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.IANSKMSMK. ANALYSE DE L’AUGUSTINUS


Saint-Siège d’après des documents inédits. Élude de critique historique, par des membres du Séminaire d’histoire ecclésiastique établi à l’université de Louvain.

in-S°. Louvain, 1893.

Même après ces savants travaux, la question n’est pas complètement élucidée ; d’ailleurs la solution de ce problème ne change rien à la nature intrinsèque de l’Auguslinus qui reste ce qu’il est, un livre contenant des propositions hérétiques, lors même que Jansénius ne serait pas un hérésiarque.

Écrits. Oralio de interioris hominis reformatione, U. 27. traduit, ’n français par Arnauld d’Andilly ; Alexipharniacum pro civibus Sylose-Ducensibus adoersus ministrorum suorum fascinum, se, u Rcsponsio brei’is ad libellum eorum provocatorium, Louvain, 1630 ; Spongia notarum quibus Alexipharmacum aspersit Gisbertus Yœtius, in-8°, Louvain, 1631, in-12, 1664, in-l°, 1666 ; Telrateuchus sive Commentarius in quatuor Eoangelia, in-l°, Louvain, 1639 ; Penlutcucluis sive Commentarius in quinque libros Mot/sis, in-4°, Louvain, 1641 ; Analecta in Proverbia. Ecclesiasten, Sapientiam, Habacuc et Soplwniam, in-4°, Louvain, 1644. Enfin les deux ouvrages les plus célèbres : Atexandri Palricii Armacani theologi Mars Gallicus seu de justitia armorum et fœderum régis Galliæ libri duo, in-4°, 1635, traduit en français par Charles Hersent, en 1637 ; puis l’œuvre la plus connue et dont nous parlerons longuement V Auguslinus, publié à Louvain en 1640, à Paris en 16Il et à Rouen en 1643, infol, en 3 tomes.

IL Publication de l’Augusttnus. — L’année 1638 fut pour le jansénisme un vrai désastre. Jansénius mourait le 6 mai ; Saint-Cyran était emprisonné à Vincennes, par ordre de Richelieu, le 14 mai ; l’Institut du Saint-Sacrement, si cher à Saint-Cyran, était fermé le 16 mai, enfin le 5 juin, les Solitaires établis à Port-Royal de Paris devaient se retirer à Port-Royal des Champs. L’œuvre de la réforme de l’Église entreprise par les deux amis, semblait mort-née. Mais on avait mis en sûreté les papiers importants et il restait des protecteurs puissants qui, en France, allaient remuer ciel et terre pour délivrer Saint-Cyran et, en Flandre, achèveraient l’impression de V Auguslinus, déjà commencée en secret.

Libert Fromond, recteur magnifique de l’université, et Henri Calenus (Van Cœlen), chanoine de Malines, exécuteurs des dernières volontés de Jansénius, confièrent l’écrit à l’imprimeur Jacques Zegers.avec toutes les précautions possibles pour que le public ignorât la chose. Mais, d’après Gerberon. Histoire générale du jansénisme, t. i, p. 11-26, et d’après le P. Rapin, Histoire du jansénisme, p. 410-417, les jésuites apprirent qu’on imprimait un ouvrage qui ne les épargnait pas. Malgré les interventions des jésuites qui rappelaient les décisions de Paul V défendant la publication de tout traité sur la grâce sans l’approbation de 1* Inquisition ; malgré l’opposition de l’internonce de Bruxelles, Taul Stravius. qui avait reçu de François Barberini, cardinal-neveu, l’ordre d’empêcher cette publication ; malgré la défense de l’université de Louvain, et tandis qu’on délibérait, l’impression de l’ouvrage s’acheva sous les auspices de Ferdinand d’Espagne, cardinal Infant, gouverneur des Pays-Bas, à qui l’ouvrage était dédié, sous la protection du roi d’Espagne lui-même dont on avait obtenu le privilège dés 1635 et celle de l’empereur qui avait accordé le privilège le 13 février 1640. L’ouvrage parut en 16 10 à Louvain avec les approbations des censeurs des livres, Henri Calenus et Jacques du Pont, qui recommandaient V Auguslinus comme l’expression exacte et fidèle des sentiments de saint Augustin.

L’ouvrage arriva bientôt à Paris où il était imprimé dès 1641 avec les approbations enthousiastes de cinq

docteurs : Bachelier juge l’ouvrage en ces termes : erudiliirn, sanum, nec usquam a régula Ecclesia culho liese apostolicæ et romanse dissentit ; pour Le Féron, sapil in omnibus orlhodoxiam Ecclesiæ catholicæ ; pour Fleury, l’écrit est suo titulo dignissimum atque in eo nihil haberi çontrarium doctrinæ ; pour Beauharnais, l’œuvre est si belle ut ausim dicere vix alignent a beati Auguslini temporibus extitisse qui natures stantis pires, lapsse ruinera, et grati : v perJesum Christum libérait icis naturam, efficaciam, necessitatem penitus viderit eruditiusque explicarit ; enfin, Molin déclare : Orthodoxe fidei congruere et germanam sancti Augustini doclrinam continere reperimus. L’édition de Rouen, 1643, reproduit les mêmes approbations.

