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JACQUES (ÉPITRE DE), CANONICITÉ


à l’inspiration d’un certain nombre de livres, qui ont reçu, pour cette raison, le nom de deutéro-canoniques. L'épître de Jacques appartient à ce groupe. Étudier sa canonicité c’est rechercher les traces de son influence sur la littérature dos premiers siècles et voir l’attitude prise à son égard par les écrivains ecclésiastiques jusqu’au Ve siècle.

1° L'Épîtrc de Jacques et les autres écrits du Saiweau Testament. — 1. Il n’est pas possible d'établir s’il y a dépendance littéraire entre l'épître de Jacques et les épîtres de saint Paul, et à supposer qu’il y en ait une, de savoir à qui attribuer la priorité. Les passages que l’on rapproche d’ordinaire sont : Jac, i, 22 ; iv, Il et Rom., ii, 13 : ceux qui écoutent et ceux qui observent la loi ; Jac, i. 2-1 et Rom., v, 3-5 : la tentation ; Jac, iv, Il et Rom., u. 1 ; xiv, 1 : juger les autres c’est se condamner soi-même ;.Jac. î. 21 ; iv, 1 et Rom., vii, 23 ; xiii, 12-13 : rejet ter toute souillure Par contre on a signalé le contraste entre Jac. n. 21 et Rom., iv. 1 : la loi d’Abraham ; el dans l’ensemble, entre Jac, ii, 1-1-26 et Rom., iii, 28 ; i v : (lai., ii, 15-21 : la doctrine de la justification. Les ressemblances peuvent s’expliquer par l’identité des sujets. l’influence de l’Ancien Testament et de la littérature juive. Sanday-Ucadlam, Romans, Edimbourg, 1908, p. i.xxix, se prononce contre la dépendance littéraire ; Mayor, op. cit.. p. lxxxvhi-i.xxxix, au contraire, est d’avis que saint Paul emprunte à l'épître de saint Jacques plusieurs passages pour les préciser et écarter toute équivoque à leur sujet. Il donne surtout comme exemple Jac, ii, 24 et Gal., ii, 10. Th. Zahn, Einleituny in das Ncue Testament, Leipzig, 1906, t. i, p. 89-91, émet des vues analogues : Paul reprend et développe des thèmes familiers à Jacques, mais sans avoir l’intention de le combattre Par contre, d’autres auteurs veulent que l'épître de Jacques ait en vue une fausse interprétation de la doctrine de Paul sur la justification. Cf. J. Belser, Einleitung in das Nette Testament, Pribourg-en-B., 1905, p. 652. H. Windisch, Die Kallwlisclicn Briefe, Tubingue, 1911, p. 18-19, admet que Jacques écrit sous l’influence de l’ensei gnement de Paul ; A. Jûlicber, Einleilung in das S. T., Tubingue, 1906, p. 190-192. fait de l'épître de Jacques un écrit du IIe siècle qui combat une fausse conception de la doctrine de saint Paul. (Voir IV. Origine de l'ÉpÎtre).

2. La comparaison entre l'épître de Jacques et la première épître de Pierre, montre qu’il y a dépendance littéraire entre les deux écrits. Les passages que l’on peut rapprocher sont : Jac, i, 10-11 ; v, 20 et I Pet., i. 21 ; iv, 8 ; Jac, i, 18 el I Pet., i, 23. Il est plus probable que la priorité est du côté de l'épître de Jacques. La 1 Pet. généralise, développe, rend d’une façon moins nerveuse les pensées de Jac Cf. J. Belser, op. cit. p. 655 ; Th. Zahn, op. cit., n. j). 95 ; F. Spill.i, / ; < ; Brief des Jacobus, dans Zur Geschichte und Literatur des Urchristentums, 1896, t. ii, p. 183-202 ; J.-B. Mayor, op. cit., p. xcv-xcvi. La comparaison de l'épître avec l'épître aux Hébreux et les évangiles synoptiques ne permet guère d'établir une dépendance littéraire.

2° L'É pitre de Jacques et 1rs Pères des deux premiers siècles. — U ne paraît pas contestable que l'épître

de Jacques ail été utilisée par saint Clément, a la lin du [e siècle ; cf. Jac. n. 21, 2 1 et I Cor… 3 ; lac, iii, 1-13 et i Cor., xxxviii, 2. Th. Zahn., op cit., I. ii, p. 96-97. On en trouve (gaiement de nombreuses traces dans le Pasteur d’Hcrnias, au milieu du ne siècle. Cf. Jac, I, G-8 et Mand.. ix, 6 ; Jac, iii, 15 el Mand., XI, 5. Pour la comparaison des deux écrits

voir Journal « I Philology, t. xviii, p, 297 sq. ; Mayor, op. (il., p. i.vn ; Punk, Pains apostolici, t.i, p. 651.

