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    1. JANSÉNISME##


JANSÉNISME, LA QUESTION DU FORMULAIRE

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Arnauld reprit les mêmes thèses dans Réponse à quelques raisons, Œuvres, t. xxi, p. 47-60. Il pose les questions suivantes : 1. Peut-on croire, contre ses propres lumières, un fait non révélé ? — 2. Ne le croyant pas, peut-on signer un formulaire qui exprime cette croyance ? — 3. Y a-t-ilune obligation de garder le silence et de ne pas contredire ce que le pape a décidé sur le fait, lorsqu’on craint que le silence nuise à la vérité ?

Cependant, à l’instigation de M. de Marca, le roi écrivit une lettre au parlement (-1 mai 1637) pour demander l’enregistrement de la bulle. Arnauld intervint encore et composa trois Mémoires qui ne furent point imprimés, a fin de s’opposer à l’enregistrement de cette taille qui, dit-il, est « nulle dans sa forme et contient des clauses contraires aux libertés de l’Église gallicane ; » il s’élève, en particulier, contre les divers projets de déclaration dressés par M. de Marca et dont il montre les vices intrinsèques et les conséquences désastreuses, Œuvres, t. xxi, p. 61-69 ; en même temps, l’avocat Le Maitre (1 er juin 1657), dans sa Lettre d’un avocat du parlement de Paris à un de ses amis tournant PInquisition qu’on ve’it établir en France, fait, lui aussi, appel aux libertés de l’Église gallicane et a la dignité épiscopale pour s’opposer à la signature du formulaire et à l’enregistrement de la bulle ; il faut arrêter cette nouvelle inquisition qui veut « assujettir la France et exercer un tyrannique espionnage de conscience.

Cependant le roi tint un lit de justice (19 décembre 1657) et l’avocat général. Orner Talon, conclut à l’enregistrement de la bulle, après avoir déclaré que les jansénistes sont des gens dangereux à cause de leur cabale et il demande la répression des doctrines qu’ils répandent dans les écoles, dans leurs écrits et dans les salons, llermant, op. cit., t. tu, p. 577-586. Arnauld revenait sur le même fait dans son Mémoire on l’on fait voir que si la constitution du pape Alexandre VII était enregistrée au parlement, cet enregistrement emporterait avec soi l’établissement d’une inquisition plus rigoureuse que celle de Rome et d’Espagne (décembre 1657). Œuvres, t. xxi, p. 82-99.

Les décisions de l’assemblée du clergé avaient déjà soulevé des protestations. La Lettre d’un ecclésiastique à un éréque louchant la signature du formulaire de l’assemblée du clergé (19 mai 1657) et la Lettre d’un ecclésiastique à un de ses amis sur le jugement que l’on doit faire de ceux qui ne croient pas que les cinq propositions sont dans le livre de Jansénius (28 août 1657) expliquent ces protestations. Déjà Nicole, sous le pseudonyme de Paul Irénée, avait publié en latin six Disquisitiones dont les trois premières étaient dirigées contre le P. Armât qui voulait séparer lesdisciplesde Jansénius de ceux de saint Thomas sur la nature de la grâce Arnauld, qui avait soutenu la même thèse dans sa Dissertatio quadripurtilu, vint au secours de son ami dans sa Réponse à quelques plaintes contre la troisième dlsquisition de Paul Irénée (27 mai 1657). Œuvres, t. xxi, p. 70-74.

La déclaration du roi n’imposait pas la signature du formulaire ; alors, quelques évêques avec le P. P. Annat et M. de Marca, travaillèrent à obtenir du roi une lettre de cachet qui ordonnât cette signature Arnauld s’indigna dans ses Réflexions sur le projet d’une lettre de cachet par laquelle il devait être ordonné à tous les évoques de faire souscrire le formulaire de l’assemblée du clergé. Œuvres, t. xxi, p. 100-105.

