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IMPOSITION DES MAINS


iitique possiimus, sed, al hoc fiai, Deiim super eos, a quo hoc efficitur, invocamus, S. Augustin, De Trinilate, XV, 26, 40, et les docteurs espagnols qui transcrivent uniformément ses paroles comme celles de Tertullien. Tout cela, résumé dans le mot tant de fois déjà rappelé de saint Augustin : Maniis imposilio… qiiid est aliud nisi oralio super hominem ? De baplismo, m. 10, 21, correspond très exactement à ce que nous montrent les plus anciens documents liturgiques. Voir col. 13511353. Partout on elle est citée, la formule qui accompagne l’imposition des mains ad Spiritum Sanctum, est u le prière, une invocation, dont le caractère est très fortement marqué, et il suffit, au contraire, de jeter un coup d’oeil sur celle qui accompagne généralement la consignation, y compris Vunguio te de la Tradition apostolique, pour se rendre compte que les écrivains des premiers siècles ont pu viser uniquement la première : pas plus que l’imposition des mains n’est à leurs yeux une onction, la formule de ces onctions n’est une a invocation » à Dieu ou au Saint-Esprit.

c. L’insistance exclusive sur le signe de la croix dans la consignation. — - Le pape saint Innocent n’a pas cru opportun de transcrire la formule qui était en usage de son temps pour la consignation ; mais à en juger par celles des plus anciens documents liturgiques, c’est bien moins l’onction que le signe de la croix qui attirait ici l’attention. Voir col. 1351-1353. Facit crucem. portent les rubriques des Ordines romani et du Sacraræntaire grégorien ; et peut-être le Sacramentaire gélasien, en disant : Signal eos… dicens : Signum Christi, évoque-t-il plus clairement encore le signari et le signaculum dominicum de saint Cyprien, qui se continue manifestement dans cet acte final des cérémonies de l’initiation. Si, à la différence de ce qui survit jadis à Carthage, cette croix doit se tracer avec le pouce trempé dans le saint-chrême, les formules, elles, ne font allusion ni à ce symbole du Saint-Esprit ni au Saint-Esprit lui-même. Elles restent celles d’un simple signe de croix : In nomine Palris et Filii et Spirilus Sancli, et elles évoquent uniquement la pensée du signaculum fronlium, dont parle Tertullien, Contra Marcioncm, ni, 22, du signum Christi, dont saint Augustin rappelle tant de fois aux fidèles qu’il leur a été imprimé au front pour leur apprendre à ne pas rougir de leur qualité de chrétiens, l)ar exemple, Ser/n., clx, 5 ; clxxiv, 3 ; In ps. xxx, serm. ra, 7 ; Enarratio in ps. L, 1. C’est en imprimant ainsi le sceau du Christ au front des catéchumènes que l'Église commençait en eux son œuvre de sanctification. Cf. S. Augustin, De catechizandis rudibus, 50 ; De peccatorum meritis et rcmissione, xxvi : et catechumenos secundum quemdam modum per signum Christi et orationem manus impositionis puto sanctificari, P. L., t. xuv, col. 176. Nicétas de Remesiana, dans son Explanatio sijmboli ad compétentes, engage de même les catéchumènes à se munir, contre les tentations, du signaculum crucis, P. L., t. tu, col. 876, et il leur rappelle qu’ils ont déjà reçu au front le signum Christi et ont été Christi Spiritu signait, P. L., ibid., col. 874. C’est par l’application de ce même sceau au front des baptisés que l'Église leur signifiait la consommation de leur initiation à la vie chrétienne : signaculo dominico consummantur. La croix, le signe de la croix, voilà ce qui frappait jadis dans la cérémonie de la consignation proprement dite ; c’est d’elle que parlent les inscriptions gravées sur les murailles du consignalorium, c’est-à-dire de la partie du baptistère, ubi pontifix consignai infantes. C’est là que le pasteur suprême marque les brebis déjà lavées dans les eaux du baptême :

Istic insontes aclesii flumine lolus

Pastoris sununi dexlera signât oves.