Pflciderer regardait l'épître de Jacques comme

contemporaine du Pasteur et dépendant de lui. Jùlicher, qui la rejette à la même époque, est plus circonspect sur la question de la priorité. Les vues « le l’Ileiderer sont abondamment réfutées dans Mayor, p. c.xliii sq. D’après ce dernier, faire dépendre l'épître du Pasteur est aussi absurde que de faire dépendre Homère de Quintus de Smyrne. Il n’en est pas moins singulier de voir cette épître utilisée d’abord par les plus anciens représentants de la tradition romaine, et reconnue seulement en dernier lieu par l'église de Home. Zahn, Geschichte des nculestamentlichen Kanons, Leipzig, 1N.S8-1.S89. t. i, p. 963, explique cela par le fait que l'élément juif était prédominant dans l'église de Rome pendant tout le premier siècle. A mesure que l'élément d’origine païenne prit de l’importance, l'épître, à cause de son caractère juif très accentué fut un peu laissée de côté. Cette explication a bien peu de chances d'être vraie ; car l'élément païen semble avoir été prédominant dans l'église de Rome à partir de l’expulsion des Juifs sous l’empereur Claude. Cf. Lagrangc, Épître aux Romains, p. xxi, sq. D’ailleurs il ne faut pas exagérer le caractère juif de l'épître. Si elle se rapproche par sa forme, de la littérature du judaïsme hellénistique, elle est animée de l’esprit chrétien et n’offre rien qui rappelle le pharisaïsme étroit des judaïsants.

Plusieurs passages de saint Justin sont regardés comme des références implicites à l'épître de saint Jacques : / Apol, xvi. 5 : 1a défense de jurer reproduite d’aprèsJac, v, 17, plutôt que d’après Matth., v, 34-37 ; Dialogue, xlix, 7 : 8aiu, 6via çptaaouaiv ou çpiaasi, comme Jac, ii, 19 ; Dial., c. 5 : la convoitise qui fait concevoir le péché et enfanter la mort, comme dans Jac, i, 15. Il en est de même de deux passages, au moins, de saint [renée : Adv. Hseres., IV, xxxiv, 1 ; IV, xxxix, 1 : la loi de la liberté, le père des lumières, comme Jac, i, 25 ; ii, 12 : t, 17.

Dans les œuvres de Clément d’Alexandrie qui nous sont parvenues, on n’a relevé aucune référence explicite a l'épître de Jacques. D’après Zahn, Forschungen zur Geschichle des neuleslamenllichen Kanons, Leipzig. 1884, t. iii, p. 152, s’appuvant sur Eusèbe, II. / :., t. VI, c. xiv, n. 1, P. G., t. xx, col. 519, le vu livre des II y poli) poses contenait l’explication des épîtres catholiques excepté II » Pétri. D’après Cassiodore, De Institutione divinarum iitlerarum, viii, P. L., t. lxx, col. 1120, Clément a interprété les épîtres canoniques, c’est-à-dire la première épître de Pierre, la première et la seconde de Jean, et celle de Jacques. On a regardé les Adumbraliones démentis Alexandrini in epistolas catholicas, P. G., t. ix, col. 729, comme une adaptation des Hypoti/poses par Cassiodore. .Mais ces fragments ne contiennent pas l’explication de l'épître de Jacques. Cf. P. L., t. i.xx, col. 1120 et 1360. En tout cas le texte cité d’Eusèbe affirme que les Hypotyposes commentaient toutes les épîtres catholiques. Enfin, il est probable que Clément a emprunté à Jac, v, 12, un passage des Stromates, v. 14 ; il suit de plus près le texte de l'épître que celui de Matth., v, 37.

Ainsi, pendant les deux premiers siècles, l'épître de Jacques fut connue de Clément de Rome, d’IIcrinas et de saint [renée, et elle était dans le canon d’Alexandrie au temps de Clément.

; L'Épttre de.lacunes aux /// « et IV siècles. — Au

ni' et au tve siècles nous avons des témoign beaucoup plus explicites. Origène, d’après le texte grec de ses œuvres, cite souvent l'épître de Jacques comme « écriture i et il l’attribue à > Jacques » ou à * Jacques l’apôtre » : In Psalm.LZV, sitôuusï Tiçèvûp.ïv, (J/aXXé-rw, çrjalv 6 'An6aToXo ;. /'. ( ;.. t. xii. col. 1500 = Jac. v. 13 ; lu Psalm. XXX, rroxè 8è ttjv vb'-iy^v, cjç rcapà 'IaK(t » 6q>* "QaTïspSè t6 o-wp-a X W P'Ç 7rveu|xaT0ç vexpov