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IMPUISSANCE — IMPU’l’ATION


qu’avant la faute. D’où la dociriiic qui signale noire impuissance et la nécessité du secours.

S. Thomas, Cont. génies, t. I, c. iv ; Sum. HieoZ., IIa-TI « !, q. ii, a. 4 ; Palmieri, 7> gratia divinaaciitali, th. xix ; Ilurter, Compenditim tbeologi ! v, t. i, c. ii, th. iv. n. 1 ; A. Vacant, Études théologiqnessiir les eonstitiitinns dn conciledu Vatican, Paris. 1895. t. i, c. ii. g 1 et 2.

A. Thouvenin.

    1. IIVIPUTATION##


IIVIPUTATION. — 1° Notion et condiliom. — Le verbe latin impulare. et son correspondant en grec Xoyîî^scGai. d’un usage assez fréquent dans la Bible, ont le sens de conip)ter à quelqu’un, mettre à son compte.

De ce terme et de son emploi en affaires, on passe aisément à la signification philosophique et morale de notre mot imputation. L’imputation est le jugement en vertu duquel on attribue à quelqu’un comme à leur auteur et maître un acte et ses conséquences. Partant, un acte n’est imputable que s’il procède d’une volonté libre. A cette condition seulement un homme est la cause propre de ses actions ; elles sont vraiment siennes ; il en répond, il en jouit ou il en souffre comme de sa chose même. C’est vrai tout particuHèrcment des actions qui ont un caractère mor ; U, c’est-à-dire un rapport de conformité ou de non-conformité avec une règle de conduite, conscience ou loi divine. De celles-là surtout nous sommes tenus pour responsables devant Dieu ou la société ; de celles-là plus que d’autres nous méritons qu’on nous loue ou qu’on nous blâme, nous recueillons justement la récompense ou la peine ; de celles-là, en un mot, il importe souverainement que nous puissions être dits les maîtres, les ayant accomplies avec connaissance et liberté. — L’appartenance ou la maîtrise des actes que suppose l’imputation est la condition même du volontaire, selon saint Thomas, Sum. theol., I^-IIf, q. vi, a. 3, sed contra : Illudcujus domini sunuis dicitur esse voluntarium. Entendons ici volontaire au sens de libre, par opposition à la volonté-nature, au spontané. L’imputable pourtant ajoute quelque chose au volontaire ; il en est plutôt une propriété consécutive et se dit du rapport de l’acte libre avec une autorité dont il est justiciable, une rétribution qui le sanctionne. Malgré cette nuance toutes les causes qui diminuent ou suppriment la liberté, diminuent ou suppriment l’imputabilité. Voir Volontaire. De cette affirmation il est intéressant de rapprocher ce que le Code de droit canonique a édicté loucliant l’imputabilité du délit, les causes qui l’aggravent, la diminuent ou la suppriment. Çan. 2199 sq.

Applications théologiques.

Voici des exemples ofi, malgré la diversité des cas, on reconnaîtra les conditions essentielles de l’imputation. La notion de l’imputabilité sert à expliquer ou peut-être à définir formellement le péché habituel. Le péché habituel reprtsente l’état de culpabilité consécutif à une faute commise, et qui vaut à son auteur, l’acte une fois passé et tant qu’il n’a pas fait réparation, obtenu remise, le nom et la qualité de pécheur et toutes les suites que ce nom et cette qualité comportent. Plusieurs éléments le constituent. Il comprendra, s’il est grave : un état d’éloignement vis-à-vis de Dieu fin dernière, la nécessité pour le coupable de subir la juste colère de Dieu offensé, la privation méritée de la grâce sanctifiante. Lequel de ces éléments doit être regardé comme formel, comme pouvant le définir en rigueur ? Bien des fois les théologiens se sont posé la question. Ne serait-ce pas la notion d’imputabilité qui donne 1 1 raison de tout ? L’acte du péché passe, mais il n’en est pas moins inscrit au compte de son auteur ; ainsi que l’injure faite à Dieu, il continue de subsister dans l’ordre moral sous forme d’imputation. Et tant que la volonté coupable n’a pas désavoué le mal dont elle a fait librement sa chose, obtenu que le péché cesse

d’être porté à son compte, elle demçure détournée de sa fin, odieuse à Dieu, dépouillée de la justice et de la sainteté. Cette opinion, qui semble avoir élé celle de De Lugo, le cardinal Billot la professe expressément. De ses paroles nous ne citerons que les suivantes : Carendum est ne in reatu culpæ gencratim accepta sola consideretur gratiæ privaiio, sed per prias aticndenda est ratio prirationis qiiæ in aligna uctus voluntarii imputabilitate consistil. Disquisitio de natura et raiione peccati personalis, p. 68.

