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IMPUISSANCE


t. H, p. 273-286 ; Freisen, Geschichle des canonischen Eherechts bis zum Verjall der Glossenlittcratur, Paderborn, 1893, p. 330-364 ; Laurent, Principes de droit civil, Bruxelles, 1876-1878, t. II, n. 298 ; Pothier, Traité du mariage, dans Œuvres, édit. Dupin, Paris, 1825, t. v, n. 96 sq. ; P. Viollet, Histoire du droit civil français, Paris, 1893, p. 432 sq. ; Antonelli, Medecina pastoralis in usum confessariorum et curiarum ecclesiasticarum, Rome, 1905 ; De conceptu impotentiæ et slerililalis relate ad malrimoniiim, Rome, 1900 ; Pro conceptu impotentiæ et sterililatis relate ad matrimonium, Rome, 1901 ; De mulieris excisæ impotentia ad matrimonium, Rome, 1903 ; Arendt, Relectio analytica super controversia de impotentia fœmince ad generandum, Rome, 1913 ; Brouardel. Le mariage, nullité, divorce, grossesse, accouchement, Paris, 1900 ; Eschbach, Disputationes pliysiologico-theologicie, Rome, 1901 ; Casus de fœminea impotentia, Rome, 1899 ; Ferreres, De vasectomia duplici necnon de matrimonio mulieris excisoe, Madrid, 1913 ; H. Koch, Die Ehe Kaiser Henrichs II mit Kuncgunde, Cologne, 1908 ; /vai.ser Henrichs kinderlose Ehe mit Kuncgunde. Zugleich ein Beitrag zur Geschichte der weiblichen Impotenz iin kanonischen Ehereclit, dans Deutsche Zeitschrijt fiir Kirchenreclit, 1912, t. xxil, p. 222-273 ; Michaud, La vasectomie double, dans Nouvelle Revue théologique, 1914, p. 140-155 ; Rossi, De impedimento impotentiæ, Rome, 1910 ; Sàgmiiller, Die Ehe Heinrichs 11 des heiligen mit Kuncgunde, dans Theologische Quartalschrift, 1905, p. 78 sq. ; 1911, p. 90-120 : Sehiing, Die Wirkungen der Geschlcchlsgemeinscha/I auf die Ehe, Leipzig, 1885 ; Topai, De necessilate uteri in generatione et in matrimonio. Rome, 1903 ; Wilhclm, Das Eheleben, Ratisbonnp, 1909.

A. De Smet. 2. IMPUISSANCE PHYSIQUE ET IMPUISSANCE MORALE.

Notions.


L’impuissance physique est la carence d’une faculté, aptitude, capacité ou force, ou même le défaut de proportion d’une puissance vis-à-vis d’un objet qui n’est pas le sien, parce que disparate ou d’un autre ordre. La perte des yeux met quelqu’un dans l’impuissance physique de voir ; le sens de la vue est tout à fait inapte à percevoir les sons ; sans la grâce, l’homme est physiquement impuissant à produire aucun acte salutaire. On pourrait qualifier justement cette impuissance de constitutionnelle. - — Une faculté n’entre en exercice que grûce à certaines conditions qui lui sont extérieures, mais nécessairement requises. La ra’son, par exemple, ne s'éveille dans l’enfant qu’après un développement normal des organes ; elle n’a la compréhension de vérités un peu hautes que moyeimant des connaissances préliminaires ; son procédé discursif ne lui permet d' :.cquérir la science que peu à peu, s'élevant des principes à leurs conséquences et ne parvenant que lentement aux conclusions éloignées : c’est-i’i-dire que le temps dans une certaine mesure est un fadeur indispensable. Ce sont là autant de causes qui n’affectent la puissance que par le dehors et de façon contingente, mais dont l’absence constitue pourtant un autre genre d’impuissance physique. — L’impuissance n’a p ; s toujours ce caractère absolu ; elle se réduit parfois à une difficulté très grande. Entre une facullé et son exercice s’intercale tout un ensemble de circonstances, conditions ou causes diverses qui tour à tour favorisent ou entravent l’action. Or les obstacles qui se mettent en travers du fonctionnement de la faculté peuvent être tels et en si grand nombre qu’ils l’empêchent en fait de s’exercer jamais ou presque jamais. C’est le cas de l’impuissimcc mirulc. Tout en laissant subsister intacts le pouvoir physique et son conditionnement essentiel, l’impuissance morale le sui)pose aux prises avec des difficuItés pratiquement insurmontables. Il n’est pas absolument impossible à une intelligence humaine, même appliquée à un problème ardu, compliqué, après une préparation nécessaire et avec une attention soutenue, d'éviter l’erreur. Mais supposez quelqu’un dont le tempérament intellectuel a à se défendre contre la précipitation, dont l’atten DICT. DE THÉCL. CATIIOI..