Cependant de 1657 à 1660, les discussions se calment. Le seul écrit qui provoqua quelques polémiques, ce fut la traduction en latin des Lettres Provinciales par Wendrokius (Nicole). A Bordeaux, lors du passage du roi qui allait au-devant de la reine à Saint-Jean de Luz (septembre 1659), les jésuites |

J dénoncèrent cet écrit. Les professeurs de théologie de la faculté de Bordeaux prirent la défense du livre et, pour ce fait, furent accusés de jansénisme. Les théologiens publièrent une Défense contre un écrit intitulé : lettre d’un théttloqien à un officier du parlement touchant la question si le livre intitulé : Ludci’ici Mont’ilti litlerie.. est hérétique. Arnauld. Œuvres, t. xxi, p. 106-181. On y reproche aux jésuites d’avoir travesti en dogme de fol un point de fait non révélé et d’avoir crée une hérésie réelle, afin de trouver une hérésie qui n’était qu’imaginaire. Cet écrit qui est probablement l’œuvre d’Arnauld, fut examiné avec les Disquisitiones de N’cole par vingt-trois docteurs de Sorbonne. D’après leur avis, les deux écrits furent condamnés au feu par un arrêt du Conseil d’État (7 septembre 1660). G. Hermant, op. cit., t. iv, p. 426-430, 455-464, 473-476.

L’assemblée du clergé de 1660 qui s’était ouverte à Pont oise sous la présidence de M. de Harlay. archevêque de P « » ucn. fut transférée à Paris le 23 septembre ; on parla même de la transformer en concile national et on y proposa de rendre obligatoire la signature du formulaire. Ilrrmant, op. cit., t. iv, p. 538-540. Le 13 décembre, le roi lui donna l’ordre de chercher t les moyens les plus propres pt les plus prompts pour extirper la secte des jansénistes. »

En elîet, les polémiques étaient redevenues très vives. Contre les jansénistes, avaient paru La théologie chnritahle ou Avis d’importance donné par un thoologien aux catholiques pour se garantir (l’un mal plus dangereux que la peste (pai le P. Raynaud, S.J.), Jansénius foudroyé par Innocent X (P. Dubourg), YÉvam.iile des jansénistes (P. Rapin), Les funérailles de la nouvelle doctrine (P. Labbé), La relation du paus de Jansénie (Zacharie de Lisieux, capucin). Les jansénistes avaient répondu par un gros volume : Éclaircissement du fait et du sens de Jansénius, par Denys Raymond (œuvre de divers auteurs, parmi lesquels certainement il faut citer La Lane et Arnauld) ; cet ouvrage vise à réfuter divers écrits de Morel, Chaniillard, Annat et du P. Amelotte, oratorien. Ce dernier, au scandale des jansénistes, avait pris le parti des jésuites, dans La dé/ense de la constitution a" Innocent X et d’Alexandre Vil et dans Le traite des souscriptions. Hermant. on. cit., t. iii, p. 307-308. Arnauld publia, sous le nom de Laltigny, une Lettre d’un théologien à un évêque de l’assemblée sur la voie qu’il faudrait prendre pour éloulïer entièrement les contestations présentes (janvier 1661), Œuvres, t. xxi, p. 182-198 ; il y expose les contradictions et variations des adversaires et les injustices de ceux qui ne veulent pas expliquer le sens des cinq propositions. Le Mémoire louct-.ant les m’ujens d’apaiser les disputes présentes, ibul., p. 199-206 montre « que les personnes équitables qui considèrent avec attention l’état des contestations demeureront convaincues qu’il n’y a que deux moyens justes et légitimes pour les apaiser et donner une paix solide à l’Église, savoir le silence et l’éclaircissement.

Cependant, à l’assemblée du clergé, après les délibérations des commissaires présidés par M de Marca, on prit des décisions énergiques : tous les ecclésiastiques devront souscrire le formulaire ; les opposants seront tenus pour hérétiques et châtiés des peines portées par les constitutions papales, les évêques et archevêques leur feront un procès ; ceux qui ont écrit contre la teneur des constitutions devront rétracter par écrit ce qu’ils ont enseigné (1 er février 1661). La délibération signée de 45 prélats et de 18 députés du second ordre lui approuvée par un arrêt du Conseil (13 avril) ; clic fui communiquée à la Sorbonne le 2 niai ; la Sorbonne l’approuva et ordonna que le formulaire de foi serait souscrit par les docteurs, baclic-