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[SAIE, LE l’UOI’lll. I I


chias et ses œuvn s pieu : i s. ccltl est i crlt dans la vision du prophète Isaïe, fils d’Ainos. » Quelques exégètes croient aussi que la mention de Jérpmie dans II Par., xxxvi, 21 -22 et Ësd., I, 1, s’est substituée par erreur ou Inadvertance à celle d’baie, et qu’il faudrait lire : t pour l’accomplissement de la parole que Jahvé avait dite par la bouche d’Isaïe, Jahvé excita l’esprit de Cyrus, roi des Perses. » Enfin, l’Ecclésiastique, dans son éloge des grands hommes, associe la mémoire d’Isaïe à relie d’Ézéchias, xi.viii, 22-24 : Ezéchias fit ce qui est agréable au Seigneur, et se tint ferme dans les voies de David son père, que lui recommanda Isaïe le prophète, grand et véridique dans ses visions. Pendant ses jours, le sohil rétrograda, et Isaïe prolongea la vie du roi. Sous une puissante inspiration, il vit les temps à venir, et consola les affligés dans Sion. Il annonça ce qui doit arriver dans la suite des temps et les choses cachées avant leur accomplissement. »

Le nom d’Isaïe (salut da Jahvé) semble être prophétique, de même que les noms des fils qu’il eut de la prophétesse : un reste reviendra, — presse le butin, hâte le pillage, vii, 3 ; viii, 1, 3. Ainsi, Isaïe put dire en toute vérité, viii, 18 : Voici que moi et mes enfants que Dieu m’a donnés, nous sommes des signes et des présages en Israël. Le père d’Isaïe s’appelait Amos. Ce n’est que par ignorance, comme le remarquait déjà saint Jérôme, In Is, i, 1, PL., t. xxiv, col. 22, qu’on a pu le confondre avec le prophète Amos de Thécué. Une tradition rabbinique plus répandue, et également fondée sur la ressemblance des noms, fait d’Amos, père d’Isaïe, le frère du roi de Juda Amasia. On ajoute parfois que la fille d’Isaïe épousa Manassé. Isaïe n’est peut être pas de race royale, mais il est certainement issu d’une des grandes familles de Juda : ses relations sociales, le rôle qu’il joue à la cour dès le commencement, sa haute culture littéraire, l’horizon d’idées où il se meut ordinairement, tout révèle en lui un personnage de condition supérieure. Ce n’est pas un prophète Itinérant comme Élie et Elisée, ce n’est pas un pasteur comme Amos ; nous ne le rencontrons nulle part en dehors de Jérusalem ; c’est dans la capitale, au centre même de la vie politique et religieuse de Juda, qu’il exerce son ministère.

D’après le titre de son livre, Isaïe a prophétisé au temps d’Osias, Jolham, Achaz et Ezéchias, rois de Juda. Vivait-il encore sous le règne de l’impie Manassé ? Une ancienne tradition juive, acceptée par beaucoup d’écrivains chrétiens, rapporte qu* Isaïe aurait péri sur l’ordre de Manassé, par le supplice de la Bde.Au témoignage de saint Jérôme, In Is., i.vii, 2. P. L., t. xxiv, col. 568, beaucoup d’auteurs ecclésiastiques voulaient déjà retrouver cette tradition dans l’épître aux Hébreux, XI, 37. Elle a passe dans le martyrologe romain au 6 Juillet. Elle n’a rien d’invraisemblable. Joséphe dit explicitement que Manassé tua des prophètes, Anliq.j x, 3, 1, et le livi. rVReg., xxi, 16, atteste qu’il répandit beaucoup de sang Innocent Jusqu’à en remplir Jérusalem d’un bout à l’autre.

D’autre part, ce texte des Rois, paraît trop vague pour avoir pu déterminer la légende précise du supplice de la

scie, et son silence touchant la mort d’Isale ne constitue pas une objection percinpt oirc contre une tradition très répandue, et qui remonte tout au mo ns au n°

le « i. l’ère chrétienne. H faut accorde) beaucoup moins de créance aux récits concernant la sépulture d’Isaïe a Panéaa, près de la boutcc pi Incipale du Jourdain, et la translation de ses resta a Constantinople, en 1(2, sous le règne de Théodose II.