Saint-Cyran, dans sa prison, fut l’un des premiers qui lut, ou probablement, relut l’ouvrage : il trouva qu’il manquait un peu d’onction, mais il n’hésite pas à déclarer qu’après saint Paul, et saint Augustin, aucun docteur n’égalait Jansénius ; ce serait « le livre de dévotion des derniers temps… Il durerait autant que l’Église » et « quand le roi et le pape se joindraient ensemble pour le ruiner, il était fait de telle sorte qu’ils n’en viendraient jamais à bout. » Lancelot, Mémoires, t. i, p. 107, L’ouvrage soulevait des « difficultés indécises », Lettres à Arnauld, août 1641, mais l’ensemble était parfait. La grande habileté de Jansénius était d’avoir suivi pas à pas saint Augustin.

René Rapin, S. J., Histoire du jansénisme depuis son origine jusqu’en 1644, éditée par Domenech, in-8°, Paris, 1861 ; Sieur de Préville (Pinthereau, S..h), La naissance du jansénisme découverte à Mgr le chancelier, in-4°, Louvain, 1654 ; du même, Le progrès du Jansénisme découverte Mgr le chancelier, in-8°, Avignon, 1655 ; F. Du Vivier (Gerberon), Lettres de Cornélius Jansénius évéque d’Ypres, avec des remarques historiques et théologiques, in-8°, Cologne, 1702 ; Godefroi Hermant, Mémoires sur l’histoire ecclésiastique du XVII’siècle (1630-1663), édit. Gazier, in-8°, Paris, t. i, p. 102-106 ; Filleati, Relation juridique de ce qui s’est passé à Poitiers louchant la nouvelle doctrine des jansénistes, in-8°, Poitiers, 1654 (la Bibliothèque nationale de Paris possède un exemplaire qui contient des notes manuscrites curieuses, Ld*, 189) ; P. Sauvage, S. J., La réalité du projet de Bourg-Fontaine démontrée par l’exécution, 2 in-1 2, Paris, 1 757 ; réédité par Feller, S. J. en 1787 ; Dom Clémencet, La vérité et V innocence victorieuses de la calomnie ou huit lettres sur le projet de Bourg-Fontaine, 2 in-8°, Paris. 1758 ; Moïse Dubourg, S. J., Le jansénisme foudroyé par la bulle du pape Innocent X, et l’histoire du jansénisme, contenant sa conception, sa naissance, son accroissement et son agonie, in-12, Bordeaux 1658 ; Duchesne, S. J., Histoire du Baianismc, ou de l’hérésie de M. Baius, avec des notes chronologiques suivie de pièces justificatives, in-4°, Paris, 1731, p. 309-320 ; J. Vr. Foppens, Bibliotheca Belr gica sive virorum in Belgio vita scriptisque illustrium catalogus librorumque nomenclalura, in-4°, Bruxelles, 1739, t. i, p. 204-209 ; J. Laferrière, Étude sur J. Duvergier de Hauranne, abbé de Saint-Cgran, in-8°, Paris et Bruxelles, 1912 ; Lettre de M. Jansénius, évèquc dFYpres au pape Urbain VIII contenant la dédicace de son livre intitulé Augustinus…, in-12, Paris, 1660 ; Alph. Vandenpeereboom, Cornélius Jansénius, septième évéque d’Ypres ; su mort, son testament, ses épttaphes, in-8°, Hruges, 1882 ; Callevært et Nols, Jansénius, ivique < ! ’Y pris : ses derniers moments, sa soumission au Saint-Siège d’après des documents inédits, in-8°, Louvain, 1893.

II. ANALYSE DE L’AUGUSTINUS Toutlejan sénisme se rattache à 1* Augustinus qui en renferme la substance. Aussi il importe de faire de cet ouvrage une analyse détaillée, afin d’en faire connaître le contenu exact. Beaucoup de ceux qui le citent n’ont pas eu le courage et la persévérance de le lire avec soin ; beaucoup avec Saint-Beuve, se sont contentés d’afflrmer « la beauté sinon dantesque, du moins miltonnicnne du gros in-folio en trois tomes » et n’ont pas même tenté, comme lui, de le « labourer en bien des sens, en bien des pages. » Pour bien mettre en relief la doctrine