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DICTIONNAIRE

DE

THÉOLOGIE CATHOLIQUE

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I

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IMPANATION. — Quelques théologiens catholiques donnent ce nom à la doctrine de Luther, qui joignait à la croyance de la présence réelle et substantielle du corps et du sang de Jésus-Christ dans l’eucharistie, l’affirination de la permanence du pain et du vin. D’autres désignent la même doctrine par le nom de consubstanliaiion. Voir Eucharistie, t. v, col. 1346-1347. Cette doctrine de la permanence du pain et du vin avec le corps et le sang de Jésus-Christ a été condamnée par le concile de Trente. Ibid., col. 1347-1348.

IMPECCABILITÉ. — I. En général. II. Impeccabilités diverses.

I. En général.

Notion générale.

Il faut

d’abord distinguer le fait de pécher ou de ne pas pécher, peccalum, impeccanlia, et la possibilité ou l’impossibilité de pécher ou de ne pas pécher. L’impossibilité de pécher, c’est l’impeccabilité. Celle-ci n’est donc pas seulement la négation du péché, même de tout péché, négation qui pourrait ne s’appliquer qu’au simple fait ; mais la négation de la possibilité même de pécher ou l’affirmation de l’impossibilité de pécher.

1. L’impossibilité de faire quelque chose, à son tour, peut être multiple, suivant les sources d’opposition qui existent entre la nature agissante et la chose à faire. On pourrait ainsi, dans un sens large, énumérer d’abord une impeccabililé simplement conséquente, conséquente à la prévision infaillible du fait de ne pécher jamais. Dieu aurait pu, par exemple, prévoir et vouloir un ordre, où, de fait, aucun ange, aucun homme n’aurait péché, tout en gardant aux hommes et aux anges le pouvoir intrinsèque de pécher. Dans cet ordre tous auraient été impeccables, mais d’impeccabilité simplement conséquente.

Il faut ensuite, dans un sens plus strict, considérer V impeccabililé antécédente : une impossibilité de pécher fondée sur le principe lui-même des actions morales, principe en qui se trouverai I quelque chose d’incompatible avec l’agir déréglé ou peccamineux.

Cette impossibilité antécédente peut à son tour être extrinsèque ou intrinsèque ; voici de quelle façon. Il y a impeccabililé antécédente extrinsèque lorsque l’impossibiUté de faillir n’est due qu’à un secours venu

DICT. DE THÉOL. CATIIQL.

du dehors ; à la main, par exemple, de l’expert calligraphe qui guide les doigts tout à faii ; dociles d’un enfant. Dieu peut ainsi par des grâces efficaces sûres mouvoir constamment une volonté docile et la rendre impeccable de façon antécédente, mais extrinsèque.

Il y a enfin V impeccabililé antécédente intrinsèque : la volonté, puisque la faculté opérative de l’action morale, c’est la volonté libre, a, cette fois en elle-même, dans ses éléments constitutifs de puissance morale, quelque chose qui lui rend la défaillance impossible. La grâce, remarquons-le de suite, n’est pas un élément proprement constitutif du principe de l’action morale comme telle ; comme telle, c’est-à-dire non en tant que surnaturelle. Aussi l’impeccabilité de grâce ne serait qu’une impeccabilité formellement extrinsèque. Il y a impeccabilité intrinsèque, par exemple, dans les bienheureux ou dans l’âme du Christ, plongés dans la vision intuitive, comme nous le verrons plus loin.

Pour être complet et fournir dès l’abord toutes les distinctions qui nous seront bientôt nécessaires il faut savoir que l’impeccabilité intrinsèque peut être intrinsèque à la seule jacullé d’agir ou intrinsèque à la nature substantielle même de l’être qui agit. Nous allons montrer que Dieu seul possède l’impeccabilité absolue de nature, bien que le Christ possède aussi une impeccabilité substantielle spéciale.

2. Mais que signifie en soi et formellement cette impossibilité de pécher ? Nous pouvons appliquer ici les fameuses oppositions de saint Augustin, à propos de l’immortalité d’Adam et sérier le passe peccare, le posse non peccare, le non posse peccare et le non passe non peccare. Le non posse non peccare, c’est la fixité du damné dans le péché, et de façon imparfuite, l’impuissance du pauvre obstiné, qui privé, par sa faute, de grâces actuellement nécessaires, ne peut plus éviter le péché. Voir Impénitence. Le posse peccare, c’est la fragilité de la nature libre, encore sujette à défaillir. Le non posse peccare, c’est l’impeccabilité elle-même dans son acception universelle. Le posse non peccare enfin peut être la simple puissance d’éviter en fait le péché, puissance que tout être libre in via a par rapport à chaque péché, autrement il ne serait pas libre ; mais le posse non peccare peut s’entendre aussi d’un pouvoir efficace, assuré de ne pas défaillir et cela c’est l’impeccabilité antécédente intrinsèque. Les

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