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JANSÉNISME, L’AUGUSTINUS, T. 1.- LE PÉLAGIANISME


de Jansénius, j’ai cru que le meilleur moyen est de le suivre pas à pas, livre par livre, chapitre par chapitre, et de supprimer seulement les répétitions inutiles qu’on rencontre souvent dans cet ouvrage mal composé. Je citerai toujours l’édition de Rouen qui me paraît être la plus répandue. Elle a pour titre : Cornelii Jansenii episcopi Iprensls augvstiscs seu doc-Irinu sancii A uguslini de humante natures sanilale, segriludine, medicina adversus Pelagianos et Massilienses tribus lomis comprehensa… Accessit huic editioni tractalus F. l’iorcntii Ccnrii, archieptscopi Thucmensis de statu parvulorum sine baptismo decedenlium juxtu sensum B. Augustini. Rolhomagi, sumptibus Johant is Berthelin. 1643. Cum privitegio et approbatione. En voici le son maire : T. i : Histoire du pélagianisme (col. 331). — T. n : Grâce du premier homme H des anges ; nature déchue, pure nature (col. 340).

— T. m : I. a grâce du Sauveur : L. I, Grâces de l’intelligence, la loi (col. 378) ; L. II, Grâces de la volonté (col. 380) ; L. 111, Grâce suffisante (col. 388) ; L. IV, Nature et essence de la grâce’(col. 390) ; L. V, Effets de la grâce (col. 404) ; L. VI et VII, Libre arbitre (col. 411) ; L. VIII, Grâce et liberté (col 424 ;) L. IX, Prédestination des anges et des hommes (eol 431) ; L. X, Réprobation (col. 441). I. Histoire du Pélagianisme.

Le t. i or est consacré tout entier à ; l’histoire du pélagianisme et du semi-pélagianisme, comme l’indique le titre lui-même, in quo hiereses et mores Pelagii contra naturte humaine sanitatem, segritudincm et medicinum ex s. Augustwo reienscntur cum dupliee indice rcrum et S. Scriptunv. Jansénius attache une importance capitale à cette partie historique de son travail. D’après lui, les théologiens récents, pour défendre leurs propres opinions, attribuent aux pélagiens et aux semipélagiens des doctrines qui leur sont étrangères, et, par contre, suppriment des thèses qui sont fondamentales.

D’autre part, il y a une connexion étroite entre les diverses parties de l’erreur pélagienne, au point que, si on en laisse passer la « moindre racine à peine perceptible à des yeux de lynx, tout le pélagianisme renaît avec ses dogmes pestilentiels. Enfin l’enseignement même de saint Augustin devient inintelligible « ans la connaissance exacte des erreurs qu’il a combattues. C’est pourquoi, avant tout, il veut découvrir tous les détours de cette’heu sic subtile ejui se dissimule soigneusement et « exposer au soleil le serpent ténébreux arraché à sa cachette, afin que personne se promenant dans les champs de la doctrine ne soit mordu par le serpent caché sous l’herbe. » Jansénius n’hésite pas à dire que quelques docteurs Insuffisamment instruits des subtilités pélagiennes ont écrit des ouvrages remplis de’celle erreur et regardés cependant comme très catholiques.

Le t. I er de VAuguslinus comprend huit livres. Le I" livre raconte l’histoire de Pelage, ele ses écrits, de ses polémiques, de ses condamnations et fait connaître ses principaux disciples : Julien d’Eclane et Celestius ; il montre la diffusion rapide du pélagianisme et la première transformation ele cette hérésie qui donne naissance au semi-pélagianisme ; enfin il énuineic Us ouvrages de Cassien et de Gennade dans lesquels se dissimule le semi-pélagianisme ou, comme il dit, l’erreur des Marseillais

