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propose de fournir des Lectures sur la vie des saints. Les histoires qu’il raconte, il entend que nous les prenions au sérieux, sauf à faire des réserves sur la valeur de ses sources. Le livre est destiné à fournir au peuple des leçons et des exemples directement inspirés de la parole de Jésus-Christ. Si l’histoire n’est pas toujours bien exacte, à coup sûr, on y trouve le testament le plus authentique légué par douze siècles de christianisme, un exposé des parties les plus saillantes des actes des saints proposées à l’admiration des lecteurs.

2. Contenu.

Il ne faudrait pas rendre Jacques de Voragine responsable de ce qui a été publié sous son nom : nous allons voir que la diffusion de l’œuvre fut considérable, et pour cette raison la Légende dorée a été augmentée d’insertions et d’appendices. Ainsi l’édition latine de Cologne de 1483 renferme bon nombre de légendes qui ne sont pas de notre auteur.

Les interpolations ont atteint un chiffre fantastique : pendant que les éditions de 1470 encore presque conformes au texte primitif contiennent environ 280 chapitres, l’ouvrage original en avait 182, une édition française de 1480 en a 440, l’édition anglaise de W. Caxton en a 448. « Il est à désirer, écrit le P. Poncelet, qu’un homme courageux se donne la peine de préparer une édition critique de la Légende dorée, non seulement des chapitres écrits par Jacques de Varazze, mais aussi des vies de saints abrégées qui se trouvent avoir été ajoutées à de nombreux exemplaires tant manuscrits qu’imprimés. » Le Légendier de Pierre Calo, dans Analecta Bollandiana, 1910, t. xxix, p. 24.

3. Diffusion de l’œuvre. — Elle a été vraiment extraordinaire. Tout d’abord on en a fait des copies ; Quétif en indique un grand nombre qui subsistent dans les bibliothèques. Quétif-Echard, Scriptores Ordinis J’rwdicalorum, 1719, t.i, p. 454, t. il, p. 818. P. Paris en énumère neuf dans son travail sur les manuscrits français de la Bibliothèque nationale, 1838-1848, t. ii, p. 87, t. vii, p. 175. Après l’invention de l’imprimerie, de nombreuses éditions se succédèrent : on en a compté plus de 70, d’autres disent 90, avant l’année 1500, et il faut y joindre les traductions en diverses langues. Voir au sujet de ces éditions, Panzer, Annales typographiques, t. v, p. 454, t. xi, p. 484 ; J. Brunet, Manuel du libraire, 5e édit., 1864, t. v, p. 1305 sq. M. Pellechet. Jacques de Voragine, liste des éditions de ses ouvrages publics au ZV^siècle, dans Rcvucdes Bibliothèques, 1895, t. v, p. 89 et 225. La meilleure édition au xixe siècle est celle de Th. Grœsse, L< ipzig, 1846, et 1850, Breslau, 1890.

Quant aux traductions, on ne peut mentionner ici que les principales, a) En français ; à Lyon en 1170. La Légende dorée est donnée comme diligemment corrigée aiprès du lalin par maître Jean Batailler ; les exemplaires en sont (oit rares. Voir Bibliotheca Spenseriana, t. iv. Trois autres éditions de la Légende dorée en français furent données par Antoine Jlérard, en 1490, 1493 et 1490 : un exemplaire de l’édition de 1 193, a la Bibliothèque du roi a et é décrit par Van l’raét. — Brunet, dans Nouvelles recherches bibliographiques, 1832, t. iii, p. 432, a mentionné diverses éditions parues à Lyon en 1512, à Paris eu 1525, à Poitiers en L r >22, à Paris en 1554 et trois autres sans date. Au xixe siècle nous avons : (i. B(runet) : La Légende dorée par Jacques de Voragine, Irailiule du latin et précédée d’une notice historique et bibliographique, Taris, 1843, 2 vol. in- 12. Teodor de Wyzewa : /" Légende dorée, traduite du lutin d’après les plus anciens manuscrits avec Introduction, Notes, Index, in-X", Paris, 1913, s’est servi d’une édition latine Imprimée a Lyon en 1517 et s’est reporté à des éditions plus anciennes, à

des copies manuscrites. / » ) En anglais : La Légende

traduite en anglais fut un des premiers ouvrages sur lesquels se porta l’activité de l’imprimeur W. Caxton : GoT lien Legend, en 1 184, et en 1 196 (ces deux cdil ions sont

