 12, parce qu’ils pourront s’adresser à son l’ère en son nom, avec la certitude d’être exaucés et d’obtenir toul ce qu’ils voudront, xiv, 13-14 ; xv, 7, 16. EUe leur assure eiilin la paix, et la joie intérieures, même au milieu des persécutions auxquelles, disciples du Christ qui doivent être semblables à leur Maître, ils seront exposés « le la part du monde, xiv, 27 ; xv, 1 1, 20, 22, 24, 33 ; xvii, 13, 14.

//) Dans la vie collective des fidèles, leur union au Christ et a Dieu aura pour conséquence une union

mutuelle « le tous les croyants, qui aura pour modèle

l’union même du Fils de Dieu et de son Père, et qui

i évidemment surnaturelle qu’elle pourra servir

de preuve à la mission du Christ. C’est l’objet de la

prière que JéSUS adresse a son l’ère, avant de quitter . d’abord pour ceux-ci : < Qu’ils soient un

comme nous ! » xvii, 11, puis pour tous les croyants, xvii, 20-24 : « Qu’ils soient un comme nous sommes un ; moi en eux et toi en moi, pour qu’ils soient consommés en un et que le monde sache que tu m’as envoyé. Le principe interne et spirituel de l’unité de l’Église est ainsi mis en lumière. Le moyen humain par lequel se réalisera et sera garantie cette unité, c’est l’amour fraternel de tous les disciples du Christ les uns pour les autres : amour qui a son modèle dans celui que Jésus a témoigné ;  ! ses disciples en donnant sa vie pour eux, xv, 13 ; amour qu’il leur présente comme un commandement nouveau, dans lequel semble se résumer toute la morale évangélique, et qui permettra de reconnaître, à la façon dont ils l’observeront, les vrais disciples du Christ, xiii, 34-35.

Mais l’Église du Christ ne doit pas être seulement une société invisible, animée par son Esprit, elle est aussi une société visible, comme l’indique l’allégorie du bon pasteur. Tous les disciples du Christ, doivent former un seul troupeau, rassemblé en une même bergerie, guidé par le seul vrai pasteur, x, 16. Le rôle des apôtres, comme conducteurs du troupeau du Christ, est indiqué en plusieurs endroits du quatrième évangile : ils reçoivent du Christ pour la remplir auprès des fidèles la même mission que lui-même a reçue de son Père à "égard de l’humanité, xvii, 18. Pierre, en particulier, reçoit mission et autorité spéciale pour faire paître les agneaux et les brebis, xxi, 15-17. L’Esprit Saint sera d’ailleurs donné aux apôtres et restera toujours avec eux, pour les assister dans leur mission d’enseigner et de gouverner les fidèles, xiv, 17 ; xx, 23.

1. La foi condition du salut.

La condition essentielle du salut, du côté de l’homme, c’est la foi. Seul, celui qui croit peut passer de la mort à la vie, v, 24, avoir la vie éternelle, vi, 25 ; celui qui ne croit pas reste soumis à la colère de 1 >icu. et ne peut participer à la vie. iii, 36. L’objet de celle foi, c’est Jésus-Christ lui-même, sa mission, sa nature divine, x vi, .’iO ; xvii, 8 : l’évangile johannique a été écrit pour que ses lecteurs croient que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu ; et que, par cette croyance, ils aient la vie éternelle en son nom. xx, 31. La foi porte aussi sur renseignement de Jésus, sur son témoignage qu’il faut accepter. Elle est donc une connaissance : celui qui croit connaît le Christ Fils de Dieu, et dans le Fils il connaît le l’ère. xiv.il- 1 1 ; xvii, 3. Mais ce n’est pas une connaissance purement spéculative, c’est une adhésion de toute l’âme à la personne du Christ (le croyant va au Christ, vi, 37), ayant pour terme l’union à Dieu dans le Christ. La parole de Jésus devrait suffixe à faire naître celle foi ; les œuvres merveilleuses qu’il accomplit sont cependant une base de plus pour la foi, parce qu’elles sont des « signes » révélateurs de l’union dans le Christ de l’humanité et de la divinité, parce qu’elles sont le témoignage que lui rend son l’ère, v, 30-37 ; viii, 19 ; x. 38 ; xiv, 10-12.

Mais tous n’écoutent pas sa parole, ne comprennent pas le témoignage de ses miracles. C’est que la foi est un don de Dieu, comme la filiation divine a laquelle elle est coordonnée. Pour entendre les paroles de Dieu, il faut être de Dieu. vin. 17. Les Juifs ne peuvent pas écouler la parole du Christ. iii, 13, parce qu’ils sont les enlauts du diable, et non les enfants de Dieu. A vrai dire, tous les hommes sont appelés en principe a devenir enfants de Dieu : la volonté salvi tique de

Dieu a l’égard de l’ensemble de l’humanité est nettement affirmée dans le quatrième évangile. Mais, à Interpréter rigoureusement certains textes, on pourrait croire qu’il y a toute une catégorie d’hommes qui en fait sont absolument Incapables d’arriver à la loi. par une sorte de prédisposition originelle, résultai d’un décret divin, et l’on a parlé à ce sujet du déterminisme