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    1. JANSÉNISME##


JANSÉNISME, ARNAULD ET L’AUGUSTINUS

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subordonnés de se soumettre à la bulle In eminenli et il rédigea une Déclaration sur quelques points touchant le sacrement de pénitence ; dans cette pièce, le P. Bourgoing affirmait plusieurs propositions absolument contraires à celles qu’avait exposées Arnauld ; ainsi il dit : l’attrilion suffit pour recevoir validement le sacrement de pénitence ; l’absolution opère la rémission des pèches : la contrition, la confession et la satisfaction doivent précéder l’absolution, mais l’acceptation de la satisfaction suffit ordinairement et l’absolution ne doit être différée que dans des cas déterminés, car ce délai présente de nombreux inconvénients et le pénitent qui apporte toutes les dispositions requises a droit à l’absolution.

Le livre d’Amauld fut également attaqué par le docteur Jean de Launoy (1603-1678), dans son ouvrage intitule : De mente concilii Tridentini circa satisfactionem in sacramento pœnitentiie dissertatio. D’après lui, l’examen détaillé des décrets et des actes des conciles, la doctrine des théologiens et la pratique des synodes diocésains et provinciaux montrent que la satisfaction ne doit pas nécessairement précéder l’absolution du prêtre.

En même temps, Jean-Pierre Camus, évêque de Belley et ami de saint François de Sales, publiait de gros volumes où il se place à peu près toujours au point de vue pratique, sans s’occuper d’histoire. Le plus important de ces écrits en indique le sujet : L’usage de la pénitence et de la communion. Camus y rappelait tes leçons reçues de François de Sales et il exigeait une sérieuse préparation. "Aux commençants et aux profitants r, jl accordait la communion hebdomadaire.

Contre le même livre de la Fréquente communion, l’evêque de Lavaur, Abra de Raconis, publia un gros volume : Examen et jugement du livre de la Fréquente communion (ait contre la fréquente communion et publié sous le nom du sieur Arnaudl. L’évêque de Lavaur emprunte presque toute sa doctrine au P. Petau. Les jansénistes répondirent aussitôt pour justifier les passages du livre d’Arnauld dont l’authenticité était contestée par l’évêque de Lavaur ; celui-ci répliqua par une brève analomie du libelle anonyme, et les jansénistes répondirent par une Réplique à l’anatomie. Au dire du P. Rapin, Mémoires, 1. 1, p. 115, c’est Raconis qui découvrit dans le livre d’Arnauld le passage qui fit alors couler beaucoup d’encre : « Saint Pierre et saint Paul étaient également les deux chefs de l’Église. Les apôtres Pierre et Paul auraient été les deux évêques de Rome, les deux princes de l’Église, les deux chefs, mais, en fait, ils n’auraient fait qu’un seul chef, de sorte que tout naturellement leur succession n’appartient qu’à un seul et même personnage, le pape. G. Hermant, op. cit., 1. 1, p. 288-290.

A Rome, les affaires tramèrent en longueur sous Urbain VIII ; mais, après l’avènement d’Innocent X, malgré ses répugnances, ce pape dut intervenir. Les jansénistes envoyèrent à Rome un théologien, le docteur Bourgeois qui arriva le 30 avril 1645. Quesnel a publié sa Relation en 1695. G. Hermant, op. cit., t. i, p. 330-390.

Mais Isaac Habert dénonça Barcos comme détruisant la primauté romaine par ses théories sur les deux chefs de l’Église et comme reproduisant d’une manière déguisée les t heses subversives de Marc Antoine de Dominis ; le feuillant, dom Pierre de Saint-Joseph, renouvela les attaques. Barcos dut se défendre devanl le public et a Rome surtout : à Innocent X il fil des déclarations de soumission et il protesta qu’il n’avait voulu que mettre eu relief les opinions des Pères. Un décret de Rome du 2 1 Janvier l’i I") condamne les deux écrits de Barcos : De l’autorité de saint Pierre et La grandeur de l’Eglise romaine, comme hérétique, parce que l’auteur établit une égalité parfaite entre

saint Pierre et saint Paul, sans subordination et sans dépendance de saint Paul à l’égard de saint Pierre en ce qui concerne la puissance suprême et le gouvernement de l’Église universelle. » Voir Denzlnger-Bannwart, Eruhiridion, n. 1091.