introuvables). Voir W. Caxton, The Golden Legend wilh an introduction by A. Aspland, in-fol., London, 1878. — c)En italien : Nie. Manerbi, Légende di tutti santi e le sante. Cette édition n’est point datée, mais l’épître dédicatoire porte la date de 1475. Plusieurs fois réimprimée, elle a paru à Milan en 1529, à Venise, en 1551 et 1578, avec des additions et des corrections ; elle a été rédigée en style moderne en 1030. — d) Une traduction hollandaise, parut à Delft en 1472, à Gouda en 1478 ; une traduction bohémienne fut éditée d’abord à Pilsen entre 1475 et 1479, puis à Prague en 1495 : ces deux dernières publications sont très rares.

1. Discrédit de l’œuvre. A partir du xvie siècle surtout, d’amères critiques ont été faites de la. Légende dorée. L’espagnol L. Vives et, après lui, Melchior Cano, Launoy, Baillet, etc., ont tout blâmé dans l’auteur, ils ont incriminé son style, sa bonne foi.

Jean Bolland n’a pas cru devoir accepter un jugement aussi sévère. Voici ce qu’il écrit : « Je suis loin d’approuver tout ce qu’a publié Jacques de Voragine, cependant, qu’il ait suivi d’anciens documents, je n’en saurais douter ; je trouve même que la majeure partie de ses histoires s’accorde avec les pièces authentiques et originales… Je pense que la Légende est le plus souvent la victime de l’injure dans les jugements qu’en portent les modernes…. Toujours j’ai fait grand cas de L. Vives, homme profondément érudit, plein do gravité et de prudence. Je partage son avis quand il réclame dans les écrits concernant les actes des saints plus d’exactitude que l’on en a ordinairement apporté : mais quand il maltraite le saint et savant auteur de la Légende : « C’était un cœur de plomb, une bouche de fcrl » je m’en étonne de la part d’un personnage si grave, si modéré. Peut-être avait-il emprunté cela d’Érasme son maître. Lrasme cet aristarque très sévère qui trouve à reprendre dans chaque auteur… Il a ce ridicule de critiquer ce qu’il ne comprend pas et ce qu’il ignore. Que le style de Jacques de Varazze ne soit pas plus châtié que celui des écrivains de son temps, je l’accorde : toujours est-il que c’était non seulement un savant et un saint, mais qu’il était doué d’une prudence et d’un jugement remarquables. » Acta Sanctorum, janvier, t. i, p. 18.

Cette citation un peu longue résume à nos yeux la réponse que l’on peut faire aux griefs du xvii° siècle. De nos jours, à part quelques exceptions, on paraît revenir a des sentiments plus modères à l’égard de la vieille légende. Quelques-uns sans doute ne lui témoignent pas beaucoup de sympathie, comme l’auteur de l’art iele : The Golden Legend. dans The Church quarterlg Review, 1903, t. i.vii, p. 29-52. I » autres la traitent avec plus d’indulgence, comme E. Richardson, Jacobus de Voragine and the Golden Legend, dans The Princeton (heological Review, 1903, t. i, p. 267 : « L’auteur dit-il, n’a voulu qu’écrire un livre de dévotion sous une forme artistique… Ce recueil est admirablement conçu pour augmenter l’amour et le respect envers.Icsns Christ, promouvoir le culte des saints, animer les âmes à la charité, à la force, a la pureté. Il es ! pourtant à sa manière un document historique, intéressant pour la connaissance de l’époque et du public auquel il s’adresse, i (/est la même note qu’expriment A. Baudrillarfe : La psychologie de la Légende dorée, dans Minerva, 1902, t. v. p. 24 ;

.1. C. BrOUSSOlle, La Légende dorée, dans L’université catholique, nouvelle série, t. xi.iv, 19(13, p. 321 ; P. Poncelet arl Icle déjà cité.

La plupart des ouvrages qui ont parlé de Jacques de Voragine se trouvent Indiqués dans U. Chevalier) Répertoire îles Sources historiques dit moyen Age, Btobtbliographte,

1 il. col. 2331 : nous ajoutons a cette liste quelques-uns plus récents, sans mentionner à nouveau ceux qui ont été cités au cours de l’article. F. Anfrosi, Meinorie istoriebe appar-