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JANSÉNISME, LA PRÉPARATION DE L’AUGUSTINUSJ


1624 à 1636. s’inspire de siiint François de Sales, mais surtout du P. de Condren et de l’Oratoire. Brémond, dans Bulletin de littérature ecclésiastique de Toulouse, 1914-1916, p. 413-447. Cette empreinte oratorienne se reconnaît sans peine dans le Chapelet secret du Saint-Sacrement composé par la More Agnès. Le 23 juillet 1633, Jansénius donna son approbation à cet ouvrage déjà condamné par huit docteurs de Sorbonne comme contenant des extravagances, impertinences, erreurs, blasphèmes et impiétés ; » Saint-Cyran fit Y Apologie du Chapelet et fut introduit, en 1634, par Zamet lui-même, comme prédicateur et confesseur : il continua à développer l’influence oratorienne, même après qu’il eut réussi à supplanter Zamet. Laferrière, op. et., p. 89-156, Rapin, p. 261-265, 273, Prunel, Sébastien Zamet, évêque de Langres, pair de France (JS88-1655).Sa vie et ses œuvres. Les origines du Jansénisme, Paris, 1912.

Les deux amis travaillaient en même temps à discréditer les jésuites. Saint-Cyran les attaquait par ses pamphlets contre le P. Garasse : La Somme des fautes et faussetés capitales contenues dans la Somme théologique de Fr. Garasse, 4 in-4°, 1626. Plus tard, encourage par Jansénius qui suivait de très près les affaires fort embrouillées de l’Église catholique d’Angleterre, il attaque les jésuites anglais et contribue à les faire condamner par la Sorbonne. Les jésuites, frustrés de leurs privilèges, ripostèrent : Plainte apologétique de r histoire d’Angleterre et Éponge pour la défense des catholiques de l’Église d’Angleterre. Un bref d’Urbain VIII ramena le calme. Rapin, op. cit, p. 187, 210-228 ; Hermant, Mémoires, t. i., p. 6-20. Saint-Cyran saisit l’occasion de gagner des évoques à la cause, en défendant leurs droits contre les empiétements des réguliers et spécialement des jésuites. Le recueil de ses diverses publications parut en 1633 sous le titre de Vindiciae facullalis Parisiensis, auctore PHro Aurelio theologo, in-4*, Paris, 1633. L’ouvrage fut réimprimé en 1642, par « ordre et aux frais du clergé gallican » sous le titre de Pétri Aurelii opéra, jussu et impensis cleri gallicani, denuo in lucem édita, Paris, 1642, avec un éloge enthousiaste composé par Godeau, évêque de Vence. Cognet, Antoine Godeau, évêque de Grasse et de Vence, in-8°, Paris, 1900, p. 128-134. En 1656, l’assemblée du clergé revint sur sa décision et désapprouva formellement l’ouvrage. Rapin, op. cit., p. 281-294 ; Sainte-Beuve, op. cil., p. 314-321 ; Laferrière, p. 79-85.

Les adversaires des jansénistes ont fait remarquer le parfait à-propos de ce pseudonyme de Pctrus Aurelius : Saint-Cyran voulait réformer la discipline et prit le prénom de saint Augustin ; Jansénius qui voulait réformer la doctrine de l’École sur la grâce donna pour titre à son ouvrage le nom d’Augustin.

Pendant ce temps, Jansénius fut envoyé en Espagne pour défendre auprès du roi les droits de l’université de Louvain contre les jésuites qui, contrairement aux privilèges de l’université, voulaient enseigner la philosophie dans leur collège. Des lettres envoyées à Saint-Cyran de Madrid (mai 1C26 à février 1627) montrent les difficultés qu’il rencontra ; durant ce séjour, il relut saint Augustin et étudia ses deux disciples saint Prosper et saint Fulgence. Il dut repartir précipitamment en février 1627 et ses réticences dans les lettres qu’il écrivit alors laissent soupçonner qu’il prononça des paroles imprudentes relativement à ses projets : il s’enfuit, dit-on, pour éviter l’Inquisition, Pinthereau. op. cit., p. 63-7 :  ;.