tion ne se maintient qu’au prix d’un effort fréquemment renouvelé, à qui lés loisirs, les conditions de tranquillité et de paix font en p^u-tie défaut, ou même que des opinions préconçues inclinent vers une solution déterminée, inévitablement, si le travail prend surtout de longs jours, des fautes de détail, quelques confusions d’idées, ou peut-être des affirmations risquées lui échapperont. En de telles conditions il lui est extrêmement dilTicile d'éviter l’erreur. Mais le très difficile, parce qu’il exige un effort coûteux ou prolongé, n’est pas du goût ni dans les possibilités du commun des hommes ; il représente pour eux l’impuissance. Seulement l’impuissance dans l’espèce est dite morale, pour marquer qu’il n’est pas dans les habitudes ou les mœurs de l’homme d’en triompher. Par extension, le terme signifiera encore qu’une chose, bien que possible en soi, n’arrive jamais ou presque jamais, à en juger ex commiiniler contingentibus.

Applications Ihéologiqucs.

En théologie, ces notions sur l’impuissance physique et l’impuissance morale trouvent leur utile application. Ainsi, et c’est une vérité de foi catholique, la grâce est d’une nécessité absolue dans l’ordre du salut ; ce qui revient à dire que, sans elle, vis-à-vis d’une œuvre surnaturelle quelconque, l’homme n’a ni lumière ni activité, qu’il est réduit à l’impuissance physique d’un aveugle ou d’un mort.

Deux cas bien connus d’impuissance morale méritent aussi de retenir l’attention. Le premier se rapporte à la connaissance des choses religieuses et morales nécessaire à l’homme. Dieu peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison au moyen des êtres créés : tel est un point de foi qu’a défini le concile du Valican. Voici ce qu’enseigne par ailleurs ce concile de la nécessité d’une révélation, même pour l’acquisition des vérités naturelles indispensables à une vie vraiment humaine : « C’est seulement grâce à la révélation divine que certaines vérités sur Dieu, non d’ailleurs inaccessibles à la raison, peuvent, dans l'état présent de l’humanité, être connues de tous, facilement, d’une ferme certitude et sans mélange d’erreur. Et pourtant il ne suit point de là que la révélation est absolument nécessaire. » Autrement il est affirme, d’une part, que tous et chacun nous avons le pouvoir physique de connaître vriiimeiit Dieu ; de l’autre, que l’ensemble des hommes, malgré la faculté que chacun d’eux a de connaître certaines vérités religieuses et morales, ne parvient pas en fait à en avoir une connaissance actuelle certaine et entièrement vraie, sans une révélation de Dieu. Reconnaissons là un c ; -s d’impuissance morale, c’est-à-dire, dans l’espèce, le pouvoir physique de la raison aux prises avec tant et de si grands obstacles qu’ils rendent la révélation surnaturelle moralement nécessaire. Les difficultés pratiquement insurmontables auxquelles se heurte le gros du genre humain, saint Thom ;.s déjà, dans la Somme contre les gentils et dans la Somme Ihéologiqne, les avait exposées avec beaucoup de développement et do force ; et il avait conclu dans le sens du concile et à peu près dans les mêmes termes. — Plus grande peut-être que la difficulté de connaître est la difficulté de pratiquer. Voici donc, selon reiiseignenient commun des théologiens, une autre sorte d’impuissance morale et qui se rapporte au traité de la grâce. Un secours gratuit de Dieu est nécess :  ; ire à l’homme dans la condition présente, pour qu’il i)nisse accomplir tout le bien moral, c’està-dire n’enfreindre aucune prescription de la loi naturelle, triompher des tentations graves dont la vie est semée. Certes, le péché originel a laissé subsister intactes en nous les ressources essentielles de l’intelligence et de la volonté, mais les conditions d’ordre moral pour ces facultés sont loin d'être les mêmes

VII.

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