Le péché originel dans la descendance d’Adam est un péché habituel, quoique d’un genre tout particulier. La singularité du cas vient de ce que notre déchéance, causée par un seul, est en tous et chacun plus qu’un malheur, ou même un châtiment : c’est une faute. Nous allons y retrouver encore la notion de l’imputation. Tout d’abord le péché originel, ainsi que l’a défini le concile de Trente, est propre à un chacun, inesse unicuique proprium ; autrement, c’est une chose inhérente à tout homme et qui le constituait intérieurement pécheur, que le sacrement de baptême lui enlève tout à fait. Mais tout péché ne procède-t-il pas d’une volonté libre ? Et n’est-il pas imputable, parce que volontaire ? Assurément ; et le péché d’origine ne fait pas exception. C’est là une doctrine certaine que la condamnation de propositions deBaiusamise en relief. Prop. 46 : Ad ralionem et definitionem peccati non perlinel voluntarium, née definilionis quæstio est, sed causse et originis, ulrum omne peccatum debeat esse voluntarium. Denzinger-Bannwart, n. 926. Prop. 47 : Unde peccatum originis vere habet rationem peccati sine ulla raiione et respecta ad voluntutem a qaa originem habeat. Ibid., n. 927. Voir t. ii, col. 93-94. — Qu’est-ce à dire ? notre volonté à tous et à chacun aurait-elle trempé dans la faute d’Adam ? Oui ; en ce sens qu’en vertu de noti’e solidarité physique et morale avec lui, sa volonté pécheresse lut aussi la nôtre. Les théologiens ont expliqué de bien des façons et par plus d’un exemple cette solidarité exceptionnelle, unique. Beaucoup ont considéré notre premier père comme le représentant moral ou le chef juridique de l’humanité ; ce qui revient à admettre une inclusion de nos volontés dans la sienne et ressemble trop à une fiction du droit. L’explication de saint Thomas, que le P. C. Pesch et surtout le P. Billot se sont attachés à remettre en honneur, est moins factice, plus simple et plus cohérente. Dieu, par une disposition positive, avait enrichi la nature humaine de la grâce et des dons préternaturels, et cette dotation était pour toute l’espèce, pour la nature individualisée non seulement dans Adam, mais encore d.ms tous ceux qui dev.’.ient sortir de lui. Comme un dépôt confié à sa fidélité, qui en dé-Ijendait, dont il était responsable et pour lui et pour nous, le chef de la nature avait à la transmettre à sa descendance avec sa nature même et par la même voie. En fait, Adam a péché, perdant la grâce et les don-, son bien et le nôtre ; et il ne nous transmet plus qu’un nature privée de sa dotation ; autrement, nous naissons sans la grâce sanctifiante et avec la qualité de pécheurs, notre nature ravagée n’étant plus ce que Dieu, par une disposition gracieuse, avait voulu qu’elle fût ; notre état nous est imputable, il est péché en nous, parce que volontaire. Il est volontaire de par la volonté coupable d’Adam et la volonté d’Adam est la nôtre, en raison de notre unité de nature avec lui. La volonté du chef, c’est, en même temps que le vouloir personnel d’Adam, la volonté de notre nature ; son péché, par conséquent, c’est tout ensemble sa faute personnelle et un péché de notre nature. La nature, voilà donc proprement notre lien et notre identification avec Adam, ce qui nous fait hériter de sa faute, ce qui permet de nous l’imputer. Voir Immaculéb

    1. CONCEPTION##


CONCEPTION, col. 8918.