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    1. JANSÉNISME##


JANSÉNISME, REPRISE DES POLÉMIQUES

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moins elle n’impose point de nécessité, parce qu’elle laisse à la volonté le pouvoir de ne pas consentir. De sorte que l’indifférence, que les thomistes appellent active, est toujours dans l’homme corrompu par le péché et on la peut même appeler prochaine, pourvu qu’on n’entende point par là une indifférence par laquelle la volonté, étant mue de la grâce efficace, résiste quelquefois effectivement à cette grâce et y consente quelquefois ; c’est-à-dire que la résistance actuelle ou le consentement actuel de la volonté se rencontre quelquefois avec cette « race et quelquefois ne s’y rencontre pas.

4° Il est si peu vrai que les senii-pélagiens aient été hérétiques pour avoir dit que nous pouvons consentir et résister à la grâce qu’au contraire il est certain et indubitable qu’on peut résister à toute sorte de grâce et même a l’efficace ; c’est-à-dire que quelque grâce qu’on reçoive, la volonté a toujours une puissance active prochaine île lui résister, quoiqu’on ne résiste jamais à la grâce efficace, comme il a été dit ci-dessus.

5° La doctrine de la prédestination gratuite est avec grande raison extrêmement approuvéedans toutes les écoles catholiques. Or cette doctrine, par l’aveu de tous ceux qui la soutiennent, consiste en ce que considérant non la volonté antécédente de Dieu, mais l’absolue et l’efficace, il a destiné ^ux seuls élus, par un décret absolu, le salut éternel avec la suite de toutes les grâces et de toutes les faveurs qui sauvent infailliblement tous ceux qui doivent être sauvés, entre lesquelles la principale est le don de persévérance qu’on ne peut nier être propre aux prédestinés. D’où il s’ensuit que Jésus-Christ dont la volonté absolue a toujours été conforme à celle de son Père, n’a point voulu simplement et absolument changer ce décret et qu’ainsi il n’a voulu absolument et efficacement mériter par ses prières et par sa mort le salut éternel et le don de persévérance qu’à ceux dont il est dit dans l’Évangile que son Père les lui donne et que personne ne les lui ravira d’entre les mains.

Ainsi on ne nie que Jésus-Christ soit mort généralement pour tous les hommes qu’au sens de ceux qui disent que Dieu donne à tous les hommes des grâces tellement suffisantes qu’ils n’aient point besoin de grâces efficaces pour vouloir ou faire le bien. Arnauld, Œuvres, t. xxii, p. 621-629.

C’est là, disent-ils, toute leur doctrine sur les cinq propositions et cette doctrine est strictement orthodoxe.

Alexandre VII fit examiner par l’Inquisition, les cinq articles envoyés par l’évêque de Comminges, au nom de plusieurs jansénistes, parmi lesquels disait-on, M. Arnauld. Celui-ci, il est vrai, protesta par une lettre datée du 1 er août et parue seulement dans les derniers jours du mois, alors qu’on connaissait la réponse de Home. A la congrégation extraordinaire du 21 juillet, tous les cardinaux furent d’avis qu’il ne fallait rien répondre sur les cinq articles des jansénistes, parce qu’ils étaient conçus d’une manière ambiguë et que le dessein des jansénistes paraissait être de tirer quelque réponse dont ils pussent s’autoriser contre les constitutions. D’ailleurs, l’évêque de Rennes, La Mothe Houdencourt, avait écrit au cardinal Rospigliosi (12 juillet), que les jansénistes cherchaient à tromper et à susciter de nouvelles disputes. « Ils s’attendent à un second jugement pour éviter les effets du premier et pour détourner le coup dont ils se voient menacés par la justice du roi. » Un bref d’Alexandre V 1 1 exprimait la joie du pape : i Faites tous vos elforts, dit-il, pour engager tout le monde a se’soumettre de la manière qu’on doit aux constitutions apostoliques rejeter sincèrement les cinq propositions extraites du livre de Jansénius dans le propre sens du même

DICT. DE TIIÉOL, CATIIOL.

auteur » (29 juillet 1663). Alors parut la lettre de M. Arnauld à un de ses amis (lin août) par laquelle il déclarait n’avoir eu aucune part aux conférences et à l’écrit envoyé à Rome.