Le Saint-Esprit les y attend pour répandre sur elles la plénitude de ses dons :

Hue, imdis générale, veni, quo SAJVCTUS ad nnum SPIRITUS, ut captas, te, SUA DON A, vocat.

Et le baptisé, en recevant la croix, apprend à braver les orages du monde :

Tu, CRUCE SUSGEPTA, mundi uilare procellas

Disce magis monitus hac ratione Inci.

De Rossi, Inscriptiones christianæ, t. ii, p. 139. Cf. La consignation à Carthage et à Rome, p. 371, 375, où il est question d’une autre inscription, gravée, selon toute vraisemblance, sur le consignalorium d’une église d’Afrique, et ne parlant elle aussi que de la croix. Jusque sur la pierre, on le voit, s’affiche cette distinction des deux cérémonies qui, dans l’ancienne liturgie, interviennent dans l’administration de la confirmation : seule la première en est le rite propre et essentiel.

Aux premiers siècles, donc, seule l’imposition des 'mains avec l’invocation correspondante était considérée comme directement ordonnée à la collation du Saint-Esprit. Reste à traiter la question subséquente : en a-t-il toujours été ainsi ? en est-il de même encore aujourd’hui ?

3° L’imposition des mains est-elle encore la matière du sacrement de confirmation ? — 1. Arguments communément invoqués pour et contre. — Si l’on adopte l’opinion assez commune de l’invariabilité absolue et universelle de la matière et de la forme des sacrements, on devrait conclure que l’imposition des mains est encore la matière de la confirmation. Mais il paraîtrait peu logique et peu sûr de lier ainsi une question de fait à une simple opinion, quelque répandue qu’elle puisse être. Une opinion tout aussi sûre, et qui semble s’imposer de plus en plus, admet que, pour certains sacrements, l'Église a pu en déterminer elle-même, et donc en modifier ou en laisser modifier la matière et la forme. Cf. Harent, La part de l'Église dans la détermination du rite sacramentel, dans les Études, 1897, t. Lxxvii, p. 315-330 ; Hurter, Theologise dogmaticæ compendium, t. iii, p. 324 ; Lugo, De sacramentis in gencre, disp. II, sect. vi, n. 86 sq. ; Morin, Commentarius historicus et dogmaticus de sacris ordinationibus, part. III, exereit. vii, c. v, n. 2 ; Benoît XIV, De sijnodo diœccsana, c. viii, 10, 10 ; xiii, 19, 16 ; card. Billot, De sacramentis in génère, thés, ii, ad lira ; XV et xxxii. Le P. Hugueny avouait en 1914 qu’il lui paraissait bien difficile, en dehors de cette opinion, de concilier les données de l’histoire, avec la doctrine catholique de l’institution de tous les sacrements par le Christ. Revue des sciences philosophiques et théologiques, 1914, p. 239 sq. Voir encore sur cette question Cavallera, Le décret du concile de Trente sur les sacrements en général, dans le Bulletin de littérature ecclésiastique, 1914, p. 361 ; de Guibert, Chronique de théologie, dans la Revue pratique d’apologétique, décembre 1914, p. 213-227 ; d’Alès, art. Ordination, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, t. iii, col. 1154-1157.

Mais, sans prendre parti pour l’une ni l’autre de ces opinions théoriques, on pourrait arguer du fait que l’imposition des mains reconnue pour avoir été jadis le rite essentiel de la collation du Saint-Esprit n’a jamais cessé d'être en usage dans les Églises d’Occident. Comme la plupart au moins des théologiens modernes prouvent par la persi>tauce de l’imposition des mains dans l’ordination qu’elle est la matière propre du sacrement de l’ordre, on prouverait de même qu’elle eit celle de la confirmation. Le raisonnement est classique et paraît à beaucoup invincible : Un rite qui a été pendant plusieurs siècles la vraie matière d’un sacrement, qui n’a jamais cessé d'être en usage dans son administration, sans que