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    1. JANSÉNISME##


JANSÉNISME, LA PRÉPARATION DE L’AUGUSTINUS

ils s’adressèrent leur reprochèreril d’avoir combattu avec des béré tiques contre leur souverain légitime catholique ; on leur refusa l’absolution et une assemblée de docteurs décida qu’on ne recevrait à la participation des sacrements, même à l’article de la mort, aucun soldat qui aurait combattu contre le roi, à moins qu’il ne renonçât expressément à sou engagement. Quelque temps après, le roi de France ht alliance avec la Suède, par une ligue défensive et offensive, contre la Maison d’Autriche. Les Espagnols attaquèrent vivement celle conduite. J i docteur de la faculté- de théologie de Paris, théologal de l'Église de Lyon, Bésian Arroy, publia en lii.il les Questions discutas sur la justice des armes des rots de France, sur les alliances avec les hérétiques vu infidèles et sur la conduite des gens de guerre. in-8°, 1634. L’auteur s’appliquait à justifier cette alliance avec les protestants contre la Maison catholique d’Autriche par le fait que celle-ci avait usurpé l’empire, lequel, de droit, depuis Charlemagne appartenait aux rois de France ; il mettait en relief les prérogatives des rois de France et Ja justice des armes du roi qui ne faisait que défendre ses droits et son état. Sur Bésian Arroy, voir la notice publiée par L. Bertrand dans le Bulletin historique du diocèse de Lyon, 1902 ; un extrait a été imprimé à part.

L'écrit de Bésian Arroy se répandit en Flandre. Jansénius fut sollicité d’y répondre : il hésita d’abord, mais sur les instances de l’archevêque de Malinés et du président Rose, « un Espagnol renforcé, tout Flamand qu’il fût », il accepta. Ce fut le Mars Gullicus seu de justitia armorum et jœderum régis Galliæ, in-12, s. 1., 1035, qu’il publia sous le pseudonyme de Alexundri Patrilii Armocani. L’ouvrage est longuement analysé par Leydecker, De hisloria Janseniana, libri VI, qui bus de Cornelii Janscnii vita et morte, neenon de ipsius et sequacium dogmnlibus disseritur, Utrecht, 1695, p. 80-118. Jansénius souligne, en les exagérant, les cruautés des rois de France de la première race, les entreprises sacrilèges sur l'Église et la religion des rois de la seconde race ; il attaque les prérogatives de la royauté et trace une satire violente des rois de France depuis Clovis jusqu'à Louis XIII, de la loi salique, du titre de roi très chrétien, du pouvoir de guérir les rcrotielles ; dans la IIe partie, il montre l’injustice et l’impiété tic l’alliance faite par les rois de France avec les princes protestants d’Allemagne, le roi <ieSuède et les Hollandais ; il décrit les autels renverses, les choses saintes profanées. Il va qusqu'à ce dernier comble d’effronterie d’appeler Louis XIII, ce prince dont les mœurs étaient si pures et la vie si sainte, l’auteur de toutes 1rs abominations qui se sont commises en Allemagne et l’usurpateur de la religion, enfin de faire passer les Français pour des monstres, non pas d’hommes mais elecrimes les plus pleins d’horreurs. Rapin, op. cit., p. <>-.

L’ouvrage eut plusieurs éditions et fut traduit en français en 1637 par Charles Hersent sous ce titre : J.c Mars Français ou la guerre de France en laquelle saut examinées les raisons de la justice prétendue des armes et des alliances du nu de France, mises a Jour par Alexandre Patricius Armacanus théologien, in-8°, 1637. La traduction fut condamnée par l’Assemblée {{[ clergé comme propre à troubler la paix publique il, i révolter les suje-ls contre leur souverain, sous le mahn prétexte d’un schisme imaginaire. » Bésian Arroy, de son cuir, répondit par un nouvel écrit : Le Mercure Espagnol ou Discours où sont continues les réponses faites à an livre intitule -. Mars Français dont

l’auteur o pris le nom supposé de l’air icivrmacan cl

le faux nom de théologien, m 8°, 1639.

