Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée

JACQUES BAR SALIBI — JACQUES D’ÉDESSE

286

qui restent plus de quarante jours sans recevoir le sacrement de l’eucharistie se trouve dans le ms. de Florence Medieem oriental. 40. — 6. Des commentaires

sur les Pères : la liste publiée par.1. S. Asséiuani cite les trois Cappadociens, le Pseudo-Aéropaglte, Sévère d’Antloche et Pierrre de Callinice ; il ne nous reste qu’un commentaire aux Centuries d’Évagre. — 7. Des canons sur le sacrement de Pénitence et un curieux manuel destiné à enseigner aux fidèles comment ils doivent déclarer leurs péchés et aux prêtres quand et comment ils absoudront leurs pénitents..T. S. Assémani a publié presque tout ce petit traité, Bibliotheca Orientalis. t. ii, p. 172-173. — 8. Une explication de la liturgie eucharistique, écrite entre 116(5 et 1171. où les considérations dogmatiques se mêlent au commentaire des cérémonies et prières, éditée et traduite en latin par J. l.abourt. Corpus scriptorum christianorum orientaliun}, Scriplores syri, sér. II, t. xcm. Paris. 1903, après avoir été analysée dans Bibliotheca Orientalis. t. n. p. 176-207. Cet ouvrage, corrigé aux passages expressément monophysites, a circulé chez les maronites, inséré comme livre II dans le traité sur le sacerdoce attribué à Jean Maron. Cette recension a été traduite en latin par Joseph-Louis Assémani, Coder liturqieus Ecclesiee universæ. livre IV, t. v, Rome. 1752. p.’227-297. Une recension brève de ce commentaire existe dans une traduction arabe exécutée dans la deuxième moitié du XVe siècle par Moïse ibn’Atasah, ms. Vaticanarabe 74, ꝟ. 161-210. On peut rapprocher de cet important traité une explication des mystères du saint chrême, que nous possédons en traduction arabe dans le ms. Yatiran syriaque 159, ꝟ. 2ssv°-290v°. Par contre, les commentaires des ordinations insérés dans le pontifical jacobite, Vatican syriaque 51, ꝟ. 107v°-109v°, et que J. S. Assémani attribuait à Denys, Bibliotheca Orientalis, t. ii, p. 171Ï avecune faute d’impression Ecchcllensis 5 au lieu de 4), semblent appartenir à. Moïse bar Képha, comme il a été proposé dans Bibliothecae Valicanæ catalogus, t. ii, Rome, 1758, p. 322.

III. Doctrint :. — A défaut de la profession de foi de Bar Salibi et de ses explications des symboles, qui sont inédites, nous avons un bref exposé de sa doctrine dans les trente et une premières sections de son introduction au commentaire des Évangiles, édit. I. Sedlaceket J.-B. Chabot, Corpus scriptorumehristianorum orienlalium. Scriplores suri, sér. II, t. xcviii, Paris, 1906. De plus, J. S. Assémani, analysant les œuvres de Bar Salibi, a noté, Bibliotheca Orientalis, t. n. p. 158-16’J, les points de doctrine les plus importants.

Dieu est éternel, connu de l’homme par la Révélation, mais aussi par la raison, qui le saisit comme cause de l’univers. Il n’y a qu’un Dieu ; mais, supérieur aux autres créatures, qui sont composées de deux substances, matière et forme, il est trois subsistances, qnûmê, le Père étant cause naturelle du Fils, qu’il fait naître ab œlerno, et de l’Esprit, qu’il fait également procéder de soi ab œlerno.

L’homme étant tombé dans le péché, Dieu est venu sur terre pour le délivrer. C’est le Fils qui s’est incarné, et non le Père ou l’Esprit, afin que les propriétés des personnes ne soient pas viciées, car le Père engendre, le Fils est engendré, le Saint-Esprit procède, il convenait donc que le Fils engendré s’incarnât et naquît.

Ce n’est donc pas la volonté de Dieu qui a séjourné dans le sein de la Vierge, mais le Verbe. Le Verbe n’a pas été souillé par le contact de la chair, pas plus qu’il n’est souillé en formant chaque jour dans le sein des mères ceux qu’elles doivent enfanter, car Dieu est également éloigné et proche de toutes les créatures et n’est souillé par le contact d’aucune d’elles.