4° Reprise des polémiques : le formulaire d’Alexandre VII. — Cette tentative d’accommodement ayant échoué, le roi chargea l’évêque de Comminges d’obtenir des jansénistes une déclaration de soumission ; mais les abbés Girard et La Lane, au nom de tous, se contentent d’affirmer, sur la question de fait, « qu’ils ont et auront toujours pour ces définitions tout le respect, toute la déférence et toute la soumission que l’Eglise exige des fidèles en de pareilles occasions et dans des matières de cette nature. » (24 septembre 1063.) Le roi, après avis du Conseil de conscience, ne se montra pas satisfait et le 2 octobre, il fit apporter à l’assemblée du clergé le bref du pape et la déclaration des jansénistes. Aussitôt l’assemblée écrivit au pape et envoya une lettre circulaire aux évêques pour faire exécuter le bref. La soumission des jansénistes est déclarée <> captieuse et conçue en des termes pleins d’artifices, cachant sous l’apparence d’une obéissance en paroles, l’hérésie du jansénisme et tendant à la ruine tant du bref que des autres constitutions du Saint-Siège. » Recueil des bulles, p. 187-198. Dès le 10 octobre, le roi expédia des lettres patentes pour l’exécution du bref ; mais les jansénistes prolestèrent très vivement contre l’assemblée du 2 octobre et les décisions des évêques ; les écrits qui parurent alors sont particulièrement violents : Mémoire pour justifier la conduite des théologiens qui refusent de condamner les cinq propositions au sens de Jansénius sans explication ; Les desseins des jésuites représentés à Mgrs les prélats de l’assembléetenue aux Augustinsle20ctobre, Arnauld, Œuvres, t. xxii, p. 172-229 : Les justes plaintes des théologiens contre la délibération d’une assemblée tenue à Paris le 2 octobre, ibid., p. 109-171, avec La défense des évêques improbnlcurs du formulaire contre l’entreprise de cette même assemblée ; L’examen de la lettre circulaire de l’assemblée, Ibid., p. 429-505 ; Réflexions sur la délibération des prélats, etc.

En même temps d’ailleurs, les conférences de l’évêque de Comminges et du P. Ferrier étaient attaquées par les jansénistes dans d’autres écrits qui exposaient ou réfutaient la relation de ces conférences.

Le 4 janvier 1064, le Conseil d’État condamnait deux ouvrages fort répandus parmi les jansénistes : Miinuale catholicorum, authore Alethophilo Charuopolitano et le Journal de Saint-Amour, docteur de Sorbonne : c’était pour arrêter et prévenir les dangereuses suites que la lecture de ces imprimés pourrait causer dans les esprits faibles, « car l’hérésie du jansénisme est ouvertement soutenue et renouvelée dans lesdits imprimés. » Ces livres seront brûlés sur la place publique.

Le 29 avril 1664, Louis XIV en personne lit enregistrer au Parlement une déclaration qui ordonnait la signature du formulaire par tous les évêques, dans l’espace d’un mois, sous peine de saisie des bénéfices. Cet edit du roi raconte les ail i liées multiples inventés par les jansénistes pour échapper aux décisions du Saint-Siège : « Par un procède si peu sincère et si contraire à la vérité, ils ont l’ail assez voir quel est l’esprit et le caractère de ceux qui, pour se rendre chefs de parti et par des motifs de cabale et de jalousie, ont résolu de se signaler en débitant des opinions nouvelles. » Le concours de la puissance ecclésiastique et séculière n’a pas été suffisant pour réduire les disciples de Jansénius, à rétracter de bonne foi des erreurs que l’Église a condamnées et réprouvées par un consentement Unanime, et, bien loin de déférer au jugement de leurs supérieurs, il a pain que les déclarations qu’ils ont faites d’accepter la constitution et de s’y soumettre

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