Sur ers entrefaites, Georges Chamberlain, le sixième évêque d’Ypres, étail mort le 19 décembre L634. Le

Il avril 1035,.Jansénius fut proposé en première ligne pour lui succéder par les evèques et le conseil d'État. Le roi d’Espagne, en sa qualité ele comte de Flandre, avait le droit de nommer les evèques sous réserve d’institution par le pape. Le gou /erneur des Pays-Bas n’envoya la proposition des evèques et du Conseil d'état que le 6 octobre 1635 à la cour de Madrid, qui nomma , i anse oins le- 28 octobre 1635, jour anniversaire de sa naissance. Le pape Urbain Y III confirma la nomination royale par la bulle du 21 juillet 1630. Jansénius prit possession de son siège par deux procureurs le ptembre et fut sacré le 28 octobre 1636 à Bruxelles par Jacques Boonen, archevêque de Malines, assiste d’AntoineTrie-st, évèquc ele G and, et d’Engelbert du Lois, évêque de Namur ; il fit son entrée solennelle le 30 novembre 1636. Il prit commedevise : In veritate et charitate.

Il sembla, à cette occasion, se réconcilier avec les jésuites qui, le jour de son entrée à Ypres, lui firent une épithalame citée par Leydecker, op. cit., 1. II p. 110-118 (Oculisunt in amore duces). Rapin dit plus simplement, p. 357, que Jansénius n’eut pas le temps de pensera eux, tellement il était occupé par l’impression de son Augustinus qu’il préparait dans le plus grand secret, p. 357-359, car il redoutait une condamnation, avant la publication de son ouvrage.

Cette opiniâtreté dans le travail épuisa les forces de l'évêque qui mourut le 6 mai 1638, de la peste probablement. Il succombait après dix-huit mois seulement d'épiscopat. Il montra de grands sentiments de piété sur son lit de mort, il se confessa, reçut le viatique et l’exlrème-onction. Il cédait son écrit à son chapelain Reginald Lamméc qui l’avait aidé dans son travail, à condition toutefois qu’il se concerterait avec se deux amis Libert Fromont et Henri Calenus, pour le faire imprimer ; enfin une demi-heure avant sa mort, à son testament il ajouta un codicille par lequel il se soumettait à l’avance aux décisions de l'Église en fils obéissant. Cf. plus loin, col. 344.

Beaucoup d’auteurs ont contesté l’authenticité et surtout la sincérité de ce testament. Rapin, op. cit., p. 370-372 ; Fuzet, Les jansénistes du XVIIe siècle : leur histoire et leur dernier historien, Sainte-Beuve, p. 62, regardent ce testament comme une suprême hypocrisie ; de même, le baron Surmont de Yolsberghe, d’accord avec un des derniers historiens de Jansénius, M. Alphonse Yandenpeereboom, voit, dans ce testament, une pièce apocryphe ou du moins interpolée en grande partie.

Cependant, déjà le P. Duchesne, Histoire du baianisme, p. 342-344, bien que peu favorable à Jansénius, raconte un fait intéressant qui rend cette soumission assez vraiseml lai le. Jansénius aurait voulu gagner à sa cause le célèbre François Sylvius (Dubois), docteur et professeur à l’université ele Douai. Celui-ci, sincèrement soumis à Roms, aperçut très vile que Jansénius faisait fausse roule : il tenta de lui ouvrir les yeux, mais l'évêque mourut trop lot. Peut-être est-ce a Sylvius qu’on doit la lettre de soumission écritepar Jansénius au pape Urbain Ylll lettre « contenant la dédicac' de sem livre intitulevugustinus » et qui fut supprimée, dit-on par ses exécuteurs testamentaires. Quoi qu’il en seul. Us elernicrs travaux de.M. t'.alle aert cl de P. Nols laissent croire que peu ele temps axant

sa mort, Jansénius écrivit vraiment une épître dédicatoire de sem Augustinus qui contirnules sentiments de soumission déjà exprimes dans ['Augustinus en plusieurs e-neiroits e-t élans sem testament, qu’il fut siiie-e rc dans ce-ttesoumission e-t. que, par suite, il y a lieu de croire, que, s’il eût vécu au moment où ['Augustinus fut condamné par Borne, il se serait soumis. Bref, Jansénius n’eût pas été Janséniste. Cornélius Jansénius

évêque d' Ypres, ses derniers nuançais, sa soumission au