Sur le moment de l’Incarnation, Bar Salibi prend parti contre Philoxène de Mabboug, Celui-ci pensait que le Verbe de Dieu n’a été présent dans le sein de la Vierge qu’à partir du quarantième jour après la conception, croyant d’ailleurs que les âmes humaines ne venaient habiter dans les corps qu’à ce moment. Bar Salibi critique cette opinion et se prononce, suivant la doctrine des Pères grecs, pour la présence du Verbe à partir de la conception, cf. Bibliotheca Orientalis. t. ii, p. 158 sq. Entre la mort du Christ < l sa résurrection, la divinité est restée unie d’une part â son âme et de l’autre à son corps, bien que tous deux fussent séparés, p. 168. — Le Christ, en s’incarnant, s’est uni au corps humain tel qu’il était avant le péché d’Adam ; ce corps était, ainsi que le pensent la plupart des docteurs grecs et syriens contre Philoxène. mortel par nature. Adam n’ayant d’abord reçu l’immortalité que comme une faveur surnaturelle, p. 169.

Les saints ne jouissent pas encore du paradis, niais seulement du bonheur qu’avaient nos premiers parents dans le paradis terrestre ; toutes les âmes des justes pénétreront ensemble dans le ciel, lors de la résurrection universelle, p. 166.

Enfin, J. S. Assémani signale une erreur sur l’eucharistie, p. 191 : dans certains passages, il semble que Bar Salibi admette l’union hypostatique du pain et du vin à la personne du Verbe. Mais il y a d’autres passages, op. cit., p. 178, où la conversion du pain e1 du vin au corps et au sang du Sauveur est franchement exprimée. L’opinion exacte de Bar Salibi n’apparait pas clairement.

Il importe de noter en terminant que Bar Salibi est un des auteurs jacobites dont l’influence s’est davantage maintenue au cours des siècles ; ses commentaires sur le Nouveau Testament, eu particulier, n’ont pas cessé d’être copiés ou utilisés dans les chaînes. Un des très rares ouvrages anciens imprimés en Orient est une version arabe, d’ailleurs modifiée, de son commentaire aux Évangiles, dont la première partie (Matthieu et Marc) a été publiée au Caire sous le litre « le livre intitulé la perle incomparable, qui est le commentaire du Nouveau Testament » (en arabe).

Dans les répertoires alphabétiques, chercher plutôt sous le mot « Denys ». — R. Duval, La littérature syriaque, 3e édit., Paris, 1907, p. 399 sq. ; W. Wright, A short histonj o/ syriac Literature, Londres, 1894, p. 246-250 ; A. Baumstark, Geschiclite der syrischen Lileratur, Bonn, 1922, p. 295-297 ; U. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge, Bio-bibliographie, Paris, 1003-1904, t. i, col. 1177.

E. TlSSEKANT

JACQUES D’ÉDESSE, ainsi nommé de la ville

dont il occupa le siège épiscopal, polygraphe syrien, jle 5 juin 708. — I. Vie. IL Œuvres.

I. Vie.

La source principale de nos renseignements sur la vie de Jacques d’Édesse est une notice, d’un écrivain inconnu, qui a été reproduite par le patriarche Michel, Chronique de Michel le Syrien, édit. Chabot, p. 445, trad., t. n. p. 171 sq. et plus brièvement par Barhebrams, Chronicon Ecclesiasticûm, édit. J.-B. Abbeloos et T. J. Lamy, Louvain, t.i, 1.S72, col. 289-294. C’est d’après cette notice qu’est rédigée la présente biographie, avec l’addition de quelques délails recueillis ailleurs.

Jacques naquit au village d’Indebâ, dans le canton de Gûmëyh, près d’Antioche, au plus tard en car il avait 75 ans lorsqu’il composa, peu de mois avant sa mort, le cinquième livre de son Hexaméron. Cf. Efciulin Martin, L’hexaméron de Jacques d’Éd dans Journal Asiatique, 1888, sér. VIII, t. xi, p. 164. Il fit ses premières éludes à l’école iln périodeute local, nommé Cyriaque, et y commença la lecture des