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ISAIE, LE LIVRE - ANALYSE


trois scènes où reviennent les mêmes idées sous des aspects différents : dévasi at ion générale de la terre et gloire des élus, xxiv-xxv, S ; cantique des rachetés et résurrection des morts, xxv, 9-xxvi ; destruction des puissances terrestres et restauration finale d’Israël, xxvii.

c) Le troisième groupe des prophétns d’Isaïe se divise comme le précédent, en deux parties. La première, xxyhi-xxxiii, comprend une série d’oracles du temps d’Ézéchias ; la seconde, xxxiv-xxxv, contient deux chapitres eschatologiques. La première partie nous ramène sur le terrain des chapitres i-xii. Alors, sous le règne d’Achaz, Isaïe avait prédit les graves conséquences qu’aurait pour la maison de David le recours aux Assyriens ; maintenant, sous le règne d’Ézéchias, il combat la politique humaine du parti égyptophile à la cour de Juda, et excite la confiance en Jahvé, seul capable de délivrer le peuple du péril assyrien. Cette première partie a reçu le nom des « six malheurs » parce que la formule « malheur à y revient six fois : xxviii, 1 ; xxix, 1 ; xxix. 15 ; xxx, 1 ; xxxi, 1 ; xxxiii, 1.

Les chapitres xxxiv-xxxv forment une nouvelle apocalypse, servant de conclusion au troisième groupe, à peu près comme les chapitres xxiv-xxvii servent de conclusion à la série d’oracles contre les nations. Ils mettent sous nos yeux le double tableau du jugement de : « na t ions et en particulier d’Édom, et de latiélivrance du peuple d’Israël.

rf) Les chapitres historiques, xxxvi-xxxix, servent de conclusion à la première partie d’Isaïe. Ils se retrouvent presque textuellement dans IV Reg., xviii, 13. xx, 19. Les deux premiers racontent les tentatives de Sennachérib pour obtenir la reddition de Jérusalem, le rôle joué par Isaïe en ces circonstances tragiques et le désastre de l’armée assyrienne. Les deux derniers contiennent le récit de la maladie d’Ézéchias, de l’intervention d’Isaïe, de la guérison du roi, le cantique d’action de grâces d’Ézéchias, les menaces que lui adressa Isaïe lorsqu’il reçut les ambassadeurs de Mérodach-Baladan. L’expédition de Sennachérib contre Jérusalem est rapportée à la 14e année d’Ézéchias, Is., xxxvi, 1 ; IV Reg., xviii, 13. La maladie d’Ézéchias et l’arrivée des ambassadeurs de Mérodach sont placées après le récit de l’invasion assyrienne, et rattachées vaguement au même temps par les formules « en ces jours-là, en ce temps-là », aussi bien dans le livre des Rois que dans le livre d’Isaïe. Or, il est certain que les événements racontés dans les chapitres xxxviii-xxxix sont antérieurs à ceux des chapitres xxxvi-xxxvii ; il est certain que si la mention de la quatorzième année d’Ézéchias peut convenir à la date de sa maladie et de la démarche du roi de Babylone, elle ne convient nullement à l’expédition de Sennachérib.

2. La seconde partie du livre d’Isaïe se distingue nettement de la pr mière dont elle est d’ailleurs séparée par l’appendice narratif des chapitres xxxvi-xxxix. Elle se rapporte à un autre temps et à un autre objet. C’est essentiellement une parole de consolation adressée aux exilés de Babylone pour leur annoncer la délivrance de la captivité et la restauration de la théocratie. La n( ; te dominante de ces vingt-sept chapitres se fait entendre dès la première ligne du recueil, xl, 1 : « Consolez, consolez mon peuple. » Les critiques ne s’entendent pas touchant la division de ce recueil. On le partageait ordinairement en trois groupes qu’on appelait les trois ennéades de la seconde partie d’Isaïe, xl-xlviii ; xlix-lvii ; lviii-i.xvi. Le refrain : non est pax impiis, placé à la (in des chapitres xlviii et lvii et répété d’une façon plus énergique à la fin de tout le livre, marquait ces trois grandes divisions. Mais on objecte que ce refrain n’en est pas un, qu’il ne revient en réalité qu’une fois, et ne peut donc servir à indiquer les grandes divisions du recueil. Rien ne l’annonce dans xi.vm, 22 où il semble avoir été transporté de lvii, 21, sa place natu relle. En outre, la seconde division ne peut contenir les chapitres lvi-lvii, elle doit se clôturer par le chapitre lv : le chapitre lvi est manifestement postérieur en date au groupe xlix-lv, et il contient des menaces qui se continuent au chapitre lvii. En conséquence, plusieurs critiques partagent les chapitres xi.-lxvi en deux groupes : xl-lv et lvi-i.xvi, ou en trois groupes xl-xlviii ; xlix-lv ; lvi-i.xvi. Driver divise le livre de la façon suivante : xl-xlviii ; xi.ix-i.ix : i.x-i.xvi, et Wildeboer ne renferme dans la troisième subdivision que les chapitres lxiii-lxvi. En tenant compte des éléments de vérité que renferment ces différents essais d’analyse, on peut admettre dans la seconde partie d’Isaïe, les divisions générales suivantes : les chapitres xl-xlviii forment un groupe distinct ; le second groupe est constitué par les chapitres xlix-lv, auxquels il faut rattacher les chapitres lx-lxii qui ont le même objet ; enfin le troisième groupe comprend les oracles des chapitres lvi-lix et lxiii-lxvi.