lut appelé par Dieu au ministère prophétique

l’année de la mort d’Osias, vi, l, probablement encore

du vivant de ce monarque, sinon la ision serait datée de la pr< mière année de Jolhain. l.e titre du livre Indique d’ailleurs qu’Isaïe prophétisa sous Osias. Nous le

trouvons encore en pleine activité lors de la grande invasion de Sennachérib en Judée. Ainsi, pendant au moins quarante ans, de 740 à 701, Isaïe occupe le poste glorieux mais difficile que lui assigna Jahvé. Il est toujours au premier plan, avertissant, encourageant, menaçant et rassurant tour à tour. Il s’intéresse de très près à toutes les fluctuations de la situation intérieure et extérieure de Juda. Son rôle à la fois politique et religieux fut considérable, son influence tantôt repoussée, tantôt joyeusement acceptée.

Isaïe entre en scène au moment où la grande puissance assyrienne paraît avoir atteint son apogée, et où sa domination s’étend et s’affermit sur les pays occidentaux. Téglath-Phalasar III monta sur le trône de Ninive en 745. Il réduisit en vassalité la Babylonie, se soumit assez facilement les petits États voisins, mais rencontra plus de difficultés en Syrie. En 738, le roi d’Hamatb et plusieurs autres roitelets de la côte formèrent une coalition contre l’Assyrie. Elle fut vaincue, Haniath succomba, et parmi les rois rendus tributaires de Téglath, nous trouvons Rasin de Damas et Manahem d’Israël. Vers 734, Rasin de Damas et Phacée d’Israël unirent leurs armes pour conquérir le royaume de Juda où régnait Achaz, et s’emparer de Jérusalem. Achaz, malgré les conseils d’Isaïe, appela à son secours le puissant souverain d’Assyrie, et celui-ci saisit avecempressement l’occasion d’intervenir dans les affaires intérieures de Juda. Téglath soumit d’abord la Phénicie, châtia ensuite la Philistie, mit fin au royaume de Damas, et amoindrit considérablement celui d’Israël. Quant à Achaz, au lieu d’un libérateur, il s’était donné un maître auquel il dut aller rendre hommage à Damas. Téglath-Pkalasar réprima encore un soulèvement de la Babylonie en 729 et mourut en 727.

Le règne de Salmanasar IV (727-722) nous intéresse surtout par le siège de Samarie provoqué en 724 par le refus d’obéissance d’Osée, et mené à bonne fin par Sargon en 722. Ezéchias dut se féliciter de n’aveir pas prit part au soulèvement d’Osée contre l’Assyrie ; le désastre de Samarie l’éloigna encore pendant quelque temps d’une politique hostile à Ninive. Sargon ne put empêcher, à son avènement, la Babylonie de se déclarer indépendante et Mérodach-Baladan figure comme roi de Babylone de 721 à 709. Celui-ci, afin de fortifier sa position, essaya de mettre sur pied une vaste coalition contre l’Assyrie. Vers 714-713, il envoya une ambassade à Ezéchias pour le gagner à sa cause, mais Isaïe parvint, scmble-t-il, à maintenir le roi de Juda dans la neutralité. Bien lui en prit, car encore une fois les coalises furent mis en déroute. Tandis que Sargon envoyait son tartan contre Azot en 711, il mettait fin lui-même à l’indépendance de la Babylonie en 710-709 ; il figure a partir de cette date comme roi de Babylone. L’assassinat de Sargon, en 705, fut le signal d’un nouveau soulève ment général contre l’Assyrie. La Phénicie et la Sy rie, excitées par l’Egypte, se révoltent ; Mérodach parvint à reconquérir le pouvoir pendant quelques mois (704-703) ; Ezéchias lui-même se laissa entraîner dans la rébellion par les sollicitations de l’Egypte. Senna chérib réduit d’abord la Babylonie (703), puis porte ses armes du côté du littoral méditerranéen dans le but de châtier Ezéchias et de terrasser i’Égypte (701). Tels sont les principaux faits contemporains du ministère d’Isaïe : il nous reste à dire un mot de la situation intérieure de Juda sous les règnes d’Osias, Jotham, Achaz et Ezéchias.

l.e long règne d’Osias (791-740) fut brillant. Le port Important d’Elatb lit retour à Juda ; les Philistins et les Arabes furent combattus avec succès ; les Ammonites furent rendus tributaires. Osias fortifia Jérusalem et d’autres places du pays ; il favorisa l’industrie, le commerce et surtout l’agriculture. La piété du roi, stimulée par les conseils du prophète Zacharie, tenta