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    1. JANSÉNISME##


JANSÉNISME, VRNAULD ET L’AUGUSTINUS

dépense de la loi de l’Église et de l’ancienne doctrine de Sorbonne (ouchantles principaux points de la grâce. L’ouvrage était dédié au prince de Coudé. Henri de Bourbon, qui répondit par une lettre d’approbation solennelle dans laquelle il supplie la reine de nettoyer le royaume des jansénistes et des Arnaudlstes. i Habert reproche à Jansénius d’avoir attribue à saint Augustin des erreurs grossières sur la grâce et la prédestination, sur l’impossibilité des coin mandements, sur l’imputabilite de l’ignorance invincible et sur les actions des infidèles ; il signale ainsi douze impostures. Mais il emploie une grande partie de son travail à se défendre contre les attaques personnelles lancées par Arnauld. Il conteste l’autorité absolue et presqu’exclusive accordée par Jansénius à saint Augustin : la doctrine de saint Augustin ne s’impose à la foi que /orsqu’elle est approuvée des papes et des conciles, lorsqu’elle est d’accord avec l’unanimité morale des Pères ; enfin Habert soutient plusieurs thèses sur l’attrition, la charité, la rédemption, la prédestination, la grâce suffisante et son universalité nui sont en opposition formelle avec les thèses jansénistes.

L’ouvrage d’Habert n’eut pas, dit-on, le succès ou’il en attendait. Le 15 novembre, Paul de Gondy, coadjuteur de Paris, en l’absence de son oncle, défendit, par un mandement, de prêcher et de parler de la grâce et cette déiense atteignait assurément Habert ; de plus, ’le 1° décembre, la Sorbonne désavoua l’écrit par lequel le théologal avait cru défendre l’honneur de la faculté et renouvela l’interdiction déjà faite aux docteurs d’approuver des ouvrages se rapportant à la grâce, et, en particulier, à V Augustinus.

Habert s’adressa alors à Rome et y envoya un extrait de huit propositions sous le titre de : Propositions excerptæ ex Augustino Reverendissimi Domini Cornelii Jansenii Episcopi Iprensis, quæ in spécimen exhibentur suæ Sanctilali. Ce sont les premières propositions dénoncées à Rome ; leur fond est emprunté aux thèses des jésuites de Louvain et elles seront reprises par Nicolas Cornet, trois ans plus tard. La 1° se rapporte à l’impossibilité d’accomplir les commandements de Dieu, Augustinus, t. iii, t. III, c. an ; la 2 « à l’ignorance invincible, Augustinus, t. ii, De statu naturæ purée, L II, c. n ; la 3e à la négation de la grâce suffisante, Augustinus, t. iii, t. III, c. i ; la 4° nie la possibilité de la nature pure, Augustinus, t. ii, de statu nuluræ puræ, t. II, c. iv ; d’après la 5e, toutes les actions des infidèles sont des pèches, Augustinus, t. ii, De slctu naturse lapsæ, I. III, c. xvii : lae déclarait que l’Ancien Testament apportait une grâce d’empêchement, Augustinus, t. iii, t. II, c. vui ; la 7 « disait môme que l’Ancien Testament n’était qu’une grande comédie, Augustinus, l. iii, t. III, c. vi ; enfin la 8e proclamait que Jésus-Christ n’a pas souffert et n’est pas mort pour tous les hommes, Augustinus, t. m. I. III, c. xx. Gerber >n, Histoire du iuns< : msmc, . i, p. l<S(i-195. L’arrivée à Rome de cette attaque, au moment même où on y examinait le livre de la Fréquente com muniun, pouvait compromettre gravement les affaires des jansénistes ; aussi Arnauld se liât a de répondre à Habert et il publia la Seconde Apologie pour M. Jansénius, évêque d’Yprcs, Œuvres, t. xvii, p. i Arnauld reproche à Habert ses injures grossières contre M. l’Eraniste (nom que Théodoret donne à l’hérétique dans ses Dialogues), des expressions pleines de mépris et il établit une relation entre les paroles prononcées par Habert à Notre-Dame de Paris et la profanation sacrilège qui suivit (un homme fut tue dans l’église) ; enfin il ajoute que le décret d’I rbain VII] n’est que provisionne] et ne touche pas au point de la’lo. tune. D’ailleurs IcspropositionsdcBaiusauxquelles on voudrait ramener l’enseignement de Jansénius, n’eut été condamnées qu’en général et quelques-unes

peuvent se soutenir à la rigueur. Enfin cette bulle est subreptice et obrepticc, car le nom de Jansénius v a été ajouté contre la volonté du pape.