Arnauld prend la défense île l’Auguslinus.

Des

que parut La Fréquente communion, ce livre absorba presque toute l’attention des deux parties ; cependant, même à cette date, il y eut autour de V Auguslinus, des escarmouches qui annonçaient de nouvelles batailles. Fait considérable, Arnauld allait prendre la défense de V Auguslinus et se poser par là en chef du jansénisme.

Les sermons prononcés à Notre-Dame par le théologal Habert contre Jansénius avaient vivement irrité les jansénistes. Saint-Cyran avait aussitôt (1 er février 1643) demandé au jeune Arnauld de répondre à ces attaques ; pourtant la réponse ne parut qu’en 1644 (septembre), avec un retard considérable qu’on a expliqué de diverses façons. Arnauld, dans son Avis au lecteur, dit que le premier président du Parlement de Paris, Mole, dans l’intérêt de la paix, avait gardé son manuscrit pendant un an ; mais vraisemblablement Arnauld craignait de compromettre le succès de la Fréquente communion et d’écarter les évêques approbateurs, par une apologie ouverte de VAugustinus. Quoi qu’il en soit, en 1644, Port-Royal triomphait partout et il n’y avait plus aucune raison de retarder la publication. Ce fut L’apologie de M. Jansénius, évéque d’Ypres et de la doctrine de saint Augustin expliquée dans son livre intitulé Augustinus. Arnauld, Œuvres, t. xvi, p. 39-323.

Dans cet ouvrage dirigé contre Habert, Arnauld s’appuie sur deux postulats : l’autorité absolue de saint Augustin ; l’identité de la doctrine de Jansénius avec celle de saint Augustin. Dans les questions de la grâce, saint Augustin expose jusqu’en ses moindres détails la doctrine catholique ; c’est par lui qu’il faut expliquer les définitions des conciles et les expressions des Pères. Par suite, il faut exclure la doctrine de plusieurs Pères grecs et même de quelques Pères latins antérieurs à saint Augustin et surtout les opinions des théologiens modernes, quand elles sont inconciliables avec saint Augustin. Pour connaître la doctrine de l’Église sur la grâce, il suffit de connaître celle de saint Augustin.

Aussi Arnauld défend-t-il contre Habert toutes les positions de Jansénius : insuffisance de l’attrilion pour ta rémission des péchés ; existence d’une seule vertu, la charité, qui doit être la fin uniquedetoutesnosactions ; négation de la grâce suffisante et de l’universalité de la rédemption et, à l’appui de ces affirmations, Arnauld cite de nombreux textes de saint Augustin. L’ouvrage eut un immense succès auprès du public qui, pour la première fois, pouvait lire un exposé assez complet des doctrines subtiles de la grâce, jusque-la réservées aux théologiens. « Cette apologie fit beaucoup d’impression sur les esprits, écrit Rapin dans ses Mémoires, t. i, p. ( J">. car, comme peu de personnes étaient capables de lire l’ouvrage de l’évêque il’Ypres tout entier qui était écrit d’un air trop sombre, trop sec et trop scolastique pour être agréable, on trouvait dans l’Apologie un abrégé de sa doctrine expliquée par les conciles et par les Pères avec bien de la politesse et il ne se lit rien de plus heure u pour donner de la réputation dans le parti que cel ouvrage. C’était un traite des matières les plus épineuses et les plus

profondes de la théologie et écril d’un style si beau que les gens de cour, les cavaliers et les daines pouvaient prendre plaisir a le lire. »

Habert, disent les : « , Hermant, 1. 1, p. 319 ;

Gerberon, t. i, p. 168, fut irrite de ces attaques où sa personne n’était pas ménagée et il répliqua par La