Le t. II, expose les dogmes pélagiens qui concernent la nature du premier homme et spécialement sa libelle. D’après Jansénius, Pelage regarde la liberté de contradiction et de contrariété comme un élémenl constitutif de’la nature humaine ; par suite, celle liberté est Inamissible, c. h. Donc, après le péché orlgiih’1, comme avant, l’homme Jouit d’un libre arbitre

complet ejui le rend maître ele toutes se’s actions, e. ni ;

il a le pouvoir absolu de modérer et d’apaiser tous les mouvements de son âme, même les mouvements indélibérés qu’elle peut rendre bons ou mauvais, c. iv, car, il y a, en lui, des semences naturelles de vertu. Par ectte^doetrine, Pelage se rattache au Periarchon d’Origène, c. v. Par les seules forces de sa nature, l’homme peut, s’il le veut, ne pas pécher et faire le bien et il a le pouvoir d’accomplir tous les commandements, c vi. En fait, Pelage, ne reconnaît en Adam aucune’grâce. D ! eu le créa comme il est aujourd’hui dans le sein de sa mère, sans vertu et sans vice, sans grâce et sans péché, c. vu. Par son intelligence, il peut, comme avant la chute, arriver à une connaissance naturelle du bien et du mal, c. viii. L’homme n’a donc pas été créé vraiment dans l’état de grâce ; Dieu ne lui a donné qu’une grâce actuelle externe, la loi, c. ix. La concupiscence existait avant le péché originel, car elle, est naturelle à l’homme et elle est la voie par où le péché est entré en lui, c. x, alors que, d’après saint Augustin, la concupiscence est la peine du péché, c. XI. Avec la concuspiscence, Adam éprouvait la pudeur et la honte, c. xri. De même, la mort et les autres misères de cette vie existaient avant le péché, c. xiii. xiv. En somme, Adam, avant son péché, était dans’te même état que sa postérité actuelle.

Le. 1. 111 étudie les dogmes pélagiens Relatifs à la nature déchue et corrompue. Pelage nie le péché originel et, au nom de la raison et de la philosophie il rejette les textes de l’Écriture que l’on cite pour prouver l’existence de ce péché. Tout péché, en elTct, suppose la violation d’un précepte connu et la liberté : on ne peut imputer un péché à celui qui n’est pas libre de l’éviter ; autrement, il faudrait attribuer à l’enfant tous les péchés commis par ses parents. Jansénius trouve’chez Pelage et chez Julien douze arguments contre l’existence du péché originel, c. iii, et quinze absurdités, c. iv. Les pélagiens se font les hérauts, les prédicateurs de la concupiscence qui n’est point mauvaise en elle-même ; en effet, elle n’est, disent-ils « qu’un mélange de semences, un appétit naturel, la chaleur génitale, la puissance et la vigueur des membres, la virilité, » c. v. Sans doute, il peut y avoir des habitudes mauvaises qui sont « la loi en nos membres comme dit saint Paul, c. vi. mais la concupiscence, en elle-même, est plutôt bonne, c. vii, ainsi d’ailleurs que les autres passions, c. viii, ix. Il faut seulement en surveiller l’usage a (in d’éviter les excès, c. x. Les niouvements eles passions charnelles, le plaisir que l’on trouve à manger et a boire, â sentir les bonnes odeurs ». à entendre de beaux sons, à veiir ele’beaux spectacles, les voluptés des richesses et ele l’abondance, tout cela est bon et louable et on peut en jouir Jusqu’à la satiété comme de biens naturels, c. xi.

1)e même, l’ignorance eles enfants vient de la nature et n’est point une punition élu péché, C. XII, et l’ignorance invincible des adultes n’est jamais coupable, c. mil La mort et les autres misères sont naturelles, car elles découlent de la constitution humaine elle-même 1 ; la nieiil n’est point une peine du péché, même pour les enfants ejui meurent dans le sein de leur mère, c. xiv, .

Ainsi le péché d’Adam n’a vraiment nui qu’à luimême- ; Adam n’a nui à sa postérité que par son mauvais exemple, c. xvi. Par suite, les enfants naissent dans l’état naturel et les hommes conservent une pleine liberté d’indifférence, bien qu’ils soient ignorants ; tout mal physique ou spirituel proprement dit est écarté d’eux, c. xvii ; au contraire, ils sont comblés elebiens, c. xviii. C’est pourquoi le’s enfants

qui nu ni t n t avant le’baptême obtiennent la vie i ternelle, la béatitude nature lie, mais non point le roj aume eles deux, e-. xix. Quelques théologiens^ prétendent même’quelles pélagiens leur accordent la béatitude