Les livres I et II posent les principes que les jansénistes vont désormais défendre relativement à l’autorité de saint Augustin, d’après lequel il faut interprète) les définitions du concile de Trente et les décisions des papes. De plus, disent-ils, il ne faut pas oublier, pour apprécier la doctrine de saint Augustin, que durant les sept ou huit années qui suivirent sa conversion, Dieu ne lui a pas encore révélé le dernier point de la vérité touchant l’erreur plus subtile qui sera plus tard celle des prêtres de.Marseille ; il ne re ; ut cet éclaircissement du ciel qui acheva en lui’la parfaite intelligence de tous les mystères de la grâce que depuis son episcopa !  : il faut prendre les passages où il parle de la grâce non en passant mais au fond ; il faut expliquer quelques passages obscurs par les passages et ii s et formels et il faut considérer sa doctrine dans l’enchaînement de tous les principes. Ibid., 88-89. Arnauld examine les divers points attaqués par | Habert et, tout en citant saint Augustin et Jansénius, j il essaie de préciser sa propre pensée sur la loi mosaïque et l’Ancien Testament qui n’était qu’un état’liguratil, une grande représentation vivante et animée,

une « comédie en quelque sorte » ; la synagogue n’était

qu’une figure de l’Église, une « compagnie d’hommes charnels qui n’ont point de part à l’héritage du ciel. » Il défend les thèses de Jansénius sur la nature pure qu’à la suite de saint Augustin, il déclare impossible ; il reprend les théories de Jansénius très distinctes de celles de Calvin, sur la prédestination et la réprobation, théories qui dérivent de la nature humaine corrompue par le péché originel, sur la grâce des anges et du premier homme, qui fut un secours suffisant et enfin sur la grâce efficace et la coopération de la volonté. Sur ce point, il précise, en termes parfois très heureux, la doctrine de Jansénius : la grâce de Jésus-Christ opère en nous le vouloir sans violenter la volonté, car, quoi qu’en disent les jésuites, Janscnius ne supprime pas l’activité humaine ; Dieu opère le bien avec nous qui restons actifs. La nécessite d’ailleurs ne détruit point fatalement la liberté, et l’indifférence peut être le signe de la liberté, sans en constituer l’élément essentiel dans l’état de nature déchue ; l’homme ne peut plus faire ie bien qu’avec la grâce de Dieu. L. II.

Au 1. III. Arnauld poursuit la défense de Jansénius relativement à la possibilité des commandements de Dieu que les hommes peuvent observer, s’ils veulent, mais qu’ils ne veulent observer que s’ils sont préparés par la grâce de Dieu ; relativement à la grâce que Dieu accorde aux hommes pour les empêcher de ton et à la liberté qui subsiste même après le pèche, il étudie longuement la concupiscence, l’ignorance invincible et surtout les actions des infidèles ; sur tous ces points, il défend les positions prises par Jansénius contre les attaques de Habert. Après avoir fait un vif éloge de l’archevêque de Sers qui avait embrasse le parti de Jansénius, il soutient que cette doelrii e Inattaquable et qu’on ne l’a attaquée qu’en abusant de certaines propositions condamnées chez Baius nu par le concile de Trente.

Les deux demi ts livres ne contiennent que des critiques de détail contre Habert qui cite avec éloge le concile d’Arles dont les décisions ne sont, en réalité, qu’une lettre du seini pelagicn Fauste. Arnauld jus tifle les deux censures des facultés de Douai et de Louvain contre l.issius ; et cite avec Joie le Mémoire du pape (.h nient 1Il a la Congrégation De Auxlliis, qui recommande saint Augustin comme le docteur de la grâce et approuve les thèses de ce saint docteur que Jansénius n’a fait que reproduire.