Revenu à Louvain, il travailla plus activement que jamais : il aurait voulu vivre « au temps de Josué pour doubler les soleils ; ou du moins changer de climat avec les grues, pour voler aux endroits où les jours ont quinze ou vingt heures. » Il se lia d’amitié avec Libert l’romont et Henri Calenus, archidiacre

de Malines dont les relations avec l’arche ôque pouvaient lui être d’un grand secours. Ses lettres nous apprennent qu’il commença à rédiger {’Auguslinus en 1028 ; en février, il écrit à Saint-Cyran qu’il sera bientôt au bout de l’histoire qui est le moins principal (c’est la I" partie de Y Auguslinus) ; il étudie l’histoire des ennemis de Pilmot et il avoue, à mots couverts, que cette histoire des pélagiens n’est, en réalité, à ses 4’yeux, que l’histoire des pacuvistes (jésuites). Cependant il ^rencontre de grosses difficultés et il semble parfois tenté de tout abandonner. Lorsque le P. Gibieuf, oratorien, publia son écrit De libertate Deietcreaturx, 1629, Jansénius demande à Saint-Cyran (23 mai 1629) si le livre du Sémiriste (oratorien) « renferme toute la matière de Pilmot, tellement qu’il put suffire à tout, car cela étant, poin - le dire sincèrement, j’en serais aise et je me déporterais du grand travail que je vois qu’il faudra prendre devant que d’achever la composition. »

Mais encouragé par Saint-Cyran, il se remet à l’œuvre et constate que le public est intrigué, « car il ne sait rien, sinon en général que je me romps la tête à Séraphi (saint Augustin) » (29 juin). D’ailleurs le livre du P. Gibieuf ne le satisfit point : il le trouva « fort philosophique, ressentant grandement l’École Porristique (des jésuites) » (21 septembre, 7 décembre 1629). Bientôt il envoie à Saint-Cyran le catalogue des matières traitées par Boèce (lui-même), 27 mars 1630. Mais encore une fois, il est obligé d’interrompre son travail, car il vient d’être désigné pour remplacer Jean Paludamus (Des Marets) professeur d’Écriture sainte, mort en février 1630. C’est de cette époque que datent plusieurs écrits de Jansénius sur l’Écriture sainte.

D’autre part, comme des ministres protestants de Bois-le-Duc défendaient publiquement des thèses calvinistes, l’archevêque de Malines demanda à Jansénius de répondre à leurs écrits (1630). Jansénius dut céder, mais il se contenta de montrer que les ministres n’avaient aucune mission pour réformer l’Église, puisqu’ils étaient eux-mêmes hors de l’Église. Il composa Y Antidote contre les Poisons : Alex iphar macum civlbus Sylvx-Ducensibus propinatum adversus ministrorum suorum fascinum. Jansénius combat les principes de la Réforme et établit la vérité de la religion catholique par l’argument de prescription. Il relève le défi des ministres et leur offre de discuter dans une conférence libre et publique. Les ministres refusèrent, mais l’un d’eux, Gisbert Voet, répondit par quelques remarques auxquelles Jansénius répliqua par un nouvel écrit : Notarum spongia quibus Alexipharmacum civibus Sijlvte-Ducensibus nuper propinatum aspersil Gisb. Woetius Jansénius y étudie plus longuement les qualités de l’Église catholique, la succession des évêques, les rites de l’Église romaine, la visibilité et l’infaillibilité de l’Église établie par Jésus-Christ, la vocation et la mission des’apôtres. Dans ces deux écrits, Jansénius s’appuie surtout sur l’autorité de saint Augustin. Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques du XVW siècle, partie seconde, des auteurs qui ont fleuri depuis 1630 jusqu’à 1650, Paris, 1708, p. 109-117.

Ce fut tout. Jansénius laissa à son ami, Libert Fromont, qui lui succéda en 1636 dans sa chaire d’Ecriture sainte, le soin de répondre au gros volume du ministre Voet. Lui, se remit à « a composition de Y Auguslinus qu’il n’avait d’ailleurs jamais interrompue.

En 1634, Jansénius publia le Mars Gallicus. Voici à quelle occasion. Après la prise de La Rochelle en 1629, Louis XIII licencia quelques-uns de ses soldats qui otTrirent leur service au prince d’Orange alors en lutte contre le roi d’Espagne. Quelques soldats et officiers passant à Louvain, voulurent se confesser, mais des membres de l’université del.ouv.iin auxquels