a) Premier groupe, xl-xlviii. Les deux premiers versets du chapitre xl qui contiennent la note dominante de la seconde partie du livre d’Isaïe indiquent surtout bien l’objet principal de la première section : » Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu ; encouragez Jérusalem et criez-lui que ses corvées sont finies, que son péché est expié, qu’elle a reçu de la main de Jahvé double peine pour tous ses crimes. » La captivité de Babylone va prendre fin, Cyrus délivrera les exilés et ceux-ci retourneront dans leur patrie. Cette délivrance est l’æ.ivre de Jahvé, le Dieu d’Israël, le Tout-Puissant, le Créateur du ciel et de la terre, l’Éternel, l’Auteur des prophéties, qui se révèle ainsi comme le Dieu véritable en face des idoles des nations. Dans cette partie seulement Cyrus est appelé par son nom, xliv, 28 ; xlv, 1. Dans cette partie seulement se rencontrent des parallèles entre Jahvé et les idoles, xl, 18-20 ; xli, 7 ; xliv, 9-20 ; xlvi, 1-7 ; etc., et l’opposition entre les choses anciennes et les choses nouvelles que les faux dieux n’ont pu prédire et sont impuissants à prévoir, xli, 22-23 ; xlii, 8-9 ; xliii, 9, 18-19 ; xlv, 1 lsq. ; xlvi 9 sq. ; xlviii, 3-8. Ce n’est que dans ces chapitres que le peuple de Jahvé est apostrophé sous le nom d’IsraëlJacob, et que le serviteur de Jahvé désigne une collectivité, le peuple d’Israël. xli, 8 sq. ; xlii, 19 ; xliv, 1, 21 ; xlv, 4. Un passage cependant fait difficulté, c’est xlii, 1-7 qui introduit le serviteur individuel, mais ce passage n’occupe plus sa place primitive, il devrait se trouver dans la seconde section.

b) Deuxième groupe, xlix-lv et lx-lxii. La seconde section se rattache intimement à la première. Comme celle-ci, elle décrit le salut du peuple captif et unit la perspective de la restauration postexilienne à celle de l’avenir messianique. C’est un nouveau tableau, parallèle au premier, de l’œuvre de la délivrance. Le premh r présentait la mission et l’œuvre de Cyrus ; dans le second, ce n’est plus Cyrus qui apparaît, mais la merveilleuse figure du Serviteur. Ce titre n’est plus donné au peuple, il est réservé à son sauveur. Le discours ne s’adresse plus à Israël-Jacob, mais a Sion-Jérusalem. Le Serviteur sera l’auteur du salut de son peuple et l’instaurateur du règne de Dieu sur la terre, par ses souffrances et par sa mort qui lui mériteront le triomphe. La délivrance de l’exil et la restauration lui sont attribuées parce qu’elles constituent comme une première étape nécessaire dans l’ensemble de l’œuvre messianique. Nous croyons devoir admettre deux transpositions, celle de l, 4-9 après xi.ix, 7, el celle de xlii, 1-7 après lii, 12. Deux grandes idées dominent ce cycle de chapitres : l’œuvre du Serviteur de Jahvé, xli -lui ; la gloire de la nouvele Jérusalem, liv-lv, xl.v c) Troisième groupe, lvi-lix et lxiii-lxvi. La troisième section (litière beaucoup des